France : les exilés toujours plus réprimés, traqués, humiliés et exclus par l’Etat et sa police

Brutalités, harcèlements, moqueries, menaces... L’extrême droite serait-elle déjà au pouvoir ?

jeudi 19 novembre 2020, par Auteurs divers.

Deux exemples parmi hélas plein d’autres pour bien comprendre comment les forces de l’ordre de l’Etat français traitent, en toute impunité, les exilés en détresse en France, c’est terrifiant, révoltant et très représentatif de la fascisation En Marche :

1. À Calais, un Érythréen gravement blessé au visage par un tir de LBD40 - « Les exilés ont supplié les CRS de les laisser l’emmener à l’hôpital ! » - Le 11 novembre, une intervention de CRS dans un camp de migrants a dégénéré. Un Érythréen a été touché au visage par un tir de LBD 40. Il est encore hospitalisé dans un état, semble-t-il, inquiétant.

France : les exilés toujours plus réprimés, humiliés et exclus par l’Etat et sa police
Brutalités, harcèlements, moqueries, menaces... L’extrême droite serait-elle déjà au pouvoir ? (photo Solidarité migrants Wilson)

2. #ParisInterditAuxExilés. Une scène hallucinante (parmi tant d’autres) hier soir : des CRS qui contrôlent les bus des environs de là où ils ont « lâché » les gens. Après leur avoir fait espérer une évacuation « humanitaire », les avoir traités comme du bétail, les avoir gazés, violentés, les policiers ont pourchassé les exilés jusque dans les transports en commun.

Nous voyons ici que ce sont toutes les personnes « de couleur » qui sont « priées » de descendre. On voit bien que parmi ces « personnes de couleur », certains sont de simples habitants ou travailleurs« (l’un a son sac de livraison sur les épaules par exemple). Ils descendent tous docilement, et comme je les comprends moi qui ai eu si peur hier ! Depuis longtemps nous interpellons Mme #Hidlago entre autres sur ces »chasses au faciès", qui se répètent et nous déshonnorent.
Quelques heures plus tard, un bénévole décrit une scène que qui s’est répété à maints endroits depuis hier :
Exilès les yeux de rouges de fatigue, de détresse, de pleurs et de terreur. Ils demandent : Why why The police Fight us ? We are not criminal. Malchance quelques minutes plus tard des cowboys viennent disperser ce petit groupe alors qu’il tentaient de finir leur gamelle sur une palissade de fortune. Peu de temps, après débarquent les maitre-chien des bâtiments privés alentour et plein d’autres policiers.
Police : Ils doivent dégager d’ici, ils doivent aller vers la bas.
SMW : Mais la bas c’est où ? [des policiers dans toutes les directions, ou se répétera la même scène plus loin]
Police : la bas c’est pas ici …
SMW : Soyez plus clair toute la journée ils ont été repoussés de partout, vous pouvez pas venir à 23 h est leur dire de repartir, ils sont épuisés
Police : je ne suis pas assistant social
SMW : nous non plus, mais on est tous des humains et ce qui se passe là dépasse l’entendement.
Police : je vais pas faire de politique mais on peut pas les accueillir et ce matin on en a pris le maximun ! donc la c’est à eux de comprendre qu’il faut qu’il dégagent ! Et les ordres qu’on a reçus sont clairs, les gens ne doivent pas rester à Paris.

🎥 Merci à Frédérique Le Brun pour ces images lourdes de sens

Post et Vidéo sur Solidarité migrants Wilson
(d’autres témoignages hallucinants sur leur page)

Dans la France de Macron, la police de Darmanin organise une chasse à l’homme...
(Rappel : Poème écrit à Dachau par le Pasteur Martin Niemöller )
Quand ils sont venus chercher les communistes, Je n’ai rien dit ; Je n’étais pas communiste.
Quand ils sont venus chercher les syndicalistes, Je n’ai rien dit ; Je n’étais pas syndicaliste.
Quand ils sont venus chercher les juifs, Je n’ai rien dit ; Je n’étais pas juif.
Quand ils sont venus chercher les catholiques, Je n’ai rien dit ; Je n’étais pas catholique.
Puis ils sont venus me chercher, Et il ne restait plus personne pour protester.

