- Insurrection au Bangladesh : grande victoire d’étape - A suivre...?
🇧🇩 AU BANGLADESH : VICTOIRE DE L’INSURRECTION, LA PREMIÈRE MINISTRE S’ENFUIT EN HÉLICOPTÈRE
Un hélicoptère qui s’envole de la résidence de la Première Ministre, avec la dirigeante à bord. Des centaines de milliers de personnes dans des rues enflammées. Des milliers d’émeutiers qui pillent le palais du pouvoir. Une démission fracassante. C’est le dénouement victorieux du mouvement de révolte qui a commencé au début du mois de juillet en Bangladesh.
Dans ce petit pays situé à l’Est de l’Inde, l’un des plus densément peuplé et pauvres du monde, une mobilisation est partie des universités, notamment des étudiant-es de la capitale, Dacca, contre un système de quota injuste.
L’État réserve 30% des places à l’université aux « descendants de combattants » et moins de la moitié en fonction du mérite. Dans un pays autoritaire et largement corrompu, il s’agit pour le régime de consolider son pouvoir, en réservant les places aux enfants des soutiens du parti au pouvoir au détriment des autres.
Ce mouvement a été très violemment réprimé, avec des dizaines de morts et des milliers d’arrestations, le déploiement de l’armée et des coupures d’internet. Dans un pays régulièrement secoué par les révoltes sociales, notamment une grande grève ouvrière à l’automne dernier, elle aussi étouffée par la répression, le mouvement a fait boule de neige et est devenu une protestation généralisée. La Première ministre bangladaise, Sheikh Hasina, au pouvoir depuis 2009 et de plus en plus autoritaire, est largement détestée et a été réélue dans des conditions douteuses.
La tension a atteint son point maximal dimanche 4 août. Un nouveau couvre-feu est entré en vigueur, les 3.500 usines de la capitale ont fermé et 98 manifestant-es ont été tué-es. C’était la journée la plus meurtrière depuis le début du soulèvement. En un mois, la police et l’armée du Bangladesh ont tué 300 personnes.
Ces dernières semaines des commissariats, des sièges de médias et des prisons ont été attaqués, des centaines de détenu-es libéré-es, la situation était incontrôlable, allant bien au-delà des revendications initiales. La participation massive des ouvrières et ouvrier du textile, secteur majeur de l’industrie du Bangladesh, souvent victimes d’une situation de quasi-esclavage, a été déterminante.
Ce lundi, 400.000 personnes ont marché dans les rues de Dacca, faisant tomber un par un les barrages policiers. Une partie d’entre elles a pris d’assaut le Ganabhaban, le Palais de la Première Ministre. L’AFP révèle que cette dernière « voulait enregistrer un discours. Mais elle n’a pas eu l’occasion de le faire. Son équipe de sécurité lui a demandé de partir, elle n’a pas eu le temps de se préparer ».
Emmenée avec sa sœur dans un véhicule, elle a été transférée en urgence dans un hélicoptère, en direction de l’Inde. Dans le palais, les protestataires ont pillé tout ce qui était possible : meubles, poulets, matériel numérique, valises, canapés...
Ce 5 août, un foule gigantesque participait à des manifestations de joie dans les rues de Dacca, célébrant la démission de Sheikh Hasina. En septembre dernier, Macron allait saluer la dirigeante déchue, en déclarant que la réussite du Bangladesh était « fondée sur les principes démocratiques et l’État de droit » et que « la France sera à nouveau à ses côtés ». Sheikh Hasina avait répondu à Macron : « Vous apportez un bol d’air frais aux relations internationales ».
(post de Contre Attaque)
Remarques :
Les étudiants et autres révoltés du Bangladesh veulent-ils se libérer des gouvernements et de l’Etat ? Veulent-ils s’émaniper du capitalisme ? Apparemment non. à suivre...
Vont-ils arriver à déborder l’armée et la bourgeoisie, qui vont tout faire, y compris lâcher un peu de lest, pour obliger à un retour "à la normale" ?
Vont-ils se retrouver piégés dans le retour des mêmes politiques et modèles de sociétés comme après les "révolutions" arabes, ou vont-ils poursuivre le processus révolutionnaire ?
Vont-ils s’arrêter et revenir aux institutions mortifères (nouvelles élections) après cette grande victoire d’étape arrachée au prix de nombreux morts, ou vont-ils démolir les bases du pouvoir et du capitalisme pour s’engager vers la démocratie réelle et l’émancipation et ainsi empêcher tout retour "à la normale" ?
Vont-ils tirer les leçons des échecs au Sri-Lanka et ailleurs pour pousser beaucoup plus loin l’insurrection et de ne pas se laisser endormir par les sirènes du capitalisme, des "démocrates bon teint "et des pacifistes ?
