Ailleurs dans le monde, et même en Italie, la jeunesse et les peuples arrivent à se mobiliser plus efficacement qu’en france.
Recension rapide de mouvements dans divers pays, pas forcément répercutés dans les médias dominants.
Du Maroc au Népal, la Gen Z combat le capitalisme - Pendant qu’en France, une partie du pays scrute l’Élysée comme on attend le dénouement d’une série Netflix, et comme si cela allait changer quoi que ce soit au quotidien des Français, à Lima, Rabat, ou Katmandou, de nombreuses mobilisations sont apparues ces dernières semaines, particulièrement portées par une partie de la jeunesse qui se bat pour un grand nombre de causes : situation catastrophique de l’hôpital, réforme des retraites, coupures d’électricité, etc. Les grands médias ont tendance à y voir des explosions de colère éphémères, alimentées par des frustrations sociales. Ces mouvements ne sont pourtant pas des débordements générationnels, ils expriment au fond une critique systémique du capitalisme.

- GenZ, révoltes en série - Du Maroc au Népal, du Pérou à l’Ouganda
Notes sur les Gen Z marocaine et malgache - À l’occasion d’un voyage dans le nord du Maroc la semaine passée, j’ai eu la chance de rencontrer deux soutiens du mouvement GenZ212 qui secoue le pays depuis plusieurs semaines. J’y ai aussi rencontré une participante au mouvement malgache du même nom, à l’indicatif téléphonique près. Je rapporte ici leurs propos en y ajoutant quelques commentaires (certes bien trop hâtivement ; les erreurs et les imprécisions sont uniquement de mon fait) afin d’essayer de faire le point sur la situation. Si les évènements semblent s’être calmés, au moins provisoirement au Maroc, la situation à Madagascar paraît se révéler clairement révolutionnaire. On aurait aimé pouvoir parler également du Népal et des Philippines, mais on s’en est tenu au précieux hasard des rencontres.
(...) Ce qui est certain, il me semble, c’est que si on veut espérer que les différents mouvements GenZ, dont les exploits actuels sont exemplaires, en viennent à inquiéter durablement les racines coloniales et mondiales des pouvoirs étatiques « modernes », il faudra qu’ils se transnationalisent encore davantage, jusqu’aux centres impériaux de pouvoir : ils n’attendent plus que nous.
¡ Que se vayan todos ! - Du calcul politique au soulèvement populaire au Pérou - Ces dernières semaines, nous avons assisté à de grandes insurrections populaires dans différentes parties du monde menées par la génération Z, qui ont réussi à renverser les classes dirigeantes de leurs pays respectifs. Au Pérou s’est déroulée une expérience similaire, puisque la présidente Dina Boluarte a été destituée la nuit du jeudi 9 octobre. Cependant, il serait illusoire de croire que la « Génération Z » a destitué la présidente Dina Boluarte comme cela s’est produit dans d’autres pays. Pour comprendre la conjoncture péruvienne, il faut prendre en compte le rapport de forces, car Boluarte aurait dû quitter la présidence bien plus tôt.
Quelques posts de l’optimiste J Chastaing sur les révoltes dans divers pays, et notamment en Afrique :
17/10 - GENERATION Z : LA SITUATION DEVIENT HORS DE CONTRÔLE EN ASSAM
Commissariats incendiés, voitures de police brulées, jets de pierre, blocages de routes et manifestations quotidiennes, la jeunesse de l’Assam, Etat de 35 millions d’habitants dirigé par l’extrême-droite dans l’est de de l’Inde, qui a commencé ses manifestations en même temps qu’au Népal e redoublé sa mobilisation en exigeant justice pour Zubeen Garg, chanteur iconique de cette génération en Asie et né en Assam, porte parole du mouvement féministe et antiraciste, mort dans des conditions mystérieuses il y a trois semaines.
Parallèlement, un mouvement massif des tribus et des ouvrières du thé s’est levé dans cet Etat, avec deux manifestations ce derniers jours de 100 000 puis 300 000 manifestants pour exiger contre le grand capital agricole, des augmentations de salaire mais aussi la propriété des sous-sols, des sols, des eaux et des forêts, en rappelant que ces ouvrières du thé ont été à l’origine de la chute du régime du Bangladesh en 2024, car ce sont les mêmes de part et d’autre de la frontière, en même temps que du côté indien elles obtenaient en Assam et dans les Etats voisins du Sikkim et de Bengale occidental (Darjeeling) un doublement de leurs salaires.
