Hors des pays occidentaux, de nombreuses révoltes et insurrections ont lieu en ce moment.
Quelques infos et analyses sur les révolutions populaires en Iran et au Soudan, puis d’autres soulèvements en cours dans d’autres pays.
En France, la colère, les souffrances et les injustices s’accumulent, que va-t-il se passer en 2023 ?
- Iran et Soudan : deux révolutions populaires en cours
Iran
Iran : « Ne parlez pas de protestation, son nom est devenu Révolution. » - Rencontre avec Rona du collectif 98 - Alors que le pouvoir iranien vient d’annoncer l’abolition de la police des mœurs, ce qui pourrait marquer une étape importante pour le mouvement de révolte qui dure depuis bientôt 3 mois, nous publions cet entretien avec Rona, membre du collectif 98, un espace internationaliste composé d’iranienn.e.s, kurdes et afghans en exil, basé depuis peu à Montreuil.
La guerre est la vérité même - Alors que le soulèvement iranien persiste et dure, Parham Shahrjerdi nous a transmis ce texte persan mis en musique ainsi que sa traduction : « La guerre est la vérité même ».
Interview : Des anarchistes iranien·ne·s parlent des manifestations en réponse au meurtre de Mahsa Amini par la police - Le 13 septembre 2022, Mahsa Amini, 22 ans, a été arrêtée par une « patrouille d’orientation » iranienne (également connue sous le nom de « police des mœurs »). Mahsa a été arrêtée à Téhéran pour ne pas avoir respecté les lois relatives à sa tenue vestimentaire. Trois jours plus tard, le 16 septembre, la police a informé la famille de Mahsa qu’elle avait « fait un arrêt cardiaque » et était tombée dans le coma pendant deux jours avant de mourir.
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- La jeunesse soudanaise en révolte
Soudan
Soudan, une année entière de lutte contre le coup d’Etat - Le 30 octobre dernier, les Soudanais·es descendaient en masse dans la rue pour rejeter le coup d’Etat du général Al-Burhan. Pendant un an, la population soudanaise n’a pas cessé de manifester pour exiger le départ des militaires. Grèves, cortèges, barricades : nous publions cette semaine deux articles, rédigés par Sudfa [1], qui font le point sur une année entière de lutte au Soudan. Voici le premier.
Un an après le coup d’Etat, la diaspora soudanaise en France toujours mobilisée - Il y a un an, le coup d’État militaire au Soudan suscitait le rejet massif de la population et le retour des manifestations révolutionnaires, dans le pays mais aussi à l’étranger. Nous publions ce lundi deux articles article rédigés par Sudfa. Ce second article revient sur une année de mobilisations de la diaspora soudanaise en France.
Soudan - Les comités de résistance : une révolution par la base - Les comités de résistance, également appelés comités de quartier, sont des acteurs centraux des mobilisations actuelles contre le coup d’Etat au Soudan. Ils sont la principale structure d’auto-organisation de la révolution Soudanaise. Quelles perspectives de démocratie directe offrent-ils pour le Soudan ?
SOUDAN : LA REVOLUTION PROLETARIENNE EST EN TRAIN DE FAIRE CRAQUER LA DICTATURE MILITAIRE
Le pouvoir militaire vient d’accepter une rencontre le 5 décembre 2022 avec un certain nombre d’organisations de lutte pour organiser une transition vers un pouvoir civil.
Les manifestations, grèves et luttes incessantes du peuple soudanais, de sa jeunesse, des travailleurs depuis le coup d’Etat militaire du 25 octobre 2021 que les militaires avaient organisé pour tenter de stopper la montée de la révolution qui de son côté avait déjà fait tomber la dictature islamiste sanglante de Omar el Bechir en 2019, ont donc eu raison du coup d’Etat et des militaires. C’est parce que ces manifestations presque quotidiennes ne faiblissaient pas malgré la répression et ont au contraire montré un visage massif et encore plus conquérant lors de la dernière manifestation du 1er décembre 2022, que les militaires ont finalement jeté le gant, malgré le soutien ces derniers jours des militants islamistes qui soutenaient la dictature de Omar el Béchir et qui sont descendus dans la rue pour dénoncer l’accord « laïc » en vue et exiger que le Soudan reste un pays musulman. Mais cette manoeuvre de derniere minute pour jouer sur la fibre religieuse, a échoué.
