Front Populaire (phase 2) : renverser la table du banquet des patrons, des politicards et des technocrates ?

Des violences fascistes se multiplient dans le silence merdiatique - L’extrême droite est toujours le bras armé des capitalistes

mercredi 19 juin 2024

Des actus, analyses, réflexions...
Pour aider à garder le sang froid et à s’extraire du déferlement merdiatique des extrêmes droites et de leurs alliés objectifs.
Pour résister vraiment au capitalisme punitif et à l’autoritarisme au carré.
Pour une écologie sociale qui « punit » le train de vie des riches et qui met au piquet le techno-capitalisme et les médias toxiques des milliardaires.
Pour l’exclusion des puissants déconnectés, et pour le pouvoir partagé des anonymes.

Quelques remarques persos

Il reste 10 jours.
Les rats quittent le navire troué du macronisme fascisé à la dérive.
Les LR sont plombés par leurs idées similaires à celles du RN et par la volonté de certains de ne pas fusionner avec lui.
Le tyran Macron, fracassé, dont même les partisans veulent qu’il reste à l’écart de la campagne tant il est détesté, continue malgré tout à pérorer et à raconter n’importe quoi.

Deux échéances liées :
- Pour limiter la casse, obtenir quelques améliorations et garder une meilleure marge de manoeuvre  : (moins de) 3 semaines pour faire gagner le Nouveau Front Populaire aux législatives, avec enthousiasme ou en se bouchant le nez et les yeux, peu importe.
- Pour une véritable rupture vers des politiques et modes de vie désirables & soutenables : 3 ans pour renverser vraiment la table du banquet des patrons, des politicards et des technocrates, et faire gagner l’anticapitalisme, la démocratie directe, l’écologie radicale et un antifascisme désirable (voir plus bas). Ce par la grève, les luttes d’ampleur, les manifs/émeutes, les blocages et sabotages, l’auto-organisation « en bas », les maisons du peuple, les occupations, la reprise en main de nos vies, etc. Ce contre (presque) toutes les composantes du Nouveau Front Populaire.

Se plaindre du système politico-capitaliste et/ou se contenter de voter Nouveau Front Populaire c’est se tirer une balle dans le pied.
Se résigner ou voter extrême droite, idem.
Il n’y a rien à attendre des élections en général, et peu de bonnes choses d’une victoire de gauche.
Mais une victoire du Nouveau Front Populaire permettrait de respirer un petit peu et de créer un terrain plus favorable aux, pas du tout automatiques, révoltes et luttes pour de vraies ruptures.
Considérons juste pragmatiquement qu’il sera a priori moins difficile de faire plier le Nouveau Front Populaire s’il est élu que le bloc d’extrême droite (la flicaille étant très largement extrême droitisée, elle serait encore plus féroce, et elle aurait encore plus le renfort des supplétifs nazillons adeptes de la baston et des attentats).

- Certes, l’idéal serait un basculement révolutionnaire, mais rien n’indique sa venue (par nature imprévisible), et rien n’indique qu’il serait forcément déclenché par la venue officiellement au pouvoir du RN & co. Pour l’instant, le mieux qu’on semble capable de faire (et encore, en étant optimiste) c’est de faire gagner le Nouveau Front Populaire, de le soutenir face aux assauts violents du bloc libéral-fasciste, de lui mettre de fortes pressions pour lui arracher des améliorations et ruptures nettement plus conséquentes que son programme.
Ce qui n’empêche pas, en même temps (lol), de pousser à la rupture révolutionnaire, à la remise en cause radicale de l’Etat, du capitalisme, du système techno-industriel et de la société de masse.

- Les pauvres et racisées des quartiers ségrégés ou des campagnes ont bien raison de se sentir abandonnés et trahis par la gauche (sauf que le PS ce n’est plus la gauche depuis longtemps...), d’être dégoûtés du système politique. En effet dans cette non-démocratie bourgeoise et vraie oligarchie (dépendante du capitalisme et faisant corps avec), ces personnes ne valent rien, sont souvent méprisées et n’ont aucun pouvoir sur leurs vies. Elles sont prises (comme tout le monde) dans un modèle de société destructeur, anonyme, mécanique et sans issue.
Pour elles comme pour les autres, la seule issue est de se battre collectivement pour le bien vivre, pour changer DE société, hors des partis et des élections. De ne pas oublier que le vote est le pire moyen de faire de la politique, que c’est un outil puant, mais qu’il n’est pas dangereux si on en connaît les limites et qu’on n’attend pas d’être sauvé par de quelconques politiciens, mêmes sympas.
Au lieu de s’en remettre à des représentants, la politique c’est à nous de la faire, à nous de décider, directement, et donc de créer les conditions sociales, culturelles et politiques pour qu’on puisse le faire largement.
La démocratie réelle, l’antifascisme, la justice sociale, l’émancipation, le bien vivre, sont des combats politiques quotidiens qui ne peuvent se résumer à des élections, à quelques manifs et grèves éparses.
La démocratie radicale et l’égalité sociale surviennent quand un nombre important de personnes se bat avec détermination quotidiennement contre les minorités de nantis, technocrates, oligarques et néofascistes qui toujours veulent revenir en scène et étendre leur pouvoir.
Ces catégories toxiques sont minoritaires mais elles ont avec elles les lois, les flics, l’argent, les institutions, les médias dominants et l’idéologie qu’il diffusent.

C’est pourquoi, face à ça, de trop petites minorités (anarchistes, anticapitalistes, rebelles et autres révolutionnaires), ou des foules trop timorées et réformistes (comme le grand nombre de la lutte pour les retraites de 2023), ne font pas le poids et perdent, sont écrasées.
Puisse cette séquence européennes/législatives faire changer durablement ce rapport de force...

Ni replis identitaire localiste ni mondialisation capitaliste,
Démocratie & autonomie locale, avec solidarité et internationalisme

Ni capitalisme ni culte du travail
Autonomie et subsistance, entraide et fraternité

Front Populaire (phase 2) : renverser la table du banquet des patrons, des politicards et des technocrates ?

LE FRONT POPULAIRE EST-IL « EXTRÊME » ?

- Quelques rappels à Kylian Mbappé -

On se demande souvent pourquoi les sportifs et les célébrités interviennent si peu dans le débat public. Pourquoi, alors que l’extrême droite est aux portes du pouvoir, la plupart des « stars » restent silencieuse, ou conservent des postures très tièdes.

