En Occident, à part dans quelques cercles d’extrême gauche, Vladimir Poutine n’a généralement pas bonne presse. Le récent incident naval sur les côtes d’Afrique n’est pas nature à rehausser le lustre du président russe. Faut-il voir, derrière la récente illumination radar, près des côtes libyennes, d’une vedette de la marine nationale française par une frégate turque, en préparation d’un tir de missile, la main du Kremlin ?
Certains experts militaires en doutent, considérant l’état de la marine russe, incapable le cas échéant de tenir tête à la cinquième flotte US croisant constamment en méditerranée. D’autres s’interrogent : l’armée russe est-elle aussi obsolète qu’on le croit ? On a bien sûr en tête les cimetières marins des mers blanches ou d’Okhotsk où achèvent de périr les sous-marins nucléaires réformés de l’ère soviétique. Ou encore le spectacle lugubre des coques des vaisseaux désarmés achevant de rouiller dans les ports de Sibérie.
La bête rouge, selon d’autres analystes, a bon dos. Quelques épaves justifient-t-elles l’opprobre jeté sur les forces navales de l’ex-Union soviétique ? Que scelle ce mépris envers ces vieilles coques ? Suprémacisme occidental, ou anti-communisme revanchard : est-il bien rationnel de flétrir la flotte russe ? Tout le mal vient-il donc de Moscou ? La chute de l’URSS en 1991 aurait-elle marqué le déchaînement du pandémonium qui ébranle le monde ? Serait-il plus sage de faire la part du réalisme et de convenir d’un accord au navire russe ?