Bien sûr, tous les révolutionnaires ne sont pas d’accord avec cette rencontre du 5 décembre. Ils n’y voient qu’un moyen pour le pouvoir et les militaires en passe de déconfiture de sauver les meubles en mettant en place un régime civil par en haut pour empêcher la prise du pouvoir par la base, par le peuple organisé dans une multitude de comités de quartier, pour empêcher un pouvoir prolétarien car c’est bien de ça qu’il s’agit.
La révolution soudanaise est une révolution prolétarienne totalement ancrée dans le peuple et structurée par les comités de quartiers, sortes de soviets soudanais qui animent et dirigent la lutte avec de plus en plus d’ampleur depuis un an et plus.
Les révolutionnaires ont donc déclaré qu’ils mettraient ces négociations qui commencent le 5 décembre sous contrôle public en rendant toutes leurs séances publiques.
La révolution prolétarienne soudanaise vient quoi qu’il en soit de remporter un important succès qui ne peut qu’encourager à aller plus loin... et ici à la faire connaître et la soutenir.
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SOUDAN : LA REVOLUTION PROLETARIENNE NE S’ARRETE PAS
Alors que l’armée a commencé ce 5 décembre le début du processus de transmission du pouvoir aux civils avec le FFC, un front de forces révolutionnaires qui ont joué un rôle décisif dans la chute du dictateur en 2019, les Comités de quartier vers lesquels se sont de plus en plus déplacés les forces vives de la révolution dans ce qu’elles ont de plus populaires à partir de fin 2021 et la lutte contre le coup d’Etat militaire, appellent pour leur part à ne pas arrêter la mobilisation à cette négociation mais au contraire à continuer et amplifier la révolution parce qu’ils veulent le pouvoir au peuple et non le pouvoir aux « civils », c’est-à-dire à des notables, comme les militaires cherchent à le faire et aussi l’ONU à travers ces négociations.
Les révolutionnaires des Comités de quartier ont donc pris note du recul de l’armée et se sont félicités de cette victoire de la mobilisation populaire mais ont aussi appelé à continuer le processus révolutionnaire par en bas et à ne pas se laisser tromper par des négociations qui resteraient hors du contrôle populaire et qui pourraient déposséder le peuple de ce qu’il a gagné puisqu’une bonne partie du contrôle de la vie civile sous la plupart de ses formes est aujourd’hui entre les mains des Comités de quartier, qui ont donc en partie déjà le pouvoir.
Les Comités de quartier ont donc appelé à une mobilisation massive ce 5 décembre, avec manifestations et blocages des rues par barricades , ce qui est largement suivi à Khartoum (photos ci-dessous) pour affirmer que c’est au peuple de décider.
Le cortège des Comités de quartier se dirige à l’heure de ce post vers le palais présidentiel
Via Jacques Chastaing
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Des révoltes plus ou moins virulentes continuent dans de nombreux autres pays, quelques exemples :
LA DICTATURE IRANIENNE RECULE, DEMANTELE LA POLICE DES MOEURS ET VEUT REVISER LA LOI SUR LE VOILE OBLIGATOIRE
Alors que les manifestations continuent malgré la répression, comme en témoigne la vidéo de la manifestation de vendredi à Zahedan dans le Baloutchistan (en même que d’autres manifestations parallèles de l’autre côté de la frontière dans le baloutchistan pakistanais) l ’Iran a annoncé l’abolition de la police des moeurs à l’origine de l’arrestation de la jeune Mahsa Amini, dont la mort en détention a provoqué une vague de contestation en Iran qui perdure depuis près de trois mois.
