L’escrologie et les illusions vertes de la société technocapitaliste vont nous sauver ?

L’écologie dite « industrielle », le nouvel avatar du capitalisme pour durer et enfumer

mardi 28 avril 2020, par Les Indiens du Futur.

Pour la suite du monde, allons-nous nous embourber dans les Green Deal et autres illusions vertes à base d’énergies renouvelables industrielles ?
Ou allons-nous démanteler la civilisation industrielle et laisser du champ à la vie ?

REPORTERRE, MR MONDIALISATION, LES ECHOS ET LA PROMOTION DES ILLUSIONS VERTES

Parmi les nombreuses balivernes colportées afin d’encourager le développement des industries des énergies dites « vertes »/« propres »/« renouvelables » — et notamment celles du solaire et de l’éolien — on retrouve cette idée selon laquelle recourir à ces technologies permettrait aux petites gens de récupérer « le pouvoir », ou « du pouvoir ».

Ainsi peut-on lire, dans un article intitulé « Autoconsommation : un mouvement citoyen qui pourrait rabattre les cartes de l’industrie », publié en octobre 2017 dans Les Échos (média ultra-subversif s’il en est), que le développement des énergies dites « renouvelables » ou « vertes » constitue « une occasion pour les citoyens de reprendre les pleins pouvoirs sur leur consommation ». Ou dans un article du média alternatif/indépendant Reporterre, que l’achat de panneaux solaires (ou d’autres appareils de production d’énergie dite « verte »), c’est : « L’appropriation des outils de production et de distribution par les citoyens ». Ou encore, dans un article intitulé « Des citoyens s’organisent pour fournir de l’énergie renouvelable et locale dans toute la Wallonie », publié par « Mr Mondialisation » (un autre formidable média alternatif/indépendant), que ces « initiatives » consistant à financer et organiser eux-mêmes le développement de technologies de production d’énergie dite « verte » permettent à des citoyens de se réapproprier « les compétences stratégiques de production et de fourniture d’électricité à un niveau régional et local ». Comme quoi, Reporterre, Les Echos, Mr Mondialisation, c’est la même soupe avariée.

En réalité, en achetant un (ou plusieurs) panneau solaire photovoltaïque, ou en ayant des parts dans un parc éolien, ou un barrage hydroélectrique, « les citoyens » ne reprennent le pouvoir sur rien du tout. Ils ne se réapproprient aucunement « les compétences stratégiques de production et de fourniture d’électricité à un niveau régional et local ». C’est complètement absurde, et faux. Ils achètent des panneaux solaires. Ou prennent des parts dans un parc éolien. C’est tout. Une partie de l’énergie qu’ils consomment sera désormais produite par ces appareils. Mais ils ne fabriquent pas eux-mêmes lesdits panneaux ou éoliennes, ni tous les appareils qui vont avec (onduleurs, batteries, câbles, etc.) qui sont les produits de la civilisation industrielle globalisée, et des organisations autoritaires que sont les États-nations, et du capitalisme. La totalité de leur projet s’inscrit dans le cadre des règles imposées par l’État-capitaliste. Ils deviennent simplement eux-mêmes promoteurs/financeurs de projets industriels. La belle affaire, n’est-ce pas.

Ils ne contrôlent pas ni n’ont eux-mêmes fabriqué les outils ayant servi à construire lesdits panneaux solaires ou éoliennes. Ils ne savent sans doute pas grand-chose de tout ce qu’implique leurs productions. En quoi sont-ils faits ? D’où proviennent les matières premières ? Qui les a extraites ? Traitées ? Transportées ? Où ses composants ont-ils été fabriqués ? Où ont-ils été assemblés ? Par qui ? À l’aide de quels outils, ou appareils ? etc.

On n’a jamais vu personne sortir d’un magasin Ikea, après y avoir acheté un couteau de cuisine, se vanter d’être propriétaire d’un outil de production, prétendre par-là se réapproprier des « compétences stratégiques de production et de fourniture d’alimentation à un niveau régional et local ».