https://www.facebook.com/reel/1305616981262180
APRES LA CHUTE DE LA PRESIDENTE AU PEROU LE 10/10, LA GENERATION Z VEUT MAINTENANT LA CHUTE DU CONGRES ET ORGANISE UNE GREVE GENERALE LE 15/10
Déjà, ce 13/10, le maire de Patas, qui avait accepté de négocier avec le remplaçant de la présidente Dina Bolluarte, pour jeter les bases d’un soit-disant dialogue national, a été conspué et chassé par les manifestants de la place où il était venu s’expliquer aux cris de « vendu », « traitre »
https://www.facebook.com/reel/1323153802927914
UN DE PLUS
LE POUVOIR MALGACHE EST TOMBÉ
LA PEUR CHANGE DE CAMP
Après le Népal, le Pérou, la jeunesse de la génération Z a maintenant fait tomber le pouvoir à Madagascar. Le président a fui ce dimanche, exfiltré par la France, son ex-premier ministre aussi, tandis qu’une partie de l’armée, qui avait aidé le président à prendre le pouvoir par un coup d’Etat en 2009 appuyé par la France (ce qui a valu que l’énergie, télécommunications, banque, et surtout extraction minière et pétrolière soient réorganisées au profit de Total et Bolloré), rejoignait les insurgés en même temps qu’une faction de la gendarmerie militaire soutenant les manifestants prenait le contrôle total de la gendarmerie. Le président du Sénat, le général Richard Ravalomanana, cible détestée aussi par les manifestants en même temps que le président, a été démis de ses fonctions par les sénateurs qui ont nommé à sa place le doyen du Sénat, Jean André Ndremanjary, nommé jadis par le président, qui du fait de la Constitution s’est octroyé aujourd’hui le droit de remplacer le président en fuite. C’est pour ça que les manifestants dénonçaient le Sénat y voyant une institution particulièrement réactionnaire.
Ce matin lundi 13/10 avait lieu une nouvelle manifestation de la jeunesse pour faire éclater sa joie. On le comprend bien et on applaudit tous ces combattants courageux qui ont fait tomber le régime malgré 22 morts.
Tout l’enjeu maintenant de la situation est de savoir si la génération Z va continuer sa mobilisation soutenue par l’ensemble des classes pauvres pour construire son propre pouvoir et ne pas laisser l’armée et le Sénat lui voler sa lutte, en changeant quelques têtes pour que rien ne change. Si la jeunesse continue sa lutte, c’est sûr qu’elle trouvera le soutien des jeunesses de Mayotte, de La Réunion, et des Comores voisines et même du continent africain comme le montrent déjà les manifestations en Côte d’Ivoire s’inspirant de Madagascar, mais elle aura aussi le risque d’une intervention militaire de l’impérialisme français, qui s’y prépare visiblement à La Réunion. En ce cas, c’est en France qu’il faudra apporter tout notre soutien à la jeunesse malgache en lutte et on peut déjà le faire savoir maintenant : « pas touche à la révolte du peuple malgache ! »
Les manifestations quotidiennes continuent ce 11 octobre dans l’Etat indien d’Assam pour demander justice pour le chanteur Zubeen Garg, la voix engagée asiatique de la génération Z, mort dans des conditions mystérieuses.
https://www.facebook.com/reel/799647749328018
D’importantes manifestations ont eu lieu hier au Cameroun après que le président Paul Biya, âgé de 92 ans, se soit auto-proclamé vainqueur des récentes élections pour un huitième mandat, après 43 ans au pouvoir.
L’exemple de la révolution malgache est dans toutes les têtes !
LA RÉVOLUTION MALGACHE ET LA GENERATION Z ENFLAMMENT LA CAMPAGNE ÉLECTORALE EN OUGANDA
La campagne électorale présidentielle en Ouganda était déjà chaude, la révolution malgache y a mis le feu.
L’élection oppose principalement le président actuel Yoweri Museveni 81 ans, au pouvoir depuis 1986, qui en est à son 6e mandat consécutif et sa 7e candidature et tient le pays avec une main de fer et son opposant Bobi Wine, icône de la jeunesse et de la génération Z, chanteur star de reggae, issu et représentant du ghetto, blessé par une grenade lors des manifestations d’opposition de la génération Z en juillet 2024 lorsqu’elle descendait dans la rue pour suivre l’exemple du Kenya où les jeunes manifestants avaient pris d’assaut le parlement pour tenter de renverser le président, les jeunes ougandais ont aussi appelé à une marche sur le parlement mais qui a été violemment réprimée.
Dans un pays où la moitié de la population a moins de 17 ans, cette jeunesse a vu dans la candidature de Bobi Wine un moyen de se faire entendre et ses meetings électoraux drainent des foules considérables à l’allure de manifestations, ce qui pourrait bien se réaliser, d’autant que ces derniers jours il appelle à faire comme à Madagascar, la révolution, mais pour le moment encore par les urne. Ceci dit, le pouvoir est inquiet, et devant la tournure que prennent les évènements, il pourrait bien décider de tenter la force contre Bobi Wine, et la jeunesse, des méthodes qu’il a déjà utilisées à maintes reprises, mais avec cette fois-ci, le risque d’une évolution malgache.