Ce dimanche 16 juin en Allemagne, Kylian Mbappé a pris la parole sur la situation politique. Avec son influence énorme, on pouvait espérer une prise de position claire face au fascisme, mais il s’est contenté d’une déclaration en demie teinte.
Le capitaine de l’équipe de France a expliqué qu’il ne voulait pas « représenter un pays qui ne correspond pas à [ses] valeurs » et a appelé « la jeune génération à aller voter. On peut faire la différence ». Puis il a tout foutu en l’air en ajoutant : « Les extrêmes peuvent arriver au pouvoir. » Et lorsqu’un journaliste lui a demandé s’il visait un extrême qu’un autre, il a répondu « Non, car ce sont des idées qui divisent ! »
Ici, Kylian Mbappé reprend mot pour mot la propagande macroniste : il y aurait en France des « extrêmes », ce qui met sur le même plan les héritiers des nazis et la gauche qui se bat pour la justice sociale et contre le racisme. Et face à ces extrêmes », il y aurait le camp de la « modération », de la gentillesse et du bien, incarné par Macron et ses amis.

Commençons par la première erreur : nous l’avons vu, Macron présenté comme un rempart « centriste » et « apaisant » s’est révélé le président le plus violent, instable et autoritaire de la Cinquième République. Il a imposé des lois racistes et ultra-libérales par 49.3, tenu des propos réactionnaires, militarisé la police, écrasé avec une férocité inédites les luttes sociales. C’est son gouvernement qui a dissout le plus d’associations depuis la guerre, qui a ordonné le plus de sanctions contre les députés, utilisé le plus de procédures d’exception... Et à présent, il n’arrête pas de parler de "guerre", de "réarmement", et vient de dissoudre l’Assemblée au moment où l’extrême droite est la plus élevée. S’il y a un bien un individu « extrême » et « dangereux », c’est l’illuminé qui squatte l’Élysée.

Ensuite, de quoi parle-t-on lorsqu’on dit « les extrêmes » dans les médias ? Cela renvoie au Rassemblement National et à la France Insoumise. D’un côté, le parti de la famille Le Pen, fondé par des SS et des pétainistes, dont le programme propose toujours plus d’inégalité, de racisme, de répression, et une politique injuste socialement. De l’autre, un parti de gauche, qui propose une meilleure répartition des richesses et une société moins brutale pour les minorités. Le tour de force des médias ces dernières années est d’avoir fait croire à la population que les deux seraient « radicaux », au même niveau, et que les idées seraient également inquiétantes.

Le Front Populaire est-il « extrême » ?
Absolument pas, la gauche a même rarement été aussi modérée.
Pour le comprendre, regardons le vrai Front Populaire, celui de 1936. À cette époque, le grand leader socialiste, Léon Blum, celui dont tout le monde vante la grandeur aujourd’hui, estimait qu’il fallait renverser le capitalisme, chasser la bourgeoisie du pouvoir, et disait dans ses discours que la révolution et l’usage de moyens illégaux n’étaient pas à exclure. Aujourd’hui, avec un tel discours, Léon Blum serait qualifié de « black bloc d’ultra-gauche ».
Au sein du parti socialiste – la SFIO – on trouvait des courants anticapitalistes et anti-impérialistes virulents comme « L’Action socialiste », certains voulant abolir l’armée, et même un groupe d’autodéfense entraîné et équipé pour affronter physiquement l’extrême droite dans la rue, les « Toujours prêts pour servir ».

Il n’y a absolument rien de tout ça au Front Populaire aujourd’hui, malheureusement. Et si c’était le cas, l’intégralité des éditorialistes feraient une syncope.
Mais les socialistes n’étaient pas seuls dans le Front Populaire de 1936, on trouvait aussi un Parti Communiste beaucoup plus radical qu’aujourd’hui, et loin, très loin des idées de Fabien Roussel.
Chez les communistes, qui n’avaient aucun problème a prôner des idées révolutionnaires et à appeler à l’action violente, plusieurs dirigeants ont même basculé dans la clandestinité dans les années 1920 pour leurs propos antimilitaristes. Le PC participe alors aux combats de rue contre les fascistes, et adopte dans les années 1930 une ligne de « classe contre classe ». Plus sulfureux encore, le PC obéit alors à Moscou, capitale de l’URSS. Imaginez une seule seconde qu’un parti, aujourd’hui, aligne ses choix directement sur un pays étranger ayant pour objectif de renverser le régime.
Pour épicer encore un peu la situation, l’arrivée au pouvoir du Front Populaire s’est accompagné d’une grève totale, avec une occupation des usines et une paralysie du pays et de puissantes batailles syndicales pour forcer la bourgeoisie à cracher de l’argent. C’est par cette lutte acharnée que les français ont ainsi arraché des droits dont nous bénéficions aujourd’hui, comme les congés payés.

Malheureusement, dès 1937, Léon Blum annonce une « pause » dans le processus de progrès social, et abandonne la République espagnole, attaquée par Franco. C’est la fin du grand espoir né l’année d’avant, et le début du compte à rebours avant le pétainisme.

90 ans plus tard, personne, absolument personne, ne dirait que le Front Populaire était « extrême ». Les livres d’histoire en parlent comme d’une page glorieuse de l’histoire de France.
Une autre grande figure souvent évoquée dans les médias pour critiqué la pseudo-radicalité de la gauche actuelle, est celle de Jean Jaurès. Ce grand homme socialiste, qui a d’ailleurs été assassiné en 1914 par l’extrême droite, n’avait aucun problème à défendre la violence ouvrière contre la brutalité patronale, et à s’opposer de toutes ses forces contre la guerre qui s’annonçait avec l’Allemagne. Aujourd’hui, BFM et Cnews le dépeindraient comme un « traître à la patrie » et un fauteur de trouble.

Mais alors, qu’est-ce que c’est « l’extrême gauche » ? C’est, en résumé, une gauche révolutionnaire, qui veut renverser le régime, abolir la propriété privée, l’État, les classes, l’argent et l’armée. L’extrême gauche, ce sont de nombreux courants politiques, anarchistes et trotskistes notamment. À des années lumières de la gauche qui se présente aux élections actuellement.

En fait, Mélenchon s’inscrit dans l’héritage de Jaurès, ou Blum, c’est à dire au centre-gauche. Le Front Populaire est une alliance sociale-démocrate, ce qui n’est pas lui faire injure : un mouvement vraiment social et vraiment démocrate, contrairement aux précédents gouvernements.

Le discours sur les « extrêmes » est donc un énorme mensonge. Pour les millionnaires, classer Mélenchon et Le Pen dans la même catégorie « extrême » est assez pratique, pour diaboliser la gauche. Pour eux, le Front Populaire représente plus de danger que l’extrême droite, car elle veut leur prendre de l’argent pour le redistribuer.
Ce mensonge est une faute, car il permet de normaliser l’extrême droite. Si l’histoire nous montre que la gauche au pouvoir nous a légué les congés payés, les hausses de salaires et la sécurité sociale, elle nous montre aussi que l’extrême droite au pouvoir, c’est la dictature, la guerre et l’extermination de minorités.