- Variante :
"Quand ils sont venus flashballer les jeunes de cités, ils n’ont rien dit, ils pensaient que c’était des dealers et des terroristes.
Quand ils sont venus enfermer et mutiler les Gilets jaunes, ils n’ont rien dit, ils pensaient que c’était des casseurs et des antisémites.
Quand ils ont tué en pleine rue un père de famille lors d’un banal contrôle routier, ils n’ont rien dit, ils pensaient que c’était un fait divers regrettable.
Quand ils sont venus mettre en garde à vue les journalistes indépendants, ils n’ont rien dit, ils pensaient que c’était des militants, des trafiquants de fake news.
Quand ils sont venus les chercher, eux, les journalistes à carte de presse, il n’y avait plus personne pour vouloir ou pouvoir encore protester.« L’édito d’Aude Lancelin sur la loi »Sécurité Globale" en ligne ce soir sur QG


- Désormais, quand on dit « la france pays des droits de l’homme », c’est pour faire de l’ironie, pour se moquer, pour évoquer d’un lointain passé révolu.

Le premier qui dit « vous ralez sur la France, mais allez voir en Chine la dictature » je lui met une baffe virtuelle.

Le premier qui dit « restons positifs, voyons plutôt les bonnes nouvelles », ce sera un coup de pied au cul, virtuel.

P.-S.

- Voir aussi : Hier, l’innommable s’est produit à Paris. De l’opération de mise à l’abri “humanitaire” à la chasse à l’homme - Hier, l’innommable s’est produit. Charges violentes, gazages, humiliations, évacuation de la rue vers la rue : l’opération de mise à l’abri "humanitaire" s’est vite transformée en chasse à l’homme. Toute la nuit, les persécutions ont continué, ne laissant aucun répit à ces centaines de personnes qui n’ont pas dormi depuis 48h. Et ce matin encore la police continuait ses violentes persécutions, en tentant de disperser les "restants". MAIS ILS N’ONT NULLE PARTALLER ! Partout où ils vont on leur dit dégagez !

« […] Quand il a été avéré qu’il n’y aurait pas de place pour tous, les 500 à 1000 exilés restés sur place, ainsi que les associatifs qui les accompagnaient, ont été nassés par la police au mépris de toute mesure de distanciation physique. Pendant de longues heures, tout mouvement leur a été interdit, y compris la satisfaction des besoins élémentaires d’accès à l’eau et à des sanitaires.
Enfin tous ces oubliés de l’évacuation ont été sommés de se rassembler en un cortège impressionnant, lancé à pied sous escorte policière en direction de la Porte de la Chapelle. Tout au long de l’avenue du Président Wilson à Saint-Denis, un dispositif policier implacable a procédé à la dispersion du cortège à grand renfort de gaz lacrymogènes et de “sommations avant usage de la force”.
Des habitants, choqués, ont décrit des "scènes de guerre" se prolongeant dans toutes les rues voisines. L’objectif ? ce que la sous-préfète appelle une “évacuation du camp vers la voie publique”. Très clairement, il s’agissait d’éparpiller toutes les personnes que l’action publique n’avait pu évacuer.
Les charges successives ont fini par disperser les exilés démunis, désorientés et choqués dans le quartier de la Plaine et autour de la place du Front Populaire à Saint-Denis, et Porte de la Chapelle à l’entrée de Paris, à l’Ile Saint-Denis et Aubervilliers. Il y a eu des blessés (perte de connaissance, contusions, fractures, etc.) Beaucoup de personnes ont perdu leurs effets personnels ainsi que tous leurs papiers dans les charges successives.
Des exilés qui avaient pu monter dans des bus affrêtés par la Préfecture nous ont informés en avoir été débarqués quelques centaines de mètres plus loin et refoulés sans plus d’explications ni de ménagement vers la Porte de la Chapelle.
Les policiers ont continué à intervenir jusqu’au soir, pour repousser les petits groupes déjà éparpillés. De l’autre côté du périphérique, des policiers parisiens interdisaient aux exilés l’accès à la capitale ; sur Saint Denis d’autres policiers leur enjoignaient au contraire de partir vers Paris, leur suggérant même de prendre le métro pour éviter les barrages de leurs confrères.
Nombre de ces hommes attendaient depuis mi-août cette évacuation. Sur le campement de Saint-Denis, la plupart des gens ne pouvaient se rendre à Paris, à leurs rendez-vous médicaux et administratifs ni aux maraudes alimentaires et ont de ce fait connu la faim. Plusieurs exilés sont décédés dont deux au cours des 10 derniers jours (un au moins n’avait pas mangé depuis 2 jours). […] »


Forum de l’article

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  • France : les exilés toujours plus réprimés, traqués, humiliés et exclus par l’Etat et sa police Le 24 novembre 2020 à 13:06, par Camille Z

    ⏰ 31 HEURES DANS MA VIE DE MILITANT. ⏰ LES POUVOIRS PUBLICSPRIMENT, VIOLENTENT ET HARCÈLENT EN TOUTE IMPUNITÉ

    Evacuation du camp de réfugiés de la porte Saint Denis, Paris.
    Ce 23 novembre, une occupation de la place de la République s’est déroulé, initié par des collectifs de défense des exilé.es, pour dénoncer le manque de solutions d’hébergement.
    Il a fini en véritable chasse à l’homme.

