Le régime veut renforcer encore le rôle historique des casernes scolaires dans l’endoctrinement des esprits et des corps.
Les profs vont-ils se révolter, désobéir, lancer une grève dure ?
Les élèves vont-ils tout bloquer et déserter ?
L’école d’Etat a toujours été destinée en priorité à favoriser l’obéissance et la soumission à l’Etat et au capitalisme, au nationalisme et à la compétition. Pour le régime, il s’agit juste d’appuyer un peu plus ce rôle historique de dressage pour accompagner le réarmement général.
Après les uniformes scolaires bleu police et le foireux SNU, voici le renforcement de la militarisation de l’éducation nationale.
Car pour que la populace sacrifiable et sans pouvoir accepte sans trop broncher d’être envoyée à la boucherie ou de se faire déchiqueter par les bombes, il faut l’avoir dûment chambrée dès le plus jeune âge.
- Propagande de guerre pour les écoliers - La police et l’armée dans les écoles
Propagande de guerre pour les écoliers
Propagande de guerre pour les écoliers
Voici la phrase stupéfiante qu’a prononcé le ministre macroniste Jean-Noël Barrot à Nantes le 10 mars : « Le réarmement des esprits commence à l’école ».
Le Ministre des affaires étrangères organise un « Tour de France pour réarmer les esprits », et il a commencé par Nantes. Pourquoi ? Parce qu’on trouve dans la Cité des Ducs l’administration centrale du ministère, et qu’une « Semaine diplomatique » y est organisée. Jean-Noël Barrot a profité de son passage pour une petite mise en scène devant les médias, dans le lycée Nelson Mandela. Il est venu s’adresser aux élèves à propos des « défis » du moment. Le ministre annonce qu’il ira tous les mois « à la rencontre des Français ». Mais c’est son élément de langage qui interpelle : « réarmer les esprits », ça ressemble furieusement à de la propagande de guerre, mais il faudrait en plus que cela « commence à l’école ». Les enfants bientôt en treillis ?
Qui est Jean-Noël Barrot ?
Cet homme est un agent de l’impérialisme États-unien. Il a été lauréat en 2020 du programme « Young Leaders » de la French-American Foundation. Issu d’une école de commerce et enseignant à HEC, il est le frère de la directrice de communication d’Uber, firme avec laquelle Macron a des liens plus que serrés.
Jean-Noël Barrot est aussi actionnaire d’une entreprise de communication fondée par des anciens de chez McKinsey et soutenue par le milliardaire Xavier Niel. Interviewé cet été par la BBC après que Macron ait dissout le parlement et provoqué des élections législatives, il a qualifié la décision de Macron de « geste le plus démocratique que probablement n’importe quel dirigeant politique, n’importe quel président, ait décidé de son vivant ». Une déclaration qui a mal vieilli.
Ce ministre est sur une ligne fanatiquement pro-USA, pro-Israël et pro-génocide. Par exemple, il a décoré Antony Blinken, qui était secrétaire d’État des USA jusqu’en janvier. Un homme surnommé « Bloody Blinken » – Blinken le sanguinaire – aux idées néoconservatrices, agent du lobby de l’armement, qui a passé sa vie à semer la guerre et la désolation. Il était déjà l’un des farouches partisans de la guerre en Irak il y a 20 ans et a armé Netanyahou jusqu’à la dernière heure de son mandat en 2025. Pourtant, Jean-Noël Barrot estime que : « Blinken a incarné le visage de l’Amérique que nous aimons » et a salué son travail au Proche-Orient, sans dire un seul mot sur Gaza.
Notre Ministre des affaires étrangères s’est aussi fait humilier par l’État israélien lors d’un déplacement officiel à Jérusalem. Le 7 novembre, devant la presse, il avait été refoulé d’un monastère qui était sous souveraineté française par la police israélienne armée, et deux gendarmes français chargés de sa protection ont été molestés sous ses yeux. Symboliquement, c’était un acte de guerre diplomatique et une violation d’un territoire français. Et devinez quoi ? Jean-Noël Barrot s’était pitoyablement écrasé. S’il fallait « réarmer » quelque chose, ce serait plutôt sa dignité.
Pire le 27 novembre dernier, alors qu’un mandat d’arrêt international était émis contre Netanyahou, Jean-Noël Barrot annonçait que, contrairement à la majorité des pays du globe, le gouvernement français n’arrêterait pas le Premier Ministre israélien s’il venait en France et qu’il n’appliquerait donc pas le droit international. Des hommes comme Jean-Noël Barrot ont transformé la France en colonie des USA, et jouent maintenant aux va-t-en-guerre.
