Gilets jaunes : mes revendications structurelles pour la politique et l’économie

Pour obtenir plus que des miettes, un changement très profond est nécessaire

mercredi 16 janvier 2019, par Camille Pierrette.

Mes revendications portent d’abord sur des changements structurels en matière politique et économique.
En effet, pour obtenir plus que des miettes concernant l’amélioration concrète de nos conditions d’existence, et pour que ces changements conséquents soient possibles (pas entravés par le système, ses lois, sa police, ses règles) et durables (ne puissent pas être rapidement rognés), il faut des changements de fond.

Le système en place est doublement verrouillé et ne peut (ni ne veut) pas changer au fond.

  1. La politique est verrouillée par l’oligarchie, les lobbies, dans un système représentatif qui n’est pas démocratique, et donc dont les règles du jeu sont biaisées et faites pour que rien ne change vraiment. Avec les pouvoirs économiques et les gros merdias qui orientent les choses.
  2. L’économie, le travail, sont verrouillés et phagocytées par le système capitaliste et les contraintes fortes de la concurrence, de la compétition de tous contre tous, de la recherche de compétitivité et de diminution des coûts. Ce système pervertit tout.
Les élections sont une parodie de démocratie

Changements politiques

La démission de Macron ou la dissolution de l’assemblée nationale ne changeront rien si on ne change pas les règles et les structures.
Imposer le RIC sera loin de suffire pour vraiment changer la donne.

Il nous faut plutôt une démocratie construite par le bas, c’est à dire par des assemblées locales de taille humaine (quartier, commune...).
Des assemblées horizontales ouvertes à toustes qui pourraient prendre toutes les décisions qui concernent leur échelle.
En veillant à ce qu’il y ait au moins 40% de femmes dans ces assemblées.
Avec possibilité pour les plus jeunes de créer leur propre assemblée s’ils le désirent.

Ces assemblées choisiraient des délégué.e.s (un garçon un fille, qui tournent à chaque fois) pour porter leur parole auprès d’une assemblée d’une région/ville, où seraient décidées toutes les questions propres à cette région/ville, et ainsi de suite si besoin de fédérer à une échelle plus large.

Il s’agit de construire une société non hiérarchique et une démocratie décentralisée basée sur les conseils locaux. Les assemblées populaires s’occupent des problèmes de leurs quartiers et villes.
C’est viser une démocratie sans État central (la France est hélas particulièrement centralisée et fermée aux autonomies locales), avec un système fédéré de municipalités autogérées qui s’inspire du municipalisme libertaire de Murray Bookchin, du Rojava démocratique et du Chiapas.

Ces pistes sont un des moyens primordiaux pour construire une démocratie par le peuple et pour le peuple.

- voir articles sur ces sujets :

Citation prise dans un de ces articles :
“la racine politique de la solution de la nation démocratique est le confédéralisme démocratique de la société civile, qui n’est pas l’État”. Elle doit plutôt s’appuyer sur l’”unité communale”, une construction écologique, sociale et économique qui “ne vise pas à faire du profit” mais plutôt à répondre aux besoins, déterminés collectivement, des personnes qui y vivent.

Appel des Gilets Jaunes de Montreuil : réponse à Commercy
par [Gilets Jaunes de Montreuil->https://www.youtube.com/channel/UCsNeXtA77HHcE4xQ3GiQaBw]
https://youtu.be/mfjcqj001Rc

Nous pouvons avec bonheur nous inspirer de ces exemples concret, Chiapas zapatistes et Rojava démocratique, pour construire notre propre manière de faire une démocratie réelle.
(je rappelle d’ailleurs que le Rojava a publié une vidéo de soutien aux gilets jaunes français + Une autre ici)

In Solidarity with the gilet jaunes - Declaration from the Internationalist Commune of Rojava
par [Internationalists Rojava->https://www.youtube.com/channel/UCOJAp3lFjzDtnpAinxr0uqg]
https://youtu.be/nYKL7oTKlM4

Changements économiques

Pour avancer vers la démocratie et le bien vivre pour toustes il faudra aussi de profonds changements dans le domaine économique (et vice et versa).
En effet, le système économique capitaliste en place, qui vise et encourage la compétition, la concurrence, la lutte de tous contre tous, la valorisation de l’enrichissement et de l’intérêt privé, la marchandisation de toute la nature et tous les aspects de la vie, est totalement incompatible avec une démocratie réelle, qui elle vise le bien commun, l’égalité sociale, un cadre serein pour faire émerger l’intérêt collectif, la coopération d’égal à égal, une société soutenable, la possibilité d’avoir la main sur les choix de production.

