Paysans et écosystèmes sont détruits par la civilisation industrielle et ses conséquences, quelles solutions ?

L’agro-industrie, l’agri-tech, l’intensif, la technocratie et l’économie de marché tuent - Paysans et militants ne font pas le poids, des renforts en vue ?

vendredi 19 août 2022, par Echo des luttes écolo-sociales.

La nourriture, la production agricole donc vu qu’on n’est plus des chasseurs-cueilleurs, nous est indispensable. Les paysans et des écosystèmes en état aussi.
Pourtant les deux sont gravement démolis par la civilisation industrielle et ses conséquences. Comment se sortir de ce pétrin, avec quelle agriculture soutenable, avec quelles personnes engagées dans ces luttes vitales ?

Paysans et écosystèmes sont détruits par la civilisation industrielle et ses conséquences, quelles solutions ?
Les outils et méthodes d’avenir, loin de l’agri-tech de la french-tech

- Près de Montélimar, des agriculteurs exténués face à la canicule : « Beaucoup de travail et de questions » - Mediapart a sillonné la vallée de la Valdaine et ses environs dans la Drôme, à la rencontre d’agriculteurs qui souffrent des canicules à répétition. Des pans de récoltes grillées, des chèvres qui produisent moins de lait, des tâches nouvelles qui s’accumulent : paroles de travailleurs lessivés, et inquiets pour les années à venir.

Quelques extraits :
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« La température baisse peu la nuit, je dors très mal depuis deux mois », confie celui qui, malgré le manque de sommeil, voit redoubler sa charge de travail.
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« Un été normal, j’arrose tous les dix jours mais cette année, c’est tous les six jours, sinon je ne sors pas une carotte. »
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les lianes de haricots s’entrelacent avec souplesse sous de larges feuilles vertes comme des terrains de golf arrosés. Vincent désespère du travail perdu. Ses plants sont magnifiques mais il ne verra pas l’ombre d’un haricot cette année. « Au-delà d’une certaine température, même arrosées, les fleurs coulent [meurent – ndlr]. Et sans fleur, pas de fruit »
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« Avec la chaleur, les bêtes boivent quatre fois plus », constate l’éleveur dont le puits est sec depuis plusieurs semaines, comme celui de Jérôme. La source qui se trouve au pied des noyers sauve son troupeau qui s’y masse
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« C’est jaune comme une fin de mois d’août, depuis juin », ironise Annabelle en observant le terrain brûlé qui s’étend face à la petite maison en bois qu’elle regagne pour être au frais après avoir fait ses fromages. Le soleil est à son zénith et un nuage se soulève au passage du troupeau qui regagne la chèvrerie pour s’abreuver après deux heures de crapahutage nourrissant. « Jamais on n’a vu tant de poussière, on ne sait pas ce que ça fait aux bêtes », lâche l’éleveuse qui constate que, cet été, son troupeau éternue sans discontinuer et que « les chiens raclent ».
Le cerisier est crevé. La citerne qui sert à arroser le petit jardin en avant de la maison est vide depuis longtemps. Cette année, le couple a décidé qu’il ne ferait plus de jardin, les chèvres leur demandent déjà bien assez de travail.
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« J’aimerais que cet été soit une exception mais je n’y crois pas », analyse l’éleveuse en évoquant des travaux à l’automne, quand la saison laitière sera remplacée par l’attente des naissances. Elle pense aux glands, peu nombreux et « tout petits », alors qu’ils constituent le seul apport en céréales de ses chèvres et envisage de complémenter - « exceptionnellement » - l’apport alimentaire de son troupeau. Elle réfléchit aussi aux solutions pour retenir chaque goutte d’eau qui tombe du ciel. « On va installer des bâches de rétention d’eau et construire un parc en sous-bois, avec une cuve, pour que les bêtes soient plus au frais », détaille Annabelle. « Encore du travail. Et beaucoup de questions. »
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Pour s’adapter à la hausse tendancielle des températures, Vincent s’est mis à cultiver du sorgho et de la patate douce, « comme beaucoup de monde dans la région ». Jérôme, quant à lui, a décalé ses cultures de haricots verts à l’automne depuis plusieurs années et s’est essayé aux pois chiches ce printemps - sans succès. Et puis, « même les amandiers ont soif », remarque le paysan qui vient de délivrer sept cent litres à chacun de ses fruitiers qui « donnent » pour la première fois cette année.
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« Je ne parle pas d’argent mais on ne peut pas perdre 30 % des récoltes chaque année et s’attendre à ce que ça ne change rien. » Au vu de l’altération récurrente de sa production, de certains essais peu probants, des nouveaux gestes à apprendre, de la fatigue et du travail perdu, Jérôme confie que la mélancolie le gagne depuis le début de l’été. Le paysan ne craint rien de moins qu’une crise alimentaire. Il s’étonne de l’insouciance de celles et ceux « qui poussent encore un peu la clim » alors qu’une question le taraude : « Que vont manger mes enfants, la génération qui vient ? »