Réarmement ?
Le mot est désormais dans toutes les bouches macronistes. Il avait été lancé pour la première fois en janvier 2024. À l’époque, Macron avait fait un discours sur 8 chaînes de télévision, dévoilant un pétainisme revisité, à base de militarisme, de nationalisme, de mépris et d’injonctions à la natalité.
Il avait résumé son programme « autour d’une ligne simple » : « Que la France reste la France ». C’était littéralement le slogan de campagne de Zemmour, Mais le mot répété de manière systématique était celui de « réarmement ». Un réarmement « civique », « moral », et même « démographique ». Un gouvernement en crise qui utilise un lexique guerrier sur tous les sujets est toujours très mauvais signe.
Comment cela devait se traduire ? Par un dressage militarisé de la jeunesse : Macron veut aller vers « la généralisation du SNU », le Service National Universel. Des stages pour les adolescents, encadrés par l’armée, avec des uniformes, des levées de drapeau, des humiliations, le tout coûtant plusieurs milliards d’euros prélevés sur le budget de l’éducation. Ce SNU est déjà très critiqué, notamment suite à des violences sexistes et des propos racistes de la part de militaires encadrant ces stages. Si le budget du SNU a été retoqué et que le dispositif est désormais en péril, c’est pour aller vers le pire : on parle désormais d’un retour du service militaire obligatoire.
En parlant de « réarmement démographique », Macron présentait le corps des femmes comme un outil pour construire une Nation « forte » : « Notre France sera plus forte par la relance de la natalité ». Des ventres féconds pour la patrie, comme au bon vieux temps. Produire de la chair à canon pour les guerres à venir.
Jean-Noël Barrot ne fait donc que reprendre les mots de son maître, mais il les applique aux esprits des enfants.
La police et l’armée dans les écoles
En novembre 2024, à Aytré, bourgade près de La Rochelle, un petit livret en bande dessinée était distribué aux écoliers. Des dessins montraient aux enfants « le rituel des prises d’armes et des revues de troupes sous les couleurs ». Extrait : « Tu as vu ? Ces soldats vont recevoir une médaille. Ils recevront ensuite l’accolade du grand chef. Comme ils sont fiers ! » Le livret intitulé « Ma première cérémonie militaire » avait été « offert par la mairie ». Des parents d’élèves ont dénoncé une « propagande militariste ».
Juin 2024, dans le cadre du diplôme du brevet pour les élèves de 3e, les établissements français d’Amérique du Nord distribuaient un sujet sur « Le Service National Universel et l’engagement », en demandant de montrer ses « bénéfices pour les jeunes ». Ce n’était plus une épreuve, mais un tract.
En 2023, le compte Twitter de l’armée française publiait ces photos d’enfants en uniformes tenant des fusils d’assaut HK 416 F avec la légende : « Enfiler le treillis et les rangers dès 15 ans pour vivre le quotidien d’un soldat ? Une vingtaine de jeunes l’ont fait dans le cadre de leur service national universel ». Des enfants soldats, valorisés par la République française.
En septembre 2022, des policiers organisaient des ateliers pour des élèves de CM1 et CM2, âgés d’une dizaine d’années, leur apprenant à donner des coups de matraque, porter des gilets pare balles ou s’entraîner au tir à Saint-Denis. Le tout organisé par leur école, dans le cadre d’une journée présentée comme « sportive citoyenne ». Des « formations » identiques ont été données dans de nombreuses écoles, collèges et lycées.
En mars 2023 Les enseignants de l’académie d’Amiens recevaient une proposition de « formation à la défense pour les collèges et lycées », émanant du conseiller défense du recteur. On découvrait alors que les recteurs chargés de l’éducation ont donc des consultants militaires.
Et ce ne sont que quelques exemples. L’armée entre progressivement dans l’enseignement. Lors de la Première Guerre mondiale, le gouvernement demandait aux instituteurs de « mobiliser » la jeunesse par un bourrage de crane nationaliste. En décembre 2024, le quotidien Le Monde titrait « Les écoles russes, caisses de résonance de la propagande du Kremlin », un article qui dénonçait l’embrigadement des élèves dans les établissements scolaires sous Poutine.
Ces méthode n’appartiennent plus ni au passé, ni à des contrées lointaines, puisqu’on entend désormais dans une salle de classe qu’il faut « réarmer les esprits dès l’école ».
source, avec liens complémentaires : https://contre-attaque.net/2025/03/12/propagande-de-guerre-pour-les-ecoliers/