Lutter ensemble pour des forêts vivantes

Contre l’industrialisation des forêts et la déforestation

vendredi 25 mars 2022, par Echo des luttes écolo-sociales.

Alors que les forêts sont menacées de toute part, un front de lutte pour des forêts vivantes se lève.

Lutter ensemble pour des forêts vivantes
En Drôme

Lutter ensemble pour des forêts vivantes {PNG}
- Lutter ensemble pour des forêts vivantes - Un mouvement de luttes d’ampleur contre l’industrialisation des forêts et leurs coupes rases est en train d’émerger en France. À l’automne 2021, de multiples actions locales se sont déroulées dans le sillage de "l’Appel pour des forêts vivantes". Plus de 150 personnes viennent de se retrouver pour la première Rencontre nationale des luttes forestières. Ce texte propose un compte-rendu subjectif, ainsi que la déclaration collective issue de cette rencontre.
(...)
Au cours de ces rencontres, nous nous sommes racontés la Grande Histoire des forêts françaises, leur évolution au cours des siècles ainsi que celle des usages et des logiques qui les ont menées à devenir, aujourd’hui, ce avec quoi elles sont trop souvent et trop largement confondues : des actifs financiers, et des rangs d’arbres en monoculture.
(...)
3% des propriétaires possèdent à eux seuls 50% de la surface forestière totale (la Caisse des dépôts et consignation, la Caisse d’épargne, AXA, et d’autres gros propriétaires privés…). Face à la simplification de nos écosystèmes pour les besoins de l’économie sylvicole industrielle, l’Appel a été lancé pour s’organiser contre les coupes rases de feuillus indigènes, pour soigner les « vieilles forêts » et les futures forêts sauvages de nos territoires.
Mais au-delà du partage de ces chiffres alarmants, nous nous sommes racontés les nombreuses histoires, plus discrètes mais non moins puissantes et foisonnantes, qui concernent ces forêts et nous concernent en retour. Les trajectoires de vie de leurs habitant·es, humains ou non ; leurs manières de faire alliance, de composer, d’inventer et de lutter contre leur destruction.

Lutter ensemble pour des forêts vivantes
Un dendro-microhabitat. Crédit : Philippe Falbet

Nous avons donc un levier d’action au niveau des communes forestières et de leurs élu·es.
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l est donc possible d’anticiper ces coupes à blanc plutôt que de seulement les subir et d’être mis devant le fait accompli. Les habitant·es peuvent demander à la commune un « bilan de mi-période », engageant celle-ci à pouvoir réviser son plan en conséquence (la durée des aménagements forestiers ayant été élargie il y a peu de 15 à 20 ans). Les habitant·es et les élu·es ont bien le pouvoir de délibérer et de lutter contre les coupes rases, et l’ONF doit suivre ces décisions.
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En s’organisant pour le maintien et la continuité des forêts vivantes, c’est une culture politique et forestière commune qui prend vie. Ces premières rencontres sont une étape, une preuve de notre volonté collective de soulèvement – d’un soulèvement des forêts.
(...)
« Au printemps, nous lancerons une grande action d’envergure !
Alors qu’au printemps, tout renaît, nous laisserons nos jeunes pousses se déployer. Nous prévoyons d’organiser tous ensemble une action de désobéissance civile dans un lieu précis pour marquer notre présence et montrer que nous ne sommes pas dupes des tentatives de greenwashing. L’action aura lieu une semaine avant la journée internationale des forêts, un événement devenu lisse et récupéré par les industriels. Avec ce coup d’éclat, nous avons bien l’intention de détourner les projecteurs. A l’étalage des bons sentiments, nous opposerons la vitalité de nos luttes et les espoirs qu’elles soulèvent. »
(...)
La forêt n’est pas qu’un gisement de biomasse, une zone d’aménagement différé ou un simple puits de carbone, la forêt c’est avant tout un écosystème dont nous faisons pleinement partie. Nous sommes de plus en plus nombreux à partager cette réalité sensible. Dans la lutte, nous avons tissé de nouvelles amitiés, découvert de nouveaux sentiers. Nous ne nous arrêterons pas là.
Des luttes syndicales aux occupations, des naturalistes aux professionnels de la forêt et du bois, des associations environnementales aux collectifs citoyens, nous tissons le fil d’un même combat pour des forêts vivantes.
(...)
Ensemble, nous ferons pousser une jungle, un maquis inextricable qui fera reculer les machines et leur monde du profit.
(...)

Lutter ensemble pour des forêts vivantes
Crédit : https://foretspreservees.com

P.-S.

Aux maux (sécheresses, maladies, incendies...) liés aux catastrophes climatiques fabriquées par la civilisation industrielle s’ajoutent les monocultures, les coupes rases, l’urbanisation, la surfréquentation, etc...
Avec le coût de plus en plus prohibitif des énergies fossiles, la machine industrielle et les civilisés risquent fort d’accélérer la destruction des forêts pour avoir du bois à brûler, une énergie accessible à portée de tronçonneuse.
Préserver des forêts vivantes, c’est donc lutter pour la mort du techno-capitalisme, pour la fin des Etats et de l’extractivisme.
Abattre les racines toxiques de la civilisation industrielle, c’est nous délivrer d’un même geste des saloperies qu’elle génère partout dans tous les domaines, c’est faire place nette pour qu’une société viable puisse pousser à la place des immeubles en béton et des champignons atomiques.
Mais ce système à démolir ne fait même pas un bon humus, il faudra donc le réduire en cendres et les disperser dans l’espace.

Exemple près des Vosges

Une autre catastrophe en cours que l’on peut voir lorsque l’on sort des métropoles pour s’aventurer sur de petites routes exiguës (pour nos bolides modernes) : l’anéantissement de nombreuses forêts d’épicéas dû aux sécheresses des trois dernières années qui affaiblissent les peuplements et profites aux scolytes. Les photos parlent d’elles-mêmes : ce sont des dizaines de milliers d’hectares qui sont abattus pour stopper la propagation des coléoptères (55 000 ha entre 2018 et 2021).
Et parce que ces peuplements sont eux-mêmes issus de plantations visant à rationaliser l’exploitation forestière (en les sélectionnant, les alignant, en facilitant leur débardage grâce à de larges et rectilignes chemins, etc.) on ne sait même plus trop quoi en penser. S’il faut faire preuve de tristesse, de rage ou de sarcasme : la civilisation industrielle détruit elle-même, par ses multiples conséquences néfastes (ici le réchauffement climatique) ses propres créations (les monocultures d’épicéas). Reste que les forêts ne sont pas que des arbres debout, que des « bestioles » habitaient ces lieux, et qu’elles ne sont plus aujourd’hui.
L’avenir ne dit pas si demain on trouvera sur ces crêtes quelqu’un pour y essayer l’agriculture intensive, ou une centrale photovoltaïque, ou mieux, des éoliennes géantes. Pourquoi choisir ? Peut-être que ce sera les trois.
Photographies prises en Haute-Saône et proche des Vosges, sur la région des Mille Étangs, en mai 2021. Comme souvent avec des paysages comme ceux-ci, il est difficile d’en rendre compte sans prendre de la hauteur (avec un drone par exemple), les dégâts sont en réalité bien plus importants et impressionnants que ce que ces quelques clichés racontent.

post Jaime Grimault


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