La pandémie covid-19 accélère le basculement en force dans le gouvernement cyborg hybridé aux multinationales et GAFAM

L’Etat cyborg et les technologies numériques/génétiques veulent nous transformer en hybrides adaptés à la virtualisation du monde

samedi 31 octobre 2020, par Camille Pierrette.

Voici un article essentiel et visionnaire : COVID-19 : vers une gouvernementalité anthropocénique - Le choix d’une mise à l’arrêt temporaire de l’économie réelle par l’adoption du confinement de masse ainsi que l’ensemble des mesures qui se sont suivies pour répondre à la propagation fulgurante de la Covid 19 semblent configurer une nouvelle forme de gouvernementalité s’appliquant à l’échelle planétaire et s’appuyant sur les technologies de contrôle numériques pour s’exercer : une gouvernementalité anthropocénique.

Un article parfois un peu ardu à capter, mais qui décape le regard sur la situation actuelle, qui aide notamment à comprendre pourquoi la mise à l’arrêt partiel de l’économie ne gêne pas tant que ça les grands capitalistes et les Etats, voir les arrange pour certains aspects. Cet article évoque pourquoi, de manière contre-intuitive et inhabituelle, le système a, bon an mal an, accepté de démolir en partie son indécrottable PIB et sa Sainte Croissance.
Sortons de la glue mortelle de l’actualité débitée en tonne par les merdias et le régime, prenons de la hauteur pour découvrir la nasse cybernétique mondialisée qu’ils nous réservent.
La submersion d’infos contradictoires et le gouvernement par la peur sidèrent et soumettent. Coupons parfois le robinet et réfléchissons, seuls et à plusieurs.

- A ma manière, j’ai recraché et augmenté les propos de cet article

La pandémie covid-19 permet le basculement en force dans le gouvernement cyborg hybridé aux multinationales et GAFAM
Adaptation : l’Etat cyborg et les technologies numériques/génétiques veulent nous transformer en hybrides noyés dans les flux de données et d’échanges

- Extraits de l’article de Terrestres, suivis de quelques remarques persos complémentaires :

Que les États décident de mettre quasi-simultanément sous cloche environ 4 milliards d’êtres humains en les confinant chez eux, c’est sans précédent dans l’histoire. Et qu’ils fassent le choix de mettre à l’arrêt l’économie réelle, voilà qui ne s’était sans doute jamais vu depuis le début d’une ère capitaliste qui a érigé l’économie en valeur absolue. Bien que ne résultant pas d’une concertation entre États souverains, le traitement de la « crise » de la Covid-19 1 implique la mise en oeuvre d’une véritable « gouvernance2 » planétaire avec la mise en place d’un confinement à grande échelle, de dispositifs d’évaluation des risques en temps réel s’appuyant sur des modèles mathématiques et informatiques appliqués à des échelles globales

L’hypothèse selon laquelle l’irruption du virus Covid-19 et sa propagation vertigineuse à l’échelle planétaire serait l’occasion d’accélérer la mise en place d’une gouvernementalité anthropocénique, nous permet de relire sous un autre jour les politiques mises en œuvre ces 40 dernières années et en particulier la vague néolibérale qui a déferlé sur la planète depuis le début des années 1980. Celle-ci correspondrait moins à un accomplissement du capitalisme dont la nature serait fondamentalement économique qu’à une transition vers une nouvelle forme de gouvernementalité. Elle fait de l’économie le moyen d’une transformation anthropologique dont l’enjeu est l’ « amélioration » de l’espèce humaine pour son adaptation à un environnement planétaire qui lui serait devenu hostile.

La pandémie covid-19 permet le basculement en force dans le gouvernement cyborg hybridé aux multinationales et GAFAM
Adaptation : l’Etat cyborg et les technologies numériques/génétiques veulent nous transformer en hybrides noyés dans les flux de données et d’échanges

Lippmann donne comme objectif au politique d’organiser à l’échelle de masse l’adaptation (forcée) de l’espèce humaine à la nouvelle condition imposée par la mondialisation des échanges : la condition planétaire. C’est pourquoi le néolibéralisme fait, à l’instar des ordolibéraux allemands analysés par Foucault8, appel à l’État. L’État, selon ces néolibéraux, doit intervenir dans le jeu de la reconstruction de l’espèce humaine. Mais cet État n’est plus celui incarné par une autorité transcendante qui, à l’image du Léviathan de Thomas Hobbes, fonde la société. A l’ère du néolibéralisme, l’action de l’État consiste essentiellement à poser un cadre normatif qui accompagne, induit et contrôle les transformations du corps social en temps réel en laissant aux entrepreneurs privés le soin d’appareiller cette transformation. Or cette transformation n’est plus seulement économique, sociale ou politique. Elle met en jeu une certaine conception du vivant.