Ainsi, si Kylian Mbappé veut vraiment éviter de vivre dans un pays qui ne représente "pas ses valeurs", il ferait bien d’appeler, beaucoup plus clairement, à une mobilisation totale, dans la rue et dans les urnes, contre le RN.

LES VIOLENCES FASCISTES SE MULTIPLIENT

Tour d’horizon d’attaques d’extrême droite décomplexées qui se multiplient avec la montée du Rassemblement National, et qui ne sont quasiment pas évoquées dans les médias nationaux :

🔴Une femme Rom enceinte assassinée

Elle s’appelait Angela Rostas, elle était enceinte de 7 mois. Elle a été assassinée par un raciste : un chasseur qui s’amusait à tirer sur des caravanes de Rom, et qui l’a abattue devant sa famille. C’était en Haute-Savoie, sur la commune de Chenex, le 22 février dernier.
C’est à l’heure du dîner, sur le seuil de sa caravane, qu’elle a reçu une balle dans l’abdomen, sous les yeux de ses deux enfants. La veille, d’autres tirs en direction de gens du voyage stationnés sur une aire d’accueil non loin, au village de Viry avaient été signalés, sans faire de blessés. Mais ce soir là, Angela, qui vivait y vivait depuis un an avec son mari et ses deux filles sur ce terrain, est sortie de son habitation et a été abattue.
Il a fallu plusieurs mois pour retrouver les tireurs. Le 4 juin, des arrestations ont eu lieu : des « individus originaires de Haute-Savoie qui avaient vraisemblablement participé à d’autres faits » sur « plusieurs caravanes situées sur l’aire d’accueil des gens du voyage dans lesquelles se trouvaient plusieurs familles » qui ont « été touchées par des tirs d’arme à feu » ont été arrêtés explique la justice.
Deux chasseurs habitant dans des villages voisins ont été écroués et mis en examen pour meurtre à caractère raciste. En garde à vue, l’un a reconnu le tir, l’autre a avoué d’autres attaques, et a expliqué avoir déposé son complice et être revenue le chercher après l’assassinat.
Une femme et son bébé sont morts, à cause de chasseurs remplis de haine. A cause du racisme déversé quotidiennement contre les tziganes dans les médias. A cause du sentiment d’impunité généralisé de l’extrême droite. Dans une indifférence glaçante.

🔴« Vivement dans trois semaines, on pourra casser du PD »

C’était dimanche 9 juin au soir, à Paris. Le Rassemblement National venait de faire le plus gros score de son histoire aux élections Européennes. Une bande de néo-nazis, ivres de ce triomphe électoral et de l’annonce de dissolution de l’Assemblée, étaient descendus pour frapper.
Quatre d’entre eux ont été arrêtés après un tabassage en raison de l’orientation sexuelle, près du jardin du Luxembourg. Vers 2H du matin, armés d’un bâton et d’une ceinture, le commando a frappé et insulté la victime, âgée de 19 ans, croisée au hasard, qui rentrait chez elle, en hurlant des propos homophobes et transphobes. Un peu plus tôt, ils avaient bloqué le passage à une jeune femme en lui disant : « Gare ton vélo salope ! »
Les agresseurs sont membres du GUD et du Rassemblement National. Ces jeunes bourgeois fascistes se nomment Briac F.d.C. et Louis G., ou encore Halvard K. et Gabriel Lousteau. Ce dernier est le leader du GUD Paris et le fils d’un cadre du RN, Axel Lousteau, proche de Marine Le Pen. Tout ce petit monde était présent à la manifestation néo-nazie organisée chaque année en mai, à Paris, et protégée par les autorités.
Signe de leur sentiment de toute puissance et d’impunité, ils ont revendiqué leur engagement militant en garde à vue, et l’un d’entre eux a même déclaré aux policiers : « vivement dans trois semaines, on pourra casser du PD autant qu’on veut ». Dans trois semaines, quand Macron aura livré la France aux fascistes, espèrent-ils.

🔴Attaque fasciste contre un concert

Il était 21h30, samedi 15 juin 2024 à Angers. Une guinguette passait de la musique, sur la scène du Héron carré, situé à l’entrée d’un parc de la ville. L’ambiance festive bascule soudainement lorsqu’un commando de néo-nazis débarque armé devant cet établissement qui organise des concerts gratuits chaque été. Ils sont une dizaine, équipés de gazeuses et de ceintures, et le visage masqué. Au moins une personne est alors tabassée au hasard.
Lorsque la police arrive, les nazis sont déjà partis, mais les forces de l’ordre menacent les clients présents, et arrêtent une personne qui partait à la recherche des agresseurs fascistes !
Précisons que cette attaque fait suite à la manifestation antifasciste qui avait eu lieu le même jour à Angers, et peu après un apéro organisé par le Front Populaire. Un des néo-nazis, le seul qui avait le visage à découvert, a été identifié : il se nomme Côme Jullien de Pommerol.
A Angers, l’extrême droite bénéficie d’une protection assumée de la justice et de la police. Le 30 juin 2023, un commando néo-nazi armé de matraques, de barres en fer, de battes de base-ball et de gazeuses avait déjà attaqué une marche en hommage à Nahel. Des vidéos avaient montré toute la scène, dévoilant les membres du commando agissant à visage découvert. Il y avait déjà Côme Jullien de Pommerol, et ses camarades appartenant à un groupe dissout nommé l’Alvarium.
Tout ce petit monde issu de bonnes familles angevines, avait été relaxé au mois d’aout par la justice, malgré des faits et des preuves accablantes qui auraient envoyé le moindre manifestant pour de longs mois derrière les barreaux. Puisque l’Etat couvre les nazis à Angers, pourquoi s’arrêteraient-ils ?

🔴Lyon : "On est nazis putain"

Vendredi 14 juin à Lyon, après une manifestation contre l’extrême droite, une cinquantaine de néo-nazis a arpenté les rues de la vieille ville en commettant des agressions racistes. Plusieurs vidéos montrent leur cortège hurlant : « On est nazi putain ! » « Islam hors d’Europe » ou « La France est à nous ».
Dans cette ville, l’extrême droite dispose de plusieurs locaux ayant pignon sur rue, notamment une salle d’entraînement, et multiplie les attaques, y compris au couteau, dans une impunité sidérante. Encore plus fou, les autorités lyonnaises ont préféré dissoudre un collectif antifasciste, le Groupe Antifasciste Lyon et Environ, plutôt que fermer ces locaux, d’où partent depuis des années des attaques sanglantes.
Samedi 11 novembre à Lyon, une milice armée d’une cinquantaine de néo-nazis avait déjà lancé un assaut contre une conférence pour la Palestine à coups de battes de barres de fer, de bâtons et d’engins incendiaires. La police, arrivée sur les lieux, avait arrêté des militants de gauche qui assistaient à cette conférence, mais aucun néo-nazi !

