Emploi : les robots, une symphonie de productivité pour Amazon et le système industriel

Une marche funèbre dissonante pour les humains et le monde vivant - Réflexion sur la technologie industrielle

samedi 21 novembre 2020, par Les Indiens du Futur.

Le rêve d’Amazon et de la civilisation industrielle c’est d’automatiser et d’augmenter la productivité grâce aux robots.
Seulement, l’obsolescence programmée de l’humain et la destruction du climat et du vivant transforme vite ce "rêve" en cauchemar dystopique :

Les robots, une symphonie de productivité pour Amazon et le système industriel
Un cauchemar pour le monde vivant et pour les humains

A un moment ça va coincer, tout le monde le sait, les Etats et les capitalistes aussi.
Si les robots remplacent de plus en plus les ouvriers et employés, comment ces derniers vont recevoir un revenu permettant d’acheter les marchandises produites et traitées par ces robots ?

Va-t-on créer des robots autonomes consommateurs capables d’acheter les marchandises produites par d’autres robots ??!
D’autant qu’avec l’essor des « intelligences artificielles », ce sont aussi (et mêmes surtout) plein de taches humaines de bureaux, « intellectuelles », qui pourront être remplacées par des machines, les cols blancs et rond de cuir sont encore moins à l’abri que les travailleurs manuels.

La folie délirante et suicidaire de la civilisation industrielle ressort bien avec cette impasse.

Pour tenter de résoudre cette impasse, trois « solutions » pour le capitalisme :

  • Exterminer et éliminer d’une manière ou d’une autre les sans emplois
  • Provoquer une guerre mondiale, pour tout détruire et relancer la Croissance
  • Accorder un petit revenu d’existence aux sans emplois, ponctionné sur les profits générés par les robots et les IA

Ces options pouvant être cumulatives.
Vu la rapacité de l’ultra-capitalisme, il voudra sans doute se garder tous les profits, pour ne pas subir un désavantage concurrentiel et rester compétitif dira-t-il. On peut donc s’attendre à de graves conflits sociaux, avec une extension croissante des bidonvilles et de la précarité. Ces conflits seront réprimés par des robots et des IA comme dans les dystopies d’anticipation si on laisse se faire la loi « Sécurité globale » et tout ce qui va avec.
Si les conflits sociaux sont conséquents, le capitalisme et l’Etat octroieront un petit revenu de survie (genre un peu plus que le RSA) aux sans emplois afin de calmer les foules. De plus ces personnes pourraient continuer à consommer ...les marchandises industrielles produites grâce aux machines, ce qui est bon pour le business.

N’oublions pas qu’augmenter la productivité, augmenter le nombre de robots et de traitements logiciels, augmenter les marchandises produites et leur circulation, c’est continuer à détruire le climat actuel, le vivant et l’humain, c’est rendre la planète possiblement inhabitable. En effet, ces technologies ne tombent pas vierges du ciel, elles nécessitent toute une infrastructure, de l’énergie, des matériaux, de l’extractivisme, etc.
Et plus il y a de production, plus les humains sont incités à consommer et à se reproduire, ce qui accroît la consommation, donc le besoin de production, donc les désastres induits par le productivisme.

Mais pour les puissants c’est un détail, tant que les profits s’engrangent et qu’on peut jouir de la mythologie du progressisme technologique, continuons la fuite en avant.
Les adeptes forcenés du technocapitalisme comptent sur la technologie pour les sauver, les nourrir, peu leur importe que la Terre, les animaux et les humains soient dévastés. Car ils pourront contempler de magnifiques images 6K sur des écrans plats, s’immerger dans la réalité virtuelle 3D augmentée, s’amuser de voir des animaux robotiques (inspirés du réel ou imaginaires) s’ébattre dans des parcs d’attraction, aller voir des restes de nature dans des musées, etc.

Les animaux vivants ? Ils ne sauront pas ce que c’est, ils n’en auront vu qu’en image ou dans un musée.
Un ver de terre, beurk quelle horreur ! Les giga-fermes hors sol dirigées par GPS, robots et IA sont tellement plus funs.
Une abeille, beurk c’est poilu, hideux et ça pique ! Les nano-robots pollinisateurs sont tellement plus mignons, en plus on peut leur faire jouer sa chanson favorite depuis son smartphone.

La « solution » n’est pas de continuer le technocapitalisme et son productivisme, ce n’est pas de soulager les travaux pénibles intrinsèques à la civilisation industrielle en les remplaçant par des machines, la solution serait plutôt de démolir la civilisation industrielle pour en finir avec ses travaux pénibles et dégradants et de ne PAS développer les robots et les IA.
S’il reste des travaux pénibles à effectuer, ils pourraient être répartis entre tout le monde à tour de rôle au lieu que ce soit une minorité qui les exécute à plein temps. Mais bien sûr, ça impliquerait d’anéantir et remplacer le technocapitalisme et tout ce qui va avec, ça impliquerait par exemple d’en finir avec la propriété des moyens de production et des biens immobiliers, d’en finir avec le marché de l’emploi.
Si pas grand monde n’a le culot de souhaiter de telles utopies et de lutter fermement pour leur réalisation, alors nous subirons les pires dystopies.