S’organise ainsi une plasticité institutionnelle, économique et juridique (celle des hôpitaux-cliniques considérées comme des entreprises) sur fond d’une plasticité anthropologique : « Transforme-toi selon les normes en vigueur », « Prends-toi pour unité de production », « Gère ton capital santé », « Deviens auto-entrepreneur de ton propre corps », « Organise ton attention et tes désirs en fonction des vues sur les réseaux sociaux ». Il y aurait ainsi une culture institutionnelle de la biologie et une biologisation de la culture instituée, les corps intégrant des dispositifs technico-biologiques qui sont aussi des politiques de contrôle et de l’adaptation permanente.

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Le caractère systémique des technologies numériques nous transforme de facto en acteur-réseau (humain et non-humain n’étant plus distingués) dont l’ensemble des interactions (ou « l’agentivité ») pourront être retraduites en code et ainsi intégrées dans la bonne marche du système global. Nous ne sommes plus des sujets mais des agents actifs-passifs d’une plus-value qui en passe par notre corps, un système restreint à l’intérieur d’un hyper-système : la Terre pensée comme unité de production bio-technologique.

L’idée d’une programmation à même le vivant sous la forme d’un code (comme pour un logiciel) a pu trouver son aboutissement dans l’invention de la théorie du « programme génétique »14. Il devient possible de « séquencer » le vivant sous la forme d’algorithmes et d’en faire des données manipulables. C’est cette bio-informatique, couplant calcul algorithmique du vivant et organisme conçu comme système complexe de comportements en rétroaction, qui modélise les « comportements » du virus Covid-19 et qu’utilisent les experts en épidémiologie pour analyser en temps réel sa propagation à l’ensemble de la population humaine

la gouvernementalité anthropocénique mise en œuvre par la « société des experts » (Lippman) destitue le sujet moderne envisagé comme sujet conscient maître de ses décisions au profit d’un techno-organisme dont il s’agit d’adapter les comportements et de rendre productif

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Contrairement à l’anthropologie exclusive de la modernité qui repose sur le partage entre culture et nature, mettant en scène une Humanité consciente et maîtresse de ses actions face à une nature passive à dominer, la cybernétique définit une anthropologie intégrative qui incorpore les non humains dans un système de systèmes dont les composantes (des agents indifférenciés) sont en interaction continue. Si dans le cadre de l’anthropologie exclusive de la modernité, le libéralisme prônait le développement d’une économie qui devait accompagner et accomplir le progrès moral de l’humanité (l’idée de perfectibilité), dans le cadre de l’anthropologie intégrative, l’amélioration adaptative de l’espèce remplace la perfectibilité morale.

On n’est plus dans une politique de la décision (qui suppose un sujet) mais de l’adaptabilité qui repose essentiellement sur la capacité des sociétés humaines à prendre en considération les risques qu’elles encourent dans un environnement hostile, un milieu hybride post-social que nomme « l’événement anthropocène »

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Adaptation : l’Etat cyborg et les technologies numériques/génétiques veulent nous transformer en hybrides noyés dans les flux de données et d’échanges, des marchandises parmi d’autres marchandises

L’irruption de la Covid-19 et sa propagation fulgurante à l’échelle globale a mis au défi cette gestion adaptative et la nécessité de mettre en place des technologies de contrôle capables d’intégrer les « écarts » de la nature qui persistent à résister. Or l’usage des technologies ne fait pas de cette option une réponse simplement technique. Comme l’indique son étymologie (kubernetes : gouvernail), la cybernétique se veut dès le départ un projet de gouvernement dont l’exercice en passerait moins par une autorité supérieure extérieure au corps social que par une gestion technologique et réticulaire des systèmes vivants et non vivants (de la cellule à la Terre en passant par la famille, l’entreprise, la société) envisagés comme des ensembles de boucles de rétroaction.

