Les médias dominants mettent en avant une écologie tronquée afin de continuer le même modèle écocidaire

Critique tronquée de la technologie, communication « verte », greenwashing, escrologie...

mardi 16 mars 2021, par Les Indiens du Futur.

Voici quelques posts éclairants la critique tronquée de la technologie, la régression de l’écologie qui s’abîme dans le médiatique, le superficiel et la continuation du techno-capitalisme.
Le problème n’est pas tellement que des personnes aient des discours écologiques tronqués ou carrément à côté de la plaque, le problème c’est que les médias dominants et les puissants mettent (quasi) uniquement en avant ces discours là, et occultent systématiquement l’écologie radicale, les critiques de la civilisation industrielle, de la technologie dure, et les options franchement anticapitalistes.
Le système écocidaire et ses organes de commmunication médiatiques et politiciens entretiennent ainsi la confusion et un vague réformisme relooké en "vert" qui convient à leurs profits-pouvoirs, qui endorment les masses et confortent la continuation suicidaire de ce modèle de société anti-écologique et anti-social.

ALAIN DAMASIO ET LA CRITIQUE EN TROMPE L’ŒIL (C’EST-À-DIRE L’ÉLOGE) DE LA TECHNOLOGIE

Ces jours-ci, Alain Damasio fait parler de lui dans les médias de masse (Le Point, Futura-Sciences, Les Inrocks, Le Parisien, L’Express, Télérama, L’OBS, etc.) en raison de la sortie de sa nouvelle intitulée Scarlet et Novak, dans laquelle il déplore que nous soyons « devenus trop assujettis à la technologie et au numérique ». Fort bien. Sauf que, loin d’analyser sérieusement les tenants et aboutissants de la technologie, des instruments techniques modernes, il se contente de suggérer qu’un autre usage de la technologie est possible, juste et bon, et affirme ainsi qu’il ne s’agit surtout pas de renoncer à l’internet et au smartphone, deux outils « extraordinaires et porteurs d’émancipation », qu’il ne s’agit surtout pas « de nous couper de tout ce qu’ils apportent de formidable » le fait d’accéder via son smartphone à toutes les musiques du monde est fabuleux, idem pour les films ou l’accès à Wikipédia »).

Les médias dominants mettent en avant une écologie tronquée afin de continuer le même modèle écocidaire
Alain Damasio et le système dominant diffusent une critique limitée de la haute technologie

Non, ce qu’il nous faut faire, c’est trouver un « savoir-vivre optimal et intelligent avec la technologie numérique », afin de conserver le « pouvoir émancipateur de la technologie ». C’est-à-dire que la critique qu’Alain Damasio formule à l’encontre de la technologie est à peu près la même que celle que formule l’ex-employé de Google Tristan Harris, désormais grand prêtre d’une meilleure technologie, faisant mine de vouloir moraliser le monde de la tech grâce aux thunes que ce dernier lui procure (voir : https://www.partage-le.com/2020/09/21/derriere-nos-ecrans-de-fumee-the-social-dilemma-ou-le-leurre-de-la-critique-superficielle-par-nicolas-casaux/ ).

Les idées et les croyances de Damasio concernant la technologie sont très classiques, très courantes. L’immense majorité des civilisés, tous les partis politiques, etc., apprécient et célèbrent la technologie, et n’en déplorent certains excès que pour mieux l’encenser. La plupart croient fermement en l’idée selon laquelle la vie humaine aurait été rendue meilleure, et plus libre, par l’avènement de la technologie. D’innombrables indices —consommation d’anxiolytiques, d’antidépresseurs, troubles psychiques en tous genres, impuissance/dépossession politique quasi-totale, etc. — devraient pourtant nous inciter, a minima, à remettre en question cette croyance.

Par ailleurs, c’est en n’analysant pas ce qu’implique intrinsèquement tel ou tel instrument technique du système technologique moderne, en occultant le fait que toute technologie est intrinsèquement politique, que toute technologie implique de créer et d’entretenir un ensemble particulier de conditions sociales nécessaires à sa conception, sa production et son utilisation, que l’on peut alors s’imaginer, comme Damasio et l’immense majorité des civilisés (des hommes-machines), que la technologie (les instruments techniques composant le système technologique moderne) pourrait être réellement émancipatrice, produite et utilisée de manière juste et bonne.

