Le scandale des maisons et immeubles vides, abandonnés...

à Crest, Die, et partout

dimanche 18 février 2018, par Camille Pierrette.

A Crest, à Die, partout, dans toutes les villes, on voit quantité de bâtiments et locaux vides, inoccupés, inutilisés (ou à peine), abandonnés. Des maisons, des immeubles, des hangars, des magasins...
Les situations de ces lieux sont très diverses : faillite, succession bloquée, propriétaire inconnu ou disparu, lieux à louer ou à vendre qui ne trouvent pas preneur depuis des années, pauvre propriétaire qui n’a pas les moyens de faire des travaux, riche multi-propriétaire qui a déjà quantité de biens, qui ne veut ni louer ni vendre, qui ne s’occupe plus de son bien ou a oublié son existence, projets avortés ou en attente, riche propriétaire qui attend que les prix montent pour pouvoir faire construire des appartements très chers qui contribueront à la gentrification, etc.
Ces lieux restent vides plus ou moins longtemps, parfois des années, ou des dizaines d’années.
Un temps durant lequel ils ne servent à rien (à part aux pigeons et aux rats) et se dégradent.

Parallèlement, pendant ce temps, de plus en plus de personnes sont mal logées, n’ont pas de logement, ne peuvent pas mener toutes sortes d’activités faute de lieux adaptés. Quantité de migrants et réfugiés se retrouvent à survivre à la rue ou dans des conditions épouvantables du fait de l’incurie criminelle et organisée des pouvoirs publics.
Du fait de la spéculation immobilière, d’une urbanisation inadaptée qui bouffe de l’espace et des terres agricoles (lotissements, centres commerciaux), de la précarisation croissante, de l’afflux prochain de réfugiés climatiques que nous devront accueillir dignement, des catastrophes climatiques et effondrements qui arrivent, la situation actuelle n’est pas tenable.
(voir vidéo et article de 2017 concernant les lotissements à Crest)

Les foyers les plus pauvres consacrent 42 % de leurs revenus au logement ! Ils payent des loyers élevés pour des logements peu ou pas isolés où s’ajoute le poids des dépenses de chauffage, ...quand ils arrivent à se chauffer !

Bien sûr, il peut arriver parfois que des riches fassent don d’une de leur multiple propriété, qu’ils accordent des prêts à usage (commodat, prêt gratuit), des conventions d’occupation précaire, des baux emphytéotiques ou des loyers très bas, mais c’est hélas bien trop rare pour répondre aux besoins et inverser la tendance au creusement des inégalités sociales, à la spéculation, à la gentrification et au renchérissement.
Mais n’hésitons pas à les encourager dans ce sens !

Face à cette situation, et avec des pouvoirs publics qui ne font rien ou pas assez pour répondre aux besoins fondamentaux d’avoir un toit chauffé sur la tête sans se ruiner, il devient légitime de désobéir aux lois et par exemple de créer des squats et occupations.
Les pauvres, les réfugiés, les activités à but non lucratif (cantine populaire, atelier auto-géré, lieu de réunion...) n’ont pas les moyens, ni forcément l’envie (de s’endetter lourdement) de s’insérer dans le marché immobilier inégalitaire et verrouillé par la propriété privée et l’argent.
Malheureusement, ce moyen est précaire, car l’Etat et les amoureux de l’ordre en place n’aiment pas que des personnes s’affranchissent de leurs règles, même quand un bâtiment est inutilisé depuis longtemps et qu’il n’y a aucun projet dessus par les propriétaires.
Souvent, les occupations et squats sont justement un moyen de revendiquer, d’attirer l’attention sur la question du logement et de la propriété, de faire évoluer les mentalités et pratiques.

Les autres moyens sont de faire pression sur les riches et les institutions publiques pour les obliger à mettre à disposition dans des conditions acceptables divers lieux, ou encore de s’organiser à plusieurs pour acheter, louer, rénover et construire (voir les Castors et les chantiers participatifs).
Mais l’addition de plusieurs pauvres ne fait pas un riche...

Dans ce domaine comme dans toutes les autres questions qui touchent au politique, au social, aux communs, les mouvements/alliances/coordinations/réseaux collectifs sont indispensables.
Livrés aux marchés et aux élus adeptes de cette non-démocratie on est impuissants et laminés. Seuls ou à quelques uns, on est face à un système verrouillé, bardé de lois iniques et de CRS pour les faire appliquer de force.
Mais unis, nombreux et solidaires on peut vite tout transformer.
Eviter la gentrification et la transformation des centres villes en zones commerciales, aseptisées, dédiées à la marchandise et à la circulation anonyme, offrir des logements décents et économes à toustes, rendre les villes résilientes et agréables, multiplier les espaces non marchands, les lieux d’activités collectives à but non lucratif, déconstruire le verrouillage et la violence de la propriété privée immobilière, etc.

Vive les coopératives de logement à but non lucratif, vive les riches qui donnent tout ou partie de leurs biens, vive les squats et les occupations, vive les actions collectives solidaires pour changer radicalement de société !

Liens complémentaires pour aller plus loin

- Sur les squats et occupations :

- Biens à l’abandon, que peut faire une mairie :

Remarquons qu’à Crest, des biens immobiliers se dégradent et sont à l’abandon depuis des années, mais la mairie n’a toujours pas imposé d’expropriations malgré certaines promesses.

Logements collectifs solidaires autogérés

Quelques chiffres

Au 1er janvier 2016, le nombre de logements s’élève à 35,4 millions en France hors Mayotte. Le parc progresse tendanciellement, sur un rythme d’environ 1 % par an. Les résidences principales représentent 82,4 % du parc, les résidences secondaires et les logements occasionnels 9,4 % et les logements vacants 8,3 %.

Les 10 % les plus modestes consacrent 42 % de leurs revenus au logement, soit quatre fois plus que les 10 % les plus aisés. Le poids des dépenses de logement s’est fortement accentué depuis 2001, essentiellement pour les ménages les plus pauvres.

les inégalités de dépenses énergétiques entre les ménages se creusent depuis 25 ans. Seuls les ménages aisés bénéficient réellement des avancées techniques en matière d’énergie.

Finalement ce sont les ménages aisés qui profitent le plus des avancées énergétiques des dernières années. Leur facture énergétique a diminué d’un tiers depuis 1985 contre seulement un quart pour les ménages les plus pauvres.

P.-S.

Note : le problème de la propriété vaut aussi pour les terres, dont on aurait bien besoin pour faire de multiples lieux de production agricole résiliente, donc sans pétrole, au lieu des monocultures de maïs destiné au bétail. Favoriser les petits paysans écologistes plutôt que les grosses exploitations dopées au pétrole, aux pesticides et aux machines.
- Les problèmes de l’installation des jeunes européens en agriculture


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