🔴300 nazis dans la Meuse

Le 15 juin, plus de 300 néo-nazis ont participé à un tournoi de MMA organisé par un réseau nommé Hammerskin, en partenariat avec le groupe nazi Blood & Honour. C’était dans la commune de Combres-sous-les-Côtes dans la Meuse.
Selon le média Manif Est : « malgré la présence d’individus bien connus des renseignements territoriaux et l’exhibition publique de symboles nazis illégaux, l’intervention de la gendarmerie locale en fin d’après-midi fut de courte durée : les agents des forces de l’ordre ont quitté le rassemblement fasciste « privé » après quelques échanges courtois avec les organisateurs. »
Le média local diffuse des images, preuves à l’appui, et ajoute : « Un événement d’une telle ampleur et sous l’œil bienveillant des autorités montre que l’acceptation de dangereux néo-nazis qui récoltent de l’argent sur le sol français ne semble pas déranger », s’exclame une habitante qui veut rester anonyme. « Il s’agit d’une manifestation effrayante et qui questionne sur le “barrage à l’extrême droite” que prétend incarner le gouvernement. » La sécurité intérieure n’est pas intervenue au cours de la soirée, bien que contactée à plusieurs reprises par des habitant.es et http://xn--lu-9ia.es/ locaux. »

🔴Ailleurs

Entre autres actes d’extrême droite, un tag effroyable retrouvé sur la maison d’un habitant d’origine maghrébine, le 5 juin dernier, dans un village dont l’emplacement n’a pas été révélé : « les arabes au four crématoire ». Une inscription d’une violence inouïe, condamnée par le Conseil français du culte musulman (CFCM) et un appel au meurtre génocidaire, insultant au passage la mémoire des victimes juives du nazisme. D’autres tags racistes ont visé des mosquées ces dernières semaines. Et la liste n’est pas exhaustive.
Vous n’avez pas entendu parlé de ces agressions dans les médias, qui d’habitude montent en épingle le moindre fait divers pour créer de l’anxiété ? C’est normal, les médias nationaux préfèrent diffamer la gauche toute la journée, et passer sous silence les événements qui pourraient montrer le vrai visage du Rassemblement national et de ses soutiens. Et plus largement tout ce qui pourrait empêcher la prise de pouvoir des fascistes en France. Alors faites le savoir autour de vous.

(posts de Contre Attaque)

Front Populaire (phase 2) : renverser la table du banquet des patrons, des politicards et des technocrates ?

Pour un antifascisme désirable

- Pour un antifascisme désirable - L’antifascisme doit dépasser le sursaut démocratique et émotionnel, s’investir sur le terrain de la vie quotidienne et se donner comme fin assumée la libération sociale.

Le fascisme n’est pas un danger séparé des autres. D’ailleurs, on nous le répète en permanence : il se nourrit de la misère, du déclassement, de la frustration, de la peur du lendemain. Notre antifascisme ne devrait donc pas se limiter à un engagement contre les idées et organisations d’extrême droite : s’il est nécessaire de neutraliser les cerveaux et les jambes qui portent le processus de (pré)fascisation, il faut refuser tout antifascisme électoraliste - et tout électoralisme antifasciste -, qui ne propose pas seulement d’enrayer le fascisme dans les urnes, mais qui en fait une fin en soi. Il faut préférer à cet antifascisme consensuel un antifascisme radical, un antifascisme qui ne se contente pas de trier les pommes pourries mais qui attaque le mal à la racine.
(...)
Toutes celles et ceux qui, surpris et désemparés par l’annonce surprise de la dissolution de l’Assemblée nationale, ont décidé de s’engager en urgence dans le combat contre le fascisme, doivent bien admettre une chose : cette liste interminable d’horreurs n’a pas attendu la dernière percée du Rassemblement nationale pour s’écrire. Pire, elle s’est parfois même rallongée avec le concours de la gauche : licenciements et plans sociaux, Loi Travail, gel des salaires, privatisations, centres de rétention administrative, état d’urgence passé dans le droit ordinaire, extension de la légitime défense des policiers, déchéance de nationalité, etc. Qu’est-ce que ce « fascisme » dont on nous dit qu’il est « aux portes du pouvoir », sinon l’extension et l’aggravation de ce qui est déjà là ? Le Rassemblement national est déjà à l’assemblée. Il tient des municipalités. Ses élus président des commissions parlementaires et influent sur des textes de loi racistes et sécuritaires. Ses idées sont omniprésentes dans la sphère médiatique, et deviennent toujours plus consensuelles chez ceux qui, hier encore, prétendaient représenter un rempart contre leurs dangers. Notre antifascisme doit être à la mesure de cette réalité, et identifier son ennemi mortel au-delà de la pointe émergée de l’iceberg : le projet de restructuration autoritaire de l’État et d’anéantissement des forces de libération sociale est déjà à l’œuvre.
(...)
ce ne sont pas des fascistes qui ont massacré la Commune, décidé et réalisé l’expansion coloniale française et envoyé l’armée tirer sur les grévistes de Villeneuve-Saint-Georges, etc. Si celles et ceux qui se sont découverts antifascistes le 9 juin ne nous rejoignent pas dans l’affrontement, ils seront balayés après nous.
(...)
comment transformer ce sursaut démocratique et émotionnel en riposte politique ?
(...)
L’antifascisme doit être le projet de densification du tissu social et politique, de multiplication des espaces et de moments qui voient la population contester ce monopole institutionnel de la politique et se réapproprier leur temps, leurs espaces, leur puissance - en un mot, leur vie. Difficile de ne pas penser au mouvement des gilets jaunes, avec ses ronds-points occupés et ses maisons du peuple où s’agrégeait et se constituait un sujet collectif, une figure politique et sociale
(...)
Tisser un maillage de contre-pouvoirs populaires. Voilà la dynamique à laquelle nous aspirons. Voilà la politique que nous souhaitons déployer, loin des faux-semblants de radicalité et du chantage électoral, des leçons de morale sur le privilège de l’abstentionniste et autres grotesques inepties périmées. Cette politique nous semble désirable. Nous ne laisserons pas les calculs électoraux et la panique morale l’étouffer.
(...)

Front Populaire (phase 2) : renverser la table du banquet des patrons, des politicards et des technocrates ?