Le sociologue états-unien Lewis Mumford distinguait deux grandes catégories de technologies (techniques, dans son vocabulaire). Les technologies démocratiques, et les technologies autoritaires. Les technologies démocratiques sont celles qui reposent sur une « méthode de production à petite échelle », qui favorisent « l’autogouvernement collectif, la libre communication entre égaux, la facilité d’accès aux savoirs communs, la protection contre les contrôles extérieurs arbitraires » et « l’autonomie personnelle », qui confèrent « l’autorité au tout plutôt qu’à la partie ». La technologie démocratique « exige relativement peu » et est « est très facilement adaptable et récupérable ».

Les technologies autoritaires, en revanche, ne confèrent « l’autorité qu’à ceux qui se trouvent au sommet de la hiérarchie sociale », reposent sur le « contrôle politique centralisé qui a donné naissance au mode de vie que nous pouvons à présent identifier à la civilisation, sans en faire l’éloge », « sur une contrainte physique impitoyable, sur le travail forcé et l’esclavage », sur « la création de machines humaines complexes composées de pièces interdépendantes, remplaçables, standardisées et spécialisées – l’armée des travailleurs, les troupes, la bureaucratie ».

La réalisation d’un panier en osier, pour prendre un exemple quelconque, relève donc de la première catégorie. Elle ne nécessite pas de « contrôle politique centralisé », ni de conférer l’autorité à des individus se trouvant au sommet d’une hiérarchie sociale, etc. La fabrication d’une cuillère en plastique, en revanche, de même que la construction d’une centrale nucléaire, relèvent de la seconde catégorie. Elles reposent sur le contrôle politique centralisé qui caractérise la présente société techno-industrielle, confèrent l’autorité à ceux qui la gouvernent, etc.

(D’autres penseurs et philosophes ont formulé des remarques similaires sur la technologie ou la technique, Ivan Illich parle d’outil convivial ou non. Teddy Goldsmith, s’appuyant sur Wolfgang Sachs, oppose les techniques enchâssées aux techniques branchées. Théodore Kaczynski parle de technologie cloisonnée et de technologie systémique. En termes plus simples, on peut parler de techniques douces et de techniques dures (Pour en savoir plus : https://biosphere.ouvaton.org/vocabulaire/2769-techniques-dualisme-des-techniques).)

À l’instar d’à peu près tout le monde, sans examiner le sujet rigoureusement, Damasio s’imagine que les techniques autoritaires pourraient devenir démocratiques par quelque moyen, et notamment parce qu’on le souhaiterait.

Malheureusement, selon toute probabilité, la technologie, les smartphones, internet, etc., sont indissociables de l’État et du capitalisme, et de tout ce qu’ils impliquent en termes de hiérarchies, d’inégalités, de destructions environnementales, etc.

(En 1941, dans un texte intitulé The Paradox of Anarchism (Le paradoxe de l’anarchisme), le poète Herbert Read écrit :

« L’anarchisme implique une décentralisation universelle de l’autorité et une simplification universelle de la vie. Des entités inhumaines comme la ville moderne disparaitront. Mais l’anarchisme n’implique pas nécessairement un retour à l’artisanat et aux toilettes en plein air. Il n’existe aucune contradiction entre l’anarchisme et l’énergie électrique, l’anarchisme et les transports aériens, l’anarchisme et la division du travail, l’anarchisme et l’efficacité industrielle. »

Ce à quoi Orwell répond, dans une recension de l’ouvrage dans lequel le texte de Read a été publié :

