S’il y a un « grand remplacement » réel et dangereux, ce n’est pas la prétendue « invasion migratoire » qui obsède tant l’extrême droite et ses alliés, c’est plutôt le remplacement programmé des travailleurs et in fine des humains « superflus » et des autres vivants par des machines, des robots autonomes et des logiciels dotés de rationalité cybernétique (IA).
Au lieu de s’en prendre aux exilés, chômeurs, RSAistes, descendants d’immigrés et SDF, les capitalo-droitistes qui ne font pas partie des classes possédantes seraient plus avisés de cibler les multinationales, les startups et les Etats qui financent et imposent IA et robots autonomes à coup de centaines de milliards.
Ce « grand remplacement » de travailleurs a déjà bien commencé aux USA (voir article plus bas), les autres pays industrialisés vont suivre s’ils ne veulent pas couler dans la compétition économique implacable qui n’a pas comme but ou critère la « création d’emploi » ou le bonheur des peuples, mais la froide perpétuation du Capital et la création de Valeur, pas de complot ici.
De ce fait, pour le système techno-capitaliste, les IA et les robots avancés sont nettement plus efficients et pertinents que les humains de toutes les classes moyennes et inférieures, et seront généralisés dès que les coûts de ces nouvelles technologies baissent suffisemment grâce à la production de masse. Les humains auront beau essayé de « s’augmenter » via des prothèses et des connexions machiniques, ou de « se robotiser », ils ne feront pas le poids. Les prolétaires ne pourront plus faire de guerre de classes puisqu’ils auront à terme presque totalement disparus. Ce ne sont pas les ingénieurs et techniciens supérieurs qui mèneront une révolution....
Pour le monde Machine, les humains et les écosystèmes vivants sont obsolètes, pas assez performants ni adaptés à la cybernétique. La concurrence mondialisée, la course à la compétitivité, à l’innovation, à la croissance, au progrès, au développement économique... imposent/imposeront partout le règne des machines qui elles seules peuvent suivre le rythme.

- L’IA termine le grand remplacement progressif des humains et de la vie par des machines
Terminator et son Skynet dominant le monde des humains présentent une version trop simpliste et « rassurante » du règne des machines. La réalité est plus insidieuse, plus structurellement viciée. Le phénomène de remplacement du vivant par les machines est totalement inéluctable tant qu’on reste dans le système de la civilisation industrielle. Le règne totalitaire des machines est inscrit depuis longtemps dans les rouages de l’Etat-capitalisme et du système techno-industriel. Tant qu’on persiste dans ce modèle de société, on ne peut pas échapper au remplacement (et aux ravages qui vont avec, dont celui du climat). La civilisation industrielle est irréformable, et pour survivre doit absolument développer des IA et des robots autonomes à tout faire, même si ça la « tue » (via carnages et désastres climatiques) ou que ça l’oblige à des mutations très douloureuses (pour les classes inférieures et moyennes).
Ca pose aussi au final un problème insoluble pour le capitalisme (s’il n’y a plus guère d’humains pour acheter la production, la fabrication de valeur devient impossible), les techno-prêtres et leurs IA devront alors inventer un autre modèle de domination, un genre de techno-féodalisme basé sur la répartition des ressources et non sur la fabrication infinie d’argent ?

- L’IA termine le grand remplacement progressif des humains et de la vie par des machines
- Série Real Humans
Après le remplacement « invisibilisé » de la biosphère par les « machines ordinaires » (autoroutes, zones urbaines, réseaux ferrés, mines, usines, ordinateurs...), et aussi par la masse croissante des humains et des animaux domestiques (qui remplacent les animaux sauvages), voici le stade logique d’après, où les humains eux-mêmes sont remplacés complétement par la Machine.
Après le remplacement partiel de la force manuelle humaine par les robots industriels spécialisés, les cerveaux humains vont être de plus en plus complétement remplaçables par les IA (robots logiciels, qui dégageront notamment les « cols blancs ») pour les travaux intellectuels, puis par les robots autonomes multitaches pour les travailleurs manuels.
Dans ce monde machine subissant les atrocités climatiques qu’il a créé, seuls resteront les ultra-riches, avec à leur service des ingénieurs et quelques techniciens. Les politiciens disparaîtront ou seront réduits au rôle de monstre de foire ou d’un amusement de théâtre, les IA feront tellement mieux. Le reste de l’humanité sera inutile, et risque même d’être considéré comme nuisible et dangereux, car consommant de l’espace et des ressources devenues rares sans contribuer à l’accroissement de la mégamachine.
Les humains superflus ne seront peut-être pas exécutés directement, mais ils seront parqués, rationnés, invités de gré ou de force à ne plus se reproduire, ils seront voués à disparaître, et à seulement subsister dans des réserves ou parcs d’attraction comme dans d’anciens romans de SF. Le désespoir, les maladies, les canicules et la faim achèveront ceux qui n’auront plus les aumones et les distractions virtuelles fournies par les techno-dominants. Peut-être survivra-t-il quelques hordes d’humains « superflus » cachés dans des contrées vivables à la nature pas trop détruite ni trop stratégiques pour l’alimentation des machines ?
En l’absence de révolutions réussies dans un nombre conséquent de pays industrialisés, ce sombre scénario semble logique et inéluctable. A moins qu’un éventuel effondrement massif et rapide des sociétés industrielles ou une guerre nucléaire mondiale ne mettent un terme brutal à la mégamachine...