    Revenons un instant en arrière, au 16 novembre 2020.
    Voici des extraits d’un témoignage, celui de de Emile Rabreau sur l’évacuation de la porte St Denis, à Paris.
    Emile est étudiant et bénévole chez Utopia, association qui vient en aide aux exilé.e.s et gère principalement des situations d’urgence.

    Une journée de 31h, de 14h le 16 novembre 2020 à 21h le lendemain.
    « ...14h. Alors que je dois, ce lundi après-midi, venir en aide à des mineur.e.s isolé.e.s, je reçois un appel d’Ali, père de deux enfants, à qui l’association a prêté ainsi qu’à sa famille un appartement depuis une semaine et dont je suis le référent. Quelques jours de répit, qui leur ont permis de se reposer au chaud sous un toit et de se balader dans le square du quartier. C’est la troisième fois que je vais voir la famille depuis qu’elle s’est installée, elle était auparavant à la rue. Ali me demande de venir car son fils de cinq ans, Mustafa, vomit depuis le début de la matinée. J’annule ma mission auprès des mineur.e.s ; vingt minutes plus tard je toque à la porte du logement, temporaire, de la famille soudanaise. Ali m’ouvre avec le sourire. Amro, petit garçon de huit mois, vient me dire bonjour à quatre pattes, tandis que Tagwa, mère des deux petits, prépare à manger. Mustafa va mieux, nous n’allons finalement pas devoir l’emmener aux urgences mais nous ferons simplement un tour en pharmacie. Cela permet de souffler, la famille me propose de partager un repas soudanais avec eux en guise de remerciement. J’accepte avec plaisir et mange donc en l’honneur de mes amies, locataires de l’appartement qui l’ont prêté pour le confinement, et de l’association. Nous oublions pendant quelques instants la situation difficile dans laquelle ils se trouvent, la faute à un Etat qui ne dote très largement pas ses services d’assez de moyens pour leur venir en aide... »

    « ...Mardi matin très tôt doit avoir lieu à Saint Denis le démantèlement du camp de la Porte de Paris (plus de trois mille exilé.e.s y vivent depuis des mois), opéré conjointement par les services de la préfecture de la région Île-de-France, la préfecture de Police et celle de Seine-Saint-Denis. Chaque personne qui se trouvera sur le camp à ce moment devra être légalement prise en charge par les pouvoirs publics. Tout d’abord, les occupant.e.s devront être amené.e.s en car et hébergé.e.s plusieurs jours (ou semaines) dans des gymnases en Île-de-France puis, pour presque 50% d’entre eux, obtenir une solution d’hébergement stable, n’importe où dans le pays. L’autre moitié sera jetée à la rue... »
    « ...2h du matin. Je plie mon duvet et me ré-habille ; nous partons à cinq en voiture pour revenir à la Porte de Paris. Quatre heures se sont écoulées depuis mon départ, il fait plus froid mais il y a toujours autant de monde présent sur l’esplanade. Nous relayons les bénévoles resté.e.s depuis 20h sur place, et assistons à des spectacles de danse afghane qui s’improvisent à côté du campement des familles. Encouragé.e.s par des exilé.e.s, nous entrons à l’intérieur du cercle de danse et prenons part avec entrain à la fête. Cependant, cette instant de ‘’liesse’’ s’estompe vite car beaucoup d’exilé.e.s, perdu.e.s et inquiet.e.s, viennent nous poser des questions à propos du démantèlement et de la manière dont ils seront par la suite pris en charge. Malheureusement, nous ne leur répondons que partiellement, car nous faisons comme eux face à une opération préfectorale opaque et brutale... »
    « ...9h le lendemain. La situation commence à se tendre malgré la non-violence de la foule qui fait face avec ténacité aux forces de l’ordre. La police se joue des contestataires, commençant à gazer et à tirer des bombes de désencerclement sur la foule. Les explosions font sursauter bon nombre de personnes, on entend parfois crier ; provoquer la peur est une méthode de censure.
    En lien avec ( une) proposition de loi révoltante, les forces de l’ordre sous l’autorité du ministère de l’intérieur, opèrent à nouveau une atteinte profonde à la liberté d’expression et d’opinion, à l’intégrité physique et psychologique des individus.
    Atteinte au droit même de manifester. Ce type d’opération répressive a déjà été de nombreuses fois observé ; plus récemment à l’égard du mouvement des gilets jaunes, des grèves contre la réformes des retraites ou bien des manifestations de soignant.e.s dénonçant l’inaction et l’hypocrisie du gouvernement dans sa gestion de la crise sanitaire.
    Un des seuls contrepouvoirs restants face à cela reste la mobilisation citoyenne, notamment à travers la diffusion d’images et autres témoignages sur les réseaux sociaux : de nombreux téléphones portables filment cette scène abjecte.

