Pour construire des sociétés vivables : aller plus loin que la critique du capitalisme

La critique de la Civilisation (avec Nicolas Casaux)

dimanche 13 septembre 2020, par Les Indiens du Futur.

- Pour construire des sociétés vivables : aller plus loin que la critique du capitalisme {JPEG}La critique de la Civilisation (avec Nicolas Casaux)
Entretien avec Nicolas Casaux sur la critique de la civilisation et de la technique. Nicolas est auteur et traducteur pour le site Le Partage, qui publie des analyses consacrées à l’écologie, l’activisme, l’histoire et la civilisation industrielle. Nicolas a aussi traduit des livres aux Éditions Libre.

Présentation de Nicolas Casaux

Politisation

Nicolas Casaux commence sa politisation en étudiant la théorie anarchiste « classique » avec des amis. Il découvre ainsi la critique du monde des médias de masse dans les sociétés industrielles (Chomsky, Herman, Pilger). L’idée lui vient donc de créer une sorte de « contre-média » ou média « alternatif » pour proposer d’autres analyses. C’est comme ça que nait le blog Le Partage. Plus tard il se passionne pour l’éco-anarchisme, ou écologie libertaire, ainsi que la critique anti-industrielle ou techno-critique. Il cite notamment les Éditions La lenteur, Bertrand Louart, PMO, Éditions l’Échapée, etc. Le blog Le Partage s’est peu à peu orienté vers ce qu’il appelle la critique socio-écologique radicale. De fait, on ne devrait jamais discuter de l’écologie et du social séparément.

Les anarchistes naturiens

Plus récemment Nicolas fait la découvert des anarchistes naturiens. On peut citer Émile Gravelle et Henry Zisly pour la fin du 19e siècle. Ces auteurs ne font pas partie des figures anarchistes grand public comme Proudhon, Bakounine, Kropotkine. Les naturiens avaient beaucoup de points communs avec les autres anarchistes. On peut les considérer comme précurseurs de la critique de la civilisation actuelle. Préoccupés par l’écologie, ils reprochaient à leurs camarades certaines croyances. La foi dans les progrès techniques du machinisme et au développement des forces productives est courante chez les anarchistes. Pour les naturiens, il n’y a pourtant rien à attendre d’un tel système. Leur objectif visait plutôt à se libérer de l’asservissement des machines.

- Quelques extraits :

Qu’est-ce que la civilisation ?

Derrick Jensen est associé à un courant qu’on dit « anti-civilisation » aux États-Unis. Ce courant est quasiment inexistant en France. Cependant les anarchistes naturiens, à leur époque, avaient entamé la critique de la civilisation. Ils voulaient se débarrasser de l’assujettissement des humains à l’État et un système socio-technique autoritaire et nuisible. On peut faire remonter la critique de la civilisation à des philosophies plus ancienne comme le taoïsme, ou plus largement à tous les peuples qui ont résisté et se sont battus contre la civilisation. Il se pourrait que la critique de la civilisation soit une pratique millénaire aussi ancienne que la civilisation elle-même.

Sur le plan social, les masses des humains sont exploitées et asservies par un système qu’elles ne contrôlent pas et qui les domine. Il y a une dépossession du pouvoir des individus et des communautés, rendu·es impuissant·es et esclaves du capitalisme. Pour les anarchistes naturiens, il n’y a pas d’organisation démocratique possible sans la bonne « mesure », la question de la taille est importante. On ne peut pas organiser un État-Nation comme on organise une commune. Voilà pourquoi ils et elles proposent de démanteler cette société démesurée et inhumaine. L’objectif étant de retrouver du pouvoir sur nos vies dans des sociétés à échelle humaine.
Sur le plan écologique, ces sociétés démesurées font des dégâts terribles sur toute la planète. Elles provoquent actuellement la sixième extinction de masse. Ce système ravage tout sur son passage, les écosystèmes, les océans, les sols et les forêts.

À croire certaines personnes, le problème ne serait ni la voiture, ni les téléphones portables, etc. mais seulement la façon dont on s’en sert. Cependant il n’y a pas 36 manières différentes de fabriquer une voiture ou des téléphones portables. C’est à dire qu’il faut des matériaux, des processus de fabrication à respecter, une organisation bien spécifique du travail, des ingénieurs, des infrastructures, des machines. Ainsi on voit apparaître un gigantesque appareil de production qui a beaucoup d’implications sociales et environnementales, autant des prérequis qui n’ont rien de « neutre ».

Pour Langdon Winner, dans La baleine et le réacteur, « en examinant les structure sociales qui caractérisent l’environnement des systèmes techniques, on découvre que certains appareils et certains systèmes sont invariablement liés à des organisations du pouvoir et de l’autorité ». En effet certaines technologies appellent une certaine organisation du travail et de la société, de la même manière qu’une voiture a besoin de roues pour rouler. En d’autres termes : « Quand on choisit une technologie, on choisit une politique ». Il ne peut pas y avoir de société hautement technologique et démocratique. C’est pourquoi nous devons viser des sociétés fonctionnant uniquement sur des technologies douces ou « basses ». Il nous faut des technologies « appropriées » aux modes de vies que l’on vise, que ce soit la démocratie, l’anarchie, etc.

- Lire l’article, avec une vidéo, des références de livres complémentaires

- Version audio :

Podcast2-13-c

P.-S.

- En complément, voir aussi :


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