De plus, ce système capitaliste entraîne plusieurs maux qui détruisent les possibilités d’une démocratie réelle (ou en tout cas qui l’entravent très fortement) et favorisent les risques de régimes autoritaires (le régime violent et extrémiste de Macron est déjà gratiné) et de dictatures :

  • La précarisation d’une part croissante des gens, qui se retrouvent souvent écrasés et accaparés par la lutte pour la survie matérielle quotidienne, et n’ont plus le temps ou l’énergie de participer aux nécessaires luttes sociales et à aux débats démocratiques
  • La mise sous pression de tous les travailleurs, professions libérales et autres, qui sont très souvent aliénés par leur travail, même celleux qui gagnent beaucoup, et n’ont plus le temps ou l’énergie de participer aux nécessaires luttes sociales et à aux débats démocratiques
  • La destruction accélérée des écosystèmes naturels (rivières, eau, sols, forêts, air, climat, animaux...) qui met à mal nos possibilités de survie et aggravent les conditions de vie des plus pauvres, et qui, si on laisse faire, vont rendre la planète littéralement invivable
  • La destruction et la raréfaction des ressources à cause du capitalisme risque de pousser à la guerre entre peuples
  • L’intervention croissante des lobbies, merdias, multinationales, grands patrons milliardaires dans le débat public et les décisions du régime politique antidémocratique en place
  • La concentration des pouvoirs et des multinationales qui mettent la planète en coupe réglée pour leurs profits et tuent toute possibilité d’autonomie matérielle et d’innovations vraiment utiles et soutenables, qui empêchent la diversité locale de s’exprimer.

Il faut donc absolument destituer aussi le Pouvoir économique et s’écarter résolument du système capitaliste.
D’autant que, l’histoire le montre, dans les périodes de tensions sociales, les capitalistes, soutenus par leurs alliés de tout bord, préfèrent les régimes autoritaires ou fascistes aux démocraties réelles organisées depuis la base par les peuples et pour les peuples. Voir :

Par exemple, ça veut dire que ce serait aux populations, toujours d’abord localement, de définir démocratiquement les grandes orientations CE qui doit être produit, COMMENT ça doit être produit, par QUI ça doit être produit, OU ça doit être produit. Libre ensuite aux initiatives individuelles ou aux coopératives de mettre en pratique.
Il faut donc enlever aux patrons, PDGs et actionnaires, le pouvoir de décision, ils pourraient, tant qu’ils existent encore, conserver peut-être une voix minoritaire.

- Voir l’expérience de la Coopérative Intégrale Catalane qui peut donner des pistes sur le plan économique, avec des choses faisables dès maintenant, et des réflexions :

Pour que ce pouvoir démocratique sur l’économie puisse s’exercer pour de bon, il faudra aussi exproprier au moins les grands patrons et grands propriétaires, pour que les terres et autres moyens de productions deviennent des biens communs collectivement utilisés. Des biens qui ne seraient pas « propriété » d’un Etat, mais confiés de manière inaliénables aux peuples via des instances démocratiques d’abord locales.

Si on ne sort pas du capitalisme, les entreprises et les patrons diront toujours : « on ne peut pas faire telle ou telle mesure sociale si on veut rester compétitifs sur le marché mondial », « si on augmente les rémunérations on met la clé sous la porte »...

Pour être vraiment réalisables, ces voies impliquent, si on les creuse, une profonde remise en cause à terme de tout le modèle économique et social en vigueur : salariat, banques, argent, rémunérations, répartition des taches entre les personnes (pour éviter la trop grande spécialisation et l’enfermement de certain.e.s dans des taches trop pénibles), droit au logement (fin de la propriété privé des logements ?), héritage, éducation (à libérer du conformisme de l’Etat qui n’enseigne pas à penser librement par soi-même et à se libérer collectivement mais à se conformer au désastreux modèle dominant), relocalisation des productions vraiment utiles et soutenables, en finir avec le dogme de la Croissance et du productivisme...etc.


Ces indications sont bien sûr succinctes et partielles, ce sera à l’intelligence collective des assemblées et clubs d’’auto-éducation populaire de les creuser et de se les approprier s’ils le souhaitent.

Si on impose à l’Etat, aux politiciens et aux capitalistes, par le rapport de force généralisé et long (avec bien sûr assemblées organisées partout), par des actions diverses et inventives, de tels changements politiques et économiques, alors non seulement on pourra vraiment voir satisfaites nos nécessaires revendications sociales actuelles (hausse du SMIC, forte baisse des traitement des élus, traque de l’évasion fiscale, reprise de l’ISF ou assimilé, redéploiement des services publics, recrutement massif pour hôpitaux et Ehpad, interdire les pesticides....etc.), mais on pourra aller beaucoup plus loin dans tous les domaines, y compris ceux auxquels on ne pense pas pour l’instant.

Camille Pierrette, Crest - 16 janvier 2019


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