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- AGGRAVATION DE LACHERESSE EN DRÔME : RENFORCEMENT DES RESTRICTIONS DES USAGES DE L’EAU

Témoignage d’un éleveur | Sacrifice Paysan | ARTE
par [ARTE->https://www.youtube.com/c/arteplus7fr]
https://www.youtube.com/watch?v=bI4yh1QGSxw

L’ENFER DE LA PAYSANNERIE SOUS LE CAPITALISME

Il y a quelques jours, le dimanche 17 juillet, Valentin Wentz (deuxième en partant de la gauche sur cette photo), jeune éleveur, producteur de fromages de vaches à Galinagues, sur le petit plateau de Sault, dans l’Aude, a mis fin à ses jours. Il avait 33 ans (comme moi).

Une agricultrice voisine commente : « Nous, paysans et paysannes qui nourrissons le monde, pleurons Valentin, paysan, homme de la terre, homme sensible, homme juste, homme solidaire. Nous pensons à ses proches et particulièrement à sa compagne, ses enfants, sa famille que certains d’entre nous soutiennent humblement, comme ils le peuvent. Il est insupportable de constater que ce métier, bien souvent exercé avec passion, connaît toujours une surmortalité par suicide par rapport au reste de la population (...) Combien sommes-nous dans ce beau métier à être si passionnés, si peu reconnus, si soumis à ce système de devoir de performances, si fatigués, si seuls parfois, mettant à mal notre vie privée ? (...) Nous ne pourrons jamais combattre toutes les souffrances qui mènent au suicide mais nous refusons de le considérer comme une fatalité du monde agricole, de ses travailleuses et travailleurs ! »

Valentin était « installé depuis près de trois ans sur la Ferme du Picou, sa quarantaine d’hectares et sa douzaine de vaches laitières, et une fromagerie flambant neuve : une installation permise par une reprise via Terre de liens, ce réseau créé en 2003 pour faciliter l’accès des paysans à la terre et développer l’agriculture biologique et paysanne », rapporte le quotidien L’Indépendant.
« Un outil de choix. Mais aussi de “la pression" pour Valentin, décrit comme un “perfectionniste", “investi partout, à la Cuma, au groupement pastoral, à la coopérative du pays de Sault". “Quelqu’un qui travaillait beaucoup", enchaîne Olivier Lozat, chargé de l’animation à la Conf’. Qui rappelait le délicat contexte climatique : “Avec la sécheresse, la récolte de foins n’a pas été bonne."
Un poids de plus pour une exploitation qui, le 9 juillet, faisait face à un problème sanitaire dans le laboratoire de transformation : “Ça voulait dire l’arrêt de la transformation, du lait à jeter, et une cave bloquée, détaille la productrice. Ce n’est pas rien quand on ajoute les investissements à rembourser, le loyer. Ils ont subi beaucoup de malchance, et ce problème était la goutte d’eau."
Un coup de trop : “Il a tout gardé pour lui, on n’a rien vu. C’était un bosseur illimité, mais il était dans une situation d’épuisement physique et moral." Une épreuve que la compagne de l’éleveur traduisait par ces mots : “Cette ferme nous a trahis." »

