Les trop rares associations qui défendent les écosystèmes et leurs habitants sont souvent décriées, voir attaquées, par certains élus quand elles dérangent leurs projets.
En réalité ces élus ne veulent pas que des associations indépendantes fassent vraiment leur travail et risquent de déranger leurs plans, ils veulent qu’elles se contentent de leur lécher les bottes sans faire de vagues.
Pourtant ces associations n’ont rien de révolutionnaire, elles s’inscrivent malgré tout dans les cadres du système en place, mais cette contestation de base est déjà trop pour de nombreux élus ("j’ai été élu je fais ce que je veux", "j’ai la légitimité des urnes", "il faut créer des emplois et de la croissance", "nous sommes le pragmatisme des projets structurants contre les anti-tout", etc.).
Voir exemples ci-dessous et un autre autre cas récent plus bas :
Autour d’Olivier Amrane, la mafia LR d’Ardèche sanctionne la fédération des pêcheurs pour sa vigilance et son rôle de contre pouvoir - Protéger les rivières a toujours été un acte politique
On se souvient aussi des menaces lancées dans le passé par un "socialiste" PS (comme quoi pas seulement les élus LR adoptent ces pratiques mafieuses), André Vallini (puis Alain Cottalorda) quand il était président du conseil général de l’Isère, contre la Frapna Isère qui agissait contre le projet de Center Parcs à Roybon pour défendre la nature et les biens communs.
Le président LR suivant, Jean-Pierre Barbier, avait continué sur cette lancée ainsi que l’individu Laurent Wauquiez.
Privée de subvention, FNE Rhône placée en redressement judiciaire
Privée de subvention, FNE Rhône placée en redressement judiciaire
FNE Rhône est dans le rouge. La branche locale de France Nature Environnement vient d’être placée en redressement judiciaire, relève Rue89 Lyon. Cette décision intervient trois semaines après la suppression d’une subvention de 30 000 euros décidée par le conseil départemental du Rhône. « J’en ai assez des associations de danseurs aux pieds nus qui viennent nous expliquer ce qu’on doit faire sur notre territoire », avait alors tonné Christophe Guilloteau, président Les Républicains du département.
L’élu n’avait pas supporté que l’association se dise « préoccupée » par les potentielles conséquences sur la biodiversité locale du projet de port de plaisance à Anse, dans une lettre commune avec Arthropologia et la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO) du Rhône. Les aides départementales de ces deux associations ont également été coupées.
Créée en 1968, l’association avait déjà été fragilisée par l’augmentation de ses charges. L’ONG a lancé une campagne d’appel aux dons pour sauver ses vingt salariés. Elle espère réunir 50 000 euros d’ici au 31 mai pour poursuivre ses actions de sensibilisation et de protection de l’environnement.
Donnez un nouveau souffle à FNE Rhône - L’avenir de notre association ne s’écrira pas sans vous !
NOTES : subventions et dépendance, un problème structurel lié à l’absence de démocratie réelle
Pour les élus, les associations et subventions permettent souvent de favoriser des choix et actions politiques à moindre frais que des services publics. C’est aussi un bon moyen pour avoir la main sur de nombreuses associations.
La multiplication des associations entretient une forme de "privatisation" de la vie politique démocratique, qui peut entretenir l’état de non-démocratie inhérent au système en place. Au lieu de débats publics et de décisions prises directement par la population, ce sont de petits cercles privés qui prennent des décisions.
On pourrait dire que les associations essaient aussi de combler, par des initiatives privées libres, l’absence de démocratie politique et la centralisation où les choix politiques échappent d’ordinaire aux peuples. Une manière de sortir un peu de l’impuissance. Paradoxalement, des associations ouvertes et horizontales peuvent être bien plus démocratiques que les institutions politiques qui se prétendent démocratiques...
Evidemment, dépendre des institutions et de leurs subventions est déjà un piège en soi, avec un fort risque de soumission. Avoir des salariés dans une association oblige le plus souvent à obtenir aides et subventions, et donc à se rendre vulnérable par rapport aux autorités. De plus ça crée des disparités de statuts entre les adhérents actifs bénévoles et les salariés.
Seule l’indépendance basée sur l’entraide, le soutien entre égaux, l’autonomie d’action et de pensée, l’autogestion horizontale peut garantir des actions libres et offensives.
...mais il est souvent difficile de compter sur suffisamment de "bénévoles" assidus ou de payer les membres actifs sans dépendre des institutions. On retombe forcément sur les problèmes posés par l’argent et le travail.
Des associations financées en grande partie par le système en place pourront très difficilement être et rester révolutionnaires. Elles en resteront au réformisme et à l’aide humanitaire.