RASSEMBLEMENT NATIONAL : BRAS ARMÉ DU CAPITAL

« Ça fait deux ans que le Rassemblement National rencontre très régulièrement les patrons. Ils ont un petit appartement secret dans Paris, pour organiser ça. Je ne connais pas l’adresse malheureusement [rire] Appelez ça une garçonnière économique et financière, et le RN est très présent auprès des patrons pour les rassurer, pour les convaincre ».

Voilà l’aveu lancé par Emmanuel Lechypre, le chroniqueur économique de BFM, en direct sur le plateau, le 17 juin 2024. Un petit boudoir où les fascistes et les patrons se voient discrètement pour se mettre d’accord.

Puisque l’extrême droite est en train de réussir son holp up politique avec une partie des voix des classes populaires, gavées par les médias qui ont alimenté toutes les thématiques du RN depuis 20 ans, rappelons-le encore et encore, tant qu’il le faudra : le fascisme est le bras armé du capital. Il n’a rien à offrir aux travailleurs et travailleuses, aux précaires, aux démuni-es.

Le Monde révélait dans un long article paru en décembre 2023 à propos de Marine Le Pen : « Depuis qu’elle a réussi à installer 89 députés à l’Assemblée nationale en juin 2022, elle multiplie ses gestes à l’égard des milieux économiques – ce petit monde des patrons et cadres dirigeants, financiers et grandes familles actionnaires ».
Un mois plus tôt, le 28 novembre, Bardella avait « lancé une opération séduction auprès des patrons, en se rendant sur le campus de la prestigieuse école de commerce HEC, où il était invité pour la première fois, pour parler aux ’’décideurs de demain" » rappelle le quotidien.

À la tête d’un mouvement de chefs d’entreprises, la grande bourgeoise Sophie de Menthon reconnaissait dans le même journal des échanges réguliers avec Marine Le Pen. Par exemple un déjeuner le 17 octobre, près de l’Assemblée nationale : « Elle a fait un sans-faute quand elle nous a approchés, je suis heureuse de la conseiller, car elle risque d’être un jour au pouvoir » disait-elle.

Dans le Figaro, la patronne au nom à particule déclarait déjà inviter Le Pen afin « d’échanger leurs vues sur l’entreprise ». Sophie de Menthon est l’incarnation du capitalisme prédateur. En 2011, elle justifiait dans une émission le travail des enfants du Tiers-Monde : « il faut maintenir le travail des enfants dans les pays sous-développés, car ils font vivre leur famille ». Aujourd’hui, cette femme se dit « charmée » par le parti d’extrême-droite : « Ils ne sont pas comme LFI qui veut la révolution et monter à Versailles ». Concernant Le Pen, elle explique : « J’ai trouvé une femme libérée, souriante, à l’écoute ».

Encore plus récemment, en décembre 2023, Marine Le Pen dînait dans un grand restaurant parisien avec Henri Proglio, l’ancien patron de Veolia et d’EDF, et L’Obs écrivait : « Les élites économiques se prépareraient-elles à une possible victoire de l’extrême droite ? » Le Monde ajoute enfin que l’ancien politicien ultra-libéral Alain Madelin donne désormais des conseils économiques au RN.

« En économie, on est des gens raisonnables » explique par exemple Bardella. « On n’a pas vocation à faire partir les patrons ». Il déclarait d’ailleurs au Monde dîner avec des grands patrons « plusieurs fois par semaine » et que « Marine Le Pen et le député RN Sébastien Chenu en faisaient autant ».

Il n’est donc pas étonnant que le programme du RN, faussement social, se dégonfle telle une baudruche. Mardi 11 juin, Jordan Bardella a rétro-pédalé sur la question des retraites. Il a esquivé la question, posée par la radio RTL, alors qu’un journaliste lui demandait si le RN abrogerait la réforme des retraites en cas de victoire. Le 17 juin, nouveau revirement : Bardella annonçait dans les colonnes du Parisien que la suppression de la TVA sur les produits de première nécessité ne sera « pas immédiate » en cas de victoire.

Le programme du RN, c’est du Macron en plus raciste et plus autoritaire. Un État policier très violent, une chasse aux syndicalistes, aux immigré-es et aux minorités, et une économie au service du patronat.

L’extrême droite l’a déjà montré. En octobre 2022, pendant les débats sur le budget de l’État, le RN a voté contre un amendement visant à rétablir l’ISF. Le RN a aussi voté contre une taxe sur les jets privés et les yachts. En juillet 2022, juste après les élections législatives, le RN et le groupe macroniste ont travaillé main dans la main. Les Lepénistes avaient voté contre l’augmentation du Smic à 1500 euros proposée par la gauche lors du débat sur les « mesures d’urgence pour la protection du pouvoir d’achat ».

« Aux yeux des milieux d’affaires, où le diable semble avoir changé de camp, le cauchemar serait plutôt celui d’une victoire de l’extrême gauche de Jean-Luc Mélenchon » ose enfin Le Monde, dans son enquête de décembre dernier. Il suffit d’allumer la télé pour le confirmer.

Vous l’aurez compris, la bourgeoisie fait bloc pour soutenir le RN. Derrière le fascisme, c’est le grand capital. Le Pen va poursuivre le processus néolibéral de Macron, mais sur un mode beaucoup plus violent, liberticide et ouvertement fasciste.

(post de Contre Attaque)

Front Populaire (phase 2) : renverser la table du banquet des patrons, des politicards et des technocrates ?