Après le Bangladesh, bientôt un soulèvement victorieux en France ?
Révolution au Bangladesh.
Les manifestants se massent devant les prisons et libèrent les prisonniers politiques.
Les coordinateurs étudiants ont déclaré que le Parlement était dissous
Les étudiants remplacent la police autoroutière qui a disparu tout comme les autre policiers se cachent quand ils ne sont pas pourchassés. Des bâtiments officiels comme des maisons de notables du régime continuent à être incendiées
BANGLADESH. LES ETUDIANTS APPELLENT A CONTINUER LA REVOLUTION ET TENIR LA RUE JUSQU’A CE QU’UN NOUVEAU GOUVERNEMENT DEMOCRATIQUE REPRESENTANT LA REVOLUTION SOIT MIS EN PLACE
Hier soir, les coordinateurs étudiants, ont appelé à une deuxième phase de construction de la révolution après avoir fait tomber le gouvernement de Sheikh Hasina dans la première phase.
Contre la tentative de l’armée de constituer son propre gouvernement avec déjà des noms des restes de l’ancien système et les partis de droite qui pourraient y être intéressés, ils appellent la population à continuer à tenir la rue jusqu’à ce qu’un gouvernement représentant ce qu’ils appellent la révolution des "étudiants-citoyens" appuyée par la société civile soit mis en place sous contrôle du peuple.
Pour ce faire, hier soir, ils ont proposé comme 1er ministre (ou "1er conseiller" comme ils le disent) le prix Nobel de la paix bangladais Mohamad Younus, très populaire au Bangladesh, un des initiateurs du microcrédit et inventeur de la banque des pauvres et de l’économie par en bas, qui a accepté et a suscité sur les réseaux sociaux une immense approbation.
Du coup, le BNP, le principal parti d’opposition qui est de droite (l’ancien gouvernement est de centre gauche soutenu par les principales directions syndicales) qui magouillait avec l’armée pour constituer un gouvernement, a retourné sa veste, et semble accepter Younus tandis que les partis de gauche s’alignent.
Les coordinateurs étudiants, dont le syndicat de l’université de Dhaka fait historiquement fonction de second Parlement, ont indiqué, court-circuitant le gouvernement proposé par l’armée, qu’ils proposeraient d’autres noms pour le gouvernement ce mardi 6 août, tous selon eux représentants de la révolution.
Par ailleurs, les affrontements avec la police et la Ligue Awami ont continué faisant 135 morts ce lundi 5 août, mais cette-fois peut-être beaucoup plus du côté des forces de l’ordre et des anciens dirigeants du pays, certains notables ont en effet été battus à mort, tandis que leurs maisons ont été incendiées et pillées
BANGLADESH : LES ETUDIANTS EXIGENT QUE LE FUTUR GOUVERNEMENT SOIT RESPONSABLE DEVANT LA RUE QUI A RENVERSE LE POUVOIR EN PLACE
Alors que l’armée a annoncé la constitution d’un gouvernement intérimaire après la fuite du 1er ministre, tout en déclarant qu’elle en discuterait d’abord avec les coordinateurs étudiants, Asif Mahmud, l’un des coordinateurs du mouvement étudiant anti-discrimination, a annoncé aux côtés d’autres coordinateurs que les grandes lignes du gouvernement national intérimaire seront dévoilées ce soir autour de 20 heures à la fontaine de la SAARC dans le bazar Karwan de la capitale au foyer de la mobilisation populaire. Il a exhorté les médias à être présents à l’événement.
