Gilets jaunes, climat, écologie, démocratie... : tout retour à une vie normale est impossible

Et c’est tant mieux !

dimanche 7 avril 2019, par Camille Pierrette.

Même si le régime restait en place (c’est juste une hypothèse, car il chutera !), même si Macron, Castaner et leurs polices parvenaient à mater ou essouffler un jour le soulèvement en gilets jaunes, rien ne serait réglé.
La colère, la soif de justice et de démocratie seront toujours là, encore plus fortes, prêtes à ressurgir à la moindre « occasion ».
De nombreuses personnes supplémentaires ont compris que la France n’est pas une démocratie, que la police et l’Etat ne sont pas avec nous, que les merdias déversent leurs manipulations au profit des puissants et de leur Ordre suicidaire, que les classes supérieures s’accommodent très bien des souffrances des plus pauvres, que la diversité et la liberté de actions sont une bonne chose, que les banlieues populaires subissent des violences policières pire encore que les gilets jaunes et depuis longtemps, qu’il faut éviter les chefs et les récupérations, que le système totalitaire en place (non-démocratie, capitalisme, oligarchies...) est irréformable/brutal/extrémiste, que le capitalisme sera toujours incompatible avec l’écologie et la justice sociale, etc.

Et puis les atroces mutilations policières, l’intense répression façon dictature ne seront pas oubliées non plus ! Tout comme on n’oubliera pas le peu de réactions et de solidarités sur le terrain des « non-gilets-jaunes ».

Les gilets jaunes ont bien compris quels étaient les desseins du régime et de ses alliés : toujours plus de précarité et moins de services publics, plus d’avantages pour les déjà riches et moins d’égalité sociale, plus de privatisations (coûts publics et profits privés), de l’écologie de pacotille qui sert juste de prétexte aux multinationales et lobbies pour gagner plus d’argent et de nouveaux marchés, un mépris total pour notre avenir et celui de nos enfants, destruction de toute résistance et solidarité, etc.

Par ailleurs, les catastrophes climatiques et écologiques sont en cours, et le capitalisme et la civilisation industrielle détruiront tout si on les laisse faire, et généreront prochainement un emballement incontrôlable et cataclysmique du climat.
Tout ça rendra la planète inhabitable, et donc la plupart des espèces vivants, dont la nôtre, risquent fort d’être détruites dans un avenir pas si lointain (c’est à dire avant 2100).
Ce qui fait que les rébellions et contestations concernant notre survie et celle du vivant en général ne risquent pas de se tarir !
Et il faut même espérer et faire en sorte qu’elles prennent de l’ampleur le plus vite possible !

D’un certain point de vue, il faut même espérer que Macron ne dégage pas trop vite, pour éviter de nouvelles élections présidentielles/législatives qui noieraient le poisson, et pour que davantage encore de gens se révoltent en même temps, et aient le temps de s’organiser au lieu de s’abîmer dans des élections dans un cadre institutionnel et capitaliste inchangé et donc le probable retour du même...

Fin du monde, fin de mois, même combat

Pour toutes ces raisons et d’autres encore, il n’y aura plus de retour à la normale.

Même si on s’endort de trop, la casse sociale, les injustices et les catastrophes écologiques et climatiques nous donneront régulièrement des coups de fouet de plus en plus forts.
Les tyrans, les bourgeois, les capitalistes, leurs alliés et leurs laquais tenteront de s’accrocher encore à leur monde meurtrier qui part en lambeau, faisons en sorte qu’ils ne puissent plus tenir très longtemps dans les tempêtes qui s’annoncent.

Si rien ne change, si les autocrates extrémistes et brutaux ne lâchent pas l’affaire, si on ne sort pas du capitalisme, du mythe absurde de la Croissance, si on ne construit pas des démocraties réelles émancipées de l’Etat, on peut prédire sans risque que le soulèvement des gilets jaunes n’aura été qu’une protestation de Bisounours à côté de ce qui pourrait arriver.