Cette annonce, est un grand recul face aux manifestants. De plus, elle est intervenue après la décision samedi des autorités de réviser une loi de 1983 sur le port du voile obligatoire en Iran, imposé quatre ans après la révolution islamique de 1979.
Tout n’est pas fini, mais ce recul va encourager les manifestants à aller plus loin encore
https://www.facebook.com/839130522/videos/916222986393271
ET PENDANT CE TEMPS LA, AU MYANMAR (BIRMANIE) AVEC UN IMMENSE COURAGE, LA POPULATION CONTINUE A MANIFESTER CONTRE LE COUP D’ETAT MILITAIRE
COMME CE 5 DECEMBRE 2022 DANS LE VILLAGE DE TAZE
Mais aussi des manifestations qui ne s’arrêtent pas un peu partout depuis le coup d’Etat militaire de février 2021 comme par exemple ce 5 décembre en plus de Taze, dans plusieurs villages des régions de Yinmarbin, Saligyi ou Chindwin
HOMMAGE A LEUR COURAGE !
SOULÈVEMENT EN MONGOLIE : LES MANIFESTANTS INVESTISSENT LE PALAIS PRESIDENTIEL
Le mouvement a commencé à la mi novembre sur les réseaux sociaux. Puis il y a eu une manifestation le 4 décembre sur la place Sukhbaatar à Oulan Bator la capitale, renouvelée le 5 décembre.
Un scandale de corruption - de plus - autour de vol massif de charbon produit par la Mongolie par des responsables du pays a fait sauter le couvercle et donné lieu à l’expression d’une colère générale sur les salaires trop bas, l:a pollution, le chômage, la hausse des prix... Déjà en avril la jeunesse avait manifesté mais aussi la population plusieurs fois ces dernières années depuis 2019 autour de multiples scandales de corruption qui avaient amené le 1er ministre a démissionné., le président du parlement évincé... mais rien ne change
https://www.facebook.com/reel/708609713798400/?s=single_unit
CONTRE BACHAR LE SANGUINAIRE
Une manifestation contre la dictature sanguinaire de Bachar el Assad et la détérioration des conditions de vie a éclaté hier en Syrie à As-Suwayda.
Les manifestants protestent contre la hausse des prix, les coupures d’électricité, les pénuries de nourriture et de carburant. Le bâtiment du gouvernement a été pris d’assaut. Des manifestants ont par ailleurs brûlé un drapeau russe pour dénoncer l’aide apportée par le régime de Poutine et son armée au dictateur pour écraser la révolution du peuple syrien
https://www.facebook.com/James.Sid.JSJS/videos/465664842379685
CHINE : LES PROTESTATIONS CONTINUENT
Malgré la répression, la censure et le peu qui filtre, des informations continuent cependant à arriver montrant que la contestation n’est pas éteinte, loin de là.
A Guangzhou (Canton) où les protestations ont été les plus importantes après celles du Xinjiang, les travailleurs chargés de construire le camp de quarantaine pour « accueillir » les personnes atteintes du covid, se sont eux-mêmes enfuis, laissant le chantier en plan, parce qu’ils étaient eux-mêmes soupçonnés d’être contaminés et donc menacés d’enfermement dans le camp qu’ils construisaient.
A Xinfadi, Gaobeidian, province du Hebei, des manifestants ont défoncé les barrières censées marqués les secteurs confinés des autres
Manifestation parapluie des étudiants à l’Université de Wuhan ce 4 décembre qui rappelle la révolution des parapluies à Hong Kong.
Les protestations de parents causées par la violence à l’école contre les élèves dans le comté de Santai, Mianyang, Sichuan se sont poursuivies d’hier soir à ce matin 4 décembre, et la police sur les lieux a commencé à arrêter certains parents.
