Plus beaux, plus enrichissants et plus passionnants que les défilements d’images et d’infos sur smartphones : ...les autres animaux, ces (très largement) merveilleux inconnus.
« Retrouvons la capacité à s’émerveiller près de chez soi » - Pour Erwan Balança, photographe naturaliste, le temps long de l’affût, qui permet de se retrouver dans « l’intimité » des animaux, est « magique ». Un « vrai shoot » qui peut s’éprouver dans la nature en bas chez soi.
(...)
Chaque espèce a des caractéristiques qui lui sont propres : un martin-pêcheur va attraper des poissons entre 1 et 4 centimètres, il va élire un perchoir, etc. Au-delà de ça, les animaux sauvages ont aussi une réelle personnalité : certains vont être plus confiants, d’autres plus agressifs, certains plus joueurs, ils ne vont pas tous pêcher de la même façon, etc. Pour s’en rendre compte, il faut s’approcher vraiment très près d’eux.
(...)
La beauté est partout dans la nature, en fait ! Hyper harmonieuse, tout en étant efficace. Et c’est important pour moi d’essayer de faire évoluer les croyances toujours véhiculées sur les animaux : « Les batraciens sont moches », « les sangliers sont de grosses brutes dangereuses toujours prêtes à charger »... C’est pourtant vraiment loin de la réalité de l’animal. Des sangliers qui chargent, même une laie avec ses petits, il y en a peut-être une poignée chaque année en France, et dans 99 % des cas, c’est un animal blessé ou acculé par des chasseurs.
(...)
Longtemps, on a enfermé l’animal dans une vision basique – ça nous arrangeait, et puis nous-mêmes on est souvent un peu basiques. Désormais, les chercheurs découvrent beaucoup de choses sur leurs émotions, leur intelligence, leur capacité de coopération, même entre espèces différentes. C’est important d’éveiller le regard là-dessus.
(...)
Je crois également que le truc, aujourd’hui, c’est de retrouver une capacité à s’émerveiller, dans sa tête et dans son corps. « Perdre son temps » dans la campagne — si on a la chance d’y vivre, sinon il faut prendre un vélo, un train… —, ramasser du plantain ou des nombrils-de-vénus pour se faire un truc bon à manger, ça permet non seulement de voir des choses incroyables, mais ça donne aussi un sentiment de liberté et d’autonomie très plaisant, qui contribue à notre équilibre mental. L’éloignement des choses réelles est l’un des pires maux de notre société, non ? En fait, nous avons bien plus besoin de la nature qu’elle n’a besoin de nous.
(...)
(photo illustrative du logo : Le lapin qui bâille, photo prise dans un affût de plusieurs semaines au bord d’une garenne. © Erwan Balança)
voir aussi : Les fictions de Reporterre : « Le Parleterre », par Li-Cam - Un gros appareil ovale permet de communiquer avec le monde animal et végétal : le Parleterre. Livéa n’y croit pas. C’est pourtant à son tour d’essayer, écrit l’autrice Li-Cam.