Voici un livre tout récent qui déplaira sans doute autant aux ultra-libéraux qu’aux personnes de gauche très attachées à l’Etat.
Les libéraux n’aimeront pas l’idée qu’on puisse souhaiter sortir de la « société de concurrence » et politiser les questions économiques.
Les personnes de gauches trop étatistes n’aimeront pas qu’on rappelle que l’Etat est une pièce essentielle à l’existence d’une « économie de marché » et donc qu’on ne peut guère compter sur lui pour nous en prémunir.
« La souveraineté étatique est une pièce maîtresse dans la construction d’une société de concurrence, et il serait illusoire de prétendre combattre la seconde en laissant de côté la première. L’expérience doit nous immuniser contre toute stratégie suicidaire de retournement contre l’adversaire de ses propres armes. L’État est tout sauf une « arme » à la disposition des dominés. Seule une politique radicalement non étatique, entendu comme politique du commun, nous faire échapper à l’emprise du marché et à la domination de l’État. »
- L’État est tout sauf une « arme » à la disposition des dominés
- Livre « le choix de la guerre civile »
Livre : LE CHOIX DE LA GUERRE CIVILE
Une autre histoire du néolibéralisme
Pierre Dardot, Haud Guéguen, Christian Laval, Pierre Sauvêtre
382 pages – 20 euros
Éditions Lux – Collection « Futur proche » – Montréal – sortie 8 Avril 2021
https://luxediteur.com/catalogue/le-choix-de-la-guerre-civile/
Extrait du début en PDF
La guerre civile contre l’égalité au nom de la « liberté » est sans conteste l’une des principales faces du néolibéralisme actuel considéré sous l’angle de la stratégie
Description de l’éditeur :
Cet ouvrage aborde le néolibéralisme sur le terrain qui, dès ses origines, fut le sien : le choix de la guerre civile en vue de réaliser le projet d’une pure société de marché. Une guerre de domination polymorphe qui sait parfois se doter des moyens de la coercition militaire et policière, mais qui se confond souvent avec l’exercice du pouvoir gouvernemental et qui se mène dans et par les institutions de l’État.
De Hayek à Thatcher et Pinochet, de Mises à Trump et Bolsonaro et de Lippmann à Biden et Macron, le néolibéralisme a pris et prend des formes diverses selon ce que commandent les circonstances. Et ce qui apparaît, dans cette perspective stratégique, c’est l’histoire d’une logique dogmatique implacable qui ne regarde pas aux moyens employés pour affaiblir et, si possible, écraser ses ennemis.
- L’étatisme est indispensable à la construction et au maitien d’une société de concurrence
- Sois une start-up nation, travaille, consomme, et tais-toi
Le néolibéralisme ne doit pas être confondu avec un régime politique spécifique. Ce qui le caractérise, c’est sa dimension stratégique qui lui per-met de s’adapter à des régimes variés. Cette rationalité articule de façon si-tuée l’objectif général : une économie et une société de marché ; les moyens adaptés au contexte : le droit, l’État, le management, la propagande et la force si nécessaire ; le ciblage des ennemis à combattre : collectivistes, socia-listes, gauchistes, etc. C’est seulement à partir des formes historiquement situées de cette guerre civile qu’on peut réfléchir aux types de relation, à di-vers moments et dans des contextes différents, du “néolibéralisme” et de la “démocratie”. Mais ce qui est important aujourd’hui, me semble-t-il, c’est de voir ce que le néolibéralisme devenu systémique fait à la démocratie libérale, même la plus minimaliste, celle qui se résume à la sanction électo-rale, et d’observer comment il la dévitalise, la décompose de l’intérieur, la détourne et l’instrumentalise, au point d’aboutir à une formidable crise de confiance des électeurs et à l’apparition des formes les plus démagogiques, transgressives et brutales de pouvoir. On ne manque pas d’exemples au-jourd’hui de ces désactivations du plus élémentaire libéralisme politique, notamment en France.
(extrait de Entretien avec Christian Laval : Les métamorphoses du néolibéralisme)
Que l’Etat soit minimaliste et laisse la place aux forces du Marché, ou que l’Etat soit fort, voire nationaliste, et se comporte en grande entreprise en concurrence avec les autres Etats-nations, on reste prisonnier de la perverse logique capitaliste ET d’un système autoritaire anti-démocratique.
Le néolibéralisme, le capitalisme, l’Etat, en tant qu’institutions de pouvoir en quête de puissance et de règne totalitaire, ne sont pas compatibles avec des démocraties réelles, sociales et populaires, et pas davantage avec des sociétés écologiques et soutenables.
Etat et capitalisme s’accomodent d’ailleurs bien de tous les régimes, depuis la dictature sanglante jusqu’à la fausse démocratie sous Etat-providence en passant par l’ultra-libéralisme autoritaire et policier (voir le macronisme contemporain), pourvu que les peuples soient exclus en réalité des moyens de s’auto-gouverner, de décider de ce qui les concerne.