    Non, l’Etat ne pourra pas voir sans être vu. »

    Post sur Cerveaux non disponibles

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  • France : les exilés toujours plus réprimés, traqués, humiliés et exclus par l’Etat et sa police Le 24 novembre 2020 à 13:02, par Camille Z

    🇨🇵FRANCE - LA LONGUE DESCENTE AUX ENFERS🇨🇵

    Hier, l’Etat a pris la décision d’envoyer ses petits soldats faire la chasse aux migrants qui étaient venus faire une action coup de poing Place de la République en montant un camp en plein coeur de la capitale alors qu’ils dorment toutes les nuits dehors aux portes de la ville.
    Paris, capitale de la 6e puissance mondiale, avec 230 000 logements vides en 2015 selon l’INSEE, n’a pas été capable d’ouvrir la porte d’un seul logement, pas d’un seul gymnase pour mettre des gens qui dorment dans le froid à l’abris. Comble de l’horreur, la police a même saisi les tentes.

    Bienvenu en République, avec ses frontières, sa police et son racisme d’Etat. Bienvenu dans une longue descente aux enfers.

    Images : Remy Buisine, Clément Lanot, Anth_Yn, Nour Durand-Raucher

    VIDEO et post sur Cerveaux non disponibles

    EXILÉS : LAPUBLIQUE À LA LISIÈRE DU FASCISME

    Tentes vidées de leurs occupants comme s’il s’agissait de bétail, coups, insultes, grenades, vol massif de tentes, et errance sans solution.
    Tout cela s’est passé hier, 23 novembre, en plein Paris, Place de la République. Dans la nuit glaciale, l’Etat français a envoyé la police terroriser des centaines d’exilés qui dorment dans la rue et qui se sont rassemblés sur la Place pour donner à voir leur situation insoutenable. La réponse de la police : voler leurs tentes, bien maigres protections face au froid, et frapper. C’est aujourd’hui le sort au quotidien de milliers de personnes sans papiers en France.

    Cette expulsion inhumaine s’est accompagnée de violences et d’humiliations jusqu’à 1H du matin, y compris contre les journalistes et des élus. Au terme d’une soirée terrible, les exilés, hommes, femmes, enfants, erraient autour d’Aubervilliers, en banlieue parisienne, toujours suivis par des dizaines de policiers. Le journaliste Rémy Buisine, habitué des situations tendues, écrit sur twitter : « En 5 ans de journalisme, c’est probablement l’une des soirées les plus difficiles émotionnellement. Pas pour moi,mais pour eux. La situation des réfugiés a Paris est horrible, la gestion de la situation est tellement inhumaine ce soir. Choquant. »

    La République française est à la lisière du fascisme. Macron, c’est Le Pen, mais sans les contre-pouvoirs.

    🎥 Remy Buisine, Shahzad Abdul, Clément Lanot, Xenia Sputnik

    VIDEO et post sur Nantes Révoltée

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  • France : les exilés toujours plus réprimés, traqués, humiliés et exclus par l’Etat et sa police Le 24 novembre 2020 à 12:25, par Auteur Divers

    🚨🚨🔴🇨🇵La police de Vichy est de retour dans les rues de la capitale ce soir.

