« Nous revendiquons la destruction d’un portrait du président Macron »

Face à l’inaction du gouvernement en matière climatique de jeunes écologistes revendiquent la « non-non-violence »

mardi 2 juillet 2019, par janek.

Depuis vendredi, les images de manifestants écologistes se faisant arroser de gaz lacrymogènes lors du blocage pacifique d’un pont parisien font le tour du monde. Le ministre de l’écologie, François De Rugy semble voir d’un bon œil la brutalité policière et annonce à qui veut encore l’entendre que « le temps n’est plus aux manifestations ».
Le lendemain, notre rédaction recevait un mystérieux communiqué accompagné d’une vidéo et signé Action Violente COP21. Celles et ceux qui se présentent comme des militants d’ANV-COP21 y revendiquent la destruction d’un portrait de notre président et appelle à une nouvelle stratégie écologique basée sur une philosophie « non-non-violent ».

Action Violente COP 21
par [Lundi Matin->https://www.youtube.com/channel/UC2wrXSZMid7OiCVwCfVpHiA]
https://www.youtube.com/watch?v=0dnamMVF_wk

Le 21 février, nous, militant.e.s et sympathisant.e.s d’ANV-COP21, avons commencé à voler des portraits de Macron. Notre but était de dénoncer l’absence de décisions courageuses et nécessaires du gouvernement face au péril climatique et à l’urgence sociale, ainsi que la faillite du gouvernement à son rôle de protection de la population. On peut se féliciter de l’ampleur que cette campagne a pris, et de la destitution symbolique qu’elle a représentée, en une période où le slogan le plus répandu était « Macron Démission ». Si ces actions étaient « symboliques », la répression, elle, a été très réelle : nombre de nos militant.e.s ont payé le prix de cette campagne quasi sacrificielle, à visage découvert, et juridiquement risquée. 99 auditions, 63 gardes à vue, 50 perquisitions et pas moins de 10 procès pour une soixantaine de portraits réquisitionnés.

Nous faisons le constat que la campagne de réquisition de portraits de Macron n’a pas porté ses fruits. Le réchauffement climatique ne fait que s’accélérer, et Macron ne prendra aucune mesure pour inverser la tendance. Nous en sommes maintenant convaincus : comme tous les autres gouvernements, il se contentera tout au plus d’un petit greenwashing en attendant la fin du monde. Si nous prétendons être un peu sérieux dans nos objectifs, il nous faut donc passer à la vitesse supérieure. Il nous faut réapprendre la légitime défense, contre la répression que nous subissons, et l’attaque, contre le système qui détruit la planète.

Pour cela, un travail sur nous-mêmes est nécessaire : nous devons désapprendre le pacifisme dogmatique. Depuis notre naissance, on nous pacifie, on nous donne des cours de bonne citoyenneté, d’éducation civique, on nous encourage à n’agir que ’symboliquement’, c’est-à-dire, sans attendre d’effets. On nous enseigne que les problèmes se règlent uniquement par la démocratie, le vote, les navettes parlementaires et les pétitions. Qu’éventuellement, une supplication du gouvernement peut être ’appuyée’ par des actions de rue, à condition que tout le monde ait bien été formé à la « désobéissance civile non violente ».

Hélas, toutes ces croyances tombent en lambeau depuis des années que les démocraties libérales comme les dictatures montrent leur inefficacité à résoudre le problème écologique. Quand les citoyens tentent de se rebeller pacifiquement, on ne leur répond que par des LBD40 et des procès. Les seuls qui aient suscité une véritable réponse du gouvernement, les seuls à l’avoir fait céder, à lui avoir fait peur (certes pas assez), ce sont les gilets jaunes, lors des journées d’émeute de novembre et décembre.

La peur et la colère qui montent, au même rythme que les températures, doivent trouver d’autres moyens d’expression pour défendre la nature et la vie. Nous devons redevenir sauvages. Afin d’élargir notre panel d’actions et de nous exercer à utiliser des moyens de lutte non-non-violents, voire oui-violents, nous fondons donc, en ce jour, la section de rééducation à la violence d’ANV-COP21, dite « Action Violente COP21 ».

A titre de premier exercice, nous avons donc récupéré un des tableaux du Président qui avaient été décrochés par nos soins. Nous avions initialement promis que les tableaux ne seraient pas dégradés et qu’au moment où le gouvernement prendrait les décisions nécessaires face au péril climatique et à l’urgence sociale, nous les restituerions. Il est désormais trop tard, nous n’attendrons plus. Nous n’avons plus aucune confiance en ce gouvernement ni en aucun autre, et nous ne souhaitons pas qu’il continue de planifier de minimes aménagements face au désastre qui vient.

Il y a mieux à faire que d’entasser des portraits présidentiels au fond des placards. Des milliers d’autres usages de ces portraits sont à portée de main, il suffit de laisser libre cours à sa créativité. En vue d’appeler le mouvement écologique à se recentrer sur ses véritables besoins et objectifs, nous avons prodigué en exemple quelques tendresses au portrait du président en notre possession. Nous espérons que ce geste expiatoire, d’intérêt public, incitera tous les citoyens et les citoyennes conscient.e.s des troubles immenses auxquels nous faisons face à nous rejoindre, à créer des groupes locaux et à s’organiser en conséquence.

Nous devrons désormais en passer par ce paradoxe : pour refroidir le climat, il faudra allumer quelques incendies.

Action Violente COP21

Voir en ligne : https://lundi.am/Nous-revendiquons-...


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