Neutralité carbone et compensation : un échec et une manière insidieuse de repousser tout changement profond et véritable

Des contes de fées en guise de politique - Un choix criminel totalement irresponsable

vendredi 14 octobre 2022, par Antitech 26.

Etats, gouvernements et entreprises reprennent en coeur le concept de neutralité carbone (en 2050 ou 2100...). Ils espèrent ainsi sauver la civilisation industrielle et le climat.
L’ennui c’est que cette approche est à côté de la plaque, elle est irréalisable, dangereuse, et ne peut enrayer en rien les désastres en cours.

Neutralité carbone et compensation : un échec et une manière insidieuse de repousser tout changement profond et véritable
Une politique « climatique » criminelle et totalement irresponsable

Le concept de neutralité carbone est un piège

- Le concept de neutralité carbone est un piège - Peut-on sérieusement atteindre la neutralité carbone d’ici la fin du siècle ? Dans cet article retentissant, trois économistes du climat reviennent sur les principales étapes qui ont popularisé l’idée de compensation des émissions de CO2 comme moyen de limiter le réchauffement. Analysant les échecs successifs de cette approche pourtant hégémonique, ils montrent qu’elle repose sur des hypothèses technologiques de plus en plus extravagantes

Nous sommes arrivés au constat douloureux que l’idée de neutralité carbone a légitimé une approche dangereusement inconséquente, du type « brûlons maintenant, payons plus tard », qui a eu pour conséquence de voir les émissions de carbone monter en flèche. Cette approche a également accéléré la destruction du monde naturel en favorisant la déforestation, et en augmentant considérablement le risque d’une plus grande dévastation dans le futur.

Pour comprendre comment cela est arrivé, comment l’humanité a parié sa civilisation [NDT : en réalité, il faut comprendre ici et dans le reste du texte : le monde industrialisé a parié le reste du monde] sur rien de plus que des promesses de solutions futures , nous devons revenir aux années 1990, lorsque le changement climatique a fait irruption dans les arènes internationales.
(...)

Les problèmes se présentent lorsqu’on présuppose que ces techniques peuvent être déployées à très grande échelle. C’est en réalité un chèque en blanc pour continuer à brûler des combustibles fossiles et accélérer la destruction des écosystèmes.
Les techniques de séquestration du carbone et de géoingénierie devraient être considérées comme des sièges éjectables qui pourraient nous propulser loin d’un crash environnemental. Tout comme un siège éjectable dans un avion, cela devrait être utilisé en tout dernier recours. Cependant, les acteurs politiques et économiques semblent aujourd’hui tout à fait sérieux dans leur velléité de déployer des technologies surtout théoriques, afin de trouver une destination soutenable. En réalité, elles ne sont rien d’autre que des contes de fées.

La seule manière de garantir la préservation de l’humanité est la réduction immédiate, prolongée et radicale des émissions de gaz à effet de serre d’une manière socialement juste.
(...)
Alors qu’on prenait la mesure de la difficulté avec laquelle les accords de Paris ne pourraient pas être honorés compte tenu du rythme des émissions et du potentiel limité de la BECSC, un nouveau mot à la mode apparut dans les cénacles politiques : le « scénario de dépassement », ou « overshoot scenario ». Dans celui-ci, on laisserait la température dépasser 1,5°C dans le court terme pour la faire redescendre d’ici la fin du siècle en séquestrant le carbone de l’atmosphère. Cela signifie que la neutralité carbone revient en réalité à la soustraction de carbone de l’atmosphère. En l’espace de quelques décennies, nous aurions donc pour tâche de transformer notre civilisation : celle qui émet 40 milliards de tonnes de CO2 dans l’atmosphère chaque année devrait se muter en un autre, capable d’en retirer plusieurs dizaines de milliards.
(...)
En privé, les scientifiques manifestent un grand scepticisme à l’endroit de l’accord de Paris, de la BECSC, de la compensation, de la géo-ingénierie et de la neutralité carbone. Mises à part certaines exceptions remarquables, en public nous nous contentons de poursuivre tranquillement notre recherche, de faire des demandes de financement, de publier des articles et d’enseigner. Le chemin qui mène au désastre climatique est pavé d’études de faisabilité et d’évaluations d’impact.
Au lieu de reconnaître la gravité de notre situation, nous continuons plutôt d’alimenter le rêve de la neutralité carbone. Que ferons lorsque la réalité nous rattrapera ? Que dirons-nous à nos ami·es et à celles et ceux que nous aimons au sujet de notre échec à dire aujourd’hui ce que nous pensons ?
Le temps est venu de faire entendre nos peurs et d’être honnêtes envers la société au sens large. Les politiques de neutralité carbone actuelles ne contiendront pas le réchauffement sous la barre des 1,5°C car il n’a jamais été question qu’elles le fassent. Elles étaient destinées à protéger la marche économique habituelle, le business as usual, et elles le sont toujours aujourd’hui. Si nous voulons assurer la sécurité des personnes, nous avons besoin de réduction fortes et durables d’émissions carbonées dès maintenant. Voilà le test auquel toute politique climatique doit être soumise. Le temps des vœux pieux est terminé.

NOTES :

De plus, si diminuer les émissions fortement pourrait épargner le climat, la continuation du système industriel et techno-capitaliste-étatique signifie la perpétuation et l’aggravation des atteintes et destructions directes de la biosphère et de ses habitants.
Les contes de fées criminels de la "neutralité carbone" portés par les puissants en quête d’auto-perpétuation sont donc de toute façon indésirables.
Nous avons plutôt urgement besoin d’une bifurcation radicale impulsée par des luttes/résistances/alternatives radicales, d’un démantèlement de la civilisation industrielle, de l’émergence de toutes autres organisations sociales.


Forum de l’article

  • Neutralité carbone et compensation : un échec et une manière insidieuse de repousser tout changement profond et véritable Le 15 octobre 2022 à 09:58, par rutabaga

    Il faut arrêter de tout transformer en religion : protech, antitech etc...
    Prenons un exemple : A Crest on veut transporter des déchets avec un véhicule hippomobile.
    Les « antitech » sont contents. Ont ils raison ?
    On pose le problème : Il faut déplacer un certain nombre de mètre-cubes de déchets sur X kilomètres.Quelle est la solution qui est la meilleure pour la planète ? Le cheval, il faut lui donner de la nourriture et de l’eau il va produire du caca et de l’urine, il lui faut un logement ,il va falloir se débarrasser de son cadavre un jour etc..
    Y a t il d’autres systèmes qui sont meilleurs pour la planète ? N’oublions pas le problème de la souffrance animale , etc...

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