L’adaptation et la préparation au dérèglement climatique et aux catastrophes écologiques c’est vite une impasse

Faisons disparaître les cause des problèmes au lieu d’espérer s’adapter à une planète rendue inhabitable

samedi 21 mai 2022, par Les Indiens du Futur.

La résilience et l’adaptation sont le nouveau mantra des puissants pour endormir les foules, les faire consentir aux catastrophes, et essayer d’éviter les révoltes menant à des changements radicaux. Sauf qu’au bout d’un certain niveau de désastres récurrents et croissants, ça ne marche plus, cette adaptation devient vite impossible, il ne reste qu’à fuir ou mourir, comme dans une guerre. Le problème ici c’est que les désastres prennent une dimension planétaire « irréversible », comme prédit depuis longtemps dans l’indifférence (quasi) générale, ...et on n’a pas de planète B où fuir et se réfugier.

L’adaptation et la préparation au dérèglement climatique et aux catastrophes c’est vite une impasse
(extrait de Blade Runner 2049)

- Exemple en Australie : Inondations en Australie : quand se préparer au pire ne suffit plus - En Australie, la ville de Lismore a été la plus touchée par les inondations qui ont frappé le pays ce début d’année. Pourtant, les habitants et les commerçants s’y étaient préparés. Et pensaient pouvoir reprendre une vie normale rapidement.

On pourrait citer dans le même genre :

  • Les températures et l’humidité qui rendent des régions inhabitables, voir Inde et Pakistan en ce moment (ici aussi)
  • La répétition de mégafeux (Australie, Californie...)
  • Les zones gravement irradiées, comme à Fukushima et Tchernobyl
  • Les zones où le désert s’étend
  • Les zones où les tempêtes de sable deviennent trop fortes et trop fréquentes, comme en Irak

Si les régions situées dans des secteurs plus sensibles (plaines innonables, terrains déjà arides...), et/ou plus ravagées que la moyenne par la civilisation (pollutions énormes, déforestation massive, sols rendus infertiles...), sont touchées en premier, des tas d’autres régions suivront au fur et à mesure de l’augmentation des dérèglements climatiques et des ravages écologiques croissants fabriqués par la civilisation, version anciennes technologies dans les pays pauvres ou version techno-industrielle 3.0 dans les pays riches. (en sachant que les pays riches délocalisent leurs industries de merde dans les pays pauvres, tout en pillant leurs minerais et autres matières premières)

On avait déjà évoqué ce sujet ici ou là :

Après avoir naturalisé le capitalisme et l’Etat, le système, la mégamachine veut aussi, l’air de rien, naturaliser les catastrophes qu’elle provoque. Elle veut masquer les ressorts profonds des constructions sociales existantes et leurs conséquences logiques, les désastres sont présentés comme des plaies « naturelles », ça tombe du ciel, on n’y peut rien, pas de chance, c’est comme une météorite qui nous tomberait dessus ; qui serait assez sot pour engueuler une météorite ? A la rigueur, on concède que la mégamachine a encore quelques défauts gênants, mais qui seront vite corrigés en augmentant sa puissance et son emprise sur le vivant via les « nouvelles technologies » (NBIC, énergies alternatives dites « vertes »...).
La phrase récurrente « on va devoir s’adapter aux changements climatiques » résume bien cette arnaque institutionalisée. Il ne s’agit que de « changements » (et pas des catastrophes énormes qui deviennent auto-alimentées et « irréversibles »), et il s’agit juste de « s’y adapter » (pas de démolir et remplacer ce qui les provoque).
Le sujet des causes des catastrophes écologiques est ainsi vite évacué, ignoré, ou réduit à la question du climat et aux excès d’émissions de CO2. Le tissu fragile du vivant ? Rien à cirer, c’est bon pour les attardés ou les naturalistes passéistes. La question sociale est encore plus vite évacuée, un peu de « pouvoir d’achat », d’emplois, de primes et de consommation discount et c’est réglé.

- L’autre mantra récurrent du système et de ses alliés volontaires ou involontaires, c’est la décarbonation de l’économie de marché, l’innovation techno-scientifique salvatrice, la croissance « verte », les énergies alternatives...
On a plusieurs fois ici dénoncé cette impasse confortable et suicidaire, par exemple récemment : Les catastrophes climatiques et écologiques ne pourront jamais être contenues par des mesures techniques et énergétiques - Il faut plutôt des changements radicaux dans les domaines politiques, économiques, sociaux, culturels, anthropologiques...