« La vague généralité de cette dernière phrase laisse sans réponse la question cruciale : comment concilier liberté et organisation ? L’anarchisme suppose, selon toute vraisemblance, un faible niveau de vie. Il n’implique pas nécessairement la famine et l’inconfort, mais il est incompatible avec l’existence vouée à l’air conditionné, aux chromes et à l’accumulation de gadgets que l’on considère aujourd’hui comme désirable et civilisée. La suite d’opérations qu’implique, par exemple, la fabrication d’un avion est si complexe qu’elle suppose nécessairement une société planifiée et centralisée, avec tout l’appareil répressif qui l’accompagne. À moins d’un soudain changement dans la nature humaine, on ne voit pas ce qui permettrait de concilier la liberté et l’efficacité. »)

Pour aller plus loin :

(post de Nicolas Casaux)

Les médias dominants mettent en avant une écologie tronquée afin de continuer le même modèle écocidaire
Le « vert » et « l’éco » ceci sont de puissants arguments commerciaux permettant de vendre plus chers des produits bien gris

LE MOUVEMENT ÉCOLOGISTE, DESCENNIES DEGRESSION (greenwashing, brainwashing, escrologie & Cie) :

À voir tout plein de soi-disant écologistes se lamenter du fait que le gouvernement fasse des miettes encore plus petites à partir de celles que demandait la « Convention citoyenne pour le climat », et les mêmes célébrer comme l’arrivée du messie le néant auquel l’Affaire du siècle a pour l’instant abouti, on ne peut qu’être consternés, quand on sait d’où vient le mouvement écologiste.

Il y a près de 50 ans, en juin 1972, l’année de la publication du fameux rapport du Club de Rome, le Nouvel Observateur publiait un numéro « spécial écologie » intitulé « Dernière chance de la Terre ». L’éditorial d’Alain Hervé, intitulé « Pour éviter la fin du monde… », affirmait qu’au « nom du progrès […] a commencé la plus gigantesque entreprise de destruction qu’une espèce ait jamais menée contre le milieu qui soutient sa vie et contre la vie elle-même » et en appelait à une « révolution écologique […] qui ne sera pas le fait d’un club où se réunissent différents ministres de l’Environnement qui, nommés par un pouvoir soucieux de le conserver, ne peuvent que servir un ordre qui a fait faillite ».

Dans un article intitulé « Les démons de l’expansion » André Gorz (sous le pseudonyme de Michel Bosquet) écrivait que « la civilisation industrielle ne passera pas le cap de ce siècle », et suggérait même que son effondrement était souhaitable, et urgent :

« Plus vite cela cessera, mieux cela vaudra ; plus cela durera, plus l’effondrement de cette civilisation sera brutal et irréparable la catastrophe planétaire qu’elle prépare. Vous pouvez hausser les épaules et arrêter là votre lecture. Si vous la continuez, souvenez-vous de ceci : d’autres civilisations se sont effondrées avant la nôtre, dans les guerres d’extermination, la barbarie, la famine et l’extinction de leurs peuples pour avoir consommé ce qui ne peut se reproduire et détruit ce qui ne se répare pas. Souvenez-vous aussi que l’impasse absolue qui est prédite à la civilisation dite occidentale et industrielle ne vous est pas annoncée par des politiques et des idéologues mais par des démographes, des agronomes, des biologistes, des écologistes qui, souvent, ont une si piètre compréhension de la portée subversive de leurs calculs qu’ils ne cessent de s’étonner de la mauvaise foi hostile avec laquelle banquiers et industriels les accueillent. »

Si son effondrement est garanti, affirme Gorz, c’est parce que ce qu’il faudrait faire pour mettre un terme au désastre est « incompatible avec notre mode de vie et de production présent, c’est-à-dire avec la civilisation industrielle issue du capitalisme. »

Dans un entretien, Robert Poujade, à l’époque ministre de l’Environnement et de la Nature, affirmait être « assez optimiste » car « à partir du moment où l’on vise à la fois le développement et la protection des hommes, on trouve des solutions plus élaborées permettant l’un et l’autre. […] Il faut exiger de l’homme plus d’invention technologique, une meilleure répartition des ressources et des crédits, mais je ne crois pas qu’il soit nécessaire de choisir entre le développement et la protection de l’environnement ». Près de 50 ans plus tard, on constate la même imbécillité du discours politique. Et tout a empiré. Énormément.

