Les guerres sont toujours horribles, dévastatrices et meurtrières, notamment pour les populations dites civiles.
Mais, à part en cas de guerre nucléaire généralisée, elles sont néanmoins moins dévastatrices que les catastrophes climatiques et écologiques à venir, et le cortège de désastres sociaux qui va avec.
- Les castastrophes climatiques-écologiques-sociales ont des effets bien pires que des guerres militaires
- La guerre nucléaire totale « au ralenti » est une bonne image des désastres en cours
Malgré les horreurs épouvantables qui vont avec la guerre (morts, pollutions, viols, personnes mutilées,exils, habitats détruits, deuils, traumatismes, terrains minés...), les catastrophes climatiques et écologiques fabriquées par la civilisation industrielle (ce techno-monde étatiste, capitaliste, productiviste) arriveront vraissemblablement à faire pire encore à moyen et long terme, si on ne stoppe pas très rapidement tout ce qui les cause (la civilisation industrielle) et qu’on ne fait pas de la « restauration » écologique à grande échelle.
Malheureusement, la plupart des personnes ne s’en rendent pas compte, car les désastres viennent moins rapidement qu’une guerre (un missile c’est instantané, la disparition de barrières de corail ou des insectes non), les problèmes sont d’abord dilués dans le temps et dans l’espace avant d’exploser de manière incontournable et de former des boucles de rétroaction qui se renforcent, avant que les dominos ne s’écroulent les uns après les autres.
Les catastrophes climatiques et écologiques (utilisons le sigle CCE pour ne pas répéter trop souvent l’expression) sont pires pour plusieurs raisons liées :
1. Les guerres sont le plus souvent localisées, les régions relativement épargnées permettent à des activités essentielles telle la production alimentaire de perdurer, alors que les catastrophes climatiques et écologiques sont mondiales, touchent tous les continents et à terme toutes les régions.
Même les précédentes guerres mondiales n’ont pas touché l’ensemble de la planète, de nombreuses zones étaient relativement épargnées. Ca n’est pas le cas avec les CCE. Aucune partie de la Terre n’est à l’abri des dérèglements climatiques des pollutions, et de tout ce qui va avec (manque d’eau, tempêtes, canicules, sols morts...).
2. Les guerres modernes sont le plus souvent de « courte durée », quelques mois, quelques années. Tandis que les effets des CCE dureront des dizaines, des centaines d’années, certains parlent même de millénaires.
3. Les guerres (encore une fois, hors conflit nucléaire mondial) sont très destructrices, mais les CCE entraîneront des destructions encore plus importantes (mégafeux, désert, sols stériles, pandémies, canicules, sécheresses, manque d’eau, tornades, innondations, récoltes perdues, vents violents...), et des destructions récurrentes, devenant irréparables vu que ça va durer des centaines d’années. Un certain nombre d’agriculteurs doivent déjà abandonner leur activité.
Les zones les plus touchées ne pourront plus être reconstruites à force de voir défiler les cataclysmes, et des régions entières deviennent inhabitables, les gens fuieront ailleurs, sauf qu’on n’a pas de planète B et que ce sera le chaos partout.
Voir projections sur "La niche climatique humaine : A mesure que les conséquences du changement climatique se font sentir, se dessine la figure d’un monde de moins en moins vivable. Si l’on peut ajouter des couches pour se protéger des grands froids, lorsque la chaleur devient insupportable, nous n’avons que notre peau à retirer. Mais jusqu’où et pour qui le climat peut-il devenir impropre à la vie humaine ? Selon une étude, il est possible qu’en ce siècle plus de 3 milliards de personnes soient exposées à un climat inhabitable.
4. Les dégâts faits par les guerres sont moins difficilement réversibles que les bouleversements profonds du aux dérèglements climatiques et à la destruction des écosystèmes. Des champs minés ou des zones polluées par la guerre, ça peut se « réparer » avec le temps, quelques années, quelques dizaines d’années. Un climat qui devient hostile et invivable pendant des centaines d’années c’est tout autre chose. Et puis des espèces disparues ça ne revient pas, une zone désertifiée ça ne redevient pas fertile comme ça. Un sol stérile qui a perdu sa couche d’humus ça ne se restaure pas en claquant des doigts.
Les guerres sont très dévastatrices, mais comme elles ne durent pas trop, on peut encore espérer reconstruire après sur les ruines, une fois la « paix » signée. En revanche les CCE dureront longtemps, et toucheront des surfaces plus importantes, avec tout un tas de systèmes affectés, dans un régime de chaos imprévisible, avec une succession de situations extrêmes. Il n’y aura pas de pause, de paix, de période d’accalmie permettant de souffler et de reconstruire.
Les désastres s’empileront sur les désastres, les carnages sur les carnages, sans trêves, sans couloirs humanitaires, sans cesser le feu possible.
Les services de secours et d’aide humanitaire seront vite débordés, les urgences s’empileront aux urgences et on ne saura plus quelle urgence traiter en priorité.
Eteindre un incendie ou planter des arbres, semer de la nourriture ou arroser les plants adultes, sauver des malades d’une pandémie ou reconstruire après un ouragan, convoyer de l’eau ou apporter des vivres, évacuer ou faire venir l’armée, etc. ?
Face aux CCE bien établies, les systèmes étatiques et économiques, si des révoltes ne les forces pas à laisser la place à des sociétés vivables et soutenables, se transformeront en néo-fascisme de crise, en des sortes de dictatures de la « survie », en administration ultra-autoritaire des désastres, comme on a pu déjà le constater avec le Covid-19.
Si vous n’arrivez pas à vous représenter l’ampleur des catastrophes climatiques et écologiques (et donc aussi sociales), ce qui est bien compréhensible tellement c’est énorme et parce que ça s’étale dans le temps, imaginez une guerre nucléaire planétaire totale, mais au ralenti.
Avec les CCE, le réchauffement climatique global et la destruction systématique de la biosphère remplacent les explosions nucléaires et l’hiver nucléaire mortel qui s’en suit.
Même si les CCE sont très rapides, à l’échelle géologique terrestre c’est un flash, à l’échelle humaine ça paraît plutôt lent. Mais les choses s’accélèrent à présent, on rentre peut-être déjà dans la phase incontrôlable des effets rétroactifs auto-alimentés ?
Dans tous les cas, l’urgence est plus que jamais à la révolte sur l’essentiel, aux basculements radicaux provoqués par des luttes déterminées inscrites dans des stratégies adaptées aux réalités.
Les oasis petits ou gros ne suffiront pas, à terme ils seront pris dans la tourmente comme tout le monde.
Plus tôt on arrêtera la mégamachine par la résistance et la lutte (les institutions ne sont pas faites pour ça), moins pire seront les dégâts, moins difficiles seront les autonomies locales, moins les boucles de rétroaction auto-alimentées auront le temps de s’installer, moins les risques de guerres et de néo-fascismes seront forts.
Arrêtons à la base la mégamachine au lieu de se focaliser sur certaines de ses conséquences.
Stoppons le techno-monde au lieu d’espérer résilier de manière « élitiste » dans des oasis disséminés sur une planète devenant inhabitable.
Passons à l’offensive au lieu de reculer sur la défensive.
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