La transidentité, l’acceptation par la connaissance

samedi 26 septembre 2020, par janek.

Vous vous demandez ce qu’est une personne transgenre ? Un effort de compréhension, de documentation, est nécessaire. Vous trouverez des pistes de réflexion personnelle, des informations générales. Le sujet ne peut se résumer en un seul article, mais peut aider à l’acceptation des personnes transgenres : la violence à leur encontre (transphobie) sera diminuée, et leur vie facilitée.

LA NORME SOCIALE, OUI MAIS POUR TOUT LE MONDE ?

Depuis des siècles, notre civilisation a renforcé le Patriarcat, une division des rôles en quelque sorte, entre deux groupes humains, les hommes et les femmes. Les femmes assurent principalement l’équilibre du « foyer », et l’homme a la charge de la protection de ce foyer, donc une tâche plus « externe », héritée de la période lointaine où l’homme devait chasser pour assurer la survie de la tribu. Ce fut une distinction fondée sur la force physique, en faveur de l’homme, tandis que la femme, disposant de qualités bien différentes, assumait d’autres « tâches ». Cela paraît un raisonnement bien simpliste, mais il permet de comprendre le devenir d’un troisième groupe, qui a toujours existé, avec des qualités intrinsèques qui ne relèvent spécifiquement de l’homme ou la femme, à qui logiquement nous avons assigné un autre rôle. Ce sont les personnes transgenres.

Ainsi, la norme sociale dite « binaire », l’homme et la femme qui établissent un foyer, chacun-e ayant un rôle bien déterminé, qui font grandir ce même foyer, par procréation dite « naturelle », avec des enfants qui eux-même reproduirons ce schéma bien établi, exclue de fait toutes les personnes ne se définissant pas « binaires ». Mais si vous n’êtes pas dans la norme, vous n’existez pas moins, et de tous temps ce fût le cas, ça l’est encore, ni plus ni moins.

Avec « l’élévation » de la civilisation, les progrès techniques et organisationnels qui en découlent, le rôle de l’homme s’en trouve diminué, puisque ce n’est plus la force ou la rapidité qui détermine la survie, et plus encore, le mode de procréation a évolué, ne nécessitant plus l’acte sexuel. Ainsi, comment maintenir le Patriarcat ?

L’homme s’est attribué un rôle par la force, non pas la force physique, mais une « domination » qui a intelligemment été instituée dans la sphère du progrès économique et politique, et même scientifique. La suprématie des hommes dans les milieux dirigeants, au sein des entreprises, l’écart de salaire,... Mais on nous raconte une fable : avoir la charge des enfants est un frein à l’évolution des carrières ou même personnelle. C’est un message qui a tellement été martelé que même les femmes ont fini par y croire, ou peut-être qu’elles ont « laissé tomber ».

La(les) religion(s), grâce à une fable - encore - a bien aidé le patriarcat à se maintenir, mais nous y reviendrons dans un autre article. Un modèle, pas seulement familial, fût inventé, fondé sur le foyer familial de type hétérosexuel, une norme établie, avec pour objectif d’augmenter la prédominance de cette norme, par la conviction, ou par la force si besoin. Il ne supporte pas l’existence d’autres formes de foyers familiaux, ni celle d’un autre groupe d’humain en dehors de ce qui peut le plus se rapprocher des femmes et des hommes. Conclusion : les femmes et les hommes transgenres et inter-sexe doivent ne pas exister, s’ils existent, il faut les exclure ou les détruire, puisqu’on ne peut les « convaincre » ou les convertir : on admet implicitement qu’il ne s’agit pas d’un problème psychologique ou philosophique. Les hommes de religion le savent de tout temps, ils en nient tout simplement l’existence, charge à la famille de « régler le problème », avec la bénédiction des autorités religieuses. Visiblement, certains médecins n’ont rien compris, et ce à des périodes beaucoup plus contemporaines, puisqu’ils classèrent les personnes transgenres comme relevant de la psychiatrie. Pire encore, la médecine moderne (parfois) réalise d’horribles thérapies de « conversion » sexuelle, pour ramener physiquement la personne « inter-sexe », dans une identité sexuelle correspondant un modèle binaire. Voilà encore un sujet complexe, qui sera documenté sur le blog, et c’est nettement mieux que sur Facebook, croyez moi.

AU FAIT, TRANSIDENTITÉ, TRANSGENRE, C’EST QUOI ?

Une personne transgenre, vous l’aurez compris, ne s’inclue pas ni dans le groupe des femmes, ni dans celui des hommes « de naissance ». On parle aussi de femme et homme « biologique », renvoyant à l’organe sexuel, ce qui est moins élégant. Mais peu importe, pendant des millénaires on leur a attribué des tâches intrinsèquement liées à des qualités spécifiques. On peut dire que le modèle binaire est relativement contemporain, renforcé par la prédominance de la religion, et que ce ne fut pas le cas pendant des millénaires.

