On ne va pas y aller avec des fleurs. Violence politique : des femmes témoignent

Un livre de Alexandra Frénod et Caroline Guibert Lafaye

samedi 4 février 2023, par Lili souris de bibliothèque.

📖 LECTURE : « ON NE VA PAS Y ALLER AVEC DES FLEURS. VIOLENCE POLITIQUE : DES FEMMESMOIGNENT »

« Le système dans lequel on vit est tellement violent que ne pas lui résister, c’est commettre indirectement beaucoup plus de violence que lui résister violemment »

Dans leur ouvrage « On ne va pas y aller avec des fleurs », les chercheuses Alexandra Frénod et Caroline Guibet Lafaye sont allées à la rencontre de 9 femmes* militantes qui ont fait le choix d’user de la violence comme stratégie politique. Elles relatent ici leur parcours, leurs convictions et leurs réflexions qui les ont déterminées à s’engager et à agir, parfois au péril de leur vie, en se confrontant aux violences policières, judiciaires, ou encore pénitentiaires.

« Quand un système écrase une classe et que d’autres classes vivent bien, c’est que quelque chose ne va pas »

Membres d’Action Directe, des Brigades Rouges, de la Rote Armee Fraktion, des FARC, de l’ETA, du PKK ou encore adoptant la stratégie du black bloc, elles décrivent la nécessité de lutter face à l’injustice, le besoin vital de s’opposer à l’oppression et de faire front face à la répression.

« C’est quelque chose qui vous entraîne, qui vous porte, qui vous fait vous lever. Et vous y allez parce que c’est normal, c’est juste, et le but est beau : libérer l’humain par l’humain »

Souvent décrédibilisées par les médias en tant que femmes, elles affirment à travers leur récit leur libre choix de prendre part à des actions violentes ciblées à l’encontre de leurs oppresseurs. Elles déconstruisent ainsi l’imaginaire collectif méprisant autour de l’usage politique de la violence par des femmes. Aucune d’entre elles n’exprime un « goût de la violence », bien au contraire, elles en usent par nécessité et par défense légitime, estimant que « Dans un système qui exploite et qui détruit, c’est normal d’être combattant. »

Interrogées sur la distinction entre terrorisme et actions militantes, ces femmes affirment que leurs actions s’inscrivent, contrairement aux actes terroristes, dans un socle de valeurs et d’éthique, qui cible uniquement l’oppresseur et non la société civile. Elles apportent néanmoins un regard critique sur les structures auxquelles elles ont pu participer et les dérives dont elles ont pu être témoins, rappelant que « il y a une morale ou une éthique quand on s’engage dans la lutte armée ». Elles distinguent ainsi unanimement ce qui est « juste » de ce qui est « légal », car quand ce qui est injuste est légal alors entrer dans l’illégalité devient juste.

Certaines constatent actuellement en France une démobilisation générale malgré les inégalités qui ne cessent de croître et les atteintes aux libertés et aux droits sociaux qui se généralisent :

« Je trouve qu’aujourd’hui la situation s’est dégradée par rapport à ce qu’elle était à cette époque. Ils ont réussi une manipulation psychologique de la masse, du peuple de France, qui est très forte ».

Et appellent aux soulèvements et à la résistance, « contrairement à tous ces gens, largement majoritaires, qui ont des pensées progressistes, sentant que les choses ne vont pas bien, mais ne font absolument rien, ne changent rien, continuent de vivre, consomment, restent chez eux… »

Au-delà du seul usage de la violence, ces actions s’inscrivent dans une ensemble de stratégies politiques diverses et quotidiennes : de la réflexion sur sa consommation, de la vie en squat pour refuser d’enrichir les grands propriétaires, du vol ciblé en supermarchés, mais également des manières de se comporter avec son environnement et dans ses relations aux autres. Défendant une cohérence entre les idées et leur mise en œuvre au quotidien.

Si cet ouvrage ne se veut pas être un appel à prendre les armes, les témoignages qu’il relate sont un appel à la solidarité et à la résistance à l’oppression, en apportant des pistes de réflexion sur les moyens de lutte.

Empreints d’espoir, ces récits passionnants, mais parfois tragiques, donnent à entendre la voix de celles que l’on a tenté de faire taire, mais dont l’engagement et les convictions restent intactes face à l’injustice, la barbarie et la violence étatique.
Malgré la répression, l’emprisonnement, la torture, l’isolement, ces femmes témoignent de leur courage, avec solidarité et détermination. Une invitation à ne plus se soumettre, à refuser d’obéir aux lois injustes, et à résister car… « Vous savez, la violence… elle est en face » !

- On ne va pas y aller avec des fleurs. Violence politique : des femmes témoignent, Alexandra Frénod et Caroline Guibert Lafaye, Hors d’Atteinte, 2022, 224 p.

(post de Contre Attaque)

On ne va pas y aller avec des fleurs. Violence politique : des femmes témoignent
Un livre pour sortir des clichés et des propagandes du système en place

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