Lexique du système : la mythologie de l’Entrepreneur

Avant il y avait les patrons, maintenant il y a les entrepreneurs : le mythe des start up innovantes au secours du capitalisme

lundi 29 juillet 2019, par Camille Pierrette.

Sur le blog Frustrations, une petite analyse du terme entrepreneur :

Terme bourgeois utilisé à la place de “patron” ou “employeur” : “Les entrepreneurs sont essentiels : ils créent la richesse.” “Jean-Marc est un entrepreneur dynamique, mais il croule sous les charges et les impôts.”

- La suite sur Lexique du système : Entrepreneur

Remarques persos

Dans la Drôme comme ailleurs, les « entrepreneurs » sont partout vantés comme le sel de la terre et de l’innovation positive, les gentils « créateurs » qui vont inventer des solutions innovantes et créer des emplois fantastiques pour les braves travailleurs.
Ils sont choyés, subventionnés et biberonnés.
En réalité, la plupart du temps il ne s’agit que de faire son trou individuellement en fonction du marché ou de faire une entreprise inscrite dans la matrice capitaliste : concurrence, compétition, externalisation des coûts, moins disant environnemental et salarial, exploitation, précarité, pollution, intensification des émissions de CO2, productivisme, besoins créés pour le business, marchandisation des communs ou des services publics, etc...
Les vocables ajoutés : éthique, vert, durable, circulaire, du partage, distributive, éco-conceptualisée... ne visent qu’à tenter de faire croire à du nouveau alors qu’on ne voit qu’une variante de la même exploitation, de la centralisation et de l’individualisme.
Bien sûr, il y a de tout, on a aussi des petits patrons ou des entrepreneurs individuels qui crèvent la dalle et se tuent au travail, qui s’épuisent davantage que leurs employés, qui sont altruistes et écologistes, et même des entreprises ESS qui essaient de s’affranchir du moule capitaliste totalitaire et de ses fondements antisociaux et antiécologiques.
Bien sûr, l’objet de nombre d’entreprise n’est pas nuisible en soi, c’est la façon de faire et le système dans lequel elle s’inscrit, par « obligation » ou par approbation qui le devient.

Ces entrepreneurs et ces patrons sont tous, de gré ou de force, pris dans le moule capitaliste qui au final broie et détruit tout le monde en fonction de sa logique, et souvent les patrons eux-mêmes également. Ils n’essaient pas, ou très peu, d’inventer véritablement autre chose. Ils sont toujours prisonniers du système de la concurrence ou sont ravis de pouvoir faire des profits en extorquant des plus values importantes.
Cette mythologie hégémonique et disproportionnée du rôle social bénéfique de l’entrepreneur au sein du monde capitaliste est donc mensongère et perverse.
Elle oblitère la réalité du désastre global et des souffrances multiples dues au capitalisme et à son monde (suicides, burn-out, harcèlements, misères, destructions du vivant, catastrophes climatiques, néo-esclavages, non réalisation de soi, soumissions, marchandisation de tout, vie politique soumise aux puissances d’argent, merdias concentrés aux mains des intérêts des grands bourgeois, etc, etc.)
Elle occulte et tend à empêcher d’autres manières de penser, de produire et de distribuer.

En réalité, le monde capitaliste et son entreprenariat n’est pas celui de la liberté et de l’innovation, mais bien celui de la contrainte permanente, du totalitarisme, de la répétition des mêmes recettes antisociales et écocidaires, du conservatisme étroit, du contrôle de la Recherche en fonction de ses intérêts, du détournement et du dévoiement de la créativité et de l’énergie humaine à des fins mercantiles et matérialistes, de l’appropriation privée des ressources, de la destruction de nombre de personnalités en les empêchant de s’épanouir dans des activités créatrices et satisfaisantes, de la soumission aux riches et aux lobbies, etc, etc.

Même les personnes qui n’aiment pas le capitalisme se voit cantonner à rester dans le giron capitaliste, parce qu’il n’existe pas grand chose d’autre et que peu de monde est motivé pour tester d’autres voies (nécessairement collective, comme les coopératives intégrales) et lutter contre le système économique en place.
Et les personnes qui tentent autre chose, comme à la ZAD de Notre Dame les Landes, sont généralement attaquées par l’Etat et ses milices armées.

Plus que jamais, pour notre survie sociale et physique, il est temps de détruire le capitalisme et ses avatars tout en construisant des sociétés soutenables et vivables fonctionnant sur d’autres principes et objectifs (coopération, décroissance, soutenabilité, prise en compte réelle des écosystèmes et du vivant, créativité, communs, autogestion, égalité, solidarité, propriété d’usage, but non lucratif, non-concurrence, complémentarité, besoins réels définis collectivement, démocratie, attention à l’épanouissement de chacun.e, etc.).


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