Le mouvement climat, une « opposition » en trompe l’oeil ?

S’illusionner à verdir le capitalisme, ou recolorer l’écologie ?

jeudi 3 décembre 2020, par Les Indiens du Futur.

Le mouvement climat, une "opposition" en trompe l’oeil ? ...qui s’attache surtout à l’illusion de "verdir" le capitalisme et décolore l’écologie ?

« RECLAIM FINANCE », LES ÉCOLOS ET LE CAPITALISME VERT

Ainsi que nombre de grands journaux (Le Monde, Le Figaro, Libération, etc.) l’ont récemment rapporté dans leur rubrique écologie-on-progresse, l’association Reclaim Finance, créée il y a quelques années par une nantaise du nom de Lucie Pinson, a reçu cette année 2020 le prix Goldman pour l’environnement en récompense de son travail visant à encourager « la décarbonation des flux financiers », à inciter les banques à cesser d’investir dans le charbon et les autres énergies fossiles pour investir dans les énergies vertes, propres, renouvelables et carboneutres, en vue, je vous le donne en mille, de parvenir à une civilisation techno-industrielle biodurable carboneutre et climato-socialement juste.

Reclaim Finance espère en effet l’avènement d’un « système financier mis au service d’une transition vers des sociétés soutenables qui préservent les écosystèmes et satisfont les besoins fondamentaux des populations », d’un « système financier mis au service des impératifs sociaux et écologiques et d’une transition vers des sociétés soutenables qui articulent la préservation des écosystèmes et la satisfaction des besoins fondamentaux ».

En clair, Reclaim Finance milite en faveur du verdissement du capitalisme, pour un capitalisme vert. Un objectif aussi radical — l’idée de radicalité étant en vogue ces temps-ci, Reclaim Finance s’en réclame évidemment : « Nous lançons l’alerte sur les impacts de certains acteurs financiers et agissons à la racine des problèmes pour faire changer les lois et pratiques existantes. » / « Notre approche est radicale et pragmatique. » — peut bien entendu être subventionné par différentes institutions capitalistes, en l’occurrence diverses fondations, les mêmes qui financent toutes sortes d’ONG et d’associations supposément « écologistes ». Reclaim Finance est effectivement financée par le Sunrise Project (une fondation de « re-granting », c’est-à-dire de redistribution de fonds, qui récolte d’importantes sommes auprès d’autres fondations ou de mécènes ou d’entreprises, comme le Rockefeller Family Fund, et les attribuent ensuite selon le bon vouloir de son CA), la European Climate Foundation (elle aussi une organisation de « re-granting », financée par Bloomberg Philanthropies, la Ikea Foundation, le Rockefeller Brothers Fund et beaucoup d’autres, et qui finance, outre Reclaim Finance, le Réseau Action Climat France, soit la branche française du Climate Action Network (CAN), « un réseau mondial (basé à Bonn, Allemagne) regroupant plus de 1 300 organisations non gouvernementales (ONG) dans plus de 120 pays, œuvrant à la promotion d’une action gouvernementale et individuelle visant à limiter le changement climatique induit par l’homme à des niveaux écologiquement durables », le mouvement belge Rise for Climate, etc.), la Tides Foundation (elle-même financée par divers membres de la famille du milliardaire Warren Buffett, par exemple, mais aussi par la Fondation Ford, par les fondations de George Soros, par la fondation du fondateur d’eBay et milliardaire Pierre Omidyar, par les diverses fondations de l’empire Rockefeller, etc.).

Bref, Reclaim Finance est financée par le réseau philanthrocapitaliste habituel
, celui qui finance un peu toutes les grandes ONG écolos (WWF, 350(.org), etc.), qui permet à une mouvance pseudo-contestataire dite « écolo » ou « écologiste » d’exister — mouvance qui tend cependant de plus en plus à délaisser l’appellation « écologiste » pour se regrouper derrière l’idée d’un « mouvement climat » (il ne s’agit plus vraiment de préserver le monde naturel, d’endiguer la destruction de la nature, seulement de limiter le réchauffement climatique afin de sauver l’avenir de la civilisation industrielle). Autrement dit, le capitalisme finance une opposition en trompe l’œil afin de donner le change, de faire en sorte que le terrain de l’opposition soit occupé par des groupes et des personnes parfaitement inoffensives, lesquels servent aussi à faire croire qu’un capitalisme vert est possible — ce qui n’est évidemment pas le cas, ainsi que le comprennent tous ceux ayant réfléchi plus de 30 secondes aux tenants et aux aboutissants du capitalisme, de l’industrialisme, du développement technologique. Durant quoi, tout empire, avec la complicité achetée des écologistes — des électrologistes, des climatistes — subventionnés.