C’est pourquoi la nouvelle gouvernance globale trouve moins à s’incarner dans la figure anthropomorphe d’un État Léviathan que dans celle d’un État hybride, un État Cyborg en lequel se mêlent indissociablement le vivant et le machinique, la souveraineté d’État et le pouvoir des multinationales (et particulièrement des GAFAM)

(...) État dont l’exercice repose essentiellement sur la mise en œuvre (forcée) de technologies de contrôle auto-régulées. Elle organise la gestion de milieux hybrides dans lesquels se mêlent indifféremment humains et non humains, vivants et non vivants

Ce qui est important à comprendre c’est le changement d’échelle politique que cela implique. Le gouvernement anthropocénique s’envisage à l’échelle planétaire et c’est de manière contingente (et pratique) qu’elle s’appuie sur des échelles nationales qui sont complètement vidées de leur substance.

Que s’agit-il de gérer à l’échelle globale ? Non pas des peuples ou des populations nationales, mais un corps global (planétaire) : celui d’une espèce humaine qui ne se dissocie plus d’une nature artificialisée, et qui doit donc apprendre à gérer tout ce qui de la nature (des corps) résiste à l’intégration.

Concernant les dispositifs externes, il y a généralisation du principe panoptique par la multiplication de salles de contrôle, de satellites, de caméras et de drones de surveillance, d’objets interconnectés, qui fondent la sphérologie matérielle de l’idéal-type d’une cyber-planète. Quant aux dispositions internes : il y a une généralisation de la plasticité des corps et de leur adaptibilité environnementale qui fonde une « agentivité » prescriptive (programme) et informée (consentement adaptatif). C’est sur ce point surtout que la gouvernementalité anthropocénique rencontre des résistances et doit mettre en œuvre des stratégies forçant à l’adaptabilité. Par exemple, en épuisant les populations qui résistent en multipliant les projets de réforme, en généralisant la situation de crise, ou en employant la stratégie du choc pour obliger l’adhésion psychologique à la soumission.

Le confinement a ainsi servi d’expérimentation à grande échelle à une restructuration profonde de l’espace public et des relations entre individus en organisant un passage en force de l’utilisation des technologies numériques instituées en vecteurs essentiels de l’organisation sociale et économique : télé-travail, télé-éducation, télé-médecine, télé-sport…, comme si toute activité humaine pouvait et devait dorénavant en passer essentiellement par internet, être traduite dans le langage du code numérique, préparant ainsi l’installation annoncée de la 5G dont l’objectif est de multiplier les connexions, l’intégration et l’interopérabilité des objets communicants jusqu’à transformer nos milieux de vie en systèmes automatisés. Des « smartcities » (villes dite « intelligentes ») au big data en passant par la téléchirurgie, le véhicule autonome et l’automatisation industrielle, la 5G inaugurerait un monde dans lequel les ordinateurs et périphériques pourraient communiquer entre eux.

Ainsi, la mise à l’arrêt de l’économie réelle, bien loin de mettre un frein à la circulation économique, en déplace le curseur faisant du numérique l’étalon et le vecteur principal de tout échange. Chaque corps et chacun de nos mouvements, réels ou virtuels (nos clics), sont instantanément traduits en monnaie vivante dans une économie qui ne fait plus de différence entre du blé, des biens, des bitcoins, du bétail et de l’humain. Il ne s’agit pas seulement de dire que la monnaie rend possible une équivalence générale des êtres, mais que les êtres eux-mêmes, en tant que vivants traduits en « codes », deviennent des monnaies d’échange. C’est ainsi que les États passent contrat avec les entreprises multinationales des technologies numériques (les GAFAM) avec lesquels ils se divisent le pouvoir. Les États donnent aux multinationales des droits d’accès aux données privées des individus « connectés » et en échange les multinationales apportent les outils de gestion et de transformation du corps global.