    - L’expulsion du campement sauvage des réfugiés place de la Republique se termine très mal.
    Des policiers sadiques s’amusent à faire des croche-pieds à ceux qui tentent de fuir.
    #Paris
    #violencespolicières

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  • France : les exilés toujours plus réprimés, traqués, humiliés et exclus par l’Etat et sa police Le 24 novembre 2020 à 12:21, par Auteur Divers

    - À Paris, la police expulse un camp d’exilés et les pourchasse dans les rues - Lundi 23 novembre, vers 19 heures, des centaines de personnes migrantes avaient installé leur tente, place de la République, à Paris, afin de réclamer une « mise à l’abri ». Moins d’une heure plus tard, les forces de l’ordre ont commencé à arracher leurs abris de fortune, parfois encore occupés.
    Les images diffusées sur les réseaux sociaux montrent des forces de l’ordre en roue libre, frappant des exilés et leurs soutiens — citoyens, élus, avocats.

    + Un post FB :

    Chasse à l’homme hier soir dans Paris.
    200 réfugiés pourchassés par les flicaillons.
    Donc 200 portes qui ne se sont pas ouvertes.

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  • France : les exilés toujours plus réprimés, traqués, humiliés et exclus par l’Etat et sa police Le 20 novembre 2020 à 22:18, par Auteur Divers

    Via @Romane Elineau
    « Je n’ai pas vraiment les mots pour décrire ce qu’il se passe, mais je vais quand même essayer…
    [Mercredi 18] a eu lieu la 65e évacuation de campement (au moins la 65e, j’ai perdu le compte…). Plus de 2000 personnes survivent depuis des mois dans cet enfer et attendent d’être "mis à l’abri", ils sont restés éveillés toute la nuit. Alors quand les bus arrivent ça se bouscule. C’est ce qui arrive quand on laisse pourrir la situation, quand on attend qu’il y ait des milliers de personnes, quand on attend que les gens aient froid et crèvent la dalle, quand on attend qu’il y ait des morts pour réagir. Tout au long de l’évacuation les flics gazent les exilés qui tentent de monter dans les bus. Ils leur disent qu’il ne sert à rien de se ruer, qu’il y aura de la place pour tout le monde. C’est bien sûr un mensonge.
    Lorsque le dernier bus part, il reste encore des centaines de personnes. La police leur demande de se disperser, un groupe d’un côté, un groupe de l’autre. On le sait, à la fin de chaque évacuation, lorsque les journalistes sont partis, c’est la chasse à l’homme qui commence dans les rues de Paris. Les policiers leur disent d’aller à Porte de la chapelle, alors ils se mettent en marche, sans protestation. Sur le chemin, sur l’avenue Wilson, les policiers les gazent, les matraquent. Ils ont loupé la chance d’avoir un hébergement, la police a confisqué toutes les tentes et les couvertures, ils n’ont plus rien, ils savent qu’ils sont repartis pour des mois de survie à la rue. Mais visiblement, l’Etat estime que ce n’est pas suffisamment horrible, il faut aussi les gazer et les tabasser. Depuis 2015 les campements de la honte s’enchaînent. Depuis 2015 la réponse de l’Etat est la même : la surenchère de violence.

    Hier soir à Rosa Parks il y avait des centaines de laissés pour compte de l’évacuation. Il y avait E., un exilé Afghan qui était reporter de guerre dans son pays. Il s’est fait arrêter quelques heures plus tôt sur l’avenue Wilson. A un moment il s’est arrêté de marcher car son sac était lourd. Les policiers n’ont rien voulu entendre, ils l’ont violement poussé pour qu’il continue d’avancer. Il a voulu filmer les agressions de la police. Il a demandé aux habitants qui observaient la scène de leur balcon de filmer les policiers en train d’attaquer des civils sans défense. Alors ils l’ont arrêté. Filmer la police n’est pas encore un délit. C’est pourtant bien pour ça qu’ils l’ont arrêté, imaginez si cette putain de loi passe…

    Les policiers l’ont immobilisé en mettant leur jambe sur sa nuque. Il dit qu’à ce moment-là, il a pensé à George Floyd, assassiné par la police américaine et cette même méthode d’interpellation. C’est la première fois de sa vie qu’il se fait arrêter, il est choqué, traumatisé d’avoir été traité avec une telle brutalité, d’avoir été traité comme un criminel. Durant sa rétention au commissariat, il a demandé de l’eau, parce que le gaz lacrymo ça irrite et ça donne soif. Il a demandé de l’eau plusieurs fois, personne ne lui en a donné. Il a finalement été libéré. Il n’a commis aucune infraction et ses papiers sont en règle… A Rosa Parks il me montre ses poignets enflés sur lesquels figurent encore les traces rouges des menottes. Ils ont serré assez pour que ce soit bien douloureux. Durant l’interpellation les flics ont également cassé son téléphone sur lequel figuraient les images des charges de la police sur les exilés.