(Post de Nicolas Casaux)

Le mouvement climat, une « opposition » en tromp l’oeil ?

- Pour ce qui est des mirages mortelles des énergies dites renouvelables et propres au sein de la civilisation industrielle, voir nos articles, et notamment :
- L’arnaque dantesque et criminelle des voitures électriques - Documentaires et articles démontrent des mensonges organisés
Les énergies vertes déplacent et étendent pollutions et nuisances, mais super l’air de nos villes est moins pollué

Dans la Drôme, le capitalisme dit "vert" avance masqué avec des mini bus électriques pilotés par logiciels (en essai entre Crest et la zone industrielle de Eurre), des bornes élecriques pour bagnoles à batteries ou les grands champs de panneaux photovoltaïques industriels, tandis que d’autres fantasment sur "l’énergie à hydrogène".

Pour agir pour le vivant et l’écologie

Pour celles et ceux qui s’interrogent vraiment, qui veulent agir écologiquement pour le vivant, y a ce genre de livre :
Deep Green Resistance : Un mouvement pour sauver la planète (Derrick Jensen, Lierre Keith et Aric McBay) – Tome 1

👉 Extrait :
"Une taxonomie de l’action
Nous connaissons tous les taxonomies biologiques, qui classent les organismes vivants du règne jusqu’à l’espèce, en passant par l’embranchement et le genre. Bien qu’il existe des dizaines de millions d’espèces vivantes ayant des formes, des tailles et des habitats très différents, il est possible d’utiliser une taxonomie afin d’identifier rapidement un groupe très réduit.
Lorsque nous cherchons des stratégies et des tactiques efficaces, nous devons trier des millions d’actions passées et potentielles, dont la plupart se sont soldées par des échecs historiques ou ont abouti à des impasses. Une brève et grossière taxonomie de la résistance peut nous faire gagner beaucoup de temps et nous épargner bien des angoisses. À l’aide d’une catégorisation des actions, nous pouvons déterminer rapidement quelles tactiques sont vraiment efficaces et appropriées pour sauver la planète (ainsi que pour de nombreux types plus spécifiques d’activisme visant la justice écologique et sociale). Une taxonomie de l’action peut nous suggérer des tactiques que nous n’aurions peut-être pas envisagées autrement.
Nous pouvons schématiquement diviser l’ensemble de nos tactiques et de nos projets en deux catégories : les actes d’omission et les actes de commission (figure 6-1, « Une taxonomie de l’action », p. 285). Bien entendu, ces catégories se recoupent parfois. Une manifestation peut être un moyen de faire pression sur un gouvernement, une manière de sensibiliser l’opinion publique, une tactique ciblée de perturbation économique, ou les trois à la fois, selon l’intention et l’organisation. Par ailleurs, une tactique peut parfois en soutenir une autre ; un acte d’omission comme une grève est susceptible d’être bien plus efficace lorsqu’il est accompagné d’une propagande et de manifestations.