En outre :

1. l’énergie soi-disant « verte » que produiront ces centrales (solaires, éoliennes, peu importe) s’ajoutera simplement au « mix énergétique » global, elle ne supplante pas la production d’énergie officiellement non-verte.
2. cette énergie, dont le caractère « vert » est déjà un fameux mensonge, produite par des appareils issus du système techno-industriel capitaliste qui détruit la planète, sert à alimenter tout un éventail d’appareils (autant de futurs e-déchets) eux-mêmes issus du système techno-industriel capitaliste mondialisé qui détruit la planète. Voilà pour l’écologie.

Pour le dire autrement : les éoliennes et les panneaux solaires ne poussent pas dans les arbres et ne servent pas à faire fleurir les jonquilles ; ils sont construits à l’aide de matériaux obtenus ou extraits ici et là, dans des usines dispersées ici et là, au moyen de tout un ensemble d’infrastructures et de machines industrielles, le tout reposant sur les régimes gouvernementaux (tout sauf démocratiques) des États actuels ; et ils servent à alimenter des téléviseurs, des réfrigérateurs, des ordinateurs, et tout un tas d’autres machines.

Les escrologistes qui font la promotion de ces illusions vertes de la société technocapitaliste ne valent pas mieux que le Gael Giraud, idole des collapsologues (Pablo Servigne chante régulièrement ses louanges), ex-crapule en chef de l’AFD, selon lequel un « capitalisme viable » est possible, à condition qu’il y ait « un service public fort » (un État fort, un État-providence fort), et que celui-ci ait pour ambition de « relocaliser et de lancer une réindustrialisation verte de l’économie française ».

En promouvant le développement des énergies dites « vertes » ou « renouvelables », ces champions de l’écologie et de l’anticapitalisme font la promotion : du capitalisme, du développement, de l’industrialisme.

- Post de N. Caseaux

Biovallée ®, « l’écologie industrielle » (sic)

- Dans la vallée de la Drôme, c’est Biovallée ® qui est parfois à la pointe des illusions vertes du technocapitalisme. Son président Philippe Huyghe déclarait récemment dans le Crestois : « On a une économie qui est globale, portée le plus souvent par la croissance et la recherche du profit. Ce n’est pas en soi une mauvaise chose. »
En lisant l’ensemble de ses propos, on se demande quelle est la part de naïveté et celle de l’enfumage cynique. Comme il le dit lui-même, le "renversement de table" est très très léger, doux, imperceptible.

Avec Philippe Huyghe on lit : une plateforme numérique pour recueillir des idées, le changement par les bons gestes individuels, acceptation du capitalisme, de la Croissance et du principe du profit de quelques uns, financement massif par les institutions existantes (TIGA and co) (qui ne sont certainement pas pour une forme de décroissance) qui accroît la compétition libérale entre territoires, confusion entre autosuffisance et fermeture xénophobe des frontières, promotion de l’achat de voitures françaises en omettant de parler de où sont fabriquées les pièces de ces voitures soi-disant faites en France, pseudo démocratie pas mieux que celles des institutions étatiques en place...
Pour autant, tout n’est pas à jeter dans ce qui se fait via Biovallée ®, mais le discours de son président est inquiétant, et quand on entend des expressions comme "écologie industrielle" on croit cauchemarder.

- Voir aussi :

Planète des humains ou Comment le capitalisme a absorbé l’écologie (Michael Moore)
par [Le Partage->https://www.youtube.com/channel/UCjI5ayHwe-O3l42vwrJrMnw]
https://youtu.be/ycN3mVW1fow

P.-S.

- Nous ne renoncerons à rien - Devant la catastrophe écologique, de plus en plus d’écologistes de salon appellent à renoncer : renoncer à prendre l’avion, renoncer à la viande, renoncer aux douches longues, etc. Pour Désobéissance Ecolo Paris, cette écologie du renoncement, très à la mode, ressemble un peu trop à de la résignation. Au fond, on ne renonce qu’à ce qu’on aime ; mais aime-t-on vraiment ce monde et le « mode de vie » qu’il nous impose, auquel on nous enjoint si vivement de renoncer ? Ne faudrait-il pas plutôt le renverser et le transformer ?

« Nous n’aimons pas ce monde, ses trajets en avion, sa publicité, ses autoroutes, ses banques et sa police. Il ne nous vient donc nullement à l’esprit d’y renoncer : nous songeons simplement à le démanteler »


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