Voici une vidéo du regretté Alexandre Grothendieck au CERN en 1972. Grothendieck est probablement l’un des génies du XXe siècle. Mais il décide d’abandonner la recherche lorsqu’il se rend compte que les objectifs institutionnels de la recherche sont dangereux pour les populations. Grothendieck est un prophète. En filigrane, et parfois même très explicitement, la crise générale que nous vivons, et notamment la pandémie, qui n’en est qu’un des éléments, est annoncée dans cette conférence.
De sorte que la doctrine en cours de constitution dans les milieux dirigeants de la planète sur son imprévisibilité est absolument contredite. Leur couleur, bleue, brune, rouge, importe peu : ces nuances ne sont plus pertinentes. Leur paradigme commun est celui du scientisme et du productivisme.
Thierry Breton, commissaire communautaire, chargé de la politique industrielle, du marché intérieur, du numérique, de la défense et de l’espace, et autres terres découvertes à marée basse, développait précisément cette thèse d’imprévisibilité sur France Inter ce matin.
La fable de l’imprévisibilité est une parade destinée à camoufler l’irresponsabilité profonde des cercles dirigeants et technocratiques, dont un représentant notoire, Jean-Gabriel Ganascia, président de la potiche nommé Comité d’éthique du CNRS, était présent il y a quelques semaines à Crest pour une conférence climato-négationniste digne d’un hiérarque soviétique.
La crise, dont la pandémie n’est que la première facette, était parfaitement prévisible. Les oligarchies n’ont pas voulu la voir, pas su la voir, pour tout simplement n’être pas dotés de l’appareillage intellectuel pour l’appréhender.
Appareil intellectuel pourtant présent, comme l’exemple de Grothendieck le montre.
L’autre composante de la crise est la farce démocratique qui empêche depuis des décennies les peuples de se débarrasser de dirigeants incapables et dangereux ?
Non seulement la crise était prévisible mais annoncé pourvu qu’on sache faire de la science, science qui ne se confond pas avec le scientisme.
Après Grothendieck, Dumont l’annonçait, puis Jarred Diamond dans son ouvrage « Effondrement » des terribles soubresauts, relayées récemment par Pablo Servigne et Raphaël Steven, qui synthétisent nombre d’études sous le chapeau de collapsologie. Sans omettre évidement le rapport Meadows, le GIEC, Greta Tunberg, le mouvement de la décroissance et les millions de militants anonymes qui eux ont vu venir la crise.
Thierry Breton est commissaire communautaire. Son intervention déplacée de ce matin confirme une nouvelle fois le caractère structurellement a-démocratique de l’Union européenne (qui n’est qu’une partie de l’Europe). La myopie coupable de l’ensemble de la génération des dirigeants productivistes doit dégager. Il est à craindre que cela ne se fasse pas calmement. Ce ne sera pas la faute des peuples mais des imprévoyants irresponsables qui n’ayant pas su prévoir ne sauraient diriger.
https://youtu.be/ZW9JpZXwGXc
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