Stopper des machines ne suffira pas, il faudrait aussi briser et remplacer le système technocapitalisme qui génère ce monde des machines et du numérique partout, stopper et subvertir les infrastructures de ce système, combattre l’idéologie de la civilisation industrielle et toutes ses applications.

- Des pistes de réflexions ici :

Les robots, une symphonie de productivité pour Amazon et le système industriel
Un cauchemar écocidaire pour le monde vivant, et un suicide social pour les humains

- Quelques compléments :

Contre le machinisme de la civilisation industrielle

L’expression de « milieu technique », souvent employée pour désigner le système technique de l’âge industriel, est trompeuse, car elle tend à assimiler technique et machinisme. Le monde préindustriel n’était pas moins un « milieu technique » que le monde industriel (on a ainsi pu sérieusement parler de « la révolution industrielle du Moyen Âge ») ; mais c’était un « milieu technique » différent, qui était certes — pour reprendre l’expression d’Anders — un « monde », mais ne pouvait encore prétendre être le monde, absolument parlant. Le système des artefacts ne s’était pas encore imposé comme une seconde nature : il existait encore un monde extérieur au « milieu technique », l’existence même de la nature était une évidence, un fait. C’est le propre du machinisme de s’être progressivement substitué au monde, d’avoir en quelque sorte programmé la disparition de la nature et son remplacement par un monde artificiel, avec pour horizon le remplacement de l’humanité (espèce regrettablement « naturelle ») par une nouvelle espèce, elle-même semi-artificielle.
C’est sans doute cette confusion entre machinisme et technique qui entraîne parfois ceux qui sont en réalité — comme Anders ou Ellul — hostiles au machinisme à se déclarer hostiles à « la technique ». Dire que l’on est « contre la technique » n’a aucun sens ; ce serait comme de dire que l’on est « contre l’alimentation » ou « contre le sommeil ». Le rêve « radical » d’un individu entièrement autonome et débarrassé de la technique est un non-sens. Sans technique, l’humanité disparaît ; ce qui ne signifie pas que toutes les techniques se valent, ni que la technique soit l’essence du genre humain. Elle est simplement un élément constitutif, parmi d’autres, de l’humanité. La critique du machinisme en vue de la désaliénation de l’humanité post-industrielle ne saurait donc avoir pour fin la suppression de « la technique » en général, mais le remplacement d’un système technique particulier — le nôtre — par un autre système technique moins aliénant (étant donné que l’absence totale d’aliénation, c’est-à-dire l’autonomie pure, est impossible). Cela est-il actuellement possible ou non, c’est une autre question, mais il faut avant tout ne pas se tromper sur ce qui est en jeu et ne pas se payer de mots.
[...]
Il y avait beaucoup plus de maîtrise technique dans la vie quotidienne ou professionnelle des individus d’avant l’ère de la technologie que dans le prétendu « milieu technique » industriel, où le transfert de compétences de l’homme à la machine est patent. Nietzsche faisait observer que la machine de l’âge industriel « humilie » l’être humain :
« En quoi la machine humilie. — La machine est impersonnelle, elle enlève au travail sa fierté, ses qualités et ses défauts individuels qui sont le propre de tout travail qui n’est pas fait à la machine, — donc une parcelle d’humanité. Autrefois tout achat chez des artisans était une distinction accordée à une personne, des marques de laquelle on s’entourait : de la sorte les objets usuels et les vêtements devenaient des symboles d’estime réciproque et d’affinité personnelle, tandis qu’aujourd’hui nous semblons vivre seulement au milieu d’un esclavage anonyme et impersonnel. — Il ne faut pas acheter trop cher l’allégement du travail. » (Humain, trop humain.)
Anders évoque à son tour, dans L’Obsolescence de l’homme, la « honte prométhéenne » de l’individu réduit à n’être qu’un rouage interchangeable au sein d’un gigantesque appareil de production et de consommation. Dans ce rôle, l’être humain se révèle nettement inférieur aux machines, d’où son complexe d’infériorité : honte de n’être pas assez performant, d’avoir des états d’âme, de vieillir. Ce n’est plus la machine qui sert l’homme, mais celui-ci qui devient le servant de la machine. Devenu un produit de ses propres productions, il en vient à attribuer aux machines une toute-puissance qu’il n’a pas — mais dont il faut bien se rappeler qu’elles ne l’ont pas non plus.

- SUITE sur Technique et technologie (par Jean-Marc Mandosio) - [Extrait tiré de son livre Après l’effondrement, éditions de l’Edn, 2000]

- Voir aussi Bertrand Louart, Technologie contre Civilisation, 1999


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