Gilets jaunes : des policiers mutilent volontairement des manifestants, avec une impunité organisée

Les blessés éborgnés par les forces de l’ordre ne le sont pas par accident

mercredi 9 janvier 2019, par Camille Z.

Selon le décompte partiel du collectif Désarmons-les, douze personnes ont perdu un œil dans la répression du mouvement des gilets jaunes. Quatre ont perdu une main. Les tirs de balles en caoutchouc avec les LBD 40 ne sont pas, contrairement à ce qu’affirme la police, imprécis. Enquête.

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Extraits :

Difficile pourtant de voir dans les cohortes de parents, de mamies et de papys qui défilent dans les rues de Paris, de dangereux factieux... Est-ce à dire qu’une fois qualifiés de « factieux », le gouvernement trouve intellectuellement acceptable de mutiler à vie des citoyens ?

Plusieurs policiers interrogés par Reflets plaident l’erreur lorsque les tirs de LBD atteignent les visages. «  Vous savez, en manif, vous faites des tirs réflexe, ça peut très bien atteindre le visage par erreur. Il y a de la fumée partout… Et puis on trimbale les armes dans des sacs, dans des coffres de voiture, les viseurs peuvent être déréglés », explique l’un d’eux. Mais cette théorie ne tient pas.

En effet, comme l’a relevé un internaute, les LBD 40 sont tous équipés d’un viseur électronique (holographique) de la société EOTech, réglés et scellés.

Au cours des dernières manifestations, nous avons pu constater que les tirs de LBD ne se font pas dans les jambes ou le torse, mais toujours à hauteur de visage ou au mieux, de plexus.

Des policiers mutilent volontairement en visant la tête, au risque de tuer !

Au cours de chacune des manifestation que nous avons suivies depuis le 8 décembre, le processus se répète : les manifestants marchent dans le calme. Soudain, les forces de l’ordre organisent une nasse. Enferment les manifestants dans un périmètre restreint pendant une demi-heure ou une heure. La tension monte, les forces de l’ordre tirent des gaz lacrymogènes, la tension monte encore d’un cran, les affrontements deviennent plus violents, la police riposte avec des grenades de désencerclement et des tirs de LBD 40. Il ne s’agit pas de prendre parti dans un match qui opposerait les gilets jaunes aux forces de l’ordre, mais de dresser un constat objectif, basé sur une observation in situ. A chaque fois que la police a nassé sans raison apparente les manifestants, cela a dégénéré. Ce fut le cas par exemple lors de l’Acte VIII quand la police a soudain stoppé la manifestation au niveau du musée d’Orsay et de la passerelle Léopold-Sédar-Senghor. Jusque là, il n’y avait pas eu d’affrontements. A de très nombreuses reprises, l’usage des grenades de désencerclement ou les tirs de LBD étaient inutiles, la sécurité des forces de l’ordre n’étant pas mise en cause. Rien en tout cas qui ne pouvait se régler avec du gaz lacrymogène.

Quelles responsabilités ?

« Vous savez, ces blessures laissent des séquelles à vie. Nous sommes une sorte d’association des gueules cassées par armes de la police », explique un membre du collectif Désarmons-les. « Avant 2018 on avait 2 ou 3 personnes mutilées par ans. En 2018, avant les gilets jaunes, on était plutôt autour de 5. Depuis novembre, les chiffres explosent », poursuit-il.

L’usage des LBD est autorisé par le responsable hiérarchique, qui tient ses directives du préfet, qui les tient lui même du ministère, indique un policier. « C’est la plupart du temps oral et nous savons très bien que celui qui sera poursuivi, c’est le policier auteur des tirs, pas l’Etat », conclue-t-il.

Mais comme la plupart des policiers auteurs des tirs sont en civil, sans signe distinctif permettant de les identifier, les procédures ont peu de chances d’aboutir... Pratique.

Ce qui explique mieux pourquoi les policiers souvent masquent illégalement leur numéro de matricule...
Les chefs et l’Etat se défilent, et couvrent les policiers qui enlèvent leur matricule. Au final, rare seront les policiers poursuivis, et s’ils ont un procès ils s’en tirent presque toujours avec des peines plutôt légères, du sursis.


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