Et aussi :
En Belgique : déferlante contre l’austérité - 140.000 personnes dans les rues de Bruxelles, des blocages matinaux, un trafic aérien quasiment à l’arrêt, de sérieux affrontements : c’était ce mardi 14 octobre chez nos voisins belges.
posts de Chastaing :
Serbie : le plus grand mouvement populaire en Europe depuis 1968, continue sans faiblir en avançant vers les grandes manifestations du 1er novembre pour fêter les 12 mois du mouvement
Vidéo de l’ambiance hier à Vrbas pour dénoncer des violences du parti au pouvoir SNS contre la population, tandis que le gouvernement tente d’organiser des manifestations dans tout le pays de ses partisans mais qui n’arrivent à exister un tant soit peu pour ne pas être lynchés que protégés derrière de solides cordons de police
https://www.facebook.com/reel/696663973449254
LA LUTTE POUR LA PALESTINE CONTINUE EN ITALIE ET SE LIE A LA LUTTE SOCIALE DU QUOTIDIEN
Le syndicat de base USB principal initiateur des grèves générales pour la Palestine en Italie appelle maintenant à un nouveau saut qualitatif du mouvement : continuer à se battre pour la Palestine mais en même temps capitaliser le sentiment d’horreur provoqué par le génocide du peuple palestinien en l’associant au malheur des travailleurs, étudiants, citoyens, fatigués des attaques constantes contre leurs conditions de vie, à l’exploitation du travail, à la précarité, à la faim des salaires, à la hausse du coût de la vie, aux expulsions et aux loyers élevés
Pour cela, à partir du 15 octobre mais aussi le 16 octobre, l’USB appelle tout à la fois à continuer la mobilisation pour la Palestine en maintenant les 100 occupations de places de villes en cours et d’en faite aussi des assemblées de lutte pour le doublement du salaire de base, la retraite, de logements... et enfin appeler à la grève dans l’Education le 18 octobre parce que c’est le secteur professionnel qui s’est le plus mobilisé pour la Palestine et est pour cette raison la cible N°1 du gouvernement Meloni qui veut y rétablir l’enseignement fasciste de l’époque Mussolini. L’USB appelle donc à la grève le 18 octobre dans l’Education en associant la lute pour la Palestine à la lute contre le fascisme.
5traduction du visuel ci-dessous : "bloquons tout pour tout changer. Ce que nous avons fait, nous pouvons le refaire. Jeudi 16 à 18 h. Assemblée citoyenne d’action. Pour continuer à bloquer et mobiliser aux côté des palestiniens et contre Israël, Meloni et tous les complices du génocide")
IL SE PASSE QUELQUE CHOSE...
140 000 A BRUXELLES CE 14 OCTOBRE, UN RECORD
Il y a quelque chose d’important qui est en train de se passer en Belgique, 140 000 personnes ont manifesté aujourd’hui dans les rues de Bruxelles. Une mobilisation exceptionnelle, une des plus grandes manifestations syndicales de ces 25 dernières années.
Des gens venus de partout : ouvriers, employés, salariés du public et du privé, de tous ces métiers qui font tourner la société. Les jeunes et les étudiants étaient particulièrement présents en masse. Il y avait aussi beaucoup de familles et le monde associatif était là en nombre. Ce sont 140 000 représentants de la Belgique qui en ont marre de ce gouvernement de la casse sociale comme au même moment en Italie, et les 10 et 18 septembre en France ou qu’on voir dans le monde avec les révoltes de la génération Z.
Cette mobilisation exprime un ras-le-bol profond face aux attaques du gouvernement là-bas comme ici. Et il faut bien comprendre le petit recul du gouvernement Lecornu aujourd’hui sur les retraites comme le résultat de cette pression, celle qu’on a vu le 10 septembre, et de leur peur en haut qu’elle ressurgisse à tout moment.
Les gens disaient en Belgique : “C’est la première fois qu’on manifeste. Parce que là, c’est trop.” Le gouvernement De Wever-Bouchez veut leur voler leur pension et leurs meilleures années. Il veut les forcer à travailler jusqu’à 67 ans, en imposant un malus pension à celles et ceux qui n’y arrivent pas.
Ce gouvernement s’en prend aussi aux primes de nuit, aux travailleurs malades, à tous les droits sociaux. Et maintenant, il veut faire taire les travailleurs en s’attaquant au droit de manifester et de s’organiser. Il prétend qu’il n’y a pas d’argent — sauf quand il s’agit de financer la guerre ou d’offrir des cadeaux fiscaux aux actionnaires.
Ce qu’on sent aujourd’hui, c’est une énergie incroyable, une fierté collective et une grande détermination. Une force qui ne peut que grandir et de plus en plus le comprennent.
Ensemble, on peut gagner. En Belgique comme en France