Depuis trop longtemps on a abandonné le pouvoir de décider à l’Etat, aux politiciens, aux experts et aux gros capitalistes. De ce fait, les orientations des sociétés humaines nous échappent totalement.
La plupart des humains en france se réfugient dans les familles, les clans, les classes culturelles. On y consomme de tout, du loisir et des objets, on flatte son Moi, on se fait plaisir, mais comme on a un besoin grégaire malgré tout, on forme alors toutes sortes de clubs et associations, de la pétanque à l’astronomie, en passant par les clubs de réflexions sociales. On a même des clubs d’activistes, mais qui la plupart du temps échouent hélas face aux murs armés de l’Etat et du silence des moutons. Il y a aussi les causes humanitaires et sociales en tous genres pour rassurer sa conscience.
Ces clubs remplacent les assemblées populaires politiques, les productions autogérées et les coopératives d’habitation.
La plupart des gens ont alors intériorisé la doctrine du libéralisme, et restent atomisés, incapables de résister collectivement, impuissants et résignés.
Et ainsi plus grand monde ne songe à des visions et transformations globales, radicales. On reste sagement dans le cadre imposé et on s’en réjouit, surtout si on est riche.
Comme des vaches dans un enclos on ne songe qu’à réclamer une meilleure herbe, plus de paille pour l’hiver, davantage d’heures de sorties et de friandises, mais il n’est pas question de remettre en cause l’existence de l’enclos, ni le fait qu’on se fait traire, ni de s’inquiéter outre mesure du fait qu’on risque fort de finir assez vite à l’abattoir.
Nous avons laissé le système que nous avons créé nous transformer en animaux domestiques soumis, et ravis de pouvoir au printemps gambader dans les prés verts entourés de barbelés gardés par des chiens policiers.
Ce régime d’enclos, de différentes tailles et conforts car il en faut pour tous les goûts et toutes les classes, n’est pas une démocratie ni même une véritable société, et donc il n’y a pas de citoyens, juste des boeufs le plus souvent empressés d’être asservis, floués, endormis et abrutis de distractions diverses fabriquées industriellement et personnalisées par les merdias et les travailleurs et travailleuses asiatiques.
A l’occasion, notre enclos se transforme en zone de guerre, en camps d’extermination, c’est alors moins fun, mais on s’y accroche quand même car il n’y a rien d’autre. A présent, si on laisse faire, cet enclos plus ou moins doré, plus ou moins brutal et concentrationnaire suivant les classes et suivant les pays, risque de se transformer en apocalypse planétaire ! A nous d’agir collectivement et vigoureusement pour stopper/limiter les catastrophes climatiques et écologiques qui détruisent le monde vivant en arrêtant au plus vite le capitalisme et la civilisation industrielle dont la france est un des sinistres fleurons. Et aussi en construisant des sociétés soutenables.
De plus, ce système criminel génère un stress et une précarité tels pour la plupart des gens, et en particulier les plus pauvres, qu’on est très préoccupé par notre survie au jour le jour et par nos soucis, et donc on a beaucoup de mal à envisager de passer du temps et de l’énergie à des activités subversives (entre autres raisons et explications).
C’est pourquoi ce sont souvent les réfractaires à l’esclavage du Travail et de la marchandise qui se retrouvent aux premières lignes de la contestation active. Ils sont alors décriés par les esclaves qui les traitent de feignant.e.s et de parasites.
Pour parfaire notre domination, le système a érigé en valeurs positives la soumission et l’obéissance, et a dévalorisé la colère, l’insurrection et l’insubordination.
Heureusement, les gilets jaunes nous démontrent que rien n’est inéluctable !
Par la solidarité, la révolte, l’entraide, l’action en commun, la reprise en main populaire des affaires politiques et économiques est possible. Brisons nos fers, activons nos mains !
Camille Pierrette, mars 2019
(paru dans le journal papier n°10 de Ricochets)
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