Dans un texte intitulé « Le roi devenu fou », Théodore Monod associait directement « la civilisation » avec « un processus de déséquilibre entre le potentiel de destruction de l’homme et les capacités de récupération du milieu naturel » :

« Ce qu’on appelle la crise de l’environnement est tout simplement le résultat d’une violation sans cesse aggravée des lois de l’écologie, fondées sur l’interdépendance des êtres vivants entre eux et avec leur milieu physique, c’est-à-dire sur la notion d’équilibres naturels. Un rapide coup d’œil sur les étapes de la situation de l’homme au sein de la biosphère, face aux autres éléments de la communauté biologique, peut aider à prendre une vue d’ensemble.
Dans une première phase, l’homme reste un prédateur parmi d’autres, occupant une modeste place dans sa biocénose originelle ; ses prélèvements sur le milieu demeurent comparables à ceux des autres parties prenantes : le lion, le guépard, les autres singes. Mais avec le perfectionnement de ses techniques d’acquisition, avec le biface, la flèche, le feu, son efficacité s’accroît sensiblement. Avec la révolution néolithique apparaît l’animal domestique, la céréale cultivée, la poterie, la ville, le palais, le temple, la boutique, l’entrepôt, la caserne, le bordel et la prison : la civilisation est en marche…

Si, à l’origine, un certain équilibre pouvait subsister entre le potentiel de destruction de l’homme et les capacités de récupération du milieu naturel, la balance, désormais, penchera de plus en plus en faveur de l’agresseur. Le processus de déséquilibre entre le potentiel de destruction de l’homme et les capacités de récupération du milieu naturel est dès lors engagé : il mènera tout droit à la bombe atomique et aux autres merveilles que nous prépare une technologie emballée, devenue une fin en soi et médiocrement soucieuse, jusqu’ici, de ce qui devrait tout de même compter : l’homme [et tout le vivant, devrions-nous ajouter].

Une idéologie belliqueuse et orgueilleuse, la mythologie d’un “roi de la création” chargé de conquérir, de dominer, sans souci des droits des autres êtres vivants, devaient nous permettre de ravager la planète en toute bonne conscience. Et d’autant plus facilement que la religion du profit allait rendre licite n’importe quel méfait du moment que l’assurance d’un gain venait l’absoudre, voire le sanctifier.

Dès lors, quoi d’étonnant si la production, l’industrialisation, le gigantisme humain, la croissance économique, sont tenus pour des vertus axiomatiques ? Au point que l’on en arrive — et qui ne voit là la condamnation par l’absurde de tout le système ? — à faire les choses non parce qu’elles ont été mûrement réfléchies et reconnues bénéfiques au développement de l’homme sous ses divers aspects [et à sa cohabitation harmonieuse avec l’ensemble du vivant, avec le monde naturel, devrait-on ajouter], mais uniquement parce qu’elles sont possibles (et qu’on les espère “rentables”). On fera l’avion supersonique pour la seule raison qu’on peut le faire : est-ce raisonnable, est-ce digne d’un Homo qui ose se prétendre sapiens ?

Les aberrations écologiques qu’entraîneront ces beaux (et lucratifs) principes, on ne les connaît que trop. Il suffit d’ouvrir les yeux pour juger de l’étendue des désastres déjà consommés et de ceux que de fructueuses complicités sont en train de nous préparer. “Jamais on n’a tant parlé de protéger la nature. Jamais on n’a tant fait pour la détruire”, remarquait Philippe Saint-Marc, auteur du courageux ouvrage “Socialisation de la nature”. Ce n’est que trop vrai : partout, projets insensés, dégâts stupides, sites défigurés, sournoise montée d’une inexorable marée de déchets et de détritus, pollutions de toute sorte, menaces en tout genre, y compris celle dont il est de mauvais goût de trop parer, celles de la radioactivité, par exemple, ou du tabac cancérigène d’État. […]

