MISE EN ABYME
La crise en cours du covid19 permet à l’empire et donc à l’emprise numérique de coloniser encore davantage nos vies à tous. Elle renforce les dynamiques délétères et aliénantes du « progrès technique ». Publié en 2013, ce livre de Cédric Biagini (fondateur de la très bonne maison d’édition L’Échappée) n’a donc rien perdu de son actualité. Au contraire. Etant donné lesdites dynamiques, c’est un ouvrage qui ne fera que gagner en pertinence avec le temps.
Dans l’ensemble, il s’agit d’un très bon livre, qui expose bien les problèmes majeurs que pose le système technologique sur les plans humain, social et environnemental (dépossession, aliénation, déshumanisation, destruction du monde, etc.). Système technologique qui est encensé dans les médias de masse, dans l’industrie culturelle, par les partis politiques, de l’extrême-droite à l’extrême-gauche en passant par les écologistes, et qui constitue, avec l’industrialisme, le point sur lequel s’accordent (que prennent pour acquis) tous ceux qui ont voix au chapitre. Y compris ceux que l’on présente à tort (mais très logiquement) comme faisant partie d’une sorte d’opposition au développement actuel des choses.
Cyril Dion promeut l’économie symbiotique et donc « l’écologie » hypertechnologique et industrielle d’une Isabelle Delannoy ; le « parti pirate » est ultracapitaliste et ultra-technologiste ; le Gael Giraud et ses semblables de la « gauche d’après » [sic] promeuvent une réindustrialisation verte de la France ; etc.
D’où le désastre en cours. Et d’où l’importance de diffuser la perspective anti-industrielle, anti-technologique.
(*Entre autres détails, je lui reprocherais une certaine ambiguïté concernant, par exemple, son apologie du livre — comme si le capitalisme pré-livre électronique était un bon capitalisme, ou comme si le livre papier en tant que moyen technique était nécessairement synonyme de société juste, soutenable et bonne. Et aussi concernant sa perspective sur le travail, et sur l’exceptionnalisme humain. Mais encore une fois, il s’agit de détails. )
Post de Nicolas Casaux
- L’emprise numérique n’a rien d’écologique ni de désirable
Articles sur ce livre important :
- L’Emprise numérique Comment Internet et les nouvelles technologies ont colonisé nos vies - par Cédric Biagini - Editions L’échappée - 2012
- L’emprise numérique. Comment Internet et les nouvelles technologies ont colonisé nos vies de Cédric Biagini, par Emmanuelle CACCAMO
- Cédric Biagini, L’Emprise numérique. Comment internet et les nouvelles technologies ont colonisé nos vies, Un compte rendu de Jean-Guillaume Lanuque
et aussi :
- Il n’y a pas de « continuité pédagogique » : éteignez les tablettes !, 2020 - Confinement oblige, l’Éducation nationale invite à la « continuité pédagogique », possible grâce au numérique. Or, selon les auteurs de cette tribune, « la pédagogie virtuelle n’existe pas », et « seuls les élèves éveillés, enfermés avec des parents désœuvrés au fort niveau d’études vont bénéficier d’une pédagogie efficace : l’instruction en famille ». + L’école confinée, laboratoire du monde numérique
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