DIVERS

  • Contre la politique : Révolution - Cela fait maintenant plus de 20 ans qu’on nous sert la même soupe : votez pour le bloc du centre (gauche ou droite) sinon c’est l’extrême droite au pouvoir. Macron a certainement été celui qui a usé de cette stratégie de la façon la plus outrancière.
  • Face à la montée de l’extrême droite, les jeunes prêts à monter au front - Discrimination, violence, climat... Pour la jeunesse qui a manifesté le 15 juin à Paris, le potentiel avènement du Rassemblement national pèse comme une menace supplémentaire sur leur avenir.
  • L’extrême-droite et l’extrême-gauche : est-ce vraiment la même chose ?
  • En terres RN, la gauche veut rallier les abstentionnistes - Après la victoire du RN à Alès, dans le Gard, les militants de gauche ne s’avouent pas vaincus. Lors d’une manifestation contre l’extrême droite le 15 juin, ils ont développé leur stratégie avant les législatives.
  • Licenciement de Guillaume Meurice : Radio France se range derrière l’extrême droite -
    48 heures seulement après les résultats des élections européennes offrant à Jordan Bardella le score de 31,4% des suffrages exprimés, la direction de Radio France a choisi de donner des gages à l’extrême droite et aux censeurs de tous bords en licenciant l’humoriste et chroniqueur de France Inter Guillaume Meurice pour « faute grave ». La « faute » consiste à avoir réitéré le 28 avril dernier sa blague sur le Premier ministre israélien (« Netanyahou est une sorte de nazi mais sans prépuce »), après avoir été acquitté en justice des plaintes déposées à son encontre.
  • Le difficile travail de porte-à-porte pour rallier les abstentionnistes - Contre la montée du RN, des militants du Nouveau Front populaire ont organisé un porte-à-porte le 17 juin dans les quartiers populaires, fortement abstentionnistes. Dans les Yvelines, les habitants se disent « trahis et oubliés ». (...) « Sur le terrain, on voit la puissance des médias comme CNews : les gens répètent tels quels certains de leurs arguments
  • Contre le Front populaire, l’extrême-droite, le système électoral et la politique ! - Juin 2024, élections européennes. L’extrême-droite (RN et Zemmour) raflent la mise avec plus de 35%, tandis que la majorité présidentielle est dans les choux avec 15% (avec environ 50% de participation au vote). Le président Macron décide de dissoudre l’Assemblée et de rappeler à des élections anticipées dans la foulée. Nous revoilà dans une situation où le chantage politique tourne de nouveau à plein, avec l’extrême-droite aux portes du pouvoir.
    Et déjà, gauchistes à l’unisson avec les politicards de tout bord appellent à la mobilisation soit ouvertement pour aller déverser sa souveraineté dans les urnes – pour mieux, donc, l’abandonner immédiatement –, soit en jouant les petites mains à la gauche en s’alliant avec elle dans la rue contre le fascisme – comme si la gauche n’avait aucune responsabilité sur le fait qu’on en arrive là. Quelques réflexions sur le choix s’offrant aux électeurs et électrices dociles : (...)
  • Tous et toutes en Belgique - L’antifascisme peut-il casser des briques ?t -L’antifascisme peut-il casser des briques ? - « Il n’y a rien à attendre des rabibochages et rafistolages des appareils de la politique institutionnelle dans la perspective de la lutte contre le fascisme. » - Le voilà, tout beau et tout neuf, ce « Front populaire » à même de repousser la menace fasciste et pourquoi pas, de ramener « la gauche » au pouvoir. Il faut bien reconnaître qu’on y adhère le plus souvent par dépit : les uns tolèrent les « islamo-gauchistes », les autres François Hollande. Mais n’est-on pas déjà habitué à voter une pince à linge sur le nez ? On s’entend néanmoins sur le fait électoral central : il s’agit du bulletin le plus à même de battre l’extrême droite, en tous cas le dernier espoir représentatif. Dans ce texte détonnant, le philosophe Alain Brossat vient pourtant rappeler quelques banalités de bases, à savoir que la lutte antifasciste ne se mène jamais depuis le haut mais toujours par le bas : « Si vous voulez vraiment faire obstacle à la coalescence de la vague brune et des moyens de l’Etat, déployez vos propres moyens de résistance au fascisme, faites en sorte qu’éclosent, partout des comités antifascistes, des instances de lutte populaire, à la base, dans les localités, sur les lieux de travail. N’attendez rien des combinaisons d’appareils, des calculs des gens abonnés à la Raison d’Etat et comptez sur vos propres forces. Seule la montée d’un peuple antifasciste, se tenant à distance de la politique des appareils, peut contrarier vraiment ce qui apparaît aujourd’hui comme l’inéluctable. »
    (...)
    Nous sommes engagés dans une guerre de positions, de longue haleine contre le fascisme – la raison pour laquelle l’approche paniquarde du jour fatal où la bande à Marine arrivera(it) aux affaires est mauvaise conseillère. En conséquence, la bonne façon de faire, ce n’est pas de tenter de dresser un « barrage », au prix de n’importe quelle concession, compromission, collusion, destiné à empêcher que survienne cette échéance fatale, c’est de composer une force qui, durablement, résiste au fascisme et le contrebatte. Une force qui croisse et agisse, ce qui est tout autre chose qu’un rassemblement ponctuel, variablement inspiré par la trouille, et qui ne se projette pas au-delà de l’horizon des rituels « A bas ! » et « J’emmerde... », sans lendemain ni suite dans les idées, ni esprit d’endurance et ténacité. Après tout, dans les circonstances actuelles, si, comme il est infiniment probable, les fascistes arrivent au pouvoir, ce sera dans les conditions les plus irréprochablement légales, ce qui, inévitablement, place en porte-à-faux toutes les incantations destinées à exorciser le mal. La question première serait plutôt, dans ce contexte, celle du jour d’après et des jours et des jours suivants – comment former un front de lutte capable de mettre en échec un gouvernement fasciste tendant naturellement à se durcir en régime de cette espèce ?
    (...)
    Ne perdez jamais de vue, quand même, que, désormais, la plus traumatisante des péripéties électorales demeure un fait minoritaire : aux Européennes, le taux de participation a été de 51, 40%, ce qui signifie un votant sur deux parmi les inscrits sur les listes électorales. Et derrière les abstentionnistes, se dessine l’interminable cohorte des gens réellement existants qui ne sont pas inscrits, de ceux qui n’ont pas accès à la condition de votants, pour une multitude de raisons, de nationalité, d’âge, etc. La majorité du peuple réel n’a pas dit son mot dans cette affaire, ce qui, naturellement, réduit la portée de ses résultats dans des proportions considérables. La construction de la réalité de la chose terrible qui vient d’arriver commence par l’oubli (l’oblitération) de ce fait massif. Or, une réalité construite demeure toujours, par quelque biais, indémêlable d’une fiction.