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La quasi totalité des médias vantent et vendent plus ou ou moins directement les IA, même s’ils mettent parfois en avant des dangers. Cette technologie est diffusée déjà massivement, on s’y habitue, on n’a pas le choix sauf à vivre en marge sans technologies, comme les smartphones elle est imposée de fait.
Articles, videos, musiques, films, échanges relationels et « amicaux », échanges psy et confidences, programmation, juridique, comptabilité, production industrielle, soins, recherche, transport, agriculture..., bientôt les relations « amoureuses », tout les secteurs sont ou seront concernés.
L’IA est nuisible en elle-même, et elle ne peut pas être régulée ou contrôlée dans un monde voué au chaos destructeur de la compétition capitaliste.
Quel monde voulons-nous ? Un monde mort peuplés de quelques priviligiés, une techno « société » bruissant de machines reines et de flux numériques, ou des mondes vivants et soutenables où humains et autres vivants cohabitent, éprouvent, ressentent, s’occupent de leur subsistance et de la vie politique ?
Mieux vaut se révolter maintenant, car en subissant davantage de précarité et face aux robocops et autres drones autonomes en essaim ça risque de devenir de plus en plus compliqué de mener des révolutions...

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Intelligence artificielle : l’humanité est-elle devenue obsolète pour les patrons ?
La dystopie est déjà là. Aux USA ces derniers jours, une publicité qui semble sortir d’un film de science-fiction s’affiche partout. Le long des routes, dans les arrêts de bus, à l’intérieur des transports en communs… Elle proclame, s’adressant aux patrons : « Arrêtez d’embaucher des humains. L’ère des employés IA est arrivée ». Cette campagne publicitaire agressive est diffusée par une entreprise d’IA basée à San Francisco et nommée « Artisan ». Notez l’ironie d’un tel nom.
Sur les réseaux sociaux, la firme explique : « Nous formons des employés IA, appelés ‘artisans’. Cessez d’embaucher des humains pour des tâches que l’IA peut faire mieux. Engagez Ava comme votre représentante commerciale IA ». Ava est le robot numérique de l’entreprise. L’IA part à la conquête des emplois humains et ses promoteurs promettent un raz-de-marée.
On apprend justement cette semaine que l’entreprise Amazon organise « le premier licenciement de masse provoqué par l’IA » dans le quotidien Le Monde. Une dépêche de l’agence Reuters parle de 30.000 employés virés, soit le plan de licenciement le plus important de cette multinationale. Et il ne s’agirait que d’une première étape, car une « vague plus importante » serait déjà prévue.
Amazon est l’un des premiers employeurs aux USA, et compte 1,5 million de salariés à travers le monde dont plus des deux tiers aux États-Unis. Cette masse salariale immense est regroupée dans les grands entrepôts en périphérie des villes ou livre des colis. L’entreprise de Jeff Bezos réalise un chiffre d’affaires annuel de 670 milliards de dollars et qui a fait 70 milliards de bénéfices l’an dernier. L’IA permettrait d’accroître encore ces montants colossaux tout en détruisant des emplois.
La vague de licenciements qui démarre chez Amazon devrait concerner jusqu’à 10% des « fonctions support », c’est-à-dire les employés en cols blancs, ceux qui sont dans les bureaux de l’entreprise, devant des ordinateurs. Amazon en compte 350.000. Dans une lettre datant de juin, le PDG d’Amazon expliquait aux employés que l’IA va conduire l’entreprise « à réduire le nombre total des effectif » dans les années à venir. Un autre document révélé en octobre explique que la firme compte automatiser jusqu’à 75% de ses opérations.
Walmart, énorme entreprise de grande distribution, a annoncé qu’aucune augmentation des effectifs n’était prévue dans les années à venir, alors que ses ventes augmentent. Cette hausse d’activité, et donc de profits, sera assurée par l’automatisation des tâches. Le patron de Walmart explique : « L’IA change tous les emplois, c’est très clair. Je n’en vois aucun qui ne serait pas concerné ». Dans le secteur numérique, Intel a supprimé 22.000 emplois en 2025, Microsoft a viré 15.000 personnes entre mai et juillet tout en réalisant des milliards de profits. Le Wall Street Journal résume la situation : « De grandes entreprises font le pari de la croissance sans embauche ».
