Ni boucs émissaires ni martyrs ! Se révolter ensemble, ...ou continuer à s’entredéchirer et à subir

Voici un bon article sur les mécanismes de la violence dans nos sociétés ultra inégalitaires et brutales.

En effet, la « solution » n’est pas de faire le jeu du Pouvoir en se « défoulant » sur des personnes de rang inférieur (souvent marginalisées et décriées par l’idéologie dominante et ses oligarques) qu’on sait vulnérable et ne susciter que peu de soutien, ou de se limiter à exécuter par vengeance quelques dirigeants particulièrement retors comme l’a fait Luigi Mangion en shootant un CEO aux USA. Les dirigeants peuvent être remplacés et la vengeance peut déchaîner une violence généralisée incontrôlable (à partir de quel rang le dominant devient un vrai enfoiré tuable ?!).
Même si la vengeance envers les puissants semble largement plus rationnelle et plus « juste », la « solution » réside plutôt dans les luttes radicales collectives qui renversent la table et privent les puissants (et ceux en devenir) des moyens de l’oppression et de la domination (argent, médias, propiétés, moyens de production, appareils policiers, institutions, lois...).

Dur de renoncer aux violences sacrificielles et à la vengeance dans cette société hiérarchisée, hyper verrouillée et anti-démocratique qui individualise à outrance les problèmes et/ou les font porter sur des catégories inférieures désignées (juifs, musulmans, racisés, gitans, SDF, TPG, pauvres, immigrés, exilés...).
Pourtant, si on veut s’éviter la guerre et la guerre civile, s’émanciper et se libérer de la tyrannie, seule la voie de l’insurrection collective, de la révolte sociale généralisée peut nous frayer un chemin. Un chemin qui sera attaqué bien sûr avec brutalité extrême par les classes dominantes et leurs appareils répressifs, ce qui obligent les insurgés à exercer un très haut degré de conflictualité et de solidarité, mais qui reste le seul pratiquable.

Violences sacrificielles et vengeance, par Crimethinc

 Violences sacrificielles et vengeance
Le meurtre de Brian Thompson, PDG de l’entreprise d’assurance la plus riche des USA nous a semblé être un évènement sur lequel réfléchir et s’interroger collectivement. Cet article du collectif anarchiste Crimethinc nous a parut être un bon outil pour cela. En voici sa traduction

Dans l’analyse suivante, nous explorons les réponses à deux exécutions extrajudiciaires différentes afin de comprendre les différentes formes de violence qui se manifestent actuellement dans notre société. En annexe, nous proposons un tour d’horizon incomplet de diverses réponses à l’assassinat de Brian Thompson, le PDG d’UnitedHealthcare.

Chaque jour, une cinquantaine de personnes sont tuées par balle aux États-Unis. Le 4 décembre 2024, l’une d’entre elles était Brian Thompson, le PDG d’UnitedHealthcare, la société d’assurance maladie la plus rentable du pays. Au cours des semaines qui ont suivi, nous avons toustes entendu parler de ce PDG bien plus que d’aucune des centaines d’autres personnes tuées par balle ce mois-ci. En parallèle, l’attaque a suscité un élan de soutien, malgré les efforts des médias et des patrons pour la réprimer.

Ni boucs émissaires ni martyrs ! Se révolter ensemble, ...ou continuer à s’entredéchirer et à subir

Le 13 décembre, le président Donald Trump et le vice-président JD Vance ont invité Daniel Penny à se joindre à eux lors du match de football américain entre l’armée et la marine, uniquement parce que ce dernier avait assassiné de manière insensée une personne noire et avait été acquitté. [1] Ici, nous voyons certaines des personnalités politiques les plus puissantes du monde tenter de susciter l’enthousiasme pour les exécutions extrajudiciaires, à condition qu’elles ciblent des personnes marginalisés.

Il faut comprendre la réaction populaire au meurtre du PDG d’United Healthcare dans le contexte d’une société où la vie est de plus en plus bon marché. Après que l’extrême droite a glorifié George Zimmerman et Kyle Rittenhouse ; après que des millions de personnes ont participé à un soulèvement national exigeant que la police cesse de tuer des Noirs et des personnes de couleur, pour ensuite voir les politiciens de toute couleur redoubler d’efforts pour soutenir la police, avec pour conséquence que celle-ci a continué d’assassiner des gens à un rythme de plus en plus rapide ; après le soutien bipartisan au génocide à Gaza ; après des centaines de fusillades dans des écoles, des centaines de milliers d’overdoses d’opioïdes et des millions de décès dus au COVID-19, sans parler des innombrables décès évitables résultant des industries de la santé et des assurances à but lucratif, est-il vraiment si surprenant qu’une personne ait tiré sur un dirigeant ? Ce qui est surprenant, c’est que dans presque tous les autres cas, les tueurs ont ciblé des personnes moins puissantes qu’eux.

La décision de Trump d’accueillir Daniel Penny est une mise en pratique littérale du dicton de Frank Wilhoit selon lequel « il doit y avoir des groupes dominants que la loi protège mais n’oblige pas, et des groupes dominés que la loi oblige mais ne protège pas ». En revanche, l’assassinat du PDG d’UnitedHealthcare suggère que la loi ne peut pas toujours protéger les groupes dominants des groupes dominés.

Mais il ne s’agit pas seulement d’une question de violence dirigée vers le bas de la hiérarchie sociale ou de violence dirigée vers le haut. Nous parlons de deux types de violence très différents. Appelons-les la violence sacrificielle et la vengeance.
(...)

 SUITE : https://iaata.info/Violences-sacrificielles-et-vengeance-7504.html