Nous pouvons préciser qu’une personne transgenre ne se définit pas par son sexe de naissance, qu’elle a donc une identité de genre différente de l’identité qui lui serait socialement attribuée par son sexe de naissance. La non-binarité d’une personne transgenre s’oppose à la binarité sociale qui voudrait lier le sexe de naissance à son genre. Par exemple, si vous êtes née femme d’un point de vue biologique, vous êtes de genre féminin aux yeux de la société. Mais l’identité de genre ressentie est bien différente de l’identité sociale. Cette différence crée un trouble chez la personne, qui ne trouve dans son entourage, aucune personne à qui elle pourrait s’identifier. Vous le savez, l’enfant tente de s’identifier à ses parents, ou plus tard ses ami.e.s. Plus la norme sociale (binaire) est renforcée, plus le trouble est important. Ce dernier peut apparaître au plus jeune âge, à l’adolescence, ou bien plus tard. Il n’existe pas de « norme ». Le trouble, lié au fait que l’on ne se « sente pas » du genre défini par son sexe de naissance, s’appelle la Transidentité.

C’est un fait, une réalité, et plutôt que de chercher une explication psychiatrique ou scientifique, le devoir de la société reste et demeure d’aider son prochain, de démontrer de l’empathie, de la compréhension. En effet, le trouble explicité ci-dessus, se manifeste par des aspects cliniques, que l’on nomme « dysphorie de genre ».

La dysphorie peut se polariser sur de multiples points, que ce soit physique, psychique, relationnel, également sur tout ou partie du corps. Elle est en général destructrice si elle ne trouve pas de solution, allant jusqu’au suicide de la personne concernée. On ne peut pas « faire avec », expression populaire lourde de sens, qui peut impliquer de graves conséquences pour l’intéressé.e. La société, ou plutôt l’État a une responsabilité particulière. Elle ne peut et ne doit pas, non seulement rejeter la personne transgenre, mais il est de son devoir de la protéger, comme tout citoyen.e qui a le droit à la protection du pouvoir chargé d’organiser la vie en communauté.

Notre civilisation a atteint un niveau de progrès social et technique suffisant pour apporter des solutions bienfaisantes aux personnes transgenres. Cela peut être par la loi, ou la médecine, mais toujours avec le consentement personnel, pas question de « forcer ».

LE PARCOURS DE TRANSITION

Le constat étant établi, sur la cause du trouble, la transidentité, qu’elle action opérer afin que in fine, la personne qui en souffre puisse vivre un jour heureuse et épanouie, mais en tous les cas, puisse enfin vivre sereinement au sein de sa communauté humaine dans le genre ressenti ?

Il faut entamer un parcours de transition, qui a une fin, ou pas. Il y a une notion de « but à atteindre ». Qui voulons-nous être, dans le sens social. Nous définissons un genre, ou pas, ou plusieurs, c’est intrinsèque à la volonté, au besoin de la personne, mais dans tous les cas, nous voulons être « accepté.e.s » par la communauté dans laquelle nous vivons. Devons-nous nous soumettre à nouveau à une norme sociale ? Cela revient à contester la norme, pour vouloir y rentrer au terme du parcours de transition, c’est juste que l’on va se situer dans une norme différente de celle où nous nous trouvions avant le début de la transition. Certain.e.s transgenres rejettent cette imposition, même acceptée par la personne qui « transitionne », au point de se définir « gender-fluide », genre fluide. C’est un sujet d’importance, qui aura le mérite d’être développé prochainement.

Vous l’aurez compris, la transition, et non pas transformation ou autre mot inapproprié, est un processus de changement de genre, en général permanent, mais pas toujours si vous ressentez une fluidité dans votre genre ressenti, ou que vous ne vous ressentez d’aucun genre particulier.

Quelle forme, dans quelles conditions opérer ce parcours de transition ? Il peut être dans sa forme la plus prononcé chirurgicale, modifier son apparence physique, allant jusqu’à l’opération de ré-assignation sexuelle. Il peut être hormonal seulement, c’est à dire la prise d’hormones naturelles et/ou de synthèse pour modifier les équilibres hormonaux issus de votre sexe de naissance. Vous modifierez votre apparence physique sans recours à la chirurgie. Il peut être vestimentaire, artistique, adopter un style ou une attitude particulière, etc... Vous déciderez pour vous-même ce qui est mieux pour vous, et votre « avis », ou choix peut très bien ne pas être définitif, mais il faut savoir que certaines « transformations » sont difficilement réversibles. En tous les cas, il est rare qu’une personne « regrette » d’avoir été jusqu’au bout de sa transition, pour peu qu’elle aie une fin, il y a débat au sein des associations trans, et aussi des personnes concernées. Le regret et le choix sont des mots polémiques, il conviendra d’en débattre.

ET LA VIOLENCE, LES DISCRIMINATIONS ?

C’est un peu la conclusion de l’article, et je sais que vous resterez sur votre faim, puisque nous n’en parlerons pas cette fois-ci, il y a moins autant à dire que tout ce que vous avez pu lire ci-dessus. Une conclusion qui renvoie à l’introduction, on tourne en rond, n’est-ce pas ? Rassurez-vous, je l’explicite la fois prochaine.

Votre obligée, Lisa THEPOT

Voir en ligne : https://blogs.mediapart.fr/lisa-flo...


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