L’élu démocrate Bernie Sanders s’interroge sur les réseaux sociaux, à propos de la campagne publicitaire pour l’IA « Une question simple : comment ces travailleurs licenciés survivront-ils sans emploi ni revenus ? »
La réponse est à trouver du côté des libertariens et des seigneurs de la tech. Un de leurs représentants en France se nomme Laurent Alexandre, fondateur de Doctissimo, transhumaniste et technophile, chroniqueur médiatique et proche d’Emmanuel Macron. Dès 2019, il faisait un discours devant des polytechniciens qui résumait la vision du monde de ces gens : « Vous allez vivre un âge d’or… vous, les dieux, qui maîtriserez et managerez les technologies, créerez un gap vis-à-vis des inutiles… et les gilets jaunes sont la première manifestation de ce gap intellectuel insupportable ».
La hiérarchie est claire : d’un côté, les nouveaux dieux, les ingénieurs et les grands patrons qui maîtrisent la technologie, et de l’autre, les humains inutiles, obsolètes, qui auront été remplacés par des robots. Pour ces gens, pas question de partager les gains énormes de l’automatisation des tâches. La preuve : en un siècle de progrès techniques, tout le monde aurait pu travailler beaucoup moins tout en ayant largement assez de ressources pour se nourrir, se loger et bien vivre. Mais les « gains de productivité » titanesques qui ont déjà été réalisés dans les usines avec les robots, les hypermarchés avec les caisses automatiques, dans l’agriculture avec les machines… se sont concentrés dans quelques poches au lieu d’être équitablement partagés (Voir NOTE plus bas). Avec la généralisation de l’IA, des millions d’emplois sont menacés.
Que vont devenir les chômeurs et les sans-abris ? Que faire de cette humanité devenue gênante et superflue pour les dominants ?
Pourquoi ne pas les parquer ? Aux USA, l’Utah vient d’approuver la création d’un « méga-camp » pour les SDF, dont le nombre augmente dans le pays. Un terrain de plusieurs hectares situé à 11 kilomètres de Salt Lake City, sans liaison en transport, pour regrouper 1300 sans-abris. Ils vivront dans des logements « conditionnés pour le travail ». Pour nos seigneurs modernes, c’est une solution humaine et acceptable, un internement déguisé en « aide ».
Dans cette dystopie, il y aurait une humanité à deux vitesses, la majorité étant maintenue dans un état de non-vie, dans un monde où les machines produiraient l’essentiel des richesses.
Pour aller plus loin, allez voir notre série de 5 articles pour mieux comprendre l’intelligence artificielle.
NOTE : les gains de productivité ont été obtenu en exploitant d’autres humains et en détruisant la biosphère. Le partage des richesses produites par un tel système diminuerait sans doute la précarité, mais ne réglerait en rien la question de l’exploitation, du climat qui part gravement en sucette ou de la destruction de la biosphère.
Voir aussi :
- Synthèse de critiques de l’IA et de son monde Machine - Ecologie, climat, démocratie, vie sociale, surveillance, dépendance..., dans l’IA rien ne va
- Les IA, une folie criminelle de plus - Non au culte de la machine qui dévore la planète et ses habitants - Opposer à la religion technologique fanatique d’autres perspectives - Le chaos irrationnel du capitalisme et la volonté de puissance et de domination des Etats appellent forcément les pires saloperies.
Illustration avec la religion technologique et sa quête ruineuse et destructrice de l’IA (rationalité cybernétique), en phase avec les néofascismes.
Les fanatiques criminels au pouvoir dans les Etats et les multinationales sont prêts à tout pour continuer leur règne, perpétuer le techno-capitalisme et faire advenir leurs idées extrémistes.
Les IA sont leur nouveau moyen pour tenter de faire durer leur système pourri.
Alors que l’Europe et la France veulent accélérer la course suicidaire aux IA, en faisant semblant de vouloir/pouvoir viser une impossible régulation/sobriété (de toute façon les IA sont une calamité quels que soient les usages et qui serait aux manettes), voici deux articles et quelques notes : (...)

- L’IA termine le grand remplacement progressif des humains et de la vie par des machines