La grosse industrie, les grands pollueurs, devant l’émotion enfin soulevée dans le public par leurs excès, se trouvent désormais sur la défensive et réagissent de plusieurs façons. D’abord par d’habiles plaidoyers, inconcevables, parce qu’alors inutiles, il y a seulement quelques dizaines d’années. On condamne en bloc les tenants d’une “vague mythologie manichéenne”, les rousseauistes, les passéistes, les amateurs de “rêve bucoliques” ou de “pureté champêtre”, les sentimentaux, bref tous ceux qui ont l’impertinence, ces impies, de refuser d’adorer le Veau d’or, le Fric-Jéhovah ou Sainte Production. Au besoin, on les accusera de vouloir revenir à l’ère préindustrielle, alors qu’ils osent justement penser à l’avance l’ère postindustrielle, qui pourrait bien venir plus tôt que certains ne l’imaginent ou le souhaitent. Puis on tente de minimiser les faits ou d’en émasculer la signification : n’y a t-il pas eu, de tout temps, une érosion naturelle ? Des espèces animales n’ont-elles pas déjà disparu sans intervention de l’homme ? Comme si des phénomènes d’ordre géologique, à l’échelle de millions d’années, pouvaient avoir quoi que ce soit de commun avec les dégâts des pétroliers, des princes du béton ou des rois de la bauxite !
On va d’ailleurs plus loin, en tentant de vastes opérations de “dédouanement” publicitaire, par exemple par la fondation de prix pour encourager la protection de la nature ou par des subventions aux sociétés luttant pour la défense de l’environnement — qui, d’ailleurs, n’étant pas prêtes à accepter de l’aide de n’importe qui, exigent que l’on montre d’abord “patte blanche”. À en croire certaines de ces firmes puissantes, c’est tout juste si leur souci majeur, essentiel, primordial, ne serait pas devenu la protection de l’environnement, le reste — profits, dividendes, etc. — n’étant désormais que secondaire. […]

Autre argument : tout le monde pollue, le vrai coupable c’est vous, c’est moi, c’est la ménagère, plutôt que l’usine. Certes, nous sommes tous peu ou prou responsables, mais qui nous a vendu le détergent non biodégradable, l’herbicide, l’essence, l’emballage en plastique ? [Et surtout, faudrait-il ajouter : comme si nous vivions en démocratie, comme si nous voulions tous et étions tous également responsables de l’ordre établi, de l’organisation sociale dominante, comme si nous n’étions pas, nous qui ne détenons aucun pouvoir décisionnaire dans la société industrielle, entièrement dépossédés de tout pouvoir sur nos existences et sur les sociétés de masse dans lesquelles nous sommes piégés].

L’environnement, les équilibres écologiques, etc., deviennent une tarte à la crème : de hauts personnages en ont, sans rire, plein la bouche, de ces mots qu’ils ignoraient il y a six mois. Mais c’est à la mode, cela “fait bien”. […] On ne luttera plus, désormais, pour incarner dans la pratique une véritable conscience écologique — et cette nouvelle morale de l’environnement qui nous manque encore si cruellement — sans se heurter aux puissants et aux profiteurs menacés dans la poursuite de leurs fructueux méfaits.

On n’y insistera jamais trop : le combat pour l’environnement et pour la qualité de la vie débouchera nécessairement, très vite, sur des questions de principes et de finalités, donc de choix. Ce n’est pas un arrêté de plus par-ci par-là, plus ou moins appliqué d’ailleurs, qui renversera la vapeur et obligera le convoi emballé à ralentir puis à bifurquer. Allons-nous indéfiniment accepter, toujours et partout, que le “plus” se voit préférer au “mieux”, la quantité à la qualité, l’argent à la vie ? Après tout, qu’est-ce qui compte vraiment : “avoir” ou “grandir” ? Continuer à saccager allègrement la planète et refuser la barbarie mal camouflée d’une civilisation dont le fragile vernis s’écaille au moindre choc, ou bien accepter d’entrer dans une troisième phase de l’histoire des relations homme-nature, celle de la réconciliation ? […] »

Le coup des « subventions aux sociétés luttant pour la défense de l’environnement » a relativement bien fonctionné. L’écologie est aujourd’hui largement associée aux WWF, Greenpeace, 350, etc. Les écolos tournent des films grand public à budget de plusieurs millions d’euros financés par UGC / Orange, par exemple (Animal, le prochain film de Dion), véhiculant des propositions toujours relativement ineptes, des analyses toujours assez superficielles. Rien ne change, tout empire, et l’écologie devenue inoffensive s’intègre dans le développement technocapitaliste.
[…]
Aussi emmerdants que soient ces obstacles, aussi pénible que soit ce parasitage, ils ne sont pas insurmontables. Le mouvement écologiste a manifestement déjà été beaucoup plus incisif et subversif que cela. Faisons en sorte qu’il le redevienne.