Si on laisse continuer le capitalisme et la civilisation, personne ne sera épargné


Petit message amical aux personnes qui actuellement regardent ou soutiennent les protestations de loin
 : si vous voulez éviter des bains de sang, si vous préférez les changements radicaux à peu près pacifiques, si vous voulez survivre vous et vos enfants en évitant que les graves cataclysmes écologiques ne deviennent mortels et incontrôlables, alors c’est maintenant que vous devez rejoindre et soutenir la résistance, pas demain, pour faire masse, faire grève, occuper les rues comme lors des printemps arabes, obliger les politicards à dégager, obliger les capitalistes à lâcher les moyens de production, et construire en parallèle des sociétés vivables et solidaires, c’est maintenant que vous devez agir.
Si vous attendez des insurrections très violentes ou de nouveaux fascismes, ou des hécatombes humaines à cause du climat complètement détraqué, alors il sera trop tard, ce sera le chaos apocalyptique dont vous avez si peur à présent, et le CO2 sera dans l’atmosphère à des taux incontrôlables, tout retour en arrière sera impossible.

Si vous êtes incapables d’être solidaires avec les pauvres, ce qui peut se comprendre vu comment on a été éduqué/habitué, alors faites jouer à fond votre égoïsme, votre instinct de survie, car personne ne passera au travers des emballements climatiques et destructions écologiques, les riches crèveront aussi comme des mouches si on laisse le système totalitaire destructeur en place continuer.

Même les très riches qui se construisent des bunkers ou des ranchs auto-suffisants protégés par des milices privées ne seront pas épargnés, ni par le climat en surchauffe, ni par les pauvres en colère qui voudront les piller et les tuer.

La motivation de notre survie individuelle, de la défense de nos territoires, de là où on vit, sont encore bien plus puissants et universalisables qu’une solidarité avec les exploités d’ici et d’ailleurs, que l’aspiration à une démocratie réelle ou à une justice sociale/fiscale. Cette motivation permettrait de « dépasser » par intérêt commun les intérêts souvent divergents des classes sociales, et de toustes prendre conscience prendre conscience de la nécessité absolue de détruire le capitalisme et les classes sociales.
S’ils étaient intelligents et conscients de leurs intérêts profonds, même les capitalistes, les millionnaires, banquiers, boursicoteurs et actionnaires devraient à présent lutter contre le capitalisme et ses variantes. (ils devraient alors donner une part importante de leurs biens aux anti-capitalistes, zadistes, anarchistes, écologistes radicaux, permaculteurs désintéressés, etc.)

Avec la survie personnelle et celle de nos enfants, et la défense de « nos » territoires pour qu’ils restent habitables, on touche encore plus aux tripes, au vital, c’est moins « abstrait » que la démocratie ou la juste répartition des richesses produites.

Si les humains, les jeunes et les autres, veulent survivre, s’ils veulent avoir un avenir, si on veut garder une planète à peu près habitable, alors on n’a pas le choix, on doit au plus vite à la fois lutter pour arrêter le capitalisme et la civilisation industrielle, et pour construire concrètement des sociétés vivables et soutenables.

L’urgence est absolue, et tout retour à une vie normale est impossible.

Oublions nos habitudes : nos randos sportives se feront dans les rues ou les campagnes pour fuir les flics ou mener des actions, les pique niques auront lieu sur les rond-points et les piquets de grève, les repas de famille se feront dans les maisons du peuple, les parties de foot seront dans les rues entre deux charges de CRS, celleux qui peuvent quitteront leur travail ou passeront à temps partiel, les assemblées populaires remplaceront les terrasses de bar, les jeunes quitteront l’école pour apprendre la vie dans la rue et les activités de résistance, on ne dansera plus dans les concerts mais devant l’incendie d’une banque ou d’une grande surface, les blocages en commun feront plus pour la fraternité que le « vivre ensemble » factice promu par les autorités, on ne regardera plus les merdias mais on créera nos auto-médias, etc.

Que détruire et arrêter ?