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Face à cette nouvelle forme de gouvernementalité, de nombreuses résistances se font jour et ne cessent de se multiplier. L’expérience même du confinement, en suspendant l’urgence généralisée, a non seulement permis certaines prises de conscience, a aussi donné lieu à des critiques des politiques gouvernementales et à des pratiques de solidarité, mais a surtout suscité des aspirations pour d’autres formes de vie. À travers ces résistances s’esquissent selon nous la possibilité d’envisager d’autres manières d’habiter la Terre dans laquelle la « nature » serait moins cette donnée imprévisible à intégrer que l’occasion de renouer avec notre condition d’être sensible et sentant. Au lieu d’une gestion généralisée des risques, il s’agirait de prendre le risque d’un décentrement de l’humain qui l’ouvre à d’autres formes de relations.

Remarques persos

De tout temps la culture humaine a pratiqué la parure du corps et les modifications corporelles : bijoux, vêtements, tatouages, piercings, nez, bouches ou oreilles déformés, coiffures, maquillages... Pour des raisons esthétiques, pratiques, ethniques, religieuses, pour différencier les mâles des femelles, pour la séduction, etc.

A l’époque moderne se sont ajoutées d’autres pratiques, massives, liées à la compétition sportive et économique, telles que le dopage des athlètes et des employés surbookés soumis à des rythmes infernaux.
L’industrie du vêtement, du luxe, de la cosmétique, de la forme, de la chirurgie esthétique fournit de nouvelles parures, mais aussi une infinie quantité de signes et d’objets pour différencier les classes sociales, les divers niveaux de riches et les divers niveaux de pauvres.
Dans la civilisation industrielle et son capitalisme, l’ancienne aptitude à exister par ses activités et ses relations est remplacée par des signes extérieurs de richesse, par la consommation et la mode industrielles.
Mais les humains restaient encore malgré tout à peu près des humains.

Le vide des êtres est maquillé, masqué par les attributs préfabriqués du monde marchand.
Le réseau « social » remplace la relation et la politique non représentée.
La quantité remplace la qualité (sauf pour les plus riches).
Le virtuel remplace le réel disloqué par les doubles contraintes.

Pour les multitudes d’humains anonymes, isolés, entassés et réduits à des rouages substituables de la mégamachine, il ne reste que le gadget, le look, l’objet possédé, la réification des autres animaux et des autres tout court, l’ostentation matérielle ou culturelle pour avoir l’impression d’exister, de vivre même.

Depuis l’avènement du néo-libéralisme et du technocapitalisme, on assiste donc à une mutation des dominations et des délires de puissance, le transhumanisme devient tendance.

Il ne s’agit plus du rêve de devenir des dieux, des sages, par la pureté de l’âme et l’exemplarité, mais plutôt du cauchemar des êtres cyborgs sans conscience, des « winners » branchés qui ont perdu toute humanité.
La culture magnifie et valorise les cyborgs, les robots, les humanoïdes, les androïdes, même si parfois des fictions dystopiques (Terminator, Matrix, Minority Report, 1984, Le meilleur des mondes, Fahrenheit 451...) dénoncent ces perspectives et les horreurs afférentes.
Les films, BD, jeux vidéos habituent à notre devenir cyborg, ils transforment déjà notre imaginaire avant que la technique ne puisse les réaliser de manière effective.
Qui influence qui ? Les fantasmes des masses qui initient les projets cyber en cours ou les technocapitalistes qui manipulent les masses ?

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Adaptation : l’Etat cyborg et les technologies numériques/génétiques veulent nous transformer en hybrides noyés dans les flux de données et d’échanges, optimisés dans notre nouveau biotope, la smart cities

A présent se dessine bien autre chose que les anciennes parures et modifications individuelles localisées, à présent les modifications sont forcées d’en haut par la mégamachine de la civilisation industrielle, le monstre Etat/Capitalisme.
Consciemment ou pas, elles démolissent l’humain en l’adaptant au monde planétaire absurde et totalitaire fabriqué par la mégamachine.

On n’est plus du tout dans des modifications superficielles, ludiques ou culturelles, mais dans une transmutation fondamentale et délétère du corps, de l’esprit, des relations sociales, des relations politiques, du rapport au monde naturel en nous et en dehors de nous.

