GILETS JAUNES : 50EME SEMAINE « D’ESSOUFLEMENT »
Post et vidéo sur Nantes révoltée :
Samedi 26 octobre, Acte 50 des Gilets Jaunes. 50 semaines de manifestations sans interruption. Près d’un an que, chaque samedi, les médias annoncent « l’essoufflement » des Gilets Jaunes, mais qu’ils tiennent bon.
Ce que vous ne verrez pas à la télé sur ce samedi :
Plusieurs milliers de manifestants dans plusieurs villes
Des revendications intactes : démission de Macron, justice sociale, démocratie
Un cortège de solidarité avec le Chili en tête de la manifestation parisienne
Une répression barbare, comme chaque semaine
Du gaz à profusion et des coups de matraque
Un manifestant trainé au sol sur plusieurs mètres par un fourgon de CRS
Une route bloquée à Saint-Etienne
Des barricades nocturnes dans les rues de Paris
A suivre !
- 26 octobre, manifestation Gilets jaunes à St Etienne, voix rapide bloquée
- 26 octobre, manifestation Gilets jaunes à Paris, soutien avec le peuple chilien
- Photos La Meute
Extrait édifiant :
Cette pression que les forces de l’ordre vont exercer de façon constante tout au long du parcours, n’a pour le moment aucun effet. Et un slogan qu’ont peut lire sur une petite pancarte d’une des femmes gilets jaunes résume bien l’atmosphère qui règne : « Ils nous ont tant volé qu’ils nous ont même dérobé notre peur ». Sous un premier tunnel alors que résonne le célèbre « Lalalalalala…les Gilets Jaunes », une autre banderole annonce les jours heureux à venir ; noir sur blanc et compte à rebours souligné en rouge est écrit : « Grève Générale J -40 ».
Tandis que le cortège de solidarité avec le peuple chilien est maintenant en place à l’arrière, à l’avant, la présence du cordon de CRS déclenche les premiers slogans en direction de la police. La répression souffert par les pompiers et le monde hospitalier est encore bien présente dans les mémoires. En choeur on scande « Si t’es fier d’être CRS tape un pompier ! ».
Jusqu’ici tout va bien, ou à peu près. Les cortèges sont festifs, et les manifestant•es chilien•nes partagent avec les Gilets Jaunes leur savoir-faire. « Cacerolazos » (sortir manifester accompagné•es d’une casserole et d’une spatule pour être sûr de faire du bruit), chants rythmées par les percussions, beaucoup de traditions qui malheureusement peinent encore à venir égayer les mobilisations en France.Précision importante pour la suite des évènements, et qui plaira certainement aux frileux•ses militant•es d’Extinction Rébellion aujourd’hui personne n’a le coeur à redécorer la ville ni transformer en art la morosité du mobilier urbain. La marche est entièrement « pacifique » et seuls quelques slogans pourraient venir vexer les forces de l’ordre qui semblent étrangement déployer une autre stratégie que lors de l’occupation de la place du Châtelet. Après plusieurs arrêts imposés par les CRS, au niveau de Picpus les esprits s’échauffent. Les premiers gaz lacrymogènes sont jetés sur l’avant du cortège. Cependant, à peine la fumée dissipée, de nombreux Gilets Jaunes s’en vont au contact exprimer leur colères face aux experts de la « riposte graduée ». L’échange est exclusivement verbale, toutefois, il est intéressant de noter comme un an de mobilisation a définitivement transformé la représentation que se faisaient les GJs (pour beaucoup d’entre elleeux primo-manifestant•es le 17 novembre dernier) de la police. Hormis le « CRS SS » déjà bien connu, durant cette manifestation sera également repris le slogan de « CRS chasseurs de pauvres » ou encore « Que fait la police, ça crève les yeux ! ».
De nombreux médias sont présents aujourd’hui pour couvrir. Comme beaucoup trop souvent certains d’entre eux n’attendent que les « moments de tension » (voir twitter de R. Buisine) ou les « incidents » (Line Press) pour twitter.
En se gardant évidemment au passage de donner des explications sur le contexte, réservant ce plaisir exquis aux rédactions qui s’empresseront de reprendre leurs images et d’y ajouter leurs lectures fallacieuses pour décrédibiliser la mobilisation populaire.
Heureusement pour notre capacité de compréhension de ce qui se passe sur le terrain, certains médias ont une autre estime (et éthique) de l’exercice du droit d’informer. Pour exemple la capsule vidéo produite par Hors Zone Press (https://cutt.ly/8ezT0KW) où l’on découvre clairement la bêtise crasse de la stratégie du maintien de l’ordre retenue aujourd’hui. Boulevard Ménilmontant, une poignée de CRS se retrouvent (et décident de rester, plutôt que de se retirer) au milieu des manifestant•es. Un CRS visiblement échauffé, alors qu’il ne voit comme seule option que celle de commencer à frapper dans tous les sens, est calmé par un de ses collègues. Une Gilet Jaune ramasse même son tonfa et lui rend -on est loin de Hong Kong-. Pendant ce temps une gradée, visiblement préoccupée par la légalité, récite au mégaphone ; sans même prendre sa respiration, et alors que tout le monde essaie de calmer le « moment de tension », les trois sacro-saintes sommations permettant « l’usage de la force ».
Au surréalisme de cette scène, nous pouvons rajouter quelques doux mots de motivation, pêchés dans le dos des CRS dans les moments qui ont suivi. Alors que l’intersection à la hauteur du métro de Belleville est plongée sous les gaz lacrymogènes, à l’arrière un autre gradé transmet par talkies des informations (peut être bien à ses supérieurs hiérarchiques). Ce dernier devant nos yeux ébahis inventent des barricades strictement invisibles à nos yeux de reporters aguerris, puis s’en va motiver ses troupes : « Bon les gars dans cinq minutes on va charger, et on y va….! Comme en 40 ! ».
- 26 octobre, manifestation Gilets jaunes à Paris, solidarité avec le peuple chilien
- Photos La Meute