Ne parlons plus du réchauffement climatique, ni même d’écologie ?

Le réchauffement climatique ne m’intéresse pas, parlez-moi d’autre chose - Ciblons ’le système’

vendredi 4 novembre 2022, par Antitech 26.

Voici deux articles un peu provocateurs pour prendre du recul.
Conserver ce qu’il faudrait abolir via des artefacts technologiques ?
Avec ou sans les « solutions » du système, les désastres avancent.
S’attaquer à la mégamachine, à l’impasse structurelle du techno-capitalisme, au lieu de cibler des acteurs individuels des désastres et d’accompagner une métamorphose-transition du Monstre.

Démolir et effondrer la civilisation au lieu d’une résilience pourrie au coeur des désastres ?
On ne souffre pas tant d’un déficit d’informations et de perception, mais plutôt d’analyses critiques structurelles, d’objectifs de ruptures radicales, de dépossession politique, d’un « camp » révolutionnaire trop faible.

Ne parlons plus du réchauffement climatique, ni même d’écologie ?
Chercher à faire durer la mégamachine en l’optimisant ou faire tout autre chose ?

Le réchauffement climatique ne m’intéresse pas.

- Le réchauffement climatique ne m’intéresse pas. Parlez-moi d’autre chose

Alors que les objectifs admis en matière de réduction des gaz à effets de serre ne cessent de ridiculiser leurs porte-paroles et que les alarmes scientifiques se multiplient — en parallèle des événements climatiques extrêmes ou inquiétants, comme les températures de cet automne — il ne manque pas d’autres rapports pour tendre à la communauté internationale le miroir des solutions qui sont « à portée de mains » à condition de « volonté politique ».

L’un d’entre eux est le Rapport 2022 sur l’écart entre les besoins et les perspectives en matière de réduction des émissions publié par l’ONU. Ce rapport — qui s’inscrit lui aussi dans la littérature catastrophiste de notre temps — commence par montrer que la trajectoire actuelle nous conduit vers un réchauffement de 2,8° à la fin du siècle, et que le respect des engagements pris nous conduirait « seulement » vers une fourchette de 2,6 à 2,8° de réchauffement. La première conclusion à en tirer est qu’avec ou sans engagements, conditionnels ou inconditionnels, ça ne fait pas de grosse différence. On ne voit pas pourquoi on ne continuerait pas sur la même lancée, si l’énormité des efforts à fournir « à l’échelle du système », selon les termes du rapport, promet un résultat aussi médiocre. Mais quel expert peut se contenter d’une conclusion pareille ?
(...)

À quoi bon se lancer une fois de plus dans la réfutation de ce tissu d’inepties, qui est identique à d’innombrables autres, et qui revient à proposer de maintenir justement ce qu’il faudrait abolir ? Il faut se rendre à l’évidence que de telles réfutations ont fait long feu elles aussi. Il est aussi impossible de convaincre de l’absurdité de ce discours quiconque voulant y croire, que de convaincre un fétichiste de l’absurdité de son fétiche. Car le fétiche, à en croire Freud, n’est pas une erreur de goût, mais bien une construction élaborée, destinée à faire tenir ensemble deux perceptions opposées. Comme ce fétiche soutient toute la construction psychique, ses effets ne peuvent être effacés.
(...)
Il n’est plus permis de dire aujourd’hui que nous aurions un problème de « mauvaise perception » du changement climatique à corriger, à l’aide d’informations plus précises et de solutions plus claires. La forme du diagnostic et le remède correspondant sont au contraire des éléments de ce déni, et ils ne font que le renforcer dans leur exhortation même à le lever : tel est le problème autrement plus grave auquel l’humanité est confrontée. Chaque « solution » apportée par une clique d’experts tous plus alarmistes les uns que les autres doit être considérée comme une « formation de compromis » au sens freudien, destinée à maintenir à tout prix les conditions du capitalisme en crise ; et c’est pourquoi il ne fait à peu près aucune différence à un niveau systémique que la « solution » soit mise en œuvre ou non.
(...)

Le fatras de courbes et d’avertissements, et l’avalanche de catastrophes climatiques martelée par les médias sont destinés à nous distraire de l’essentiel et à nous enfoncer dans le pire. Opposons-leur une abstinence inflexible, tout comme le psychanalyste ne dispense ni médicament, ni conseil, ni affection. Ce n’est pas une abstinence cynique, tout occupée à regarder de son fauteuil arriver la fin du monde, non, c’est une abstinence résolue à mener le discours vers un certain point de convergence critique ; cette abstinence est donc elle-même pleine d’attention. Nous devrions résolument affirmer que le changement climatique n’est pas le problème et même oser dire que nous ne voulons plus en entendre parler ! Il faudra peut-être endurer qu’une flopée de gauchistes sincèrement « écoanxieux » et amoureux des panneaux solaires nous soupçonnent de négationnisme climatique, persuadés qu’ils sont de participer à la levée du déni et à l’implémentation d’un futur meilleur. Mais que faire ? On ne peut rien faire d’autre que de tenir cette position, même à l’égard des activistes qui jettent de la soupe sur un tableau de Van Gogh ou se collent les mains chez Volkswagen. Aussi salutaires que paraissent ces actions pour « attirer l’attention » sur le problème, elles prétendent encore cibler des acteurs individuels du désastre sans thématiser « l’autre chose » : l’impasse radicale du système capitaliste dans son entier.

Ne parlons plus du réchauffement climatique, ni même d’écologie ?
Créer à tout prix de l’argent, rêver de toute puissance ?

