LREM / Le Pen : brun bonnet et bonnet brun

Extrême libéralisme et extrême droite se ressemblent, et s’assemblent

vendredi 12 février 2021, par Auteurs divers.

Suite au faux débat (il n’y pas de débat quand les protagonistes sont d’accord) de Darmanin et Le Pen, on perçoit mieux la similitude entre le capitalisme extrême du macronisme et l’extrême droite lepéniste :

DARMANIN - LE PEN : BRUN BONNET ET BONNET BRUN

Hier soir, France 2 organisait un débat entre le ministre de l’intérieur et la candidate du Rassemblement National. Depuis, le tout Twitter s’offusque : ils étaient d’accord sur de nombreux points (cracher sur les musulmans essentiellement) et le ton était cordial. Il faut vraiment avoir dit « faites ce que vous voulez mais votez Macron » en 2017 pour être surpris ! Voici ce que nous disions de ce faux clivage il y a un an :

" Face à tous ces constats, accablants et qui apparaissent mêmes aux yeux des journalistes les plus bourgeois, pardons, « neutres », le système n’a plus qu’un seul mode de défense, qui se résume en une phrase, mainte fois entendu et sensée mettre fin à nos inquiétudes démocratiques : « Oui, mais on aurait eu Le Pen, ça aurait été pire ».

Et son corollaire « Si on a Le Pen, alors ça sera vraiment terrible ». Sous-entendu : du coup, il va falloir se retaper ad vitam eternam des Macrons de tout type et de toute taille, pour contenir la bête immonde. C’est en substance ce que nous dit le chroniqueur Claude Askolovitch, auteur d’une revue de presse dans la première matinale radio de France. Face à un énième fait de violence décomplexée de policiers, à Bordeaux, il a eu la considération suivante, si représentative de la pensée bourgeoise culturelle qui monopolise nos médias : « De quoi seraient capables ces policiers sous un pouvoir moins modéré ou un régime moins démocratique que le nôtre ? Sans faire d’amalgames, ces images répétées donne l’idée d’une bascule possible, si les circonstances politiques changeaient ».

Déjà, premier étonnement, on aurait un pouvoir « modéré ». Modéré le pouvoir qui a fait reculer le droit du travail de 40 ans dans ses ordonnances prises en 2017, qui s’apprête à ramener notre système de retraite à l’avant-guerre, qui a instauré un délai de carence pour que les étrangers puissent disposer de la prise en charge de leur soin (pour éviter le « tourisme sanitaire »), ou qui a réduit drastiquement les droits et l’indemnisation des chômeurs (pour éviter les « vacances au Bahamas »), au point de provoquer une augmentation du taux de pauvreté ?

Ensuite, Askolovitch entretient l’idée que ce n’est pas déjà l’horreur policière. Que l’arbitraire ne règne pas déjà. Que les preuves contre la police ne s’égarent pas déjà “par hasard”. Que la censure des œuvres d’art qui parlent de victimes de la police n’a déjà pas lieu. Que des jeunes hommes noirs ou arabes peuvent déjà être tués lors d’interpellations violentes sans que cela n’aboutisse jamais à quoi que ce soit de sérieux et de dissuasif pour les prochaines. Ce qu’il veut nous dire, c’est qu’actuellement, sous Macron, « c’est la démocratie ». Mais si jamais Le Pen passe, ce sera « pas la démocratie » et alors là, il faudra vraiment s’inquiéter.

C’est ça, la vision bourgeoise de notre époque, qui règne sur nos écrans et dans nos journaux parce que ces derniers sont monopolisés par des bourgeois : ils n’évaluent pas la politique en fonction de la réalité qu’elle produit mais en fonction des symboles qu’elle porte. Comme les bourgeois ne subissent jamais les conséquences de la politique (parce qu’ils sont souvent au dessus des lois et parce que ces lois leur sont favorables) ils n’ont qu’une conception morale et théorique de la politique. Comme le dit bien l’écrivain Edouard Louis, pour eux la politique c’est un débat d’idée, une question d’opinion. Pour les classes laborieuses, la politique c’est une réalité que l’on vit, et, depuis plusieurs décennies (en gros, depuis qu’il n’y a plus d’ouvriers et d’employées dans la classe politique), que l’on subit. (...)