Source, voir l’article entier ici :
https://www.partage-le.com/2019/02/09/un-apercu-du-discours-ecologiste-de-1972-par-nicolas-casau
* Il y à notamment des photos d’un tableau illustrant la non-neutralité de la Technique, présentes à l’origine dans ce Nouvel Observateur de 1972 (ou l’on trouve aussi, en plus de plusieurs articles proposant des critiques virulentes du nucléaire), le tableau comparatif est réalisé par Robin et Janine Clarke, des théoriciens des « technologies douces ».…

Sur le sujet spécifique et hautement nécessaire de la technocritique, voir aussi les écrits de Lewis Mumford, avec par exemple cet article :

Les médias dominants mettent en avant une écologie tronquée afin de continuer le même modèle écocidaire
Une énergie soi-disant verte pour alimenter le système techno-industriel et sa croissance

LESASTRE EST DÉJÀ LÀ

« Que tout continue ainsi, voilà la catastrophe » Walter Benjamin

Quelques nouvelles de l’effondrement planétaire :

220 millions d’hectares ont été déforestés entre 1990 et 2020, soit 17% de la surface totale des forêts tropicales et équatoriales qui ont disparu en trente ans. C’est le résultat de la dernière étude publié le 5 mars 2020 dans la revue Science Advances. Comme toutes les études d’impact sur l’exploitation humaine, les précédents travaux avaient été largement sous-évalués par les chercheur.euses. Les chiffres sont vertigineux et en disent long sur l’ampleur de la catastrophe. Chaque année, c’est l’équivalent d’une forêt de la surface de l’Irlande qui disparaît, mettant en péril ces milieux riches en biodiversité. La déforestation est un facteur aggravant de l’accélération du dérèglement climatique. Juste après l’utilisation des énergies fossiles, elle est la deuxième source des émissions de gaz à effet de serre dans le monde. Le recul des forêts est le fruit de l’appétit vorace des multinationales de l’agro-industrie. En cause, « la culture du soja, destiné au bétail des pays développés et celle des palmiers à huile pour les cosmétiques, le « bio » diesel ou encore l’alimentation font partie des facteurs principaux de ce déboisement. »

La pollution des océans se poursuit. 10 Millions de tonnes de plastique finissent dans les habitats marins tous les ans. Un nombre qui pourrait tripler d’ici 2040 si rien ne change. Selon une étude britannique, la production de plastique a été multipliée par 20 depuis la moitié du siècle dernier. 72% des emballages plastiques ne seraient pas collectés de manière efficace et finiraient dans les écosystèmes marins. À l’horizon 2050, il devrait y avoir plus de déchets que de poissons. Effrayant... Pour la vie marine, cette pollution massive aux plastiques qui semble incontrôlable est catastrophique. Plus de 800 espèces sont déjà touchées. Des mammifères marins aux tortues de mers, jusqu’aux oiseaux et aux fruits de mer. Pour les scientifiques, « les pays à revenu élevé ont une part de responsabilité considérable dans cette crise mondiale : ils produisent 10 fois plus de déchets par personne que les pays à faible revenu et exportent entre 10 et 25 % des déchets plastiques ». Malgré ce constat dramatique, avec un matériau qui s’avère aussi lucratif pour les entreprises, les lobbies des géants du plastique poussent les gouvernements à retarder l’échéance de l’arrêt de la production. Jusqu’à l’extinction de toute vie marine ?