Avant de procéder à un rapide tour d’horizon des options taxonomiques de résistance dont nous disposons, il convient de vous avertir. L’Histoire peut beaucoup nous apprendre, mais ses leçons s’accompagnent d’un certain fardeau. Oui, les histoires de ceux qui ont choisi de contre-attaquer et de lutter sont pleines de courage, de drames et d’ingéniosité. Et, oui, de leurs triomphes et de leurs échecs, nous pouvons nous inspirer, nous imprégner. Mais ce faisant, nous apprenons également, et tel est le fardeau de l’Histoire, qu’il n’y a aucune solution de facilité.
Dans Star Trek, tous les problèmes peuvent être résolus au dernier moment de la scène finale en inversant la polarité des boucliers déflecteurs ; mais cela n’a rien à voir avec la réalité, ou avec notre avenir. Chaque victoire de la résistance a été obtenue dans le sang et les larmes, au prix d’angoisses et de sacrifices. Ce que l’Histoire nous enseigne douloureusement, c’est que les moyens de résister sont limités, qu’ils ont déjà été inventés, et qu’ils impliquent tous une lutte intense et risquée. Lorsque les résistants l’emportent, c’est bien souvent parce qu’ils ont combattu avec plus d’acharnement que ce qu’ils pensaient possible.
Voilà l’autre partie du fardeau dont nous héritons. Quand nous aurons appris les histoires de ceux qui se sont battus – quand nous les aurons vraiment apprises, quand elles nous auront fait pleurer, quand nous les aurons gravées dans nos cœurs, quand nos corps les porteront comme l’ancien combattant porte ses éclats d’obus – nous n’aurons plus d’autre choix que de combattre nous aussi. Alors, seulement, nous pourrons espérer nous montrer dignes de ce qu’ils ont accompli. Certains ont combattu dans les conditions les plus hostiles et les plus épouvantables qu’on puisse imaginer ; ils sont nos prédécesseurs dans la lutte pour la justice et pour un avenir soutenable. Mais ceux qui luttent n’appartiennent pas qu’au passé, ils existent aussi au présent [« Le verbe résister doit toujours se conjuguer au présent », disait Lucie Aubrac, NdT]. Et on ne les compte pas seulement parmi les êtres humains, mais parmi tous ceux qui ripostent.
Nous devons lutter. Si nous ne le faisons pas, nous mourrons, et pas uniquement dans le sens d’une mort physique. Lorsque vous aurez vraiment pris la mesure de l’abnégation, de la persévérance et de la bravoure dont les résistants ont fait preuve durant les périodes les plus sombres, il vous faudra soit agir, soit mourir en tant que personne morale. Nous devons combattre, non seulement pour triompher, mais pour montrer que nous sommes à la fois vivants et dignes de cette vie."

👉 Résumé :
Depuis des années, Derrick Jensen pose régulièrement la question suivante à son public : « Pensez-vous que cette culture s’engagera de manière volontaire dans une transformation vers un mode de vie véritablement soutenable et sain ? » Personne, ou presque, ne répond par l’affirmative. Deep Green Resistance (DGR) commence donc par établir ce que les écologistes « mainstream » se refusent à admettre : la civilisation industrielle est manifestement incompatible avec la vie sur Terre. Face à l’urgence de la situation, les « technosolutions » et les achats écoresponsables ne résoudront rien. Pour sauver cette planète, nous avons besoin d’un véritable mouvement de résistance en mesure de démanteler l’économie industrielle.

👉 Les auteur.ices :
Derrick Jensen est un écrivain, un philosophe et un activiste états-unien, auteur de plus de 20 livres dont plusieurs best-sellers. Sa perspective est l’une des plus cruciales du mouvement écologiste. Parmi ses ouvrages, on retrouve notamment A Language older than Words, The Culture of Make Believe et les deux volumes de Endgame.
Lierre Keith est une écrivaine, féministe radicale, écologiste et militante pour la sécurité alimentaire. Son ouvrage Le mythe végétarien : Alimentation, Justice et Durabilité a été appelé « le livre écologiste le plus important de sa génération ».
Aric McBay est un militant et un petit agriculteur biologique. Il est également co-auteur, avec Derrick Jensen, du livre What We Leave Behind.

👉 L’importance de ce livre :
DGR évalue les options stratégiques qui s’offrent à nous, de la non-violence à la guérilla, et pose les conditions nécessaires à une victoire. Ce livre explore aussi les sujets, concepts et modes opératoires des mouvements de résistance et des grandes luttes de ces derniers siècles : les types de structures organisationnelles, les modalités de recrutement, la sécurité, les choix des cibles, etc. DGR n’est pas seulement un livre, c’est aussi un mouvement qui propose un plan d’action concret. Il s’agit d’une lecture obligatoire pour tout militant souhaitant comprendre les enjeux de notre temps, l’idéologie et les faiblesses de la culture dominante ainsi que les stratégies et tactiques de lutte efficaces.

Pour agir pour le vivant et l’écologie
Taxonomie de l’action

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