Les petits sont écrasés, broyés par la mégamachine, sa bureaucratie, ses normes, ses injustices structurelles, ses exigences de rentabilité, etc., au profit des grandes entreprises. Et comme le notent les camarades de PMO dans un texte paru dans le numéro 137 (avril-mai 2022) de la revue Nature & Progrès :
« 1,5%. C’est la part des “exploitants agricoles” dans l’emploi total en France en 2019, selon l’Insee. Les 67 millions de Français d’aujourd’hui mangent pour tant davantage que les 40 millions du début du XXe siècle, quand les paysans représentaient 43 % des actifs. Qui donc nous alimente désormais ? Des agro-industriels d’ailleurs (20 % de notre alimentation est importée, 50 % pour les fruits et légumes) et surtout, les machines.

Après plus d’un siècle d’élimination des paysans, cultivateurs et agriculteurs, remplacés par les machines, la chimie et les cultures standardisées, l’industrie agroalimentaire achève sa déshumanisation au moyen de la transition numérique — et génétique. Comme tous les secteurs socio-économiques, soumis à la contrainte technologique. Quel que soit le problème, la technocratie impose son unique meilleure solution : dispositifs électroniques, réseaux cybernétiques, puissance technoscientifique – la machination générale. Comment nourrir une population croissante sur une Terre rétrécie et dévastée par des catastrophes écologiques en cascade ? Mais vous pouvez remplacer “nourrir” par “loger”, “transporter”, “soigner”, “éduquer”, etc.

La pandémie de Covid-19 a rappelé ce que les anti-industriels expliquaient depuis des lustres : la survie des humains, y compris du point de vue alimentaire, dépend désormais de leur intégration au technotope. Ce nouveau milieu technifié a détruit et remplacé leur ancien biotope, du temps où ils appartenaient au règne animal et vivaient en symbiose, heureuse et malheureuse, avec les autres espèces vivantes. La transformation de son biotope en technotope éjecte l’animal politique de l’évolution naturelle. Ce n’est plus elle qui sélectionne lentement les nouveautés selon leur intérêt adaptatif, mais les technocrates — avec la technologie — qui imposent leurs bouleversements accélérés, auxquels les humains doivent sans cesse s’adapter. “Nous avons modifié si radicalement notre milieu que nous devons nous modifier nous-mêmes pour vivre à l’échelle de ce nouvel environnement”, dit Norbert Wiener, pionnier de la cybernétique.
Nous voici incarcérés dans le règne machinal, au champ comme ailleurs. C’est la Terre que nous devons reprendre aux machines et aux machinistes, si nous désirons rester des animaux politiques, libres et vivants. Mais le voulons-nous ? »

(Pour lire le texte de PMO en entier : https://www.piecesetmaindoeuvre.com/IMG/pdf/_terre_et_machines_n_p_2022-2_n_p_137.pdf)

Post de Nicolas Casaux

Les solutions ?

S’il n’y aucune raison d’être optimiste, on peut et on doit néanmoins se battre, par principe et au cas où des évènements imprévus se produisent. D’autres veulent sauver ce qui peut l’être ou tout simplement ont envie de se "venger". Inutile d’être pessimiste, la situation réelle est bien assez préocuppante.

- Rappelons donc des "solutions" (et leurs limites dans le système actuel), ici dans le domaine agricole :

Des solutions qui évidemment ne se réaliseront pas toutes seules, les petits paysans qui restent et les quelques miitants ne suffiront pas, et ne comptons pas sur les autorités, les gouvernements et l’Etat.
Des renforts vont-ils se lever très prochainement ?


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