L’inceste...
Et si on en parlait réellement ? A la télévision, dans nos discutions, et même dans nos réseaux militants, je n’entends jamais, ou rarement parler d’inceste. Je n’ai même jamais participé à une manif contre les violences sexuelles envers les enfants, ni contre les violences faites aux enfants tout court.
Bien sûr que c’est toutes formes de violences qu’il faut combattre, mais l’inceste et la pédophile sont des sujets trop souvent évités. Parce que sûrement trop dur à entendre.
Dans les médias, le sujet est survolé, au niveau de la jusitice ? N’en parlons même pas... Il y aurait en France 1 personne sur 10 victime d’inceste, sur 10 personnes touchées 8 seraient des femmes.
J’avoue moi aussi, j’ai réfléchie toute une nuit avant d’y écrire un article par peur de remuer de mauvais souvenirs enfouis chez des lecteurs ou des lectrices
Je me surprend à chercher sur Ricochets des articles en lien avec l’inceste et je n’en trouve que 2 qui en parlent vraiment. Alors que tellement de personnes autour de moi l’on vécu, je m’en suis rendu compte en libérant ma propre parole. Je le balance sans tabou afin de permettre à d’autres de le faire sans honte et sans excuses. Parce qu’évident, c’est nous, enfants abusés qui avons le ventre noué de crainte en n’en parlant. J’ai vécu toute mon enfance les abus d’un grand-père pervers. J’ai grandi avec la croyance que j’étais dégeulasse sans en parler à personne, croyant que ce grand-père était adulé par mes parents et le reste de la famille.
C’est à la suite d’une forte période de mise en danger personnelle que j’ai opté pour mettre un coup de pied dans la fourmilière et de parler, tant pis si on me croyait pas. Mon grand-père était mort lorsque j’ai parlé. Grande surprise, non seulement on m’a crut, mais en plus tout le monde au fond s’en doutait ! Ma sœur, mon frère, mes tantes et mes cousines ont pu à leur tour parler et avouer aussi ce qu’iels avaient vécu ! Tou.s.tes. au fond le savaient mais personne n’avait réagit... Le déni, c’est lui qui était à l’œuvre de tout cela. LE DENI TUE
Aujourd’hui, j’ai pardonné, comprenant qu’iels avaient été aussi victimes de cet homme là.
L’important c’est que le voile c’est levé et qu’avec de la chance, le secret révélé, cela permettra la guérison, évitant que l’un ou l’une d’entre nous fasse le même crime que mon grand-père qui, peut-être ? Avait-il lui-même subit l’inceste et a reproduit le schémas sur nous ?
Désolée de parler ainsi de ma vie, mais c’est, je crois la meilleur façon de toucher une part de la réalité.
C’est le déni et le silence qui permet à ces actes de se transmettre.
En en parlant, je me suis rendu compte que beaucoup de monde a vécu la même chose, de tout sexes et tout genres confondus. Beaucoup d’entre nous sont abimés, on du mal avec la sexualité, leur corps, les relations amoureuses, et surtout la relation avec eux-mêmes. Plus encore s’ils n’ont jamais été considérés comme étant victime d’un être malade ou pervers.
Peut-être que si, petite j’en avais plus souvent entendu parlé, j’aurais su dire non plus tôt... Peut-être que si j’avais entendue plus de témoignage en tant que jeune adulte, j’aurais eu plus de considération envers moi-même et je n’aurais pas essayé de foutre ma vie en l’air, j’aurais compris plus vite ce qu’il m’est vraiment arrivée.
En parler, c’est toujours difficile, c’est tellement trash qu’on a peur de choquer, peur de déranger, que l’autre ne soit pas prêt à entendre ce récit, finalement, ont reste toujours à s’excuser de l’avoir vécut, peur de détruire l’équilibre de la famille, de ne pas être crut…
Il serait vraiment très important que ce sujet devienne un véritable enjeux sociétal, qu’il soit prit en considérations dans nos manifs, de faire une pression aussi sur l’Etat pour que ces sujets soient vraiment prit au sérieux et qu’on arrête de regarder à coté...
En espérant qu’un jour le déni tombe, qu’on puisse relever la tête et que la honte change de camps.
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