En pleine crise sanitaire mondiale, la communauté scientifique s’accorde à dire que les risques pandémiques sont élevés et seront amenés à être plus fréquents, notamment dû à la déforestation et la pollution océanique. La destruction d’habitats naturels et la surexploitation animale favorisent l’apparition de zoonoses – les maladies d’origine animal transmises à l’homme. Mais le danger pourrait aussi venir des océans. Au delà du risque environnemental que représente la pollution plastique pour la faune marine, ces déchets servent de véritable « arche de Noé » pour des milliers de virus et de bactéries au point de faire peser un risque sanitaire élevé pour l’homme. Face au désastre écologique causé par l’exploitation capitaliste, il est plus que nécessaire de tirer le frein d’urgence. Il en va de notre responsabilité dans la catastrophe en cours.

Post de Nantes Révoltée

JEAN-MARC JANCOVICI, GÉNIE NUCLÉAIRE, RAYONNANTFENSEUR DU POUVOIR DU PEUPLE

Il faut au moins être ingénieur diplômé de l’école polytechnique et de l’École nationale supérieure des télécommunications, président du conseil d’administration du think tank The Shift Project, ex-consultant et collaborateur de l’Ademe, membre du Haut Conseil pour le climat créé en 2018 et placé auprès du Premier ministre, etc., etc., pour qualifier le plus sérieusement du monde l’autocratie technocapitaliste de « démocratie » (cet **** va même jusqu’à affirmer que la démocratie serait née avec la croissance, c’est-à-dire avec le capitalisme). Certes, on pourrait se dire qu’au moins cet ***** prône la décroissance, sauf qu’il encourage surtout la perpétuation de la gestion étatique et technocratique (c’est idem) de nos vies à tous, la soumission à un rationnement planifié censé permettre à la civilisation techno-industrielle de perdurer encore quelques temps, d’atteindre une sorte de durabilité (relative), la belle affaire.

Parmi les nombreux problèmes de ce qui passe pour de l’écologisme dans les médias de masse figure une perception et une expression grotesques des réalités sociales et politiques de la civilisation industrielle, simple régurgitation des prétentions du pouvoir. Cyril Dion profère les mêmes âneries que Jancovici, nous avertissant dans une tribune récemment publiée dans le journal officiel de tous les pouvoirs, Le Monde, que « la démocratie représentative est en danger »
. Dans la même tribune, il suggère pourtant que le régime politique de notre pays relève probablement « davantage […] de l’oligarchie que de la démocratie ». Il faudrait savoir. Vivons-nous en démocratie ou en oligarchie ? Si nous vivons dans une oligarchie, la démocratie n’existant pas, elle ne peut être menacée. La confusion atteint des sommets lorsqu’il déblatère sur encore d’autres formes potentielles que pourrait revêtir la démocratie, mentionnant quelque « démocratie semi-directe et délibérative » mais aussi une « démocratie participative/consultative ». Différentes saveurs, différents parfums, démocratie à toutes les sauces, ou l’art d’imaginer des mystifications linguistiques pour mieux occulter le fait qu’on ne vit pas du tout en « démocratie ».

(P.S. : Comble du ridicule, Cyril Dion se félicitait, dans cette tribune, du fait imaginé par lui que « la convention citoyenne pour le climat », a défaut d’avoir eu la moindre utilité concrète, aurait « permis de mesurer à quel point la démocratie est un exercice exigeant ». Ladite convention n’ayant jamais eu aucun rapport à aucun moment avec quelque véritable « démocratie », il s’agit là encore d’une mystification, d’un mensonge idiot.)

Pour un approfondissement de la question consistant à savoir dans quel type de régime politique nous vivons (qu’est-ce que la démocratie, etc.)

post de Nicolas Casaux

NOTES :

Jamais une équipe municipale, sauf exception, ne va organiser un quelconque débat sur ces questions fondamentales.
Au "mieux" les communes et les com-com nous abreuveront du terme flou de transition écologique, matiné de mobilité douce et d’énergies "vertes", de participatif fumeux sans instauration de démocratie directe conséquente.
Sinon, on aura droit au "business as usual", simplement redécoré de termes nouveaux et de mesurettes ridicules qu’un enfant de 10 ans n’oserait même pas proposer (exemple typique : Crest).


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