Et si, après des théâtres et des lieux culturels, étudiants et lycéens se mettaient partout à occuper leurs bâtiments et à auto-gérer leur vie au lieu de continuer à subir l’institution et à se battre entre eux pour des jobs au sein de cette désastreuse civilisation industrielle ?
A Paris, une école est occupée et autogérée :
De futurs ingénieurs bloquent leur école et découvrent l’autogestion politique
Depuis deux semaines, des étudiants ingénieurs agronomes occupent un domaine public de 300 hectares qui menace d’être bétonnisé. L’occasion pour eux de découvrir l’auto-organisation et la démocratie directe. Reportage.
(...) « C’est une lutte locale qui s’inscrit dans une lutte globale, résume Juliette, étudiante de 21 ans. Nous nous battons contre l’artificialisation des terres et pour la préservation de la biodiversité, du patrimoine et d’une recherche scientifique de qualité. »
(...) Devant l’amphi où se tiennent normalement les cours magistraux, de grandes tables sont disposées. Des étudiants volontaires épluchent des légumes dans une cuisine improvisée. Suite à l’occupation du site, le restaurant universitaire (RU) a fermé. Les étudiants ont dû s’organiser pour mettre en place un système de restauration collective alternatif. Pour conserver l’accès à des repas à un euro mis en place à la rentrée de septembre 2020 par le RU, les repas sont à prix libre via une cagnotte commune. « Nous avons créé une mini-société dans laquelle nous avons construit nous-même les règles et nous nous débrouillons très bien », s’enthousiasme Juliette.
(...) Gouvernance, communication, cuisine, gestion des déchets ou encore éducation, toutes ces activités indispensables à la lutte et la vie sur le blocage sont désormais gérées par les étudiants eux-mêmes. « Comme nous avons fait la grève des cours, des gens ont lancé une université populaire. Chacun peut choisir de faire venir un intervenant et organiser un amphi ou un cours »
(...) « J’ai réalisé que personne n’était contre un système de démocratie directe et que tout le monde avait compris que le monde avait besoin de changer profondément. C’est quelque chose qui m’a vraiment transcendé. »
- L’occupation de bâtiments scolaires et leur autogestion, une expérience à étendre partout ?
- image d’archive
A quoi bon s’insérer dans le marché du travail de la civilisation industrielle qui détruit le monde vivant et rend la planète inhabitable ?
A quoi bon se crever à la tache pour des actionnaires richissimes qui nous méprisent ?
A quoi bon se faire la guerre entre nous pour décrocher un job pourri et mal payé qui de toute façon se raréfie ?
A quoi bon chercher une foireuse impression d’existence par la possession d’objets matériels de seconde catégorie, alors que seuls quelques uns parviendront à être riches dans cette structure pyramidale totalitaire ?
A quoi bon chercher à « réussir » dans cette société qui est un échec sanglant ?
A quoi bon vouloir imiter les riches alors que ce sont eux qui polluent le plus et qui soutiennent un modèle de société criminel ?
A quoi bon subir des années le casernement scolaire, sa compétition, son absurdité, son étouffoir, alors qu’ailleurs, dehors, la vie foisonne, et qu’il y a tant à faire, tant à brûler et tant à construire ?
Et puis un jour, j’ai perdu la foi Se battre contre le temps, contre l’ennui, contre l’institution. Contre tout cela à la fois. S’accrocher à ce qui vibre encore, à ce qui vit encore, à ce qui nous tient debout. Se voir dans le miroir. Se manger le sol.
(... )Le mur institutionnel qui s’est bâti entre mes élèves et moi m’empêche de les atteindre. Il y a un jour, quelques semaines plus tôt, je suis rentrée dans ma classe et ai demandé à la cantonade comment ils allaient. Pas de réponse. J’ai répété. Pas de réponse. Pourtant, j’entretiens de bons rapports avec mes élèves. Ils me regardaient, m’entendaient. Mais il n’y avait plus rien. Leur docilité a pris le dessus sur la vie. Alors je fais comme eux, je réponds à leur demande. Je donne des cours de méthode, sans vie et sans nécessité. Je deviens vide, à mon tour.
J’ai essayé, encore, de courir après le temps. J’ai essayé de le contraindre, à nouveau, à ma volonté et de le ramener à la réalité : nous sommes vivants. Mais je me suis retrouvée pantelante, à manger le sol. Plus de vingt ans après ma première chute. C’est cela que j’ai vu dans le miroir. C’est cela qui m’accable et me cloue au sol : le vide créé par l’institution. L’institution vaut mieux que la vie, voilà ce que l’ordre des choses m’a appris.