La réalité de notre pays, après deux ans de macronisme, est donc bien la suivante : celles et ceux qui, durant l’entre-deux tours, ont refusé le chantage au « barrage », avaient raison. L’extrème-libéralisme et l’extrème-droite n’ont pas le même style, mais leurs politiques ont les mêmes effets : les dominants sont confortés, à tous niveaux. Les pauvres sont accablés et marginalisés. Les étrangers et les minorités, parce que plus exposés à l’injustice économique et sociale, sont toujours les premières victimes. La police, confortée et protégée, se donne à cœur joie à ses pulsions et ses rancœurs. Les bourgeois, à de rares exceptions, se taisent et approuvent en silence. Ceux qui luttent en chient, parfois en meurent

Alors non, ça ne serait pas du tout « pire » si nous avions Le Pen plutôt que Macron, ce serait à peine différent. Vous les lâches, vous les indifférents, vous les satisfaits : sachez que cette excuse ne tient plus. Et nous autres, décomplexons-nous : n’ayons plus peur de “faire le jeu du FN” en ne nous alignant pas. Et n’attendons pas le pire pour agir : il est déjà là."

(Post de Frustration Magazine)
- Voir aussi Non, Macron n’est pas « moins pire » que ne le serait Le Pen

LREM et Le Pen : brun bonnet et bonnet brun
Extrême libéralisme et extrême droite se ressemblent, et s’assemblent

LE FAUXBAT DARMANIN LEPEN

Le débat d’hier fût un bon indicateur de la dynamique neofasciste en France selon le sociologue Ugo palheta. Un débat faussement vrai ou vraiment faux. Vraiment faux car les deux interlocuteurs sont d’accord. Faussement vrai car le débat n’interesse pas les classes populaires qui se prennent dans la tête les licenciements de masses, les dégradations de services publics, notamment de santé Voir moins

(post et Vidéo sur Cerveaux non disponibles)

EXTRÊME DROITE ET DROITE EXTRÊME : FUSION EN DIRECT SUR FRANCE 2.

Il est 21h10 ce jeudi 11 février, quand arrive sur le plateau de « vous avez la parole » le ministre de l’intérieur Gérald Darmanin.
Après une courte interview posant les questions fâcheuses des violences policières et des accusations de viols à l’encontre du Ministre, qui bien entendu, s’est amusé à slalomer pour éviter de répondre, c’est une véritable tribune qui a été donnée à Gérald Darmanin et Marine Le Pen pour leur grand débat autour du séparatisme.
La droite extrême au pouvoir était face à l’extrême droite en quête de pouvoir. Un "Faf à Faf" gerbant mais Ô combien représentatif de la minable situation politique actuelle. Le débat s’est évidemment et volontairement cristallisé autour du voile, de l’immigration et de l’Islam.

Deux blancs bourgeois (bien que Darmanin aime rappeler qu’il est issue d’une famille modeste des banlieues minières) ont passé plus d’une heure à exprimer ce qu’ils voulaient autoriser comme vêtements, et ce qu’ils voulaient faire pour l’immigration. En d’autres termes, comment ils voulaient contrôler les corps. Comment les corps s’habillent, comment les corps se déplacent. Ce qu’ils ont le droit de porter, où ils ont le droit d’aller.

À l’exception des représentants des cultes, à qui 2 minutes ont été accordées, jamais nous n’avons vu les personnes concernées : une femme voilée ou un exilé, s’exprimer dans ce débat où pourtant deux blancs bourgeois d’extrême droite s’amusaient à débattre sur leurs vies et leurs droits. Dans l’émission "Vous avez la parole" personne n’eu la parole à part deux membres de l’extrême droite.
Lepen et Darmanin ont littéralement fusionné : l’une voulant paraître consensuelle, l’autre voulant paraître dur. Ils se sont retrouvés sur une même ligne politique brune.
Darmanin est sans doute celui qui a le mieux géré le debat, occupant le terrain historique de l’extrême droite, agrémentant ses arguments de punchline pour faire croire à un semblant d’opposition.
Il a tenté de repousser Marine Le Pen dans ses retranchements idéologiques en abordant le sujet du grand remplacement, mais au final c’est bien une fusion que nous avons observé.

Marine Le Pen a brandi le livre islamophobe du ministre de l’Intérieur sur l’Islam en claironnant : « Ce livre, j’aurais pu le signer ». Plus tard, Darmanin osait : « Vous êtes plus molle que nous pouvons l’être ». Le présentateur Thomas Sotto, clairvoyant sur ce coup déclare même « on a le sentiment que vous dites et que vous pensez la même chose sur ces sujets ». Marine Le Pen s’est même payé le luxe de qualifier le gouvernement de « liberticide » tellement il va loin dans la destruction des libertés et l’Etat policier. Vertigineux.
Les présentateurs en étaient fiers : un an avant 2022, c’est le retour des "Grands débats politiques" et tout le monde voit à quoi on nous prépare : un duel Macron - Le Pen.