Ces transmutations cybernétiques ne visent bien sûr pas seulement les humains, mais l’ensemble de la planète et de ce qui s’y trouve : animaux, plantes, sols, air, minéraux, eau, nuages..., même l’espace est constellé de satellites communiquants.
Il ne s’agit plus de différencier des individus et des groupes pour souligner l’être, mais d’uniformiser des troupeaux en valorisant l’avoir et en remplissant d’ersatz le
vide du paraître.

Au final, les humains ne « vaudraient » pas plus qu’un peta octet de cloud, un paquet de données évanescent, un robot ou un programme, ils ne seraient plus qu’un des éléments parmi d’autres d’un grand machin cybernétique. Comme les robots et les ordinateurs, les humains et les autres vivants généreraient du code (des big data) et seraient gérés par du code.
Ce code serait collecté par des machines, traité par des ordinateurs et IA, et exécuté par des machines : les flics en tout genre, les drones, les robots, les applis, les caméras, les pass programmables, les droits d’accès par reconnaissance logicielle, le « monitoring » permanent du corps bardé de capteurs...

Au delà des mondes virtuels en 3D où on « s’immerge » temporairement, il s’agit de virtualiser la réalité, de l’uploader dans les serveurs, ou, plus exactement de « l’optimiser » via le « big data », les algorythmes et les logiciels dits intelligents.
Les humains sont alors sommés de s’adapter à ce cocon cybernétique en devenant des cyborgs.
Seules des machines peuvent parler aux machines. On se parle(ra) entre machines via des machines communiquantes.

Il ne s’agit plus tellement de détruire les mondes naturels pour remplacer des services gratuits vivants, communs et libres par des biens industriels payants et morts soumis aux brevets des multinationales, mais de soumettre et conformer les mondes naturels aux rythmes, aux désirs et aux intérêts des machines, de la mégamachine cybernétique, du numérique et de sa logique désincarné, le tout bénéficiant aux profits et aux délires de puissance des riches servants (déjà hors sol, voir macron et sa bande) du monde cyborg.
La quantification des « services écosystémiques », les marchés du carbone, la mesure du coût économique d’une destruction d’espèce et de milieu naturel participent déjà de cette logique comptable moulinée aux données.

Il n’y a aucunement besoin de théorie du complot mondial, de l’existence de plans machiavéliques des dirigeants des GAFAM, pour que cette cybernétique avance ses pions, ça se fait tout seul, la logique profonde de la civilisation industrielle se déroule, tout simplement.
Ca n’empêche pas bien sûr que certains magnats du numérique et leurs alliés ourdissent réellement quelques manipulations pour parvenir à leurs fins...

La pandémie covid-19 accélère le basculement en force dans le gouvernement cyborg hybridé aux multinationales et GAFAM
Hybridation des humains avec la cybernétique pour adaptation de force à la virtualisation de la planète

Le flic obéissant est le modèle brouillon et imparfait du cyborg

Dans ce cadre cybernétique, on sera encore plus dépossédé de tout pouvoir, de toute prise sur nos vies et nos moyens d’existences. Qui pourra, osera, encore contester la logique implacable, incorruptible et infaillible d’une machine intelligente, d’un expert spécialiste informé par des giga-tonnes de données transposées dans des graphiques savants qui font autorité ?

Qui pourra encore couper le cordon de la machine quand le monde cybernétique aura l’intégralité de nos vies en main de silicium via ses codes et ses chaines de distribution Amazon robotisées ?
Pour les êtres cyborgs que nous seront peut-être devenus, que nous sommes déjà en partie, il n’y aura plus de pillules bleue ou rouge à choisir comme dans le film Matrix. Un être cyborg ne choisit pas, n’a pas de liberté ni de conscience, il obéit au code, il suit le signal, il réagit aux stimulis machiniques, il exécute le programme sans rechigner, il fait « corps » avec la machine, il est une partie (négligeable) de la matrice.

Le policier, gendarme ou CRS obéissant est le modèle brouillon et imparfait du cyborg
Heureusement, même si le technocapitalisme totalitaire ne s’effondre pas rapidement, ce monde cyborg délirant ne pourra pas totalement se réaliser, tout simplement parce que, par définition, les humains ne sont pas des machines.
Mais la mégamachine fera tout pour aller le plus loin possible dans cette direction.

