Nos emplois valent plus que nos vies ? On fait juste notre boulot ?

Les travailleurs et la gauche encore avec le productivisme pour, tous ensemble, polluer et détruire ? ou bien...

samedi 12 février 2022, par Lili souris de bibliothèque.

Cet article aborde plusieurs sujets fondamentaux, vitaux, difficiles et complexes, qui sont rarement abordés par la gauche, les travailleurs et les syndicats.
Des questions sur l’emploi, l’industrie et ses ravages, qui devraient tarrauder sans cesse tout anticapitaliste, antiproductiviste et écologiste qui se respecte.
Des sujets à creuser pour s’éviter l’enlisement dans les contradictions et pour penser/préparer sérieusement une sortie du capitalisme et de tout productivisme.
Car taxer les riches, augmenter les salaires dans le techno-capitalisme et exproprier les grands propriétaires n’est pas une solution si c’est juste pour un « meilleur » aménagement à l’intérieur du mortifère cadre de la civilisation industrielle.

Nos emplois valent plus que nos vies ? On fait juste notre boulot ?
Des emplois à tout prix, y compris dans les cancers industriels, ou on renverse tout ?

- Vive la guerre, vive l’emploi, vive Dassault
(...)
« les crimes de la société industrielle aussi sont commis par ceux qui ne font “que leur boulot” »
(...)
Peut-on défendre l’emploi lié aux fabrications de produits qui tuent ? Et quelle part de complicité et de responsabilité doivent assumer les travailleurs de ces industries criminelles, et leurs organisations syndicales et politiques ? Tout du moins celles qui prétendent parler au nom des travailleurs.

[…]
Peut-on participer à la fabrication de produits qui tuent (produits chimiques, armes, produits industriels radioactifs, etc.) sans avoir à assumer, comme producteur actif, une part de responsabilité dans la fabrication et la propagation de ces poisons ? Notre réponse est NON. Il n’est pas possible de fabriquer de la mort manufacturée, que ce soit du PVC, des pesticides, des armes, des produits radioactifs, sans avoir à assumer ces fabrications et leurs utilisations criminelles. Sans la participation active des salariés à ces industries de la mort, les capitalistes seraient dans l’impossibilité de les produire, pas plus en France qu’ailleurs.

Si cela est possible, nous le devons à une idéologie et à une théorie : le marxisme. C’est elle qui a expliqué que les prolétaires n’ayant que leur force de travail à vendre, ils n’avaient pas à se préoccuper de ce qu’en faisaient les patrons. Le seul objectif du prolétaire est de vendre, au meilleur prix, cette force de travail, sans se soucier de l’usage que va en faire le patron. C’est cette idéologie marxiste qui justifie depuis le XIXe siècle que le prolétaire n’est en rien responsable des conneries qu’on lui fait produire, puisqu’une fois qu’il a vendu sa force de travail au tôlier, celle-ci ne lui appartient plus. Le paysan est responsable s’il produit de la merde, le journaliste est responsable s’il écrit des mensonges, mais l’ouvrier a ce privilège de n’être responsable de rien, si ce n’est de faire confiance à ceux qui parlent en son nom.

À aucun moment les centrales syndicales et les partis qui parlent au nom de travailleurs, n’ont appelé à stopper le travail dans ces industries qui produisent de la mort, que ce soit en France où ailleurs. Tout ce petit monde a donc une responsabilité dans le fait que le capitalisme fait du fric avec la mort des gens.

C’est en ça que le capitalisme n’est pas aménageable, ni ici, ni ailleurs. C’est une autre façon de vivre ensemble et de produire en fonction de l’usage, du bon usage, et des besoins humains qu’il faut mettre en œuvre. C’est pourquoi nous refusons tout autant le fait d’accepter de vivre en dessous du seuil de pauvreté, que cet accommodement à la gestion du capitalisme que propose Ruffin et toute la gauche de la gauche, rouge, verte, incolore ou tricolore.

Le productivisme, quelles que soient les idéologies qui le justifient, est donc au cœur des questions que nous avons à régler. Aucun catastrophisme et aucun repli pessimiste sur un petit pré carré, ne peuvent apporter de réponses à cette nécessité de remettre l’économie et la technologie à une place qu’elles n’auraient jamais dû quitter : celle d’une activité au service des besoins humains. Le travail n’est pas un but, ou un palliatif à une vie vide de sens et d’intérêts, il n’est qu’un moyen parmi d’autres.