Il a souligné : « Le mouvement a commencé dans les rues, notre victoire initiale a été construite par la rue, et nous voulons déclarer notre victoire finale et nos objectifs dans la rue. »
REVOLUTION : DANSONS SOUS LA PLUIE
A Sylhet, d’où est parti il y a deux ans avec la grève de 150 000 ouvrières/esclaves des plantations de thé, le mouvement quotidien et incessant au Bangladesh qui a abouti aujourd’hui à la chute du gouvernement, la population danse et chante sa joie sous la pluie
https://www.facebook.com/DailyProthomAlo/videos/818123333796545
Par contre, les étudiants ne semblent plus parler de constituer des comités de quartier, c’est-à-dire l’embryon d’un pouvoir du peuple par lui-même
Bangladesh. Dans une conférence de presse télévisée, neuf des coordinateurs les plus connus du mouvement étudiant, ont déclaré qu’il était hors de question que se mette en place un gouvernement de l’armée. I
Ils veulent un gouvernement intérimaire composé de toutes les forces qui ont amené à la chute du gouvernement de Sheikh Hasina, étudiants, enseignants et autres représentants de la société civile, dont le but exclusif sera de remettre le pouvoir au peuple par le biais d’élections
Ils devraient détailler ce soir les mesures précises que devra prendre ce gouvernement intérimaire
L’armée va faire une proposition de gouvernement intérimaire aux coordinateurs étudiants - c’est significatif de l’ambiance et des rapports de force, elle ne cherche pas pour le moment l’affrontement -. Tout dépend donc en ce moment des coordinateurs étudiants. Par contre, les étudiants ne semblent plus parler de constituer des comités de quartier, c’est-à-dire l’embryon d’un pouvoir du peuple par lui-même, comme ils l’avaient fait hier, ce qui ne serait pas bon... mais je ne parle pas Bengali et les choses vont vite
BANGLADESH : LES MAISONS DES MINISTRES INCENDIÉES
Les maisons des représentants publics, ministres, parlementaires, les bureaux de la Ligue Awami (parti au pouvoir) et de leurs dirigeants, les commissariats de police et différentes autres installations gouvernementales ont été attaqués, vandalisés et incendiés dans 39 districts dimanche 4 août par les insurgés.
La résidence du ministre de l’Éducation Mohibul Hasan Chowdhury dans la ville de Chattogram a été incendiée, mais aussi les maisons de quatre dirigeants du BNP (opposition de droite) ont été attaquées et incendiées.
Les manifestants ont attaqué et saccagé la maison du secrétaire général adjoint central de la Ligue Awami et député de Kushtia-3 (Sadar) Mahbub Ul Alam Hanif à Kushtia.
La résidence du ministre de la protection sociale Dipu Moni et le bureau de Chandpur pourashava situé sur la route JM Sengupta à Kushtia ont été vandalisés. Le poste de police de Kalibari de la ville et le bureau de la Ligue Awami du district ont été vandalisés.
Les manifestants ont attaqué la résidence du ministre d’État des ressources en eau et député de Barishal-5 (Sadar) Zahid Farooq à Nobogram Road à Barishal
La maison du député de Dinajpur-3 et du whip du parlement national Iqbalur Rahim à l’intersection de l’hôpital a été vandalisée et incendiée. Au même moment, deux véhicules de police garés devant sa maison ont été vandalisés et incendiés.
À Habiganj, les dirigeants et les travailleurs de la Ligue Awami et de la Ligue Chhatra (ligue étudiante soutenant le pouvoir) poursuivis par les manifestants se sont réfugiés dans la maison de Md Abu Zahid, président de la Ligue Awami du district et député du siège de Habiganj-3. Les manifestants ont encerclé la maison.
Les hommes du parti au pouvoir assiégés dans la maison ont tiré des balles sur les manifestants tandis que ceux-ci ripostaient en jetant des briques et des pierres. La situation de confrontation a continué jusqu’à 8 heures du matin. Les manifestants ont incendié des bâtiments adjacents et plusieurs magasins.
À Sirajganj, les manifestants ont vandalisé les maisons de l’ancien député Habibe Millat et de l’actuel député Jannat Ara Henry.
Les manifestants ont vandalisé la résidence du député Asaduzzaman Noor, le bureau de la Ligue Awami et ont vandalisé et incendié le poste de police de Nilphamari.
Un cortège de manifestants a été attaqué sur la route de Kalibari à Tangail. Plus tard, ils ont attaqué la maison du député de la circonscription de Tangail-2, Tanvir Hasan (Choto Monir), dans la zone d’Adalat Para. Les manifestants ont également vandalisé la maison du maire pourashava SM Sirajul Haque. Les manifestants ont également saccagé et incendié une station-service et un restaurant appartenant à Tanvir Hasan.
Des briques ont été lancées sur la résidence de l’ancien ministre d’État Sharif Ahmed à Mymensingh. Des actes de saccage ont été signalés à la résidence du député Nuruuddin Chowdhury à Lakshmipur. Les résidences du député Mujibur Rahman à Bagura et du député Sheikh Helal à Khulna ont également été attaquées et incendiées.
Les manifestants ont incendié le commissariat de police de Mohonpur et le bureau de la Ligue Awami de l’upazila à Rajshahi. Les bureaux de la Ligue Awami des unités de la ville et du district de Khulna ont été vandalisés vers midi. Le bureau de la Ligue Awami de la ville de Faridpur a également été attaqué.
A Purbadhala de Netrokona, les manifestants ont saisi 10 pistolets et 400 balles en attaquant un véhicule de police. Six policiers ont été battus et leur véhicule vandalisé.
(post de J Chastaing)