Le problème n’est pas le réchauffement climatique global, mais la civilisation industrielle, ses bases matérielles, technologiques et culturelles

Tout a empiré, mais nos potentielles capacités de révoltes et d’actions demeurent

vendredi 12 novembre 2021, par Les Indiens du Futur.

50 ans après le rapport Meadows de 1971, retour avec Dennis MEADOWS sur les limites terrestres à la croissance économique et démographique, alors que, fatalement, les dirigeants politiques et économiques ne font que vouloir nous adapter aux conséquences des désastres que le système qu’ils défendent a créé.
Suivi de considérations générales sur la COP 26 et le système social irrémédiablement dépendant à la Croissance et donc à tout ce qui la fabrique.

- La fin de la croissance ? - DENNIS MEADOWS - L’auteur du fameux rapport « The Limits To Growth » fait le point, 50 ans après…

Quelques extraits :
(...)
Il y a 50 ans Dennis Meadows co-publiait le rapport « Meadows » (oui c’est bien lui !).
Ce rapport est aussi appelé rapport du Club de Rome, ou « The limits to growth ».
Il dit en bref qu’une croissance infinie dans un monde fini n’est pas possible et que tôt ou tard, nous allons atteindre des limites physiques et commencer à décroître.
Et d’après les modélisations de l’époque, ce « tôt ou tard » arrive autour de 2030…

(...)
Je pense qu’il est tout d’abord important de comprendre que le changement climatique n’est pas un problème en lui-même. C’est un symptôme. Le problème sous-jacent est la croissance physique continue de population et de la consommation matérielle dans un monde fini. Le changement climatique est une conséquence de cette croissance continue. Tout comme l’érosion des sols, la pandémie et beaucoup d’autres choses sont également des symptômes de ce qui se passe quand on soumet les écosystèmes à des pressions.

C’est un peu comme si vous avez un ami atteint d’un cancer et que le cancer lui donne des maux de tête : vous voulez bien sûr lui faire passer ses maux de tête, mais il est clair que les maux de tête ne sont pas le problème. Les maux de tête sont un symptôme. Il peut être utile de lui donner de l’aspirine, mais vous n’imaginez pas avoir résolu son problème. Vous avez simplement soulagé les symptômes. Pour vous débarrasser du cancer, il faut se concentrer directement sur lui. Pour que nous puissions nous débarrasser du cancer de la croissance continue, c’est sur elle qu’il faut directement nous concentrer.

Vous dites : « si » la croissance ralentit… eh bien j’ai une nouvelle : la croissance ralentit, et va continuer à ralentir à l’avenir. Il n’y a virtuellement aucune chance pour que le genre de croissance que nous avons connue, disons dans les années 90, puisse continuer.

Quand exactement la croissance va s’arrêter et commencer à décliner ? Ça, ce n’est pas clair et ce sera différent selon les endroits du monde. Certains pays voient déjà diminuer la croissance de leur population. La population d’autres pays va continuer à croître pendant encore 20, 30 ans ou plus. Les gens auront des expériences différentes selon les endroits. Mais d’ici, je dirais la fin du siècle, la population sur cette planète, la consommation matérielle, l’utilisation d’énergie, la production alimentaire, tous les indicateurs d’activité physique seront bien en-dessous de ce qu’ils sont aujourd’hui.
(...)
Il y a donc beaucoup de possibilités. Notre espèce en a expérimenté de nombreuses au cours des derniers 200’000 ans, et souhaitons qu’elle en connaisse encore beaucoup d’autres durant les prochains 200’000 ans ! Mais elle ne connaîtra pas le genre de société à forte consommation, au confort matériel élevé et extrêmement énergivore que nous autres, dans les pays riches - essentiellement blancs et du Nord - sommes venus à considérer comme un modèle souhaitable et incontournable.

Qu’est-ce que ce sera ? Je ne sais pas. C’est une question intéressante !
(...)
La question cruciale est donc : comment nous changer nous-mêmes ? Si nous parvenons à nous changer, notre système changera. Si nous ne changeons pas, nous pouvons changer le système autant qu’on veut, il donnera toujours les mêmes résultats.
(...)
Les gens demandent parfois : de quelles technologies avons-nous besoin ? De quel nouvel outil ? Je dirais qu’il est prématuré de poser cette question. Ce dont nous avons besoin est d’un horizon de temps plus long. Nous avons besoin, à travers nos institutions et de par nous-mêmes, d’intégrer des procédures, des habitudes, des mécanismes pour ramener nos actions actuelles dans le contexte de leurs conséquences à très long terme.