Le 3 décembre, à Dongshankou, Guangzhou, trois hommes ont été arrêtés, parce qu’ils portaient des feuilles de papier blanches (comme tous les manifestants ces derniers jours)
Intervention de la police à Shangaï le 3 décembre contre un rassemblement de « parapluies »
Manifestation de femmes et seniors à Baoding avec des papiers blancs
Un camp de quarantaine a été incendié à Lanzhou......
- Iran et Soudan : deux révolutions populaires en cours
- Pakistan, chasses aux talibans
PAKISTAN : LES MANIFESTATIONS ET BLOCAGES CONTINUENT DEPUIS PLUS D’UN MOIS
Dans le Baloutchistan pakistanais, en même temps que dans le Baloutchistan iranien où ont lieu des manifestations importantes à Zahedan contre le régime des Ayatollahs, des manifestations ont lieu depuis plus d’un mois dans la région du port de Gwadar. Les manifestants bloquent le port qui est important pour l’économie pakistanaise, mais aussi le centre villes, des autoroutes et encore l’aéroport international de Gwadar il y a deux jours le 2 décembre. Les manifestants veulent tout : hausse des salaires, des droits ouvriers, des hôpitaux, écoles, dispensaires, routes, services publics...
LA TRAQUE DES TALIBANS PAR LA POPULATION CONTINUE AU PAKISTAN
Un mouvement populaire massif de chasse aux Talibans a commencé en Août 2022 dans la province du Khyber Pakhtunkhwa au Pakistan, l’ancien fief des Talibans, et continue depuis sans discontinuer.
Après une guerre de la population contre les Talibans qui a duré dix ans dans le Waziristan pakistanais et a fait de nombreuses victimes, les talibans se sont réfugiés dans le nord de la province du Khyber Pakhtunkhwa et c’est de là, avec la complicité des autorités pakistanaises, qu’ils ont ensuite repris l’Afghanistan. Mais depuis ce mois d’août 2022, le PTM (organisation de défense pachtoune) , organisation d’inspiration laïque et se réclamant du marxisme, a repris la lutte pour chasser les talibans de toute la province et organise avec succès un immense mouvement de masse contre les opérations de racket, le gangstérisme et le terrorisme des talibans et de leurs complices dans les sommets de l’Etat pakistanais.
INDE 26/11/2022. LE MOUVEMENT PAYSAN MENACE DE BLOQUER INDÉFINIMENT LA CAPITALE ET TOUTES LES VILLES DU PAYS S’ILS N’OBTIENNENT PAS UNE SORTE DE SMIC PAYSAN
5 millions de paysans ont bloqué ce 26 novembre les gouvernorats de 25 Etats du pays (sur 28) à l’appel du SKM (coordination paysanne) pour obtenir un prix minimum garanti par l’Etat à la vente de tous leurs produits égal à deux fois celui du marché, ce qui revient à une sorte de smic paysan, ce qui serait littéralement une révolution dans ce pays de 500 millions de paysans et 800 millions de ruraux, et par la suite pour toute l’Asie du sud, déjà pas mal en mouvement, du Pakistan au Bangladesh en passant par le Sri Lanka ou la Birmanie, et enfin le monde entier.
A l’issue de cette journée de mobilisation réussie où une foule d’ouvriers, d’étudiants, de femmes, de petites gens ont participé à la mobilisation paysanne, le SKM a déclaré le président Modi (droite extrême) « traitre » au pays, et a menacé de bloquer non seulement la capitale Delhi comme ils l’ont fait pendant un an l’année dernière mais également toutes les villes du pays. Il a par ailleurs appelé à une Assemblée Générale nationale géante le 8 décembre, pour décider ensemble des suites à donner à cette journée du 26/11, ce qui tranche du point de vue démocratique avec les habitudes ici des directions syndicales et qui fait aussi le succès du mouvement paysan indien.
(posts de Jacques Chastaing)