Pour être premier de cordée, il faut savoir tirer les bonnes ficelles. Il faut savoir aller à l’essentiel. Il faut savoir apurer, se débarrasser d’encombrantes pesanteurs : scrupules, morale, éthique, intérêt général. Il faut mettre à l’encan cet archaïsme tout hexagonal qui fait que le Gaulois méprise l’argent, tandis qu’outre Atlantique, vierge de ses délicatesses de jeune fille, on revendique d’être plein aux as.
Pourquoi avoir honte d’être riche ? Sa fortune, on devrait l’afficher sans pudeur déplacée. On devrait, comme il se fait dans certaines démocraties nordiques, publier ce que chacun paie à l’impôt. Pourquoi ne le fait-on pas ? Se souviendrait-on que la publication par Necker, peu avant la révolution des prébendes accordées par la monarchie aux privilégiés oisifs – les premiers de cordée de l’époque - aurait selon nombre d’historiens contribué de beaucoup à la chute de l’Ancien régime ?
Mais alors, serait-ce que les riches ne sont pas des premiers de cordée, mais simplement des profiteurs. Qu’ils ne servent en rien l’intérêt général, mais ne sont que la reviviscence des infâmes aristocrates de naguère ? Que le Peuple les rétribuera de la même manière que leurs prédécesseurs ?
(à suivre)
Etienne Maillet