Que la mégamachine soit alimentée avec du jus de betterave durable, du nucléaire, du pétrole ou du solaire local, qu’elle soit faite d’acier, de carton bio ou de plastique biosourcé, elle continuera sans discontinuer ses ravages.
De plus, elle est tellement gourmande en énergies, pour la fabrication d’argent et de biens matériels destinés à satisfaire le fantasme de délivrance des réalités terrestres, qu’elle absorbe goûlument TOUT ce qui est disponible.
Elle pompera TOUT le pétrole possible jusqu’à ce que ce ne soit vraiment pas rentable.
Elle utilisera jusqu’au bout du charbon, et s’il devient illégal il circulera au marché noir via des mafias tout comme la drogue, les armes, la prostitution... Dans ce système marchand concurentiel enchaîné à la croissance et aux technologies, il y aura toujours des acheteurs, donc des vendeurs.

Elle fera marcher jusqu’au bout des centrales nucléaires malgré des risques croissants d’accidents, qui se produiront fatalement à nouveau.
Elle utilisera TOUT le gaz disponible, de schiste ou autre, elle ira le chercher sous les banquises et au fond des océans, et jusque dans vos chiotes dirait Poutine ;-)
Elle détruira les fonds marins en raclant les nodules métalliques pour alimenter son industrie 3.0 « décarbonée » et numérique.
S’il n’y a plus d’énergies disponibles, elle fera pédaler des humains dans des usines pour produire de l’électricité, et on en reviendra aux anciennes formes d’esclavages !
Dans les régions dévastées sans énergies disponibles ou trop chères, les civilisés iront brûler et couper les restes de forêts pour se chauffer, comme au Liban cet hiver.
etc.
Bref, peu lui chaut de transformer littéralement la planète en enfer, une machine n’A pas besoin d’une biosphère en état pour vivre.

Alors est-ce qu’on attend de subir un désert invivable pour se révolter, donc quand il est vraiment trop tard, ou est-ce qu’on prend enfin les choses en main immédiatement ?

P.-S.

« Je me demande pourquoi le progrès ressemble tant à la destruction. »
John Steinbeck, Voyage avec Charley (Viking, 1962).

Qu’est-ce qui est plus dur à affronter ?

Une construction sociale contingente et non indispensable ?
Ou des catastrophes de plus en plus destructrices, incontrôlables et gigantesques rendant la planète inhabitable ?

La civilisation industrielle paraît indestructible, elle est certes bien installée dans la réalité matérielle et dans les têtes, défendue par des armées de bonimenteurs et de flics, mais elle est aussi un colosse aux pieds d’argile, fort de notre consentement. Si davantage de personnes luttaient pour le détruire au lieu de tout faire pour le rafistoler, le relooker en vert et le faire durer, il s’écroulerait.

La biosphère paraît indestructible, forte de millions d’années d’évolution et de capacités d’adaptation, mais hélas la puissance destructive de la civilisation industrielle est capable de la détruire, ou en tout cas d’éradiquer une bonne partie des espèces en détruisant les conditions écologiques de leur subsistance et en dérèglant gravement et rapidement le climat.

Que préférez-vous ? La biosphère et des sociétés vivables, ou l’enfer de la civilisation industrielle ?
Essayer en vain de vous adapter à des conditions devenant de plus en plus invivables ou faire l’effort collectif de lutte pour démanteler la civilisation industrielle ?

La biosphère nous est indispensable, la civilisation industrielle non.

Perspectives et pistes de résistance active

La situation écologique, climatique, sociale est terrible.
Mais tant qu’il y a des résistances, rien n’est complètement perdu.
Et puis la civilisation industrielle, ce système techno-capitaliste et étatique, n’est peut-être pas si solide que ça, elle sans doute plus attaquable qu’on ne pense.

Il existe quantité de moyens de se battre, de lutter pour abattre/détruire/démolir/désarmer/stopper/effondrer les structures matérielles et idéologiques de la civilisation industrielle. Et quantité de moyens pour construire à la place des mondes vivables et soutenables.
Soutien financier, action directe, information, soutien aux personnes engagées, logistique, actions publiques ou clandestines, communication, refuges...
Il y en a pour tous les goûts, toutes les disponibilités et « niveaux » d’engagement.

Il y a des places pour chacun.e dans cette vaste culture de résistance à construire.

- Liens utiles pour aller plus loin :


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