Pourquoi pas même une alliance ?
Les échanges cordiaux d’hier soir ne font pas de doute, les deux camps n’en sont qu’un. L’un permet à l’autre de se maintenir au pouvoir. Mais le résultat est le même : l’extrême droite est au pouvoir, et compte bien s’y maintenir, sur fond de Régime d’exception. Un climat néo-fasciste s’enracine en France, souhaité par les hautes sphères politiques et médiatiques. Il est urgent et vital de développer des médias indépendants puissants et des groupes prêts à s’opposer à l’obscurité qui avance.

(post de Cerveaux non disponibles)
Inspiré du texte de Nantes révoltée

📺 À LA TÉLÉVISION, L’EXTRÊME DROITE FACE À L’EXTRÊME DROITE

➡️Hier soir, à une heure de grande écoute, une chaine de service public a offert une longue tribune à Gérald Darmanin et Marine Le Pen, un ministre de l’Intérieur anciennement proche d’un groupe pétainiste et l’héritière un parti néo-fasciste. L’extrême droite avec l’extrême droite. En pleine crise sociale et sanitaire, ces deux personnes ont pu échanger sur leurs obsessions communes : les femmes voilées, le droit du sang, les quartiers populaires.

➡️Toutes les « digues » et les « barrages », même purement rhétoriques, ont disparu depuis longtemps. Marine Le Pen a brandi le livre islamophobe du ministre de l’Intérieur sur l’Islam en claironnant : « Ce livre, j’aurais pu le signer ». Plus tard, Darmanin osait même : « Vous êtes plus molle que nous pouvons l’être ». Marine Le Pen s’est même payé le luxe de qualifier le gouvernement de « liberticide » tellement il va loin dans la destruction des libertés et l’Etat policier. Vertigineux.

➡️En fait de débat, il s’agissait d’un échange d’amabilités et de vues partagées, avec des sourires et des politesses, avec des « mais moi ça me va très bien, Monsieur Darmanin » ou des « on peut être d’accord, Madame Le Pen ». Absolument tout est fait pour imposer un duel entre ces deux forces d’extrême droite en 2022. C’est écrit, annoncé, voulu par le gouvernement. Le ministre a d’ailleurs longuement installé cette idée en conseillant Le Pen : « si vous êtes présidente de la République » ou « il faut travailler pour le prochain débat présidentiel ». Après le débat, un commentateur médiatique en rajoutait : « la patronne du RN a fait de redoutables progrès depuis 2017. Sa présidentialisation est spectaculaire ». Pendant ce temps, Macron impose en pleine crise sociale des débats sur les musulmans, la polygamie ou les piscines ...

➡️Amabilités, échange de conseils, Darmanin qui se revendique plus « dur » que Le Pen. L’extrême droite est au pouvoir, et compte bien s’y maintenir, sur fond de Régime d’exception. Un climat néo-fasciste s’enracine en France, souhaité par les hautes sphères politiques et médiatiques. Il est urgent et vital de développer des médias indépendants puissants et des groupes prêts à s’opposer à l’obscurité qui avance.

(post et visuel de Nantes Révoltée)

La France est bien mure pour le fascisme

Il y a moins de 20 ans, notre société était indigné que le FN arrive au second tour d’une élection et Karl Zéro avait quitté son propre plateau TV lorsqu’il avait été forcé de recevoir JM Le Pen.
Aujourd’hui on organise en prime-time sur une chaîne de service public un débat entre Le Pen et un ministre de l’intérieur qui lui reproche de ne pas être assez radicale.
La France est bien mure pour le fascisme.

(post de Laurent Dp)


Forum de l’article

  • LREM / Le Pen : brun bonnet et bonnet brun Le 28 février 2021 à 20:17, par Camille Pierrette

    en 2022, en cas de 2d tour Macron/Le Pen, moi aussi je ne voterai pas.

    ⚠️QUEL BARRAGE ⁉️ Depuis deux jours, la classe politique se scandalise de déclarations de citoyens dans Libération qui affirment qu’ils ne voteront pas Macron en cas de 2d tour face à Le Pen... On se demande sur quelle planète ces politiques vivent pour s’étonner d’un tel choix. Macron n’a jamais fait barrage à l’extrême droite, il lui a construit un boulevard. Pire, il lui donne des outils législatifs d’un état dors et déjà autoritaire et qui n’attend plus que le fascisme pour se déployer totalement. Faire barrage au fascisme c’est donc s’opposer frontalement à Le Pen tout autant qu’à Macron et son monde. Montage Istaruss Voir moins

    (post de Cerveaux non Disponibles + VIDEO)

    En 2017, je m’étais forcé à voter Macron au 2d tour pour être sûr d’éviter Le Pen, si en 2022 la même situation se représente, je ne risque pas de recommancer, ce sera abstention.

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