Je suis contre la violence, et ce matin, après m’être levé-e, et avoir pris une douche d’eau bien chaude (très certainement chauffée à l’aide de combustibles fossiles, qui impliquent différents processus d’extractions et de traitements, mais nous y reviendrons plus tard), je me suis servi-e un verre de jus d’orange — très probablement en provenance du Brésil, le premier exportateur mondial d’oranges, où poussent plus de 60 % des oranges consommées sur la planète & où des “milliers d’ouvriers travaillent dans des conditions indignes et noyées de pesticides” — qui, lui aussi, à travers ses diverses étapes de transports et d’emballage, aura nécessité des extractions de combustibles fossiles, et entrainé les émissions de gaz à effet de serre qui s’ensuivent.
Le lait qui accompagne mes céréales (céréales issues de monocultures industrielles, ayant elles aussi nécessité des extractions et l’utilisation de combustibles fossiles, et l’épandage de produits chimiques toxiques dans l’air, dans les cours d’eau et dans l’atmosphère) provient probablement d’un élevage industriel, en effet plus de 70% des vaches laitières subissent l’inhumanité de cette industrie : entassées dans des hangars, elles sont traitées pendant toute leur (courte) vie comme de véritables machines à lait (grossesses forcées, autrement dit, des viols ; traite intensive ; souffrances physiques et émotionnelles ; les veaux femelle sont utilisées pour remplacer les vaches laitières qu’on envoie à l’abattoir tandis que les veaux mâle repartent dans le circuit de la viande ; sachant qu’il ne s’agit là que d’un trop bref résumé de l’atrocité de cette industrie).
Mon café, qui a traversé les océans du globe en bateau, a ensuite été transporté en poids lourd, pour finir dans un des rayons de l’épicerie de mon quartier, a donc, lui aussi, nécessité des extractions et l’utilisation de combustibles fossiles & a donc lui aussi entraîné des émissions de gaz à effet de serre, participant ainsi au réchauffement climatique global. Il provient peut-être lui aussi du Brésil, qui en est le premier producteur ; peut-être même de l’État de São Paulo où se situe le premier port caféier du monde. Les cultures vivrières des peuples de ces zones productrices ont été remplacées, à cause du capitalisme mondialisé, par des cultures d’exportations (donc polluantes, et participant du réchauffement global) dont dépendent leurs maigres salaires (les pays industrialisés consomment environ 70 % du café produit dans le monde).
Je suis contre la violence, et je suis contre la guerre, même si mon pays est le deuxième plus gros vendeur d’armes du monde, comme me l’apprennent les présentateurs d’une émission de radio que j’écoute tranquillement ce matin, dans ma voiture, en me rendant sur mon lieu de travail.
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- Je suis contre la violence (la journée type d’un-e non-violent-e)
NOTE : Ajoutons que pour se sortir de cette folie suicidaire les actions purement individuelles de consommation différente n’auront qu’un impact très limité, pour changer réellement de modèle, des actions collectives fortes sont nécessaires, des engagements et actes politiques pour quitter la civilisation industrielle et construire des mondes vivables.
…je me dis que je travaille dur pour obtenir un salaire qui me permette d’être un rouage utile à la machine destructrice qu’est la civilisation industrielle, dont une mince partie du fonctionnement a été résumé ci-dessus, et que je ne supporte pas ces jeunes, et moins jeunes, qui osent parler de sabotages, de désobéissance civile, d’affrontements, de blocages, d’occupations, de fauchages, de ZAD, de grèves, de barricades ; que ce n’est pas ainsi qu’on change les choses, qu’ils se trompent, qu’il faut voter si l’on n’est pas satisfait, car j’aime à croire que nous vivons en démocratie, même si la réalité est tout autre…