Placement d’enfant suite à un accouchement à domicile.
Je relayais hier le message de Daliborka Milovanovic Rignault (voir en PS) concernant cette maman à qui la police et le procureur ont arraché le nouveau-né suite à son accouchement non assisté à domicile, avec intervention des services sociaux.
Durant ces nombreuses années où je me suis investie pour défendre le droit des femmes lors de l’accouchement, j’ai été régulièrement interpellée par des femmes et des militantes qui dénonçaient les menaces qu’elles subissaient de voir leur bébé retiré par les services sociaux si elles choisissaient d’accoucher en dehors de l’hôpital.
Certaines ont subi réellement cette violence administrative.
Il s’agit de la criminalisation des femmes, en raison de leurs choix, de la liberté de disposer de leur propre corps et de leur volonté d’offrir le meilleur pour la naissance de leur enfant.
Cette criminalisation s’appuie aussi sur l’ignorance de la physiologie de l’accouchement, sur l’ignorance de la nécessité pour les femmes d’accoucher dans un lieu où elles se sentent en sécurité, sur l’ignorance des pratiques autour de l’accouchement naturel (dont le clampage tardif du cordon ou du bébé lotus). Pour le patriarcat, les femmes ne sont qu’un objet inerte, qu’une enveloppe dont on extrait un bébé, dépourvues de raison, d’intelligence, d’émotion et de pensée autonome.
Pourtant ces derniers mois, j’ai pu constater une évolution rapide de la perception de l’accouchement dans l’opinion publique. La médiatisation des violences obstétricales en 2017, puis le renforcement de cette violence pendant le covid a fait émerger une nouvelle génération de femmes favorables à l’accouchement à domicile.
L’enquête menée par l’APAAD et l’IFOP a montré qu’aujourd’hui 36 % des femmes accoucheraient à domicile ou envisageraient de le faire. Il ne s’agit donc plus d’une pratique marginale mais d’une façon d’enfanter communément admise.
Malheureusement, les pouvoirs publics refusent toujours d’entendre cette nouvelle génération de femmes. Malgré la nouvelle vague féministe. Malgré #PayeTonUtérus. Malgré #MeToo.
Les sages-femmes à domicile sont toujours pourchassées par l’État qui refuse de régler le problème de leur assurance professionnelle impayable. Malgré une mobilisation de plusieurs années. Malgré des articles dans la presse. Par exemple dans le très sérieux journal Le Monde : https://www.lemonde.fr/societe/article/2020/11/18/elles-enfantent-a-la-maison_6060119_3224.html
Le résultat est là : de nombreuses femmes n’ont plus comme solution que d’accoucher seule à la maison, sans assistance médicale. Parce que beaucoup d’entre elles ont vécu des violences obstétricales lors d’un accouchement précédent et refusent catégoriquement de se rendre à l’hôpital. Parce que beaucoup d’entre elles voudraient accoucher à domicile avec une sage-femme mais n’en trouvent pas.
Oui, aujourd’hui, en France, en 2021, de plus en plus de femmes accouchent seules chez elles.
Ce phénomène a d’ailleurs été évoqué sur France Culture le mois dernier : https://www.franceculture.fr/emissions/le-reportage-de-la-redaction/elles-seraient-de-plus-en-plus-nombreuses-a-accoucher-seules-chez-elles-et-sans-assistance
Plutôt qu’intégrer l’accouchement à domicile parmi l’offre de soin de santé (comme c’est le cas dans la plupart des pays occidentaux), l’Etat français a pour seule réponse de renforcer sa répression envers ces femmes. Surtout si en plus, elles sont d’origine étrangère ou ont un compagnon d’origine étrangère. C’est la combinaison classique du racisme qui renforce le sexisme.
Qu’importe si cette répression ne s’appuie sur aucune base légale.
Je vous mets en images l’extrait de l’ordonnance de placement de l’enfant. Comme vous pouvez le lire, ce qu’on reproche à cette femme est en premier lieu d’avoir accouché à domicile.
On lui reproche de ne pas avoir déclaré l’enfant, alors que c’est précisément suite à sa déclaration à l’état civil que la mairie a alerté le procureur.
On lui reproche qu’on ait trouvé chez elle le cordon ombilical. Ce cordon ombilical a fait paniquer tout le monde. Comme si la présence d’un cordon ombilical était aussi dangereuse qu’un arsenal d’armes de guerre ou qu’un dépôt d’explosifs.
On lui reproche de ne pas avoir emmené son bébé à l’hôpital alors qu’il était en parfaite santé et qu’aucune loi n’oblige d’emmener un nouveau-né aux urgences s’il va bien.
On lui reproche que ses enfants plus âgés sont suivis par le juge, alors que la raison de cette présence judiciaire est le fait que cette femme et ses enfants ont subi la violence d’un précédent mari. Il y a un principe patriarcal bien connu qui consiste à criminaliser les femmes pour les violences qu’elles subissent.
Jeudi dernier, les policiers ont retiré l’enfant à cette mère. Sans lui donner la possibilité de se défendre légalement, ni de faire entendre ses arguments. Le jugement confirmant ou pas le placement du bébé aura lieu ce matin à Évry, à 11h30. A suivre donc.
Il est temps de dénoncer cette criminalisation des femmes qui choisissent librement la façon dont elles utilisent leur corps pour mettre leurs enfants aux monde.
post de post de Marie-Hélène Lahaye
- L’Etat français maltraite les femmes qui veulent accoucher à domicile, jusqu’à enlever les nouveaux-nés !
- La technocratie française empêche la liberté des femmes
Un Etat maton pour fabriquer des humains obéissants et conformes
L’Etat s’immisce toujours plus loin et plus tôt dans nos existences afin de tout contrôler et de créer des clones bien dociles et obéissants.
Ces attaques contre les accouchements à domicile sont à mettre en rapport avec le SNU (Service Nationale Universel), l’école obligatoire plus tôt, l’attaque contre les possibilités d’école à domicile, la gestion autoritaire et policière de la pandémie, la répression brutale de teufeurs (Steve tué par la police lors de la fête de la musique 2019, et tout récemment la répression hallucinante à Redon)...
En ajoutant toutes les lois sécuritaires de répression, surveillance et contrôle.
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