On n’a pas tant un problème de carbone...

On n’a pas tant un problème de carbone, de réchauffement climatique, de déforestation, d’inégalités économiques, etc., qu’un problème de dépossession politique presque totale. Individuellement, on ne contrôle quasiment rien du développement de la civilisation industrielle. Le vote et toutes les mascarades du même genre qui sont autorisées n’y peuvent rien. La société dans laquelle on est toutes et tous coincés n’est simplement pas à la mesure de l’être humain. Et ceux qui prétendent qu’il est possible d’injecter de la démocratie dans la civilisation techno-industrielle afin de résoudre tous nos problèmes sont des menteurs.

(post de Nicolas Casaux)

Voir aussi l’article suivant qui critique à sa manière l’écologie mainstream.
Pour une lutte révolutionnaire qui aide la civilisation à s’effondrer plutôt que l’aider à persister via une semi-métamorphose, dite écologique, sociale ou transitionnelle.
Le champ d’horreur de la civilisation industrielle ne peut pas être la chrysalide d’un papillon viable. La mégamachine, si elle ne meurt pas complètement sous ses propres coups (ou si on ne la démolit pas), ne peut que muter vers d’autres variantes de mégamachines.
On ne peut pas raisonner une machine folle.

Ne parlons plus du réchauffement climatique, ni même d’écologie ?
Ni impossible verdissement de la civilisation ni retour fantasmé au passé

L’Ecologie ou la Révolution

- L’Ecologie ou la Révolution

Le week-end du 28 et 29 octobre, une invitation appelle à se retrouver pour empêcher l’installation d’une nouvelle méga-bassine. L’objectif est très clair mais il faut l’avouer, il semble difficilement atteignable. S’attaquer directement à des projets dévastateurs, à ceux qui les mettent en place et les protègent relève du bon sens, mais comment s’y prendre pour réussir ? Il faut paradoxalement se décaler légèrement de l’attraction que cette cible opère sur nous. Il faut moins penser à la destination qu’au chemin qui y mène. Ce qu’il faut alors, c’est accepter de livrer bataille, s’apprêter à marcher longtemps, courir et surtout, tenir dans les nuages de gaz. Ce qu’il faut, c’est mettre en échec le dispositif policier. Du niveau de puissance que nous allons déployer pendant cette journée dépend sa réussite. Parce que quand bien même nous n’ arrivons pas à atteindre le chantier, ce qui se joue dans ces moments là dépasse la simple lutte contre les méga-bassines. Des complicités qui naissent sur le champ à celles qui s’organisent en amont, il y a là l’expérience d’une force à même de relever des défis bien plus grands. Mais pour cela, il faut se débarrasser d’un obstacle majeur présent dans cette lutte, plus précisément de son cadre de pensée.
Nommons-le : l’écologie.
(...)

L’écologie n’est pas un champ de bataille mais une grande agora dans laquelle le pouvoir invite tous ceux qui veulent participer à sa prochaine métamorphose. Ou comment l’agriculture par drone et la permaculture participent ensemble malgré elles à la construction du monde de demain. Abstraction faite des bouleversements qui ne manqueront pas de se produire, on peut être assuré que le modèle dominant est, comme à son habitude, en pleine restructuration. On peut voir aujourd’hui toutes les luttes écolos comme autant de tentatives de ramener le pouvoir à la raison. Il ne faut pas sous-estimer la capacité de la civilisation à intégrer et récupérer n’importe quel correctif qui lui permettrait de durer encore un peu.
(...)

Tant qu’on parle dans la langue du pouvoir, sa logique pourra toujours triompher et le futur ne sera qu’une simple reconduction du présent, cette réalité infernale dans laquelle nous vivons aujourd’hui. Un futur où la dévastation est plus ou moins maîtrisée grâce à une clique d’ingénieurs prête à tout, mais où la logique de domination et d’aliénation ne fait que s’approfondir. Ce futur dystopique nous fait vomir.
Pour contrer un futur entièrement soumis à la technologie, l’ écologie a pourtant trouvé une parade. Il suffirait de retrouver un rapport authentique à la vie, au vivant. Contre la modernité industrielle et l’agriculture intensive et destructrice, une paysannerie à une échelle plus humaine et respectueuse de l’environnement. Parce que la terre, elle, ne ment pas. Ou comment cette vieille figure de la civilisation qu’est le paysan devient salvatrice. C’est une vision du futur dont il faut aussi se débarrasser, celle du retour à un ordre passé.
(...)
La civilisation ne date pas de l’avènement des sociétés industrielles, elle est beaucoup plus vieille. La facilité qu’il y a à critiquer la modernité dissimule mal le fantasme d’une vie passée. Il faut être capable de refuser les deux. Un futur qui se libère du passé et du présent ne doit plus chercher à imaginer ce qui n’est pas là, mais à refuser ce qui est là. Autrement dit, s’abstenir de tout réenchantement d’un avant-civilisationnel, comme de la modélisation de l’Après. Pour cela, il faut cesser de proposer des alternatives parfaitement récupérables ou de considérer les existences qui se soustraient au modèle dominant comme des alternatives. Le futur doit rester ce qui nous est inconnu. Il contient en lui l’impossible même. C’est à cette seule condition qu’on peut voir un futur où le modèle dominant se renverse, prend fin.
(...)
C’est toujours la même histoire qui se répète. Ceux qui veulent améliorer le modèle dominant finissent toujours par prendre le dessus sur ceux qui veulent le renverser. C’est pourquoi il est nécessaire qu’une distinction prenne forme entre ces deux camps.
(...)


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