Je fais le choix ici de ne pas écrire un long texte mais de simplement poser quelques bases. Je ne ferai donc pas de grands développements historiques car je souhaite que les idées apparaissent clairement et puissent être discutées ensemble. Ce texte est donc aussi un appel à lire vos avis et réflexions. Il est difficile de se voir dans la rue pour échanger puisque la rue ne nous appartient plus, donc, tant que nous le pouvons, échangeons ici même. A vos claviers !
L’Etat et le capital
Ce sont les deux faces d’une même réalité, les deux têtes d’un même monstre, nourries ensemble depuis la constitution des premières cités-états il y a près de 5.000 ans. Elles entretiennent une relation d’hostilité complémentaire toujours irrésolue.
Il est inutile et vain de se focaliser sur la destruction de l’une ou de l’autre.
Les libertariens qui veulent se débarrasser de l’Etat pour donner libre cours au commerce se fourrent le doigt dans l’oeil. Seule une organisation bâtie de haut en bas permet l’émergence et le maintien du processus d’accumulation.
Les gauches anti-capitalistes qui souhaitent conserver un appareil d’Etat pour atteindre leur but se fourrent le doigt dans le Q. L’Etat est naturellement producteur d’inégalités économiques. Investir l’Etat est une illusion sur le plan de la justice ou de l’égalité. Le Parti Majoritaire (majoritaire se dit bolchevik en russe) y est très bien arrivé. On voit ce que cela a donné
- Briser l’étau
- L’Etat et le capitalisme face à la crise sanitaire
Myopie historique
La référence étatique permanente des gauches réformatrices et anti-capitalistes, et celle qui nous habite toustes, qui fait partie de notre imaginaire, ce sont les 30 glorieuses de l’après-guerre aux années 70 où les services publics deviennent riches de savoir et de pratiques.
Cette minuscule période, unique dans l’histoire, ne se reproduira pas. C’est une certitude. Elle n’a fondamentalement été possible que par l’injection massive de pétrole dans une société rustique de plein emploi où les besoins de reconstruction étaient énormes. Ce sont les incroyables gains énergétiques qui l’ont portée. Les communistes et la CGT, en créant par exemple la Sécurité Sociale, n’ont fait que donner une forme à ce qui était matériellement réalisable dans le cadre de l’Etat.
Il n’y aura pas de retour en arrière, nous ne retrouverons pas cet âge d’or des travailleurs toutes autres choses restant égales.
Au fond, il n’y a que deux crises
La crise environnementale : changement climatiques, disparition d’espèces, réduction des espaces naturels. Cette crise est en voie de ne plus répondre qu’à sa dynamique propre et d’échapper à toute tentative de contrôle. Je ne m’étendrai pas plus tant le sujet est documenté. C’est la borne externe de nos civilisations.
La crise de la valeur : le machinisme et l’automatisation des processus de production ont tué la valeur contenue dans chaque bien transformé en marchandise. Il n’y a que le travail humain qui produit de la valeur, une machine ne produit pas de valeur ou si peu. C’est pour cela que l’argent s’échappe de la sphère réelle pour gagner la sphère financière : dans ce monde, il faut être fou pour espérer gagner de l’argent en produisant.C’est la borne interne du capitalisme. Pour tout ce qui concerne la valeur lire Kurtz ou Jappe.
Communauté et immunité
Ces deux mots ont la même racine. Un mot latin difficilement traduisible, munus, qui signifie le don en tant que pratique sociale voire rituelle ou même sacrée. Une organisation communautaire pratique le munus, une organisation immunitaire ne le pratique pas. Toute organisation construite de haut en bas est plus ou moins immunitaire. Elle désigne des éléments qui ne lui appartiennent pas ou plus et les élimine ou les maintient en-dehors. Dans le même temps, elle empêche l’émergence de toute forme d’organisation communautaire menaçant ses prérogatives et agit comme une force centripète sur les populations qu’elle contrôle.
Il n’est pas étonnant qu’une crise sanitaire soit un temps d’expression parfait pour accroître le caractère immunitaire des organisations étatiques qui évoluent alors vers le totalitarisme.
Cependant cette cristallisation de l’Etat est fondamentalement une réponse à la crise de la valeur. La crise environnementale n’est qu’un discours, un alibi, et malgré les gesticulations et les grandes promesses, rien n’est fait pour la juguler.
Une civilisation qui s’effondre se cristallise, bétonne ses pratiques, se rigidifie, accroît le contrôle et la répression. Tout ces éléments se retrouvent par exemple dans la politique de l’empereur Constantin au IIIe siècle tandis que Rome s’effondrait.
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