D’ailleurs, pourquoi un cyborg se révolterait-il ? Pour quelle raison ? Pour quoi faire ?
La machine lui apportant tout ce dont il rêve et tout ce dont il a besoin, la machine créant ses rêves et ses besoins personnalisés, il ne pourra rien désirer d’autre qu’être la chose qu’il est. Un cyborg ne peut pas se révolter contre son propre « corps », il ne peut que souhaiter l’optimiser davantage grâce à de nouvelles applis, de nouvelles pillules, de nouveaux codes informatiques ou génétiques, de nouvelles prothèses numériques intégrées.

Ainsi, dans le monde cyborg, le rêve de certains sera réalisé complètement : être délivré du poids de vivre, du poids de la conscience, du poids de la liberté et de la condition humaine, de l’angoisse de la mort et des mystères insondables de l’univers.
Pour éviter de bugger, la machine ne se posera des questions que si elle a des réponses.
Les anciennes religions déistes seront obsolètes face à la religion technocapitaliste mondialisée et ses promesses de douce éternité ludique.
Même la religion de l’argent sera remplacée par le culte du cyborg, de la félicité de se perdre dans les réseaux rassurants et familiers de la mégamachine.

Sortir de la matrice technocapitaliste avant de devenir cyborg et englué jusqu’à l’os à son code ?

Même les bugs et pannes du système ne parviendront sans doute pas à créer des brèches propice à une révolte. Comme des drogués très accrocs, nous ne penseront qu’à retrouver notre dope, à nous reconnecter, à nous remettre en ligne.
La réalité sera tellement moche, elle nous apparaîtra tellement horrible, violente, incompréhensible et lointaine qu’on ne désirera que retourner dans le monde virtuel devenu notre seul cocon naturel, doux, rassurant, chatoyant.
Comme dans le film Soleil Vert, les nostalgiques pourront encore visionner de magnifiques vidéos 6K des mondes naturels passés qui auront été détruits ou absorbés par la Machine.

On observe déjà qu’un pur natif de mégalopole se retrouve complètement perdu, stressé, terrifié dans une campagne désertifiée ou une forêt non répertoriée. Les animaux des bois qu’il n’a connu de loin que dans des docus distractifs, des livres illustrés ou des zoos lui apparaissent comme des extra-terrestres menaçants et obscurs.
Contrairement à nous qui avons connu des ancêtres paysans et une vie libre dans la nature, il n’a connu que les bouchons des périphériques et les files pour le dernier iphone, pour lui la bouffe sort des usines (ça viendra pour de bon pour tout) et des supermarchés, pas de la terre dégeulasse qui colle aux Nike. Les parcs à thème des grandes surfaces sont beaucoup plus sympas.
Son monde, ce qui le rassure, c’est le mobile et ses sons colorés, le boucan des bagnoles, le fumet des industries, le béton et le verre fumé.
Les odeurs de fumier, les ronces, les cris de bestioles volantes non identifiées, c’est l’horreur pour l’urbain de base. Y a rien qui se passe, ça ne bouge pas, il se fait chier comme un rat mort dans une nature « préservée ».
Tandis que dans les bars à jeu, les boites de nuit, les centres commerciaux géants, les Center Parcs et leurs piscines bordées d’arbres à eau en plastique, les jeux en ligne, les magasins en ligne, c’est l’éclate, c’est le stimuli permanent, c’est la vie.
Pour les plus riches, la nature est un joli spectacle, un joli cadre pour faire du sport hors de la salle, un hobby comme un autre, un luxe pour leurs distractions qu’ils vont rechercher en avion à l’autre bout du monde là où leur mode de vie n’a pas encore tout transformé en déserts. Le riche intelligent sait qu’il a encore besoin des écosystèmes, alors il bouffe bio et achète une caisse électrique, et même il soutient les énergies renouvelables et la gestion numérique pour optimiser les « smart cities » où il espère s’épanouir loin du commun. Le riche croit que la cybernétique est le moyen de « sauver » le climat tout en préservant le système qui lui sert un si douillet mode de vie.

