Nul besoin de Terminator pour que règnent les Machines !

...car la plupart des gens désirent devenir machiniques pour éviter l’angoisse de la liberté et de l’existence

dimanche 13 septembre 2020, par Les Indiens du Futur.

Pas besoin de dictature ou de guerre des robots pour que le règne total de la Machine advienne. Le jeu standard de la consommation, de la propagande étatiste et capitaliste, de l’idéologie de la civilisation et du désir humain de renoncer par confort à la liberté suffisent.
La peur d’un virus ou la gestion technique des catastrophes engendrées ou aggravées par le système machinique peuvent aussi aider.
Les pyromanes n’ont aucun scrupule à se faire passer pour pompiers, tandis que les grands brûlés masochistes semblent apprécier de repasser sans fin au lance flamme.

Mais lisez plutôt cet article essentiel sur l’aliénation à la volonté de puissance et aux machines, qui dit bien mieux les choses : Contre l’organisation scientifique du monde : Entretien de PMO avec La Décroissance

Nul besoin de Terminator pour que règnent les Machines
Car la plupart des gens désirent devenir machiniques pour éviter l’angoisse de la liberté et de de l’existence, pour la volonté de puissance

- Extraits pour s’exciter le processeur :

Dans la « guerre » contre le virus, c’est la Machine qui gagne. Mère Machine nous main­tient en état de marche et s’occupe de nous. Quel coup d’accélérateur pour la « pla­nète intel­li­gente » (alias monde-machine) et ses smart cities (alias villes-machines). L’épidémie pas­sée, les Smar­tiens se seront pliés à des habi­tudes qu’ils ne per­dront plus. Les machins veulent une machine. Ceux à qui la liber­té pèse trop lourd aspirent à leur prise en charge machi­nale. La sécu­ri­té plu­tôt que la liber­té. L’assignation à rési­dence, la traque élec­tro­nique, le fonc­tion­ne­ment vir­tuel sans contact dans un « état d’urgence » diri­gé par les experts scien­ti­flics, plu­tôt qu’une vie libre, auto­nome et res­pon­sable. Mais la pré­ser­va­tion sous « pro­tec­tion » d’une espèce mena­cée n’est pas la vie. Un « parc humain » n’est qu’une pri­son à ciel ouvert.
(...)
Il faut dis­tin­guer ceux qui ont peu ou prou les moyens de leurs volon­tés (les puis­sants, les tech­no­crates) et ceux qui n’ayant pas ces moyens (les subis­sants, les acrates), subissent les volon­tés des pre­miers, mais espèrent béné­fi­cier d’un ruis­sel­le­ment de la puis­sance (smart­phone, gad­gets connec­tés, « applis »). Ni les uns ni les autres n’ont jamais assez de puis­sance, et tous dési­rent ce qui les perd. Voyez la fas­ci­na­tion pour les créa­tions supé­rieures à leurs créa­teurs (l’ordinateur sacré cham­pion de go), puis le désir d’auto­ma­chi­na­tion pour res­ter les égaux de ces super­ma­chines et deve­nir des sur­hommes-machines.
(...)
Quand toute l’organisation sociale se fonde sur le pri­mat de l’efficacité et de la ratio­na­li­té tech­ni­cienne, la « tyran­nie de la logique » (Arendt) — la logique inhé­rente à l’expansion de la puis­sance machi­nale — nous empêche de pen­ser libre­ment. Échap­per à cette contrainte exige un ima­gi­naire de révolte hors de por­tée de l’homme des masses, sou­mis à la pres­sion du groupe, au matra­quage publi­ci­taire et à l’hypnose des écrans.

Le désir de vivre comme un robot pour échapper aux douleurs de l’insondable liberté

Remarques

Le technocapitalisme moderne ne peut que fabriquer des êtres qui lui ressemblent, des humains-machines, des cyborgs, des transhumanistes.
Et, dans une société technocapitaliste avancée telle que la nôtre, les humains ne peuvent que désirer devenir des cyborgs.
En effet cette société « termitière » ultra-libérale détruit et dévalorise l’humain, demande toujours plus de vitesse et de performance, de calcul froid et impitoyable pour survivre, alors c’est la course à celui-celle qui sera le-la plus équipé.e, le-la plus robotisé.e. Les appareillages externes type smartphone ne sont qu’une étape.

Dans la civilisation capitaliste, devenir un cyborg à l’intelligence purement rationnelle est une condition de survie, les non-cyborgs, les humains restés trop « bios » sont voués à être détruits après avoir été parqués dans des réserves pittoresques.

Les laissés pour compte, les exclus, les bio-corps (remplis d’affects, d’émotions et d’odeurs, beurk), les refuznik qui subsiteront misérablement dans des camps dédiés seront visités par les humains « robotisés » pour se distraire et se faire peur.

Les « non-robotisés » seront les sauvages de demain, des curiosités bizarres et effrayantes. Souvenez-vous des sauvages du roman d’anticipation « Le meilleur des mondes ».

Les robots et cyborgs sont tellement plus propres et efficaces que ces humains versatiles et imparfaits !!
Le technocapitalisme moderne ne peut que fabriquer des êtres qui lui ressemblent, des humains-machines, des cyborgs.
Et les humains ne peuvent que désirer devenir des cyborgs dans une société technocapitaliste qui détruit et dévalorise l’humain.

Une échappatoire est-elle possible ?

Quand les catastrophes écologiques, climatiques et sociales en cours (dues à la civilisation industrielle et capitaliste) vont fortement s’aggraver, l’instinct de survie des humains pourrait se manifester plus fortement (sans doute trop tard, mais ça c’est un autre sujet) et pourrait « troubler » la conscience et le corps machinique.

Un des enjeux de notre temps est donc de savoir qui va gagner la course entre les catastrophes et la transformation robotique de l’humanité.
Si les grandes catastrophes surviennent avant que la plupart des humains soient totalement investis par la Machine en eux et autour d’eux, alors l’instinct de survie pourrait se révolter et jeter aussi bien la Machine que l’idéologie qui la sous-tend.
Si trop d’humains sont déjà des sortes de Terminator, des cyborgs, des robots assujettis à la Machine individuelle et sociale, alors les minorités de révoltés ne pourront pas faire le poids et seront écrasés, laissant advenir une sorte de monde Mad Max pour demi-robots, avec des régimes totalitaires et autoritaires brutaux, avec une multitude de guerres et de conflits sans pitié pour le contrôle des dernières ressources et des derniers lieux terrestres habitables.

Il semble donc important de parvenir à stopper ou ralentir tout ce qui aggrave la transformation en cyborg des derniers humains, par exemple : la 5G, les réseaux « sociaux », les véhicules autonomes, les smartphones, les GPS, internet partout, l’école numérique, les technologies sans contact, les objets connectés...

Les habitant.e.s (le plus souvent pauvres et exclus de la machinisation) des pays où sont extraites les matières premières destinées au fonctionnement matériel du monde Machine et de sa technologie numérique seraient aussi bien avisé.e.s de stopper l’extraction, d’asphyxier le marché mondial.
Ils y ont tout intérêt, car non seulement les désastres écologiques et climatiques (et donc également sociaux) les frapperont souvent en premier, mais aussi la Machine viendra tôt ou tard finir de tout ravager chez eux, en les considérant aussi mal, voire pire, que les esclaves d’antan (qui étaient traités par les colonisateurs comme des non-humains).


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