La lutte en chantier
Wesh, nous avions besoin de nous exprimer, cette fois-ci, nous avons choisi l’encre de ricochets pour lancer notre pavé !
Suite à la sur-militarisation des montagnes franco-italienne, chaque semaine des dizaines de personnes se retrouvent forcées à abandonner tous repères pour braver la haute frontière du col de l’Échelle.
Comme si ces chemins escarpés, enneigés et glissants ne suffisaient pas, l’Etat continue d’organiser des chasses à l’homme, repousse violemment et illégalement aux frontières, retranche ces personnes au bord des précipices. Dublinages, mensonges, matraquages... sont monnaies courantes pour ces aventuriers !
Dans un contexte politique sécuritaire et répressif, des initiatives d’accueils de personnes exilées fleurissent, notamment entre Briançon et la Vallée de la Drôme. C’est le cas de la Maison d’Elisa, ce chantier participatif, à Vercheny, liée à l’Association Voies Libres Drôme, qui a permis à 200 personnes de s’investir au futur accueil de 15 à 20 personnes de manière ponctuelle ou pérenne.
L’urgence, est à double tranchant. Elle est mobilisatrice et conscientisante, permettant de nous rassembler nombreuses autour de valeurs et d’actions concrètes. Or, elle reste oppressante, nous obligeant aveuglément à une fuite en avant. Pensons à celle et ceux qui viscéralement s’engagent face à l’urgence énergivore comme premières vertèbres de ce corps militant.
Le chantier de la Maison d’Elisa vient à sa façon couper court à cette course effrénée. Les travaux demandent du temps, quelques mois paraissant long face à l’urgence, mais assurément solidifiant pour notre organisation.
Ce chantier de cinq mois est une véritable aubaine. Celle de prendre le temps de la rencontre, d’un vécu commun. Celle de laisser place au partage de savoirs et de compétences diverses. Celle d’expérimenter une auto-organisation humble et à l’écoute de chacune. Celle de franchir la porte d’un engagement militant, démystifiant la dureté des luttes. Celle, qui joyeuse, donne l’occasion d’agir ensemble. Apprécions le temps de répondre à l’urgence !
Pour finir, ne sentons-nous pas, ici et maintenant, les failles d’un système tout sécuritaire qui nourrit par sa décadence la nécessité d’auto-organiser nos vies et nos solidarités ? La Maison d’Elisa s’élance et vivra dans cette vocation là. Où leurs balbutiements autoritaires seraient les barbelés et notre imagination les tenailles.
Plus l’État sera mortifère et violent et plus nous seront déterminés et vivants !