Dans le monde cyborg, il ne pourra pas y avoir de putsch des machines contre l’humanité comme dans Terminator, car les machines auront tout envahi, car nous seront devenus des sortes de machines, nous seront immergés en elles. Les machines seront notre eau, notre air, notre sang, notre source de « vie »et de « nourritures ».

- Comme pour les catastrophes climatiques/sociales/écologiques en cours, c’est maintenant qu’il conviendrait de se révolter pour de bon contre ce monde cybernétique qui, entre autre, justifiera son avènement par la gestion des désastres produits par la civilisation industrielle.
Plus on attend plus ce sera difficile et plus les désastres auront progressé.

Annexes

En France, de plus en plus vite, le système policier autoritaire, la technopolice, se rapproche de la dictature chinoise.
Regardez, le documentaire de Arte à voir absolument, « Tous surveillés - 7 milliards de suspects » :

Tous surveillés - 7 milliards de suspects. Documentaire choc !
par [iPhilGood->https://www.youtube.com/user/fifieuskadi]
https://www.youtube.com/watch?v=s65_heahVXE

- Voir aussi par curiosité la conclusion intéressante de cette thèse sur les films de science-fiction et leurs descriptions ambivalentes des rapports humains/technologies (page 653), elle s’intitule L’Utopisme technologique dans la science-fictionhollywoodienne, 1982-2010 : transhumanisme, posthumanité et le rêve de ”l’homme-machine” (l’introduction semble aussi intéressante)
Au final, ces films espèrent quasi tous l’avènement d’une technologie maîtrisée par en bas par les humains. C’est une jolie utopie que les idolâtres du technocapitaliste aiment mettre en avant pour se rassurer et mieux faire passer la pillule, mais la mégamachine de la civilisation industrielle ne permet pas se genre de rêve.
D’autant que la nature même de ses technologies (leurs besoins en énergies, centralisation, systèmes complexes de fabrication...), comme le disaient déjà d’anciens écologistes, impose fatalement un type de société cyborg totalitaire, surtout dans un monde où règne le monstre hybride Etat/capitalisme. Un tel monstre ne permet pas la maîtrise individuelle, l’autonomie, mais tend au contraire à faire grossir des dispositifs technocratiques à grande échelle qui servent leurs intérêts où l’individu n’a pas de pouvoir.


Forum de l’article

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  • La pandémie covid-19 accélère le basculement en force dans le gouvernement cyborg hybridé aux multinationales et GAFAM Le 2 novembre 2020 à 15:49, par Camille Pierrette

    De la démocratie néo-libérale au fascisme.

    "La peur est mauvaise conseillère, mais elle fait apparaître de nombreux éléments qu’on pouvait faire semblant de ne pas voir. Le premier élément que la vague de panique qui a paralysé notre pays montre avec évidence, c’est que notre société ne croit plus en rien sinon à la vie nue. Il est clair maintenant que les Italiens sont disposés à tout sacrifier ou presque : leurs conditions normales de vie, leurs rapports sociaux, leur travail et jusqu’à leurs amitiés, leurs affections ainsi que leurs convictions religieuses et politiques pour ne pas tomber malade. La vie nue – et la peur de la perdre – n’est pas quelque chose qui unit les hommes, mais qui les aveugle et les sépare. Comme dans la peste décrite dans « Les Fiancés », le roman de Manzoni, les autres êtres humains apparaissent seulement comme des pestiférés (Manzoni recourt au terme untore), qu’il faut éviter à tout prix, et qu’il faut tenir à au moins un mètre de distance.

    Les morts – nos morts – n’ont pas eu le droit à des funérailles ... Que peuvent bien devenir les rapports humains dans un pays qui s’est habitué à vivre de cette manière pour une période dont on ne sait pas très bien combien de temps elle va durer ? Et qu’est donc une SOCIETE QUI NE RECONNAIT PAS D’AUTRE VALEUR QUE LA SURVIE ?
    L’autre élément, qui n’est pas moins inquiétant que le premier et que l’épidémie fait apparaître en toute clarté, c’est que l’état d’exception, auquel les gouvernements nous ont depuis longtemps habitués, est désormais la condition normale. Il y a eu par le passé des épidémies plus graves, mais personne n’avait jamais imaginé déclarer pour autant un état d’urgence comme celui-ci qui nous interdit tout, et même de nous déplacer.