De nos jours, un politicien va évaluer les alternatives en fonction de ce dont elles auront l’air entre maintenant et les prochaines élections. Et s’ils peuvent faire en sorte que les choses aient l’air d’aller un tout petit peu mieux d’ici les prochaines élections, ils seront bien placés pour les emporter ! Si je vais voir des politiciens et que je leur dis : « Voici ce qu’il faut faire, mais cela va rendre les choses plus difficiles pendant quelques décennies, avant que la situation ne s’améliore », ils ne seront pas intéressés. Parce qu’en suivant cette voie, il leur serait impossible d’accéder au pouvoir.
(...)
Voilà une des sérieuses difficultés de notre situation : nous avons développé ces systèmes très élaborés - systèmes techniques, systèmes économiques, systèmes gouvernementaux – qui ne nous amènent pas vers un futur soutenable, manifestement.

Je veux dire que ça n’est plus discutable : prenez juste l’augmentation annuelle d’émissions de CO2. Ces systèmes de gouvernance ne fonctionnent clairement pas sur le long terme ! Mais ces mêmes systèmes génèrent énormément de puissance, énormément de richesse pour de nombreuses entités.

Prenez les compagnies pétrolières : les compagnies pétrolières ont fait des milliards et des milliards de dollars de profit en faisant la promotion de politiques qui ne correspondent pas à l’intérêt général en matière de durabilité sur le long terme, mais qui sont parfaites pour leurs actionnaires à court terme.

Maintenant, lorsqu’un politicien ou un autre leader commence à promouvoir une politique rationnelle qui changerait le système, la réponse immédiate de ceux qui bénéficient du système actuel est de l’entraver. Ceci est très manifeste dans mon pays, bien plus que dans le vôtre, où chaque initiative visant à essayer d’apporter une solution constructive est immédiatement bloquée par ceux qui pensent que le changement les désavantagerait. Et parce qu’il est plus facile de stopper quelque chose que de le promouvoir, cela signifie que nous nous retrouvons prisonniers de cette situation...
(...)
Pour ce qui est de la planète, je sais que d’ici vingt ans, le climat sera beaucoup moins favorable pour nous qu’il ne l’est actuellement. Il n’y a rien que nous puissions faire aujourd’hui pour éviter que le climat ne se modifie encore pendant plusieurs siècles, peut-être même plusieurs millénaires.

Cela ne veut pas dire que réduire les émissions de gaz à effet de serre et prendre d’autres mesures ne serve à rien ! Cela veut seulement dire que ça ne nous ramènera pas à ce que nous avons connu pendant les années 90.

Je souhaite que les gens puissent commencer à avoir une compréhension réaliste des options qu’ils ont, au lieu d’imaginer ou d’espérer que les problèmes disparaissent et que la situation redevienne « normale ».
(...)

Le problème n’est pas le réchauffement climatique global, mais la civilisation industrielle, ses bases matérielles, technologiques et culturelles
S’attaquer vraiment aux causes des désastres au lieu de ne pas pouvoir s’adapter aux conséquences

☠️LES RICHES NOUS FONT PASSER UN MESSAGE..

– Ne pas se battre ici et maintenant, c’est consentir au suicide collectif –

Alors que les espèces vivantes s’effondrent, que les forêts brûlent, que les ressources se raréfient, que la hausse des températures va détruire des centaines de millions de vies, les riches nous font passer un message :

  • explosion des bénéfices pour une multinationale du pétrole
  • explosion des achats de « superyacht » qui coûtent des dizaines de millions d’euros et polluent à outrance
  • explosion des dividendes en bourse ...

Vous n’avez pas compris le message ? Il est simple : « après nous le déluge ». « Vos vies ne valent rien par rapport à nos profits et notre plaisir immédiat ». Et surtout : « nous allons nous goinfrer jusqu’au bout, jusqu’à la fin, notre argent compte plus que la fin du monde ». Sauf si nous les arrêtons. Et cela commence à devenir urgent.

Ne pas entendre ce message envoyé par les riches, ne pas se battre ici et maintenant, c’est consentir au suicide collectif.