Le chantier de déconstruction de la société capitaliste est incontournable. Ce chantier nécessite que toutes ces l’on nomme avec précision activités génératrices de maladies, de mort, et de mutilations, nuisibles et inutiles pour les populations. Cette déconstruction doit être discutée, débattue, acceptée, pour commencer à prendre forme et libérer de nouvelles perspectives de construction d’un autre vivre ensemble. Tout retour en arrière, comme si tout ce gâchis n’avait jamais existé, n’est pas envisageable. Mais arrêter et débrancher proprement les principales sources de tous nos maux, est à notre portée. Pas simple… mais nous n’avons pas le choix. »
(...)
L’anarcho-syndicalisme, tel qu’il s’est constitué au siècle dernier, postule que le syndicat est à la fois un moyen privilégié pour une transformation révolutionnaire de la société et la base de son organisation future. Quelle qu’ait été la justesse de cette idée dans le contexte du début du vingtième siècle, elle se heurte aujourd’hui au fait que la quasi-totalité de l’appareil productif est devenue inutile ou nuisible à la vie telle qu’on peut souhaiter la mener. À cela s’ajoutent les différentes formes d’aliénation liées au travail et au salariat, qui vont se renforçant : le travailleur n’a pas de prise sur les conditions et moyens d’exercice de son activité (matériaux, outillage, chaînes de production et de décision, finalités, etc.) et les ignore généralement en grande partie. Il se vend pour produire ce qui ne lui appartient pas ; bien souvent, ce qu’il produit réellement est désormais si flou ou si lointain qu’il aurait bien du mal à l’identifier. Peut-être, au mieux, la conscience diffuse de tout cela le saisit-elle, et l’étendue de son impuissance vient alors renforcer son inertie fataliste. On comprend donc la saine réaction de fuite que cet univers provoque chez beaucoup de gens dans les milieux libertaires, qu’ils choisissent de travailler à temps partiel, irrégulièrement, occasionnellement ou pas du tout.
(...)
Essayons de nous représenter une société meilleure, notamment dans les domaines essentiels que sont l’organisation des activités productives et la répartition de leurs résultats, c’est-à-dire, pour faire court, une société où la production résulte principalement de la coïncidence entre l’attirance des individus pour telle ou telle activité et leurs besoins définis collectivement ; où le reste des tâches fastidieuses ou éprouvantes est pris en charge par l’ensemble d’une communauté ; où la répartition des fruits du travail ainsi que son organisation se font d’après des principes d’égalité, de décence et favorisent l’épanouissement de chacun ; où toutes ces activités, enchâssées dans l’ensemble de la vie sociale, préservent les ressources et les équilibres naturels et limitent au maximum la production de nuisances. Si l’on réfléchit aux moyens d’orienter l’organisation sociale dans ce sens, on est vite confronté à la nécessité de démanteler la plus grande part de l’appareil productif (usines, bureaux, élevages intensifs et serres géantes, etc.) ainsi que les infrastructures de transport et de distribution qui l’accompagnent (entrepôts, autoroutes, aéroports, etc.), sans parler de celles des télécommunications ou de la production énergétique. Tout simplement parce qu’il n’y aurait rien à faire dans un monde libre de structures prévues pour l’esclavage volontaire, produisant des aliments empoisonnés et des moyens high-tech d’abrutissement, et se caractérisant toutes par leur laideur et un fonctionnalisme déshumanisant. Sa réalisation s’en trouverait au contraire empêchée, ne serait-ce que par l’espace monumental que tout cela occupe à présent.
(...)
Ceux qui s’intéressent au sujet pourront lire avec profit la brochure de Bertrand Louart intitulée Quelques éléments d’une critique de la société industrielle qui tente de donner une perspective politique à l’idée de réappropriation, la revue Notes et Morceaux choisis, notamment les articles “L’ébénisterie à l’époque industrielle” (n°6), “Le Travail mort-vivant” (n°8) et “La Crise sans fin” (n°9), ainsi que le numéro 3 de la revue Sortir de l’économie, qui pointe l’inconscience de l’emprise des rapports économiques qui caractérise nombre de démarches “alternatives”. Les obstacles innombrables recensés dans ces publications et qui ne manqueront pas de se dresser devant ceux qui tentent l’aventure, à commencer par l’emprise de l’économie sur les rapports sociaux, constituent en eux-mêmes un sujet d’étude du plus grand intérêt ; ils devraient en effet permettre de désigner beaucoup plus sûrement que les spéculations abstraites les nuisances principales auxquelles il faudrait s’attaquer, d’abord et avant tout parce que, des pollutions de tout ordre au marché du foncier, elles empêchent les gens de prendre leurs affaires en main. »

Nos emplois valent plus que nos vies ? On fait juste notre boulot ?
Métro, boulot, chimio, chimie, armes, nucléaire, techno-industrie alliénante et destructive ?

Métro, boulot, chimio

- Voir les textes développés dans le livre « Métro, boulot, chimio », qui récapitule ces échanges entre Ruffin, PMO, Nicolino, TomJo, Serda et d’autres au sujet de l’emploi, de l’industrie et de la vie.


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