Si le passe sanitaire est imposé de la sorte, c’est bien parce que nous ne vivons pas en démocratie, parce que nous sommes incorporés dans des sociétés de masse technocratique sous administration centralisée, parce que nous sommes impuissants politiquement et dépendants sur tous les plans de la méga-machine techno-industrielle productiviste (grandes surfaces, vaccins, voitures, internet, emplois sous gestion capitaliste, électricité, échanges mondialisés à flux tendus, circulation de marchandise ininterrompue...).
🚨IMPASSE SANITAIRE🔬
Tribune de Samuel Hayat, Politologue et chercheur au CNRS -
Bon, parlons de pass sanitaire. Est-ce un danger, d’un point de vue démocratique ? La réponse est oui. La démocratie repose sur l’égalité (politique et sociale) et le contrôle citoyen sur les pouvoirs. Le pass instaure une inégalité, et renforce le contrôle de l’Etat sur nous.
Le problème est que les gens qu’on entend le plus critiquer le pass sanitaire dans les médias le font par méfiance envers la vaccination. Or ce n’est pas parce que la vaccination serait dangereuse ou inefficace que le pass est potentiellement une catastrophe, mais le contraire.
C’est parce que l’épidémie est là, qu’elle va durer et que la vaccination est très efficace que le pass sanitaire est dangereux, car lui aussi va durer et s’imposer de plus en plus comme une nécessité de santé publique, alors qu’il n’y a pas d’égalité d’accès au vaccin.
En apparence, le pass sanitaire discrimine ceux qui ne veulent pas se vacciner. Mais c’est un épiphénomène. Le pass sanitaire va à terme discriminer d’abord ceux qui ne PEUVENT pas se vacciner : les plus précaires et pauvres ici, et surtout les plus pauvres au niveau mondial.
Car il ne faut pas s’y tromper. Il n’y a pas, et n’aura pas, de vaccin pour tout le monde, surtout s’il faut le renouveler souvent. Cela restera longtemps un privilège des pays riches (plus facilement accessible aux riches urbains de ces pays) et des riches des pays pauvres
L’épidémie va élargir encore le fossé entre riches et pauvres ici, entre Nord et Sud, et renforcer les dispositions autoritaires des pays du Nord contre les populations du Sud. Et avec des vaccins souvent produits au Sud, pour le Nord, les logiques impérialistes triomphent.
Le pass, en imposant peu à peu l’idée qu’il y a des lieux réservés aux vaccinés, et que les non vaccinés sont dangeureux, va renforcer et valider « scientifiquement » dans les pays riches un raisonnement terrible : « étranger = danger », surtout s’il vient d’un pays pauvre.
Les barrières empêchant les migrants des pays pauvres d’entrer dans les pays riches sont déjà énormes. Cette épidémie va justifier sanitairement le traitement raciste et nationaliste des migrants par les pays riches. Et le pass risque d’en être la forme matérielle.
À cela s’ajoute que le pass sanitaire repose sur la collaboration de tous, censés vérifier que l’autre est en règle. Il renforce une mentalité policière, qui, couplée avec la discrimination contre les pauvres et les étrangers, risque de participer à la fascisation des esprits.
Face au virus, les États ont adopté des réponses nationalistes et autoritaires. Le pass va dans ce sens. Si son but (pousser à la vaccination) est louable, il renforce une mentalité de contrôle, et adosse les politiques et préjugés racistes et de classe à un motif sanitaire.
Nous sommes à la croisée des chemins. Tant qu’il n’y aura pas de politiques sociales égalitaires, et un droit mondial effectif au vaccin et à la libre circulation internationale des personnes, le pass sanitaire sera discriminatoire et antidémocratique.
- Passe sanitaire = impasse autoritaire
- Dessin par Deloupy Zac pour illustration
LE PASS SANITAIRE ASSASSINE L’IDEE DE SERVICE PUBLIC
Un texte de Sylvie Osterreicher, médecin à l’hôpital de Blois. Une juste colère et une attitude raisonnée et raisonnable pour les patients.
"Aujourd’hui, dans les hôpitaux, Établissements publics de Santé, chaque patient devra présenter son "pass sanitaire" pour accéder aux soins ! Par ailleurs, les ARS nous demandent de travailler et de mettre tout en œuvre pour faciliter l’accès aux soins dans tous les secteurs et particulièrement pour les dépistages et les traitements des infections sexuellement transmissibles, l’avortement, les femmes victimes de violences, les prises en charge des adolescent(e) s en difficulté.... Je ne parle uniquement de ce dont j’ai l’habitude ! De mon boulot au quotidien ! Dans toutes les autres disciplines de la médecine, mêmes règles ! Sauf pour les urgences !
Il va falloir financer du personnel pour être dans des tours de contrôle ! Et évidemment on va encore supprimer des postes de soignants !
Pour surcharger encore plus les urgences des hôpitaux et fragiliser les autres services on ne peut guère faire mieux !
Pensez-vous que les jeunes femmes qui avortent, les adolescent(e) s, les femmes victimes de violences.... Présenteront ce pass à la con ?
Médecin dans un hôpital, la colère me monte aux narines ! Je ne refuserai pas de soigner ! Ma conscience me dit que je transgresserai ces règles dans l’intérêt des patients. Je saurai inventer un "pass des détours" pour éviter les contrôles à l’entrée d’un Établissement de Santé qui a pour mission première : LE SERVICE PUBLIC"
NOTE : le service public, ce sont les moyens de maintenir en état de marche la force de travail qu’accordent a minima les Etats et les capitalistes à leurs esclaves salariés ou pas, tant qu’ils en ont besoin et que le rapport de force pèse du côté des travailleurs.
A propos du Pass
A propos du Pass, par Jeanne Casilas
Finalement les terrasses ne seront pas exemptées du Pass sanitaire au motif que « La différence entre le dehors et le dedans a perdu de sa pertinence sanitaire » comme le déclare Philippe Bas, sénateur et rapporteur du texte.
Voilà selon la loi qu’il n’y a plus de dehors en France et que le concept est relégué au profit de celui d’espace sanitaire. L’espace sanitaire est total, contrairement au dehors qui existe par rapport au dedans et porte en lui le mouvement de l’être qui y tend. A l’opposé l’espace sanitaire n’existe qu’en fonction du sujet qui le désigne et pour lui. Il n’est plus un espace mais le rêve de la continuation du corps du sujet partout sur la terre.
(...)
Cette vie est passée, en réalité, elle est déjà passée. Il est temps de se séparer dans l’espace de ce monde qui ne mérite pas d’être conservé. Il serait temps de manifester chaque jour en des lieux retrouvés cette séparation radicale que crée l’absence de « Papiers ».
Car le monde du Pass ne mérite pas d’être sauvé. Un autre monde demande à l’être, qu’ils nous appartient de rejoindre ou de voir périr, à chaque fois que nous passons à ses côtés.
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