Points d’étape sur une séquence suspendue

- Points d’étape sur une séquence suspendue
(...)
Sur la relation entre macronisme et lepénisme, continuité et discontinuité, plusieurs idées ont été exprimées. Pour reprendre les termes de Lordon dans un article récent : les partis traditionnels sont, en tant que partis bourgeois, « socio-traitres », des partis au personnel « fascisateur ». Non pas encore pleinement fascistes mais faisant advenir le fascisme plus sûrement que les fascistes eux-mêmes. Autrement dit : le libéralisme autoritaire, avec ses subjectivités sociale-darwiniennes de self-made men en guerre individuelle contre tout ce qui limite sa propre croissance et sa propre extension fondée sur la valorisation de soi comme capital et du capital comme soi, n’est, au fond, qu’une version « morale » du fascisme, la version du fascisme en tant que fascisme normalisé. Ce n’est pas l’extrême droite identitaire que l’on banalise, c’est la banalité qui s’extrême-droitise en se mettant à nu comme domination de l’économie. Aussi, entre les fascistes et les fascisateurs, entre la bourgeoisie du centre et la bourgeoisie « identitaire », pivotant autour du cirque bolloréen, la conséquence est bonne. Que l’on se demande si Macron a des affinités avec les authentiques fascistes identitaires, s’il avance par pur calcul cynique et pervers, s’il croit réellement être un rempart narcissique ; que l’on se demande s’il n’est pas, au fond, notre Trump à nous, le Trump à la française, le Trump des Lumières et de Versailles, le Trump césarique et napoléonien, le fasciste déjà-là qui, quoiqu’on pense, ne lâchera jamais le pouvoir, multipliera les coups d’État constitutionnels, essorera, exténuera la constitution – 49.3, état d’urgence, couvre-feu, article 12 et, pourquoi pas, article 16 – pour en extraire la pierre philosophale politique, la vie éternelle présidentielle ; que l’on pense qu’il s’agit d’un suicide irrationnel, d’un coup de folie, d’un sacrifice christique de sa personne pour la continuation future de son camp ; que l’on pense ceci ou cela, ne change rien à la situation réelle : le pouvoir d’État est susceptible sous trois semaines de se mettre à nu dans sa dimension la plus brutale et la plus nue.
(...)
D’autres ont souligné ce fait que les fascismes sont des phénomènes lents, qui avancent masqués, par petites touches, fines et progressives, qu’il n’y a pas de fasciste absolu immédiat, tombé du ciel, mais une fascisation parfois imperceptible, des passages de seuils, un à un, dans une course s’accélérant toujours plus, jusqu’à la rupture violente inouïe qui n’est pas le coup de tonnerre dans un ciel serein mais la foudre rendue bruyante et visible après l’accumulation en masse d’électricité statique.
(...)
L’attachement émotionnel à la terre, à sa terre, l’amour pour l’ami·e, le parent ou l’amant·e, l’amour pour telle chose, tel lieu, tel animal, tout cela n’est pas fasciste mais le fond d’une émotion spirituelle politiquement forte et profonde. Quelqu’un a complété ce constat, celui selon lequel l’on ne se bat pas contre le fascisme et la violence d’État sans un attachement viscéral et spirituel tout à la fois à quelque chose qui dépasse la survie et la matière, en disant que pour l’occidental moyen, les forces profondes qui existent sous la matière et la survie sont celles de l’Histoire, des images dialectiques du passé qui remontent à la surface ou éclatent en formant des constellations d’épisodes historiques réussis ou ratés, à reprendre et relancer dans le possible du temps présent. Que si ce n’est un esprit ou un dieu qui anime la lutte par-delà l’économie, c’est au moins le fait qu’il y a de l’histoire et des épisodes historiques qui exigent de nous que nous les menions à leur terme, comme ces spectres qui ne peuvent repartir sans que ne soient réalisées leurs dernières demandes.
(...)
À côté de l’évidente nécessité d’agir et de se lier par-delà les frontières et d’assumer un internationalisme radical, là où justement le national-populisme situe l’antagonisme entre les nationaux et les mondialistes, soit nous enferme dans le dispositif d’un choix entre la nation ou la mondialisation capitaliste, pour nous donner, à terme, la nation ET la mondialisation, à côté de cela, il a été posé qu’on ne pouvait s’internationaliser ou suivre les lignes d’internationalisation sans articuler nos mises en commun à certaines hypothèses ou idées directrices, comme par exemple, celle du communalisme révolutionnaire et de la civilisation communaliste.

LA MOBILISATION CONTRE LES FACHOS MONTE D’UN CRAN

APPEL A LA GREVE TOUS ENSEMBLE CONTRE L’EXTRÊME-DROITE LE 20 JUIN
Plusieurs fédérations CGT des Industries Chimiques, de l’Énergie, de la métallurgie, du Spectacle, de la Culture, mais aussi de l’Agroalimentaire, et puis les trois versants de la Fonction publique appellent à la grève le jeudi 20 juin contre l’extrême-droite et pour les salaires, l’emploi, les conditions de travail après déjà le succès massif de la grève contre l’extrême-droite ce 18 juin aux Aéroports de Paris à Roissy Dans les Ports et Docks, les travailleurs sont appelés à la convergence des luttes et à rejoindre les mobilisations.
Certaines Unions départementales CGT, dont celles du Nord et des Bouches-du-Rhône, appellent également à la grève dans leurs territoires. Des Unions départementales CGT, comme celles de la Loire, du Tarn-et-Garonne appellent à manifester. Des Unions locales, à l’instar de l’UL CGT de Mâcon, des syndicats comme celui des hôpitaux de Paris ou encore celui des Bergers et gardiens de troupeaux CGT mobilisent également, y compris par la grève.

Front Populaire (phase 2) : renverser la table du banquet des patrons, des politicards et des technocrates ?
Les merdias en guerre pour faire gagner le bloc libéral-fasciste

📺 LESDIAS EN GUERRE CONTRE LES CANDIDATS ISSUS DES LUTTES SOCIALES

– Désintox –

Depuis l’annonce de la dissolution, les grands médias n’ont qu’une priorité : salir par tous les moyens la seule force de gauche qui pourrait barrer la route à l’extrême droite. Matin, midi et soir, des diffamations délirantes sont répétées encore et encore au point de devenir le récit officiel. Instrumentalisation de querelles internes et autres manipulations crasseuses sont légion. Depuis deux jours, les médias s’en prennent à deux candidat-es du Front Populaire issu-es des mouvement sociaux. Voici une désintox :

