Le tourisme, une forme d’aliénation

jeudi 2 mars 2023, par duclary.

Le tourisme apparaît comme une nouvelle forme d’aliénation. Loin de l’errance et de l’imprévu, le tourisme encadre le voyage dans les chemins balisés de la routine et du conformisme marchand. « Les sublimes routes du Vercors », projet porté par le département de la Drôme et qui, hélas, avance peu à peu, rentre dans ce cadre.
Les vacances peuvent se révéler aussi aliénantes et monotones que le travail. Le tourisme révèle l’étendu de de l’artificialisation de la vie et de la misère dans les relations humaines.

L’artificialisation de la vie

Le tourisme vert prend de l’importance. Il recherche une nature authentique, dans le cadre d’un tourisme qui repose sur l’artificialisation des paysages et de la vie. La santé apparaît comme l’une des causes de ses pratiques touristiques qui permettent de « se régénérer ». Certaines agences vantent la découverte de l’autochtone avec des arguments qui renvoient à la rhétorique du « bon sauvage ». Mais le tourisme vert repose évidemment sur une imposture. A l’image de l’idéologie capitaliste dans lequel elle s’inscrit, l’industrie du tourisme prétend nous vendre ce qu’elle contribue à anéantir. Elle propose ainsi au touriste un produit touristique qu’elle assure exempt des inconvénients du tourisme : des voyages organisés avec de l’imprévu et de l’aventure, la garantie de rapports humains « authentiques », la découverte d’animaux sauvages en toute sécurité, etc.

Le tourisme s’attache à une pureté artificielle et reconstituée pour effacer toutes les aspérités de la vie. Dans ce cas, les consommateurs, maniaques de la « qualité de vie » et obsédés par la sécurité, devront renoncer à la dimension vivante de l’existence.

Le tourisme, c’est comme le management du monde. Les chemins balisés des voyages organisés imposent une uniformisation des manières de voyager et de découvrir. Le tourisme s’inscrit dans le cadre d’une marchandisation du monde où tout devient monnayable. Le profit, l’efficacité et la rentabilité encadrent le voyage pour éradiquer toute forme d’aventure, de surprise ou d’imprévu. Avec le règne du virtuel, l’illusion remplace la réalité et les expériences s’homogénéisent. Le management du monde s’accompagne de l’aménagement de l’espace. Les paysages ne deviennent que des souvenirs et l’espace naturel doit se plier à la norme marchande. Le conformisme touristique répand l’ennui généralisé.

La colonisation de l’espace

Il faut aménager la nature pour permettre le développement de l’industrie touristique. Les élites locales tentent de rendre attractive leur région. Le développement du tourisme détruit la ruralité et toute forme de vie locale. Les riches s’achètent des maisons secondaires et font augmenter le prix de l’immobilier. Ils empêchent ainsi les plus pauvres d’habiter leur pays.
L’agriculture devient un métier solitaire et monotone. La mécanisation du travail et les cadences plus soutenues font de l’agriculture un métier plus difficile. La dépendance aux marchands et aux banquiers réduit également l’autonomie de cette activité. Mais, ce que la modernité contribue à détruire devient la cible des riches en mal d’authenticité. Les fermes et leurs granges, comme les ports de pêche et leurs petites maisons rustiques, une fois évacués par leurs locataires historiques, constituent ce que l’on fait de mieux en matière de lieux de villégiature « branchés ». La spéculation immobilière va alors bon train.
Que ce soit à l’échelle de l’Hexagone, de l’Europe ou du monde, la politique est toujours la même, globalisante et massificatrice, niant les particularités géo-économiques, les identités culturelles ainsi que les inégalités de classe.

L’aménagement du territoire renforce la domination capitaliste. La logique marchande présente les mouvements de population comme naturels et impose un mode de vie.
La réappropriation de l’espace et de la vie ne peut que passer par une autre approche, créatrice, sensible, anti-capitaliste. Il y a des zones à défendre partout.


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