- L’occupation de bâtiments scolaires et leur autogestion, une expérience à étendre partout
- Fac mai 68
Deux textes trouvés sur Ricochets sur ces sujets :
- Jeunes, étudiants, cette société n’a plus que des ruines à offrir, la révolte est l’issue de secours - Retourner la rage et l’absence d’espoir contre les causes des désastres (...) Le fait qu’il n’y a pas d’avenir vivable dans cette société, dans la civilisation industrielle, devient de plus en plus évident.
C’est dur à accepter, mais mieux vaut le faire et se révolter que se réfugier dans un déni qui ne mène qu’a l’autodestruction.
L’absence d’espoir dans le cadre existant ne doit pas mener à la désespérance et à la résignation, mais plutôt à la lutte radicale sans concession.
La solidarité, la rebellion, l’autonomie et le partage pourront remplacer la soumission dépendante à l’Etat et au capitalisme. (...) Il y a beaucoup mieux à faire que se suicider : par exemple démolir activement et par différents moyens la civilisation industrielle, ses infrastructures et ses dogmes, résister et bâtir. La rage et l’absence d’espoir peuvent être retournés vers les causes structurelles des désastres, pas contre soi ou contre des boucs émissaires (étrangers, pauvres, musulmans...). Ainsi on se porte doublement mieux, car on a utilisé et expulsé utilement l’énergie de la rage, et on a contribué à permettre l’éclosion de sociétés vivables. - En réalité, le gouvernement Macron se moque complètement des étudiants ! - Il est temps de réunir toutes les colères légitimes en un large mouvement de destitution et d’alternatives radicales
La révolte générale et l’autogestion, seuls moyens de s’assurer un avenir et un présent vivables
Lycéens et étudiants sont-ils durablement soumis et résignés par la peur du chômage, l’individualisme, la méritocratie, la précarité, la compétition, le régime policier, le conformisme social ?
Ou vont-ils retrouver le chemin libérateur de la rage inextinguible ?
Loin des concepts capitalistes libéraux d’égalité des chances et de méritocratie, une voie faite d’autogestion de la vie et de révolte généralisée, peuvent construire une vie qui vaut la peine d’être vécue.
Au lieu de s’enliser dans la soumission et de s’accrocher à des régimes autoritaires, liberticides, finis, qui détruisent le vivant et pourrissent le climat, plutôt rompre, tout arrêter, déserter.
Ce système n’a plus à vendre que des cendres, des coup de matraque, des erzatzs de vies fabriquées industriellement, des vies machiniques dégradées par les nuisances du système en place, des mondes virtuels numériques calibrés pour remplacer et masquer des mondes vivants et libres.
A quoi bon s’y accrocher, vouloir s’y faire une place dans son cimetierre-prison, en attendre quelque chose de bien ?
A quoi bon faire l’autruche et fuir dans la compulsion, la drogue, les jeux, le surcroît de travail pour réussir ses études ou son embauche (réussir quoi ? à être un bon esclave du système qui nous broie ?).
Au lieu de la déprime, cultiver la rage de la révolte, l’action de libération, rapprocher et mélanger la vie et les luttes sociales/écologistes/politiques.
Au lieu de perdre son temps enchaînés sur les bancs scolaires et le marché du travail, autogérer l’éducation et la production.
Au lieu d’alimenter l’Economie par le travail et la consommation, déserter, produire et distribuer hors du marché, hors de l’Etat et du système de la Valeur.
Le système réussit à transformer la période de la jeunesse (15-25 ans disons) en la période du plus grand conformisme, un moment où on subit le plus de propagande officielle, où la révolte se limite souvent à des concerts punks, des manifs, des slogans, des postures langagières ou costumières proposés par la consommation personnalisée.
Le système sait bien que les jeunes sont toujours les plus susceptibles de se révolter, c’est pourquoi il ne lésine pas sur les moyens pour les écraser et les contrôler.
Heureusement, pas mal de jeunes échappent encore au moule, cassent les dogmes. Puissent-ils en contaminer plein d’autres.
A quoi bon être jeune si on se contente de suivre les rails du goulag ?
A quoi bon vivre et rêver si c’est pour juste repeindre le même train de la mort ?
Il est temps de tout brûler et de bâtir sur les ruines des mondes vivables et désirables.
Et n’oublions pas bien sûr que la jeunesse peut se vivre à tout âge...