🔴 Amal Bentounsi

Elle est candidate en Seine-et-Marne. En 2012, son frère a été abattu d’une balle dans le dos par un policier. Suite à cette exécution, Amal s’est battue héroïquement face à un appareil d’État tout puissant. Elle a créé un collectif contre les violences policières : « Urgence notre police assassine », et mené de front le combat médiatique et juridique sans jamais baisser les bras.
Chose rarissime, elle a fini par obtenir la condamnation du policier qui avait tué son frère en 2017. La justice avait alors écarté la légitime défense.
Depuis, elle continue d’accompagner d’autres familles endeuillées, et a subi la répression pour son engagement.
Nous qui suivons le combat d’Amal Bentounsi depuis plus de 10 ans, ne pouvons qu’être admiratif-ves. Évidemment, la candidature d’une femme originaire de banlieue, non blanche, victime de la répression et militante doit inquiéter les racistes et les syndicats policiers d’extrême droite.
Ainsi, la meute médiatique a mené une enquête acharnée sur l’intégralité de sa vie pour trouver de quoi la salir. Et devinez quoi ? L’équipe des inquisiteurs de BFM n’a pas trouvé grand chose, hormis un commentaire sur facebook datant de 2015, et publié par la page de « Urgence notre police assassine ».
Non seulement cette page n’était pas tenue par Amal Bentounsi mais par un collectif, donc on ne peut la rendre responsable des propos visés, mais en plus il ne s’agit que d’un commentaire sous un article, même pas d’une publication décidée collectivement. Le tout datant de quasiment 10 ans, on le rappelle.
Voici l’échange : alors qu’une personne posait une question sur l’homosexualité, ce commentaire dont on ne peut connaitre l’auteur disait : « On ne peut pas reprocher à un croyant d’être homophobe si sa religion le lui commande ». À cette époque, Darmanin défilait avec la Manif pour Tous avec des catholiques intégristes contre les droits des homosexuel et Jordan Bardella publiait des tweets racistes. L’extrême droite n’était d’ailleurs pas gênée de la présence d’intégristes musulmans dans ses cortèges.
Ce commentaire a donc été dévoilé en prime time sur BFM ce mardi 18 juin par la chroniqueuse Apolline de Malherbe, au secrétaire du Parti Socialiste Olivier Faure, histoire de créer une division. Le socialiste a répondu : « Je découvre ces propos que je trouve aberrants. Nous sommes le Front populaire, c’est au contraire le front des libertés ».
Sur le fond des propos, Apolline de Malherbe ment, puisqu’elle attribue sans vérification ces mots à Amal Bentounsi, ce qui est inexact. Elle ment doublement, puis qu’Amal Bentounsi s’engage depuis des années dans toutes les luttes contre les discriminations racistes, transphobes ou sexistes. Un exemple récent est sa signature d’une tribune le 18 septembre 2022 « Pour une alliance féministe et trans ». Mais ça, BFM s’en fout.
Ce média met tous les moyens pour fouiller sur tout ce qu’auraient pu dire ou faire les candidat-es racisés-es du Front Populaire depuis des années. Un journalisme de caniveau et de fond de poubelle. Mais jamais la chaîne ne fera pareil pour les candidats nazis du RN, qui sont nombreux à se présenter aux législatives. BFM ne convoquera jamais Ciotti et Bardella à se justifier des propos racistes, antisémites et sexistes de leurs candidats.

Tout le monde sait très bien ce qu’est en train de faire BFM. Diaboliser et salir les rares candidat-es venu-es d’en bas, des banlieues, et qui n’ont pas la bonne couleur de peau, pendant que les dominants peuvent dire ou commettre les pires horreurs sans rendre de comptes. C’est du racisme.

🔴 Raphaël Arnault

Ce militant de 29 ans, originaire de Lyon, s’engage depuis des années pour la cause antifasciste. Dans une ville où l’extrême droite a pignon sur rue et multiplie les violences, il a co-fondé un collectif nommé « La Jeune Garde ». Et il est candidat Front Populaire dans le Vaucluse.
Depuis deux jours, les médias de Bolloré répètent qu’il est « fiché S », comme si c’était un crime, et insinuent que cela devrait annuler sa candidature. Europe 1 écrit par exemple que « ce proche de Jean-Luc Mélenchon n’a pas une fiche S, mais trois, émises par trois services de renseignement différents : la DGSI, le Renseignement territorial et la DRPP et la Préfecture de police de Paris. Signe que sa dangerosité est encore prise très au sérieux. Cette candidature soulève donc des questions de sécurité pour la République en cas d’élection ».
Qu’est-ce qu’une fiche S ? Une fiche rédigée par un policier anonyme, non signée, sans aucune valeur juridique ni légale. Par exemple, une fiche S peut contenir : « Monsieur X milite dans un groupe contre le racisme et a participé à telle manifestation ». La plupart des gens qui ont milité pour l’écologie, la justice sociale ou contre le racisme en France ont une fiche S. Cette fiche n’est pas une condamnation, elle n’est pas sensée être publique. Et elle ne démontre rien d’autre que nous vivons dans un État policier qui fiche et surveille les opposant-es.

En octobre dernier, Gérald Darmanin expliquait qu’il y a, en France, 5.300 fichés S islamistes et 3.000 d’« ultragauche ». Par un exercice d’inversion hallucinant, les médias font croire que si l’État vous surveille, c’est que vous êtes dangereux. Si vous êtes fiché-e, vous devez prouver que vous n’êtes pas coupable. C’est une inversion de la charge de la preuve et du droit. Le vrai scandale médiatique devrait être l’existence de ces fiches totalement arbitraires.
Résultat de cette opération de dénigrement ? Raphaël Arnault est délégitimé avant même d’avoir pu commencer à faire campagne, et le PS a posé une candidature dissidente pour le faire perdre, violant les accords du Front Populaire. Le sénateur socialiste du Vaucluse se répand dans les médias : « Il a un profil trop extrémiste ». Oui, pour le PS, s’opposer au fascisme est « extrémiste ».
Les médias ont gagné. Cette circonscription semble désormais perdue pour la gauche. En 2022, le candidat du RN avait remporté de justesse, à 51,14%, face à un candidat de LFI, à 48,86%. Il y avait moyen de faire basculer ce territoire. Avec deux candidatures concurrentes, parasité par le PS, c’est mission impossible pour le Front Populaire. La circonscription restera aux mains de l’extrême droite

Notre camp social fait face à un rouleau compresseur médiatique d’une violence totale, parfaitement organisé, qui a décidé de faire gagner le RN. Diffusez et partagez les médias indépendants, parlez-en autour de vous. Reprendre la main sur le récit est crucial.

(post de Contre Attaque)


Répondre à cet article

modération a priori

Attention, votre message n’apparaîtra qu’après avoir été relu et approuvé.

Qui êtes-vous ?
[Se connecter]
Ajoutez votre commentaire ici

Ce champ accepte les raccourcis SPIP {{gras}} {italique} -*liste [texte->url] <quote> <code> et le code HTML <q> <del> <ins>. Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

Partagez la page

Site réalisé avec SPIP | | Plan du site | Drôme infos locales | Articles | Thèmes | Présentation | Contact | Rechercher | Mentions légales | Suivre la vie du site RSS 2.0
Médial local d'information et d'expression libre pour la Drôme et ses vallées, journal local de contre-pouvoir à but non-lucratif, média participatif indépendant :
Valence, Romans-sur-Isère, Montélimar, Crest, Saillans, Die, Dieulefit, Vercheny, Grane, Eurre, Loriol, Livron, Aouste sur Sye, Mirabel et Blacons, Piegros la Clastre, Beaufort sur Gervanne, Allex, Divajeu, Saou, Suze, Upie, Pontaix, Barsac, St Benois en Diois, Aurel...
Vous avez le droit de reproduire les contenus de ce site à condition de citer la source et qu'il s'agisse d'utilisations non-commerciales
Copyleft