La crise était prévisible

mais les « élites » sont irresponsables

jeudi 2 avril 2020, par Etienne.

Voici une vidéo du regretté Alexandre Grothendieck au CERN en 1972. Grothendieck est probablement l’un des génies du XXe siècle. Mais il décide d’abandonner la recherche lorsqu’il se rend compte que les objectifs institutionnels de la recherche sont dangereux pour les populations. Grothendieck est un prophète. En filigrane, et parfois même très explicitement, la crise générale que nous vivons, et notamment la pandémie, qui n’en est qu’un des éléments, est annoncée dans cette conférence.
De sorte que la doctrine en cours de constitution dans les milieux dirigeants de la planète sur son imprévisibilité est absolument contredite. Leur couleur, bleue, brune, rouge, importe peu : ces nuances ne sont plus pertinentes. Leur paradigme commun est celui du scientisme et du productivisme.
Thierry Breton, commissaire communautaire, chargé de la politique industrielle, du marché intérieur, du numérique, de la défense et de l’espace, et autres terres découvertes à marée basse, développait précisément cette thèse d’imprévisibilité sur France Inter ce matin.
La fable de l’imprévisibilité est une parade destinée à camoufler l’irresponsabilité profonde des cercles dirigeants et technocratiques, dont un représentant notoire, Jean-Gabriel Ganascia, président de la potiche nommé Comité d’éthique du CNRS, était présent il y a quelques semaines à Crest pour une conférence climato-négationniste digne d’un hiérarque soviétique.

La crise, dont la pandémie n’est que la première facette, était parfaitement prévisible. Les oligarchies n’ont pas voulu la voir, pas su la voir, pour tout simplement n’être pas dotés de l’appareillage intellectuel pour l’appréhender.

Appareil intellectuel pourtant présent, comme l’exemple de Grothendieck le montre.
L’autre composante de la crise est la farce démocratique qui empêche depuis des décennies les peuples de se débarrasser de dirigeants incapables et dangereux ?
Non seulement la crise était prévisible mais annoncé pourvu qu’on sache faire de la science, science qui ne se confond pas avec le scientisme.

Après Grothendieck, Dumont l’annonçait, puis Jarred Diamond dans son ouvrage « Effondrement » des terribles soubresauts, relayées récemment par Pablo Servigne et Raphaël Steven, qui synthétisent nombre d’études sous le chapeau de collapsologie. Sans omettre évidement le rapport Meadows, le GIEC, Greta Tunberg, le mouvement de la décroissance et les millions de militants anonymes qui eux ont vu venir la crise.

Thierry Breton est commissaire communautaire. Son intervention déplacée de ce matin confirme une nouvelle fois le caractère structurellement a-démocratique de l’Union européenne (qui n’est qu’une partie de l’Europe). La myopie coupable de l’ensemble de la génération des dirigeants productivistes doit dégager. Il est à craindre que cela ne se fasse pas calmement. Ce ne sera pas la faute des peuples mais des imprévoyants irresponsables qui n’ayant pas su prévoir ne sauraient diriger.
https://youtu.be/ZW9JpZXwGXc

P.-S.

Vignette : Grothendieck est au milieu


Forum de l’article

  • La crise était prévisible Le 2 avril 2020 à 18:52, par Etienne

    Certes, après 1970 Grothendieck reste mathématicien et devient en 1973 pprofesseur à l’université de Montpellier, comme il l’explique lui-même dans la vidéo. Par contre il démissionne l’IHES, partiellement financé par des fonds militaires. Il est proche également de Thom (théorie des catastrophes) et de Ruelle (non linéarité, équation écologique), dont les travaux ouvrent les perspectives de ce qui est appelé « collapsologie ». Grothendieck ne conteste pas la science, ni le savoir. Juste le scientisme et les orientations non démocratiques de la science.

    Ci-dessous, quelques éléments issus de Wikipedia

    A partir de 1970, Grothendieck quitte l’IHES, partiellement financé par des fonds de recherche. Il entame Un voyage au Viêt Nam en 1967, le printemps de Prague et Mai 68 le poussent vers les milieux contestataires jusqu’à ce qu’il démissionne de l’IHÉS en 1970, en signe de protestation contre le financement partiel de l’institut par le ministère de la Défense.

    À la suite de sa démission, il fonde avec Pierre Samuel et Claude Chevalley le groupe écologiste et politique Survivre et vivre dans le but de propager ses idées antimilitaristes et écologistes. Sa maison est alors grande ouverte aux groupes hippies dont il est le « gourou ».

    Grothendieck obtient un poste de professeur associé au Collège de France où, le 3 novembre 1971 il introduit son cours de mathématiques par une séance intitulée « Science et technologie dans la crise évolutionniste actuelle : allons-nous continuer la recherche scientifique ? ». Il aborde ainsi les questions non techniques de la survie « sous sa propre responsabilité, sans sanction officielle, et sans que le fait soit signalé sur les affiches du Collège de France. » car « une majorité de professeurs du Collège de France a voté contre, une première dans l’histoire de la vénérable ».

    ..... En 1973, il obtient un poste de professeur à l’université de Montpellier, qu’il occupe jusqu’à sa retraite en 1988.

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  • La crise était prévisible Le 2 avril 2020 à 18:27, par rutabaga

    Bonjour

    Le film est très intéressant mais on ne sait pas trop ce qui va se passer ensuite.Il me semble souhaitable de lire la page wikipédia qui lui est consacré .En effet Grothendieck va continuer à faire des recherches en mathématiques en travaillant à l’université de Montpellier jusqu’à sa retraite.

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  • La crise était prévisible Le 2 avril 2020 à 10:33, par poulet

    Sur l’imprévisibilité deux interventions par des personnes qui ne sont pas prophètes mais qui font simplement marcher leur intelligence :

    en 2003 un rapport de presque 400 pages du professeur Raoult montrait la probabilité d’une telle épidémie et les moyens pour y faire face.
    Rapport ignoré avec comme excuse : « on avait trop à faire avec la canicule ».

    en 2017 à Chateauroux discours de Jean Luc Mélenchon
    qui analyse parfaitement la situation par rapport à la
    menace de virus inconnus et l’impréparation des autorités
    face à cette menace.

    Alors le « on ne pouvait pas savoir » !!!

    Et France Info qui tient des discours digne de la Pravda de la grand époque !

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