    Les hommes se sont si bien habitués à vivre dans une condition de crise pérenne et de pérenne urgence qu’ils ne SEMBLENT PAS MEME SE RENDRE COMPTE QUE LEUR VIE A ETE REDUITE A UNE CONDITION PUREMENT BIOLOGIQUE ET QUELLE A PERDU TOUTE DIMENSION sociale et politique et même TOUTE DIMENSION HUMAINE ET AFFECTIVE. Une société qui vit dans un état d’urgence pérenne ne peut être une société libre. Et, de fait, nous vivons dans une société qui a sacrifié la liberté aux supposées « raisons de sécurité » et qui, pour cette raison même, s’est condamnée elle-même à vivre dans un état de peur et d’insécurité pérennes.

    Il n’est pas étonnant qu’on évoque la guerre à propos de ce virus. Les mesures d’urgence nous obligent en effet à vivre dans des conditions de couvre-feu. Mais une guerre livrée contre un ennemi invisible qui peut se loger dans le corps de chaque homme n’est-elle pas la plus absurde des guerres ? Il s’agit en vérité, d’une guerre civile. L’ennemi n’est pas à l’extérieur de nous. Il est à l’intérieur de chacun de nous.

    Ce qui inquiète, alors, ce n’est pas tant, ou pas seulement le présent, mais c’est ce qui va venir après. Ainsi, tout comme les guerres ont laissé en héritage à la paix une série de technologies néfastes, des fils barbelés aux centrales nucléaires, de la même manière il y a fort à parier que l’on tentera de poursuivre après l’urgence sanitaire les expérimentations que les gouvernements n’avaient pas réussi jusqu’ici à mener à bien : fermer les universités et les écoles et faire des leçons par internet, arrêter une bonne fois pour toutes de se réunir et de parler ensemble d’arguments politiques ou culturels, se contenter d’échanger des messages digitaux, et partout où c’est possible, faire en sorte que les machines remplacent enfin tout contact – toute contagion – entre les êtres humains."

    Giorgio Agamben, philosophe italien

    Répondre à ce message

  • La pandémie covid-19 accélère le basculement en force dans le gouvernement cyborg hybridé aux multinationales et GAFAM Le 1er novembre 2020 à 19:35, par Camille Pierrette

    - Application de ces perspectives à l’élevage industriel :
    "L’élevage est vu comme un ensemble à placer en sûreté, hors de la nature. Les animaux doivent rester intacts, non intégrés à leur milieu mais intégrés aux chaînes d’approvisionnement de l’agro-industrie, dans une bulle créée par l’humain. Tout ce qui n’est pas industriel est perçu comme une menace.

    Évidemment, c’est dérangeant. Les élevages industriels — avec leurs cages bondées et la promiscuité ambiante — sont propices aux maladies infectieuses, donc cette théorie pourrait s’avérer catastrophique et les épidémies s’accélérer. Après la croyance en un développement universel et sans limite sur toute la planète, nous assistons actuellement à l’émergence d’un nouveau mythe occidental : celui d’une biosécurité qui nous protégerait des zoonoses instituées par l’élevage industriel. Il opère aujourd’hui dans la plus grande discrétion. Avec le plus noble des laisser-passer : nous protéger.

    La biosécurité est devenue un acteur de l’Histoire. Avec son régime de confinement pour tous les animaux, ses normes de taille, ses exigences agro-exportatrices, elle impose des comportements. En France, elle est devenue obligatoire à partir de 2016. Au nom de la sécurité, on n’a jamais autant élargi le règne de la marchandise. Et le danger sanitaire."

    - Article complet sur : Peste porcine, grippe aviaire… L’élevage industriel, source d’explosions épidémiques - Peste porcine, fièvre catarrhale ovine, grippe aviaire... Pourquoi une telle flambée des épidémies animales ? C’est que l’élevage industriel, avec ses fermes-usines, produit en série des animaux aux systèmes immunitaires fragiles. La réponse générale ? La « biosécurité », qui est une fuite en avant industrielle, explique l’autrice de cette tribune. Elle publie un livre sur ce thème dans la collection Reporterre-Seuil.

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