- Voici quelques exemples de ce qu’il faudrait arrêter au plus vite si on veut que la planète reste à peu près habitable :

  • Arrêter toute construction d’aéroport, de TGV, d’autoroute, de grandes surfaces, de zones artisanales, de lotissements, de centres industriels de loisirs (parcs d’attraction, Center Parcs...), de centres aquatiques, etc.
  • Ralentir très fortement l’import export de marchandises plus ou moins lointaines, via camions ou portes containers (ce qui implique bien sûr de produire localement l’indispensable et d’abandonner tout le « superflu ») - Finis les dizaines de marques du même produit, les emballages, les sur-emballages, le gaspillage, la sur-consommation de produits exotiques.
  • Interdire les objets à obsolescence programmée : tout objet doit être robuste, recyclable, facilement réparable, peu consommer pour sa fabrication et son usage (low tech)
  • Arrêter au plus vite tous les pesticides et l’agriculture industrielle (et développer partout la permaculture)
  • Diminuer fortement le nombre de voitures et le nombre de km parcourus (ce qui implique des changements dans les aménagements et les modes de vie, et l’abandon du capitalisme), ainsi que le nombre de routes et de parkings
  • Arrêter le nucléaire (trop technologique, trop coûteux, trop centralisé, trop dangereux et trop polluant, et difficile à maintenir en cas d’effondrements)
  • Arrêter à peu près toutes les productions de plastiques, surtout les plastiques jetables et les non-recyclables
  • Démanteler toutes les grandes surfaces et toutes les zones commerciales
  • Interdire toute publicité commerciale quel que soit son support
  • Arrêter toutes les grosses centrales à bois ou autres biomasses
  • Stopper la mise en place d’éoliennes industrielles
  • Arrêter la fabrication d’objets électroniques/électriques dont on peut se passer (et favoriser le partage, la mise en commun pour les autres)
  • Arrêter les vols en avion courte distance (nationaux pour la France) et diminuer très fortement les vols internationaux
  • Stopper les paquebots et d’ailleurs toutes les industries du tourisme
  • Interdire les yatchs et contrôler fortement le nombre de bateaux à moteur de loisir
  • Interdire tous les sports mécaniques, et surtout toutes les compétitions de ce genre (auto, moto, jet ski...)
  • Diminuer fortement le nombre de piscines individuelles, interdire toute construction de nouvelles piscines individuelles
  • Diminuer le nombre de chaînes TV (la plupart sont néfastes ou sans intérêt)
  • Consommer beaucoup moins de vidéos « youtube » et aussi d’internet (tout ça étant à remplacer par diverses formes de culture locale moins gourmandes en énergies et matières premières)
  • etc.

Bien sûr, ces mesures seraient à évaluer suivant le contexte, et ne peuvent être imposer d’en haut par un Etat. Et il faudra forcément sortir du capitalisme et en finir avec l’emploi, la concurrence et la course au profit, pour imaginer d’autres manières de vivre et se procurer le nécessaire.

On est loin en tout cas des mesurettes étatiques en mode greenwashing ou des palliatifs capitalistes !

Permaculture - plan d’un écotystème vivrier

Que construire ?

L’objectif est la démocratie la plus directe possible, la multiplication d’activités de production et de distribution qui s’émancipent du capitalisme, la diffusion d’une autre culture que celle de la civilisation et du progrès technique déifié, le développement d’une forte et vivante vie locale alliée à la recherche de la qualité de vie (au lieu de la quantité et du paraître via la consommation de tout). Tout chose permettant aussi d’éviter le retour d’une forme de fascisme, ce qui n’est pas négligeable non plus !
Les sources d’inspiration existent : Zads, confédération démocratique du Rojava au Kurdistan , Chiapas des communautés zapatistes, cultures des peuples indigènes ou dits « premiers », municipalisme libertaire, décroissance, théories et pratiques libertaires, low tech, etc.

- Voir quelques exemples :

  • Sur les bases utiles à la construction de sociétés vivables, soutenables
  • Isoler les bâtiments, les rendre autant que possible bioclimatiques
  • Multiplier les vélos et les transports en commun
  • Planter massivement des arbres (et plein d’arbres nourriciers) divers là où c’est possible
  • Multiplier les lieux et temps de convivialité, de rencontres par quartiers, d’auto-organisation collective, de fêtes, de culture d’émancipation et de résistance (qualité de vie)
  • Multiplier les lieux d’éducation, d’auto-éducation, hors du capitalisme et de l’Etat
  • etc.

En complément :


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