Pour moi, être anarchiste n’est pas une option, un choix parmi d’autres, le fait de s’encarter dans un parti ou un clan. Etre anarchiste est une évidence qui s’impose.
Etre anarchiste,
C’est la Vie elle-même qui s’affirme, qui prend conscience d’elle-même.
C’est juste essayer d’être un humain, d’être vivant.
C’est une délivrance, un (r)éveil, un soulèvement irrépressible.
Ce n’est pas un choix, c’est un élan, un cri qui monte des tréfonds des tripes et du coeur. Le cerveau et le reste essaient juste de composer avec ça.
Etre anarchiste, c’est quand le cerveau et la raison, la peur, acceptent de laisser la place, quand ta conscience, pour une raison obscure, décide d’accepter l’évidence.
Tout le monde, partout, sur toute la planète, devrait, pourrait être anarchiste.
Pour être anarchiste, on n’est pas obligé.e d’avoir lu des dizaines de bouquins sur l’anarchie, écrit des appels à l’insurrection, lancé des pavés sur les flics, ou de se vêtir de noir ou de boire des bières en série ; pour être anarchiste il suffit d’observer sans fards le monde en soi et autour de soi, d’accepter ce que l’on voit et d’en tirer les conséquences théoriques et surtout pratiques.
De manière « instinctive » et argumentée, je rejette la plupart des dogmes et institutions façonnés par les humains. Je suis contre l’Etat et tous les Pouvoirs, contre toutes les formes de capitalisme et de fascisme, contre la propriété privée, les classes et inégalités sociales, l’école contrôlée par l’Etat ou/et des entreprises, l’armée, la famille nucléaire refermée sur elle-même, les frontières, le travail aliéné, l’argent, le capital, les banques, la pollution, les anciens et modernes esclavages, les dominations sur des humains et sur d’autres animaux, etc.
Et je suis au contraire pour la coopération, l’amour, le partage, le droit d’usage, l’auto-gouvernement, l’auto-détermination des peuples, l’émancipation individuelle et collective avec responsabilisation, la liberté de choix, l’expérimentation, la recherche de liberté, la fraternité, la solidarité, la sobriété heureuse et créative, la satisfaction des besoins réels de toustes, pour la possibilité pour chacun.e de vivre sa vie, pour des sociétés évolutives au services des personnes et pas l’inverse, etc.
Plus je prend de l’âge, plus sont confirmées mes révoltes, intuitions et analyses de prime jeunesse, et donc plus je suis anarchiste.
Plus j’analyse, ressent et observe cette « société », plus je vois de raisons d’être anarchiste et plus elles se précisent. Et plus je suis révoltée, plus j’aspire à d’autres mondes.
Plus j’avance, plus l’écart entre le monde tel qu’il va et le monde de mes utopies se creuse.
Pour moi, être anarchiste ce n’est pas militer épisodiquement, ou séparer le travail (les activités), la vie « privée », la politique ou l’engagement. Ce n’est pas possible, la vie est une, foisonnante, et tout ce qu’on fait est relié.
Etre anarchiste c’est l’être tous les jours, toutes les heures, partout, en toute circonstance. En tout cas essayer.
Etre anarchiste n’est pas une erreur de jeunesse, c’est perdre de vue la jeunesse qui est une erreur.
Etre anarchiste,
C’est souhaiter que toutes les personnes soient réveillées, chacune à sa façon.
C’est savoir qu’on ne peut convaincre personne à être anarchiste.
C’est s’attrister de voir tant de personnes « déjà mortes ».
C’est savoir que les institutions en place et nombre de « déjà morts » chercheront, mécaniquement ou par intention délibérée, à me nuire.
C’est se méfier de tous les dogmes, fussent-ils « anarchistes ».
C’est critiquer, rejeter, écarter, rendre impuissants tous les tyrans, où qu’ils se trouvent, quelle que soit leur position dans la hiérarchie sociale.
C’est construire un monde où les oppresseurs potentiels ne pourraient obtenir ni pouvoirs ni honneurs, ni crédit ni soutiens.
C’est être solidaire de tous les opprimés, où qu’ils se trouvent, quoiqu’ils subissent, quelle que soit leur espèce ou leur culture.
C’est faire naître un monde où la servitude volontaire devient difficilement pensable, et encore moins vécue.
C’est savoir reconnaître des camarades même quand de nombreuses divergences existent entre nous.
C’est tous les jours s’ouvrir au monde.
C’est chaque jour pleurer devant le monde tel qu’il va.
On peut devenir anarchiste sans vraiment le savoir, mais une fois qu’on l’est, un voile se déchire, et il est impossible de revenir complètement en arrière.
Je suis anarchiste, mais je suis aussi plein d’autres choses, je suis multicolore.
Forum de l’article