    Son ami m’explique qu’il a été matraqué par les policiers. Lorsque E. s’est fait arrêté, il a tenté de s’interposer. Les policiers lui ont ordonner de continuer d’avancer. Il leur a répondu qu’il ne partirait pas sans son ami, que les policiers pouvaient le tuer sur place, qu’il ne bougerait pas. Les policiers l’ont matraqué. Un autre homme m’explique qu’il s’est également fait frapper par les flics. Lorsqu’ils ont chargé, il est tombé. Ils l’ont matraqué dans le dos lorsqu’il était à terre. Un autre me dit qu’il s’est fait frapper à l’épaule. Le policier lui a dit "Pourquoi vous venez chez nous ? Restez dans votre pays".

    M.est sidéré par cette violence gratuite. "Même si au fond de nous on était détruit, parce qu’on a pas pu monter dans les bus, on a rien dit. On a montré qu’on était patient, on sait qu’on doit attendre pour la prochaine chance, qu’on va rester dehors pour des mois en plus. Mais ils nous ont quand même gazé, c’est quoi ça ?". Il y a un jeune homme au bord des larmes. Lui aussi s’est fait frapper cet après-midi, il dit qu’il ne supportera pas de vivre à la rue plus longtemps. Son ami tente de lui remonter le moral comme ils peut, il lui dit "on survivra à ça". Un autre m’explique que les évacs ne sont jamais une bonne nouvelle pour lui. Il en a déjà fait 5, il est remis à la rue à chaque fois. C’est dur pour lui de voir les autres heureux de monter dans les bus. Il n’a plus d’espoir, il sait qu’il n’y a que l’errance qui l’attend.
    Utopia et SMW distribuent des couvertures. Tous les exilés demandent où ils peuvent aller dormir ce soir… Nulle part. On sait qu’ils vont être traqués par la police. Les policiers de Paris vont leur dire de retourner à St Denis. Ceux du 93 vont les chasser vers Paris. Ils n’ont pas le droit de dormir sur un bout de trottoir, ils n’ont pas le droit d’être dans l’espace public, ils n’ont pas le droit d’être. Il n’y a pas plus clair comme message : on ne veut pas les accueillir, on veut les faire disparaître, on veut les anéantir.

    Ce soir, un homme m’appelle et me raconte ce qu’il a subit avec ses amis la nuit dernière. Ils se sont installés dans un recoin de la porte d’Aubervilliers. Des policiers les ont réveillés à coup de pieds. Ils leur ont ordonné de partir. Alors ils se sont posés un peu plus loin. De nouveau réveillés à coup de pieds, de nouveau chassés. En tout ils se sont faits réveillés 4 fois par la police cette nuit qui leur a ordonné de partir. Vers où ? Nulle part. Part d’ici mais pas là-bas… Et ce matin à l’aube ce sont les services municipaux qui les ont réveillés et chassés. Ils n’avaient pas dormi la veille à cause de l’évacuation, ils n’ont quasiment pas dormi cette nuit. Ils ont faim, ils ont froid, ils n’ont plus de tente. Et s’ils en avaient une elle serait détruite ou confisquée par les flics. Il demande combien de jours ça va durer car il ne tiendra pas longtemps. Je n’ose pas lui dire que ça risque de durer des semaines…
    C’est de la torture. L’État français torture les exilés et veut les faire dépérir loin des regards.

    Le silence médiatique est insupportable. Quand est-ce que les médias parleront de cette politique immonde et criminelle ? Recracher le CP du préfet, même lorsqu’on cite une phrase d’un bénévole pour faire genre on les écoute aussi, c’est pas du travail de journaliste.
    Notre impuissance est insupportable. Quand est-ce que les collectifs/assos antiracistes vont se réveiller ? Les premières victimes du racisme, les premières victimes des violences policières, ce sont eux, et ils ont plus que jamais besoin de soutien ! Quand est-ce qu’on va se réveiller ? Qu’on occupe un lieu avec tous ces gens qui dépérissent sur nos trottoirs ? Quand est-ce qu’on se décide à rester avec eux, dehors, pour faire tenir un campement ? Quand est-ce que tous les gens qui likent les posts, ceux qui disent "ah c’est bien ce que tu fais, continue", vont nous rejoindre vraiment sur le terrain ??

    Quand ? »

    #EvacDeMerde
    #PaysDeMerde
    #etatcriminel

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