Post et montage visuel de Nantes Révoltée

Attaquer les causes au lieu de chercher en vain à s’adapter aux conséquences à venir

Oui, il faudrait arrêter les riches et la Mégamachine, la civilisation industrielle, que le bloc bourgeois défend sans pitié à l’aide des bandes armées policières à ses ordres.
Car le réchauffement climatique global et les destructions de biodiversité énormes ne sont pas du au hasard ni à la malchance, ni à une déviance rattrapable et conjoncturelle du système en place.
Le problème est structurel, et l’ajout de rustines techno-numériques ou d’énergies alternatives dites "décarbonées" ne changera rien.

Ca fait au moins 50 ans que l’on sait, et tout a continué, avec la complicité passive ou active des acteurs politiques et économiques de tout bord, de la gauche à la droite.
Et il faudrait, à la 26e COP de ces mêmes acteurs politiques et économiques, qu’on leur fasse confiance, qu’on leur laisse encore des manettes, qu’on attende quelque chose de bien de leurs blablas ?

Après avoir trop longtemps étouffé les problèmes, les puissants et leurs médias nous bassinent à présent avec le carbone, les émissions de CO2, les dispositifs hypothétiques de captation, les adaptations dites résilientes aux désastres, les énergies alternatives..., mais jamais n’est interrogé ce qui cause les problèmes, la civilisation industrielle (et notamment la compulsion capitaliste, la quête de productivisme, de puissance, de soi-disant progrès par la techno-science), et donc toutes leurs prétendues "solutions" ne font que renforcer toujours plus ce qui produit les catastrophes, dont la pandémie de covid-19 est un exemple type.

- La focalisation sur les énergies fossiles continuent : COP26 : « L’extraction des énergies fossiles et les subventions qui leur sont accordées restent un impensé des négociations climatiques » - L’économiste Maxime Combes rappelle, dans une tribune, que l’accord de Paris ne prévoit pas, par exemple, d’organiser la décroissance de la production des combustibles fossiles. (source du Monde)

C’est bien de parler de faire chuter l’extraction des énergies fossiles mais cet article ne mentionne pas du tout la civilisation industrielle (ni son capitalisme ni son étatisme) qui réclame toujours plus de puissance, de production et donc d’énergies.

Etre écologiste ou tout simplement engagé pour la survie des humains et des autres vivants sur Terre, ce n’est pas demander aux écocidaires en chef de résoudre les problèmes avec les mêmes ingrédients (la technologie, la croissance, le productivisme, l’industrie, la compétition, le Marché, l’autoritarisme étatisé...) qui les ont créé, c’est plutôt agir ensemble pour mettre fin de manière décisive aux structures qui causent sans fin les désastres de toute nature partout sur la planète.

Quand est-ce que les militants et les autres vont se réunir vraiment et régulièrement pour élaborer des stratégies adaptées ?
Quand est-ce qu’ils vont construire une culture de résistance et des moyens logistiques à même de soutenir ces stratégies sur la durée ?
Quand est-ce qu’ils vont recourir de manière souple et évolutive à des tactiques capables d’emporter des victoires significatives ?
Ce n’est pas en faisant de vagues réunions ou des manifs de temps en temps qu’on va y parvenir.
Ce n’est pas en adoptant les discours, calendriers objectifs des puissants qu’on y parviendra.
Ce n’est pas en nous cantonnant au terrain et aux modes d’action qui ne gênent pas le système en place qu’on pourra le démolir.
Ce n’est pas en poursuivant les mêmes modes de vie et d’organisation que la civilisation industrielle qu’on pourra la remplacer.

P.-S.

Perspectives et pistes de résistance active

La situation écologique, climatique, sociale est terrible.
Mais tant qu’il y a des résistances, rien n’est complètement perdu.
Et puis la civilisation industrielle, ce système techno-capitaliste et étatique, n’est peut-être pas si solide que ça, elle sans doute plus attaquable qu’on ne pense.

Il existe quantité de moyens de se battre, de lutter pour abattre/détruire/démolir/désarmer/stopper/effondrer les structures matérielles et idéologiques de la civilisation industrielle. Et quantité de moyens pour construire à la place des mondes vivables et soutenables.
Soutien financier, action directe, information, soutien aux personnes engagées, logistique, actions publiques ou clandestines, communication, refuges...
Il y en a pour tous les goûts, toutes les disponibilités et « niveaux » d’engagement.

Il y a des places pour chacun.e dans cette vaste culture